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Le présent numéro consacré aux approches inductives en anthropologie s’inscrit dans une réflexion entamée lors du colloque Anthropologie au Québec. Diversité des pratiques et pertinences des terrains locaux. Tenu en 2013[1], ce colloque a réuni des chercheurs institutionnels et des étudiants diplômés travaillant sur des thèmes de recherche aussi variés que la santé, les politiques publiques, les milieux ruraux et la sécurité publique[2]. Les échanges ont prioritairement porté sur les spécificités des approches et méthodes anthropologiques et sur leurs contributions à l’étude des enjeux de la société d’appartenance de l’anthropologue. Par l’approche inductive et descriptive qui caractérise la méthode ethnographique, l’anthropologue parvient à explorer des terrains peu fréquentés par les chercheurs sociaux tout autant que des thématiques de recherche délicates qui nécessitent une implication de longue durée de la part du chercheur. En favorisant l’observation participante et les entretiens qualitatifs, la méthode ethnographique permet de se familiariser avec les pratiques et les convictions des divers acteurs sociaux et de leur donner voix lors de travaux académiques et de recherches institutionnelles et multidisciplinaires. Les anthropologues partagent la même visée : « saisir le point de vue de l’indigène[3], ses rapports avec la vie, [et] comprendre sa vision de son monde » (Malinowski, 1922/2001, pp. 81-82).

Par ce numéro thématique, nous souhaitons poursuivre et approfondir ces premières réflexions. Pour ce faire, nous publions des textes qui explorent, entre autres, deux questionnements : 1) en quoi la méthode ethnographique s’inscrit-elle dans les approches inductives? et 2) comment les méthodes inductives utilisées en anthropologie peuvent-elles contribuer aux recherches académiques et professionnelles?

Pour entrer dans ces questionnements, il est important de saisir que la méthode ethnographique est, dès son origine, appréhendée comme une méthode inductive visant la description culturelle (Augé 2006; Evans-Pritchard, 1951; Laperrière, 1997; Malinowski, 1922/2001; Olivier de Sardan, 2008). Cette introduction permettra de s’attarder à ce point primordial. Par un court parcours historique, nous soulignerons, premièrement, que les pionniers de cette méthode – les anthropologues anglais Malinowski et Evans-Pritchard – en ont établi les principes méthodologiques et la valeur scientifique. Deuxièmement, nous montrerons en quoi la publication posthume du Journal d’ethnographe de Malinowski[4] a contribué à la démystification de l’exotisme de cette méthode. Finalement, nous aborderons la diversification actuelle de l’usage de la méthode ethnographique, des techniques de collecte qui y sont associées et sa pertinence lors de recherches locales. Cette diversification sera illustrée notamment par les différents ancrages disciplinaires des recherches dont les articles rendent compte.

Avant d’entreprendre cette présentation, nous souhaitons préciser que ce numéro ne s’adresse pas uniquement aux anthropologues. Tout chercheur intéressé par les approches inductives pourra y trouver des apports pertinents pour ses propres travaux. Rappelons que, bien qu’initiée par les anthropologues, la méthode ethnographique n’est pas exclusive à l’anthropologie. Les sociologues, tout particulièrement les sociologues de l’École de Chicago (Anderson, 1923/1993; Becker, 1963/1985; Chapoulie, 2001; Park, 1925/1967), ont, dès les années 1920[5], utilisé et diffusé cette méthode et les techniques d’observation qui lui sont associées. Cet engouement des sociologues américains a convaincu nombre de chercheurs sociaux de la pertinence de cette démarche inductive et descriptive. Les recherches ethnographiques et les travaux qui s’en inspirent gagnent ainsi en popularité dans des disciplines diverses, comme en font foi certains des articles de ce numéro. De ce fait, réfléchir aux apports épistémologiques et méthodologiques des approches et méthodes utilisées par les anthropologues ne nous restreint pas qu’à une seule discipline. Cette réflexion nous entraîne vers une reconnaissance de la pertinence interdisciplinaire de la méthode ethnographique.

1. Les principes méthodologiques fondateurs de la méthode ethnographique

Considéré comme le père fondateur de l’ethnographie, Malinowski fixa les trois principes méthodologiques au coeur de cette approche[6]. Premièrement, l’anthropologue doit avoir des visées scientifiques, il doit « connaître les normes et les critères de l’ethnographie moderne » (Malinowski, 1922/2001, p. 62). En d’autres termes, la réalisation d’une recherche ethnographique sur le terrain requiert le partage d’une méthode spécifique, méthode brièvement résumée par les deux autres principes méthodologiques. L’anthropologue est tenu, deuxièmement, de se placer dans de bonnes conditions de travail, « c’est-à-dire, surtout vivre loin d’autres Blancs, au beau milieu des indigènes » (Malinowski, 1922/2001, p. 62). Finalement, l’anthropologue doit favoriser l’usage d’une diversité de techniques de collecte de données, dont l’observation participante, l’entretien semi-dirigé, la cartographie, la photographie, etc.[7] Ces trois principes méthodologiques fondateurs peuvent être associés aux approches inductives, et ce, tant par la priorisation des données empiriques que par le mouvement itératif inhérent à l’élaboration et à la valeur des savoirs ethnographiques.

Attardons-nous d’abord à la collecte des données empiriques. Celle-ci est décrite comme une « documentation statistique par l’exemple concret » (Malinowski, 1922/2001, p. 73). Ainsi, « chaque phénomène doit être étudié à la lumière du plus grand nombre possible de ses manifestations concrètes et en procédant à l’examen complet d’exemples détaillés » (Malinowski, 1922/2001, p. 73). Ici, il importe de noter que la méthode ethnographique ne vise pas l’atteinte d’une représentativité statistique. Bien que des données chiffrées puissent être élaborées et analysées par l’anthropologue – sous forme de recensions démographiques, de données cartographiques, etc. –, l’objectif de ce dernier sera d’atteindre une saturation théorique, c’est-à-dire une accumulation d’observations suffisantes pour corroborer les analyses déjà réalisées (Laperrière 1997; Olivier de Sardan, 2008).

Pour obtenir ses données, l’anthropologue doit s’insérer dans le milieu étudié, il doit s’établir au village, « au beau milieu des indigènes » (Malinowski, 1922/2001, p. 62). Cette affirmation est porteuse de l’exotisme qui a longtemps été accolé à l’anthropologie. Nous reviendrons sur cet exotisme dans la deuxième partie de cette introduction. Pour l’instant, nous nous intéressons à la portée méthodologique de cette affirmation. Comme le synthétise fort bien Olivier de Sardan, l’anthropologue qui s’établit dans la situation étudiée « peut ainsi observer, sinon “de l’intérieur” au sens strict, du moins au plus près de ceux qui la vivent, et en interaction permanente avec eux » (Olivier de Sardan, 2008, p. 48). Sans cette insertion prolongée sur le terrain, l’anthropologue ne pourra pas se familiariser avec la société étudiée et réaliser une collecte exhaustive de ses pratiques et de ses convictions[8]. Afin de favoriser cette familiarisation et cette collecte exhaustive, la tradition ethnographique a déterminé que la durée minimale d’une immersion dans un terrain est de deux ans. En ce sens, l’anthropologue Evans-Pritchard (1951) affirme :

C’est presque impossible pour la personne qui sait ce qu’elle cherche et qui sait comment le chercher de se méprendre sur les faits si elle passe deux ans au milieu d’un petit groupe culturellement homogène en ne faisant rien d’autre que d’étudier leur manière de vivre[9] [traduction libre]

Evans-Pritchard, 1951, p. 83

Par sa durée, l’immersion du chercheur dans le terrain multiplie les occasions d’interactions et d’observations. Le chercheur pourra ainsi noter, relire, reformuler et préciser ses données, et ce, jusqu’à l’atteinte de la saturation de ses analyses. L’atteinte de cette saturation nécessite un mouvement itératif, soit une révision continue des constats et des analyses du chercheur en fonction de ses nouvelles observations[10]. Ce mouvement itératif est présent dès les premiers écrits anthropologiques. Les propos de Malinowski se font, en ce sens, fort critiques par rapport à une démarche de recherche déductive et préétablie :

Si un homme s’embarque pour une expédition, décidé à prouver certaines hypothèses, et qu’il se montre incapable de modifier sans cesse ses vues ou de les quitter de bonne grâce sous l’effet des témoignages, inutile de dire que son travail sera sans aucune valeur. Mais, plus les problèmes qui l’habitent lors de son enquête sont nombreux, plus il s’accoutume à confronter ses théories aux faits et à voir dans ces derniers le moyen d’étayer une théorie, mieux il est équipé pour sa tâche.

Malinowski, 1922/2001, p. 65

Selon les fondateurs de la méthode ethnographique, la collecte de données in situ, la durée et l’itération sont garantes de la qualité des données empiriques et des descriptions culturelles qui en émergent. Par contre, ces critères de valeur ne permettent pas l’atteinte d’une objectivité et d’une neutralité associables au positivisme scientifique de l’époque. Pour la jeune science qu’est alors l’anthropologie, la valeur des savoirs inductifs est une question délicate. Les propos d’Evans-Pritchard sont fort éloquents sur ce point :

Puisqu’en anthropologie, la recherche dépend en grande partie de la personne qui la conduit – comme nous l’admettrons tous à mon avis –, on peut se demander si les mêmes résultats auraient été obtenus par une autre personne qui aurait réalisé la recherche. C’est une question très difficile. Ma réponse personnelle serait – et je pense que les évidences que nous avons sur ce sujet indiquent que c’est une bonne réponse – que le compte rendu des faits serait très semblable, mais qu’il y aurait, en effet, quelques différences individuelles sur le plan des perceptions[11] [traduction libre]

Evans-Pritchard, 1951, p. 83

Au-delà de cette difficulté épistémologique alors attribuée aux différences de perceptions individuelles, la méthode ethnographique a gagné sa reconnaissance scientifique par la diffusion d’études sur les pratiques et les convictions culturelles étrangères à l’Occident. Développée initialement pour l’étude des peuples étrangers, colonisés et sans écriture, « l’ethnographie a introduit des règles et de l’ordre dans ce qui semblait chaotique et dépourvu de sens. Ce monde surprenant, primitif et indéchiffrable des “sauvages”, elle l’a converti pour nous » (Malinowski, 1922/2001, p. 66).

2. Le Journal d’ethnographe : la démystification de la méthode ethnographique

Malgré ses principes méthodologiques et ses critères épistémologiques, la méthode ethnographique est marquée, encore aujourd’hui, d’exotisme. Cette mystification de l’anthropologue parti seul, en terres inconnues, explorer l’étranger, est bien présente dans les introductions des ouvrages classiques. À titre d’illustration, dans l’introduction des Argonautes du Pacifique occidental, Malinowski (1922/2001) décrit son arrivée sur le terrain en ces termes : « Imaginez-vous soudain, débarquant, entouré de tout votre attirail, seul sur une grève tropicale, avec, tout à côté, un village d’indigènes, tandis que l’embarcation qui vous a amené cingle le large pour bientôt disparaître » (Malinowski, 1922/2001, p. 60). Son compatriote, Evans-Pritchard, décrit sa propre arrivée chez les Nuer de façon aussi périlleuse :

Je suis arrivé sur les lieux au début de 1930. J’avais attendu mes bagages à Marseille, mais la tempête les retarda. Puis ce furent des erreurs d’acheminement, commises à mon insu, qui arrêtèrent à Malakal mes provisions de nourriture : mes serviteurs zandé n’avaient pas reçu d’ordres et n’étaient pas venus à ma rencontre

Evans-Pritchard, 1937/2000, p. 24

La parution posthume du Journal d’ethnographe de Malinowski (1967/1985) relativisa cet exotisme du terrain. Ce journal dévoile l’omniprésence des liens entretenus avec les Blancs – missionnaires, fonctionnaires coloniaux, etc. – et le mal du pays qui tiraille quasi quotidiennement Malinowski et qui l’amène à préférer la littérature et les correspondances européennes à l’étude des Trobriandais. Il démystifie ainsi la banalité du quotidien de l’anthropologue sur le terrain[12]. L’explorateur des contrées éloignées s’y dévoile n’être qu’un chercheur sujet au doute, aux angoisses, à l’ennui et au mal du pays, maux qui conduisirent Malinowski à la consommation quasi quotidienne de quinine.

Concomitante au développement de l’anthropologie interprétative (Geertz, 1973/2000; Taylor, 1971/1999) et à la popularité grandissante de la critique du positivisme et de l’approche hypothético-déductive en sciences sociales (Gadamer, 1953/2001; Glaser & Strauss, 1967), la parution du Journal d’ethnographe oblige une reconnaissance disciplinaire de la subjectivité du chercheur et de la relativité des savoirs ethnographiques. Ce qu’Evans-Pritchard identifiait initialement comme de simples différences expressives attribuables à la personnalité de l’anthropologue (Evans-Pritchard, 1951) devient, à la suite de la parution de ce journal et sous le regard des interprétativistes, une limite épistémologique de la discipline. C’est ainsi que l’anthropologue interprétativiste Geertz posa que « toutes les descriptions ethnographiques sont artisanales; ce sont les descriptions du descripteur, pas celle du décrit » (Geertz, 1988/1996, p. 143).

Bien que qualifié de crise disciplinaire par certains, nous préférons qualifier ce passage critique comme une ouverture, une prise de conscience, favorables à la réflexivité et à l’explicitation de l’approche inductive de la méthode ethnographique. Nous partageons ici la position d’Augé (2006) pour qui, lors de l’écriture, l’anthropologue construit « une cohérence dont il est sûr qu’elle est sous-jacente aux faits, mais qui garde néanmoins le caractère d’une hypothèse inductive » (pp. 53-54).

3. Les apports des approches inductives en anthropologie pour les recherches locales

La phase de démystification de la méthode ethnographique est un moment charnière pour la prolifération et la reconnaissance des recherches ethnographiques locales. La posture d’Olivier de Sardan (2008) illustre bien la nouvelle attitude critique par rapport à l’exotisme engendré par la distanciation géographique :

Nous partirons du postulat qu’il n’y a guère de différence épistémologique entre suivre le RER et monter le Congo, entre séjourner dans un HLM de banlieue ou dans un campement peul. Ou plutôt, si, il y a une petite différence, mais elle n’est pas dans les heurs et malheurs respectifs, de l’anthropologue, mais dans les plus ou moins grands effets de l’exotisme dont il risque d’être victime ou qu’il est tenté d’exploiter. Si l’exotisme peut être une prime en littérature, ou, en tout cas, s’il a pu servir de matériau aux plus grandes qualités littéraires (au même titre que le narcissisme), il est contre-indiqué en anthropologie

Olivier de Sardan, 2008, pp. 20-21

Par contre, bien que la méthode ethnographique ait rapidement été utilisée et diffusée par les sociologues de l’École de Chicago, comme nous l’avons affirmé au début de cette introduction, l’anthropologie demeure, encore aujourd’hui, timide en matière de reconnaissance disciplinaire des ethnographies locales. Dans un article intitulé, fort à propos, The Misrepresentation of Anthropology and Its Consequences, Lewis (1998) montre pourtant que ces recherches locales sont inscrites dans l’histoire disciplinaire américaine. L’anthropologue américain Van Maanen abonde dans le même sens en posant que les anthropologues locaux partagent les mêmes visées que les anthropologues réalisant leurs recherches outre-mer : « la visée de ces études a été de découvrir et d’expliquer la manière avec laquelle des gens dans des situations de travail particulières en viennent à comprendre, à prendre en compte et à changer leur quotidien »[13] [traduction libre] (Van Mannen, 1979, p. 540).

Pour d’autres, les recherches ethnographiques locales, classées dans le sous-champ disciplinaire d’anthropologie des mondes contemporains ou de la proximité, sont une avenue disciplinaire dont les assises méthodologiques et épistémologiques demeurent sources de débats (Augé, 1994, 2006; Kilani, 2012; Lévi-Strauss, 2011, 2013; Urbain, 2003). Manning et Fabrega (1976) iront jusqu’à qualifier ces recherches locales de new ethnography.

Cette timidité de la reconnaissance disciplinaire des recherches locales contraste avec la diffusion et l’utilisation grandissante de la méthode ethnographique par les autres disciplines des sciences sociales. Le présent numéro s’inscrit donc dans un effort de reconnaissance de la pertinence locale des approches inductives utilisées en anthropologie. Il vise à montrer la diversité des terrains, de leurs apports, de leurs défis méthodologiques et épistémologiques ainsi que leur importance anthropologique et multidisciplinaire.

4. Les articles de ce numéro

Prisca Justine Ehui propose un texte intitulé « Application de l’approche inductive dans l’étude du code architectural agni ndénié (Côte d’Ivoire) ». Une étude a été menée avec une démarche inductive impliquant de l’observation directe, de la photographie, des entretiens qualitatifs et du dessin. L’auteure s’est interrogée sur l’anthropologie de l’espace habité en s’inspirant des démarches inductives. Elle s’est imprégnée directement des pratiques quotidiennes et des réalités de l’habitus spatial du peuple agni ndénié.

Geneviève Grégoire-Labrecque présente un texte intitulé « La pertinence de l’étude des formations interculturelles dans l’approfondissement des enjeux de la diversité ethnoculturelle dans les établissements scolaires ». Elle a étudié la rencontre entre les formateurs-chercheurs et les intervenants scolaires en s’intéressant plus précisément aux enjeux de la diversité ethnoculturelle dans les établissements scolaires au Québec et à l’éthique professionnelle des enseignants.

François Cardi met en oeuvre une méthode inductive en sociologie visuelle dans son article intitulé « Une démarche inductive en sociologie visuelle : le commentaire analytique ». Il combine une analyse des contenus de la photographie avec le commentaire de la forme photographique. Il s’intéresse notamment aux indices visuels signifiants de l’image. Il faut considérer le fait que l’utilisation de la photographie dans la recherche sociologique est plutôt récente.

Aude Kerivel a recueilli et analysé les expériences de violence et de harcèlement à l’école afin de mieux comprendre le processus de recherche évaluative dans une perspective qui emprunte à l’approche ethnographique. L’auteure est partie du regard et de l’expérience des acteurs au sein d’une vingtaine d’écoles. Le titre de son article est « Recueillir l’expérience d’enfants : de la théorisation enracinée à l’innovation méthodologique. Violence, harcèlement et empathie du point de vue d’élèves de 9 à 12 ans ».

Le texte d’Adeline Perrot et Isabelle Zinn, « Du tâtonnement ethnographique au discernement de sens : enquêtes participatives en boucherie et dans la zone d’attente des mineurs isolés étrangers » repose sur l’affirmation que pour rendre compte des catégories mobilisées par les enquêtés, il faut se mettre en situation de les percevoir. Les auteures appréhendent l’ethnographie comme une démarche qui comprend une période prolongée d’observation combinée à une prise de notes systématique. Elles se sont montrées ouvertes à l’inattendu, acceptant le fait que les questions de recherche apparaîtraient graduellement.

Émilie Hamelin a réalisé une recherche au Togo en suivant une approche inductive et a été dans l’obligation de préciser conceptuellement son objet de recherche. Son article a pour titre « Clarification conceptuelle autour de la notion de culture dans le cadre d’une recherche inductive sur l’enseignant togolais ». Elle propose une réflexion sur la pertinence de la clarification des concepts sensibilisateurs, en amont d’une démarche de collecte de données, malgré l’épistémologie inductive.

Le dernier article ne se situe pas dans la thématique du numéro, mais dans la perspective du numéro précédent. Dans son texte intitulé « Tentative de renouvellement de l’approche méthodologique en marketing social : l’apport de la MTE dans un effort de sensibilisation des jeunes conducteurs québécois à la problématique de l’alcool au volant », Maxime Boivin propose une intégration de la méthodologie de la théorisation enracinée à la recherche en marketing social. Elle montre comment une approche inductive peut être pertinente pour mieux comprendre comment sensibiliser et éduquer les jeunes conducteurs québécois de 18 à 24 ans aux problèmes reliés à l’alcool au volant.