Volume 96, numéro 1, mars 2020
Sommaire (5 articles)
Articles
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L’ÉVOLUTION DES SALAIRES RÉELS AU QUÉBEC DE 1940 À 2018 : ANALYSE HISTORIQUE
Jacques Rouillard et Jean-François Rouillard
p. 5–46
RésuméFR :
Notre étude porte sur une période plus longue que les travaux de recherche dont on peut disposer sur les salaires réels au Québec. En effet, nous examinons l’évolution des salaires depuis la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à 2018 en distinguant deux périodes : 1940-1977 et 1978-2018. La première est marquée par une augmentation substantielle de la rémunération moyenne des salariés alors que la deuxième voit leurs salaires nominaux croitre à peu près au même rythme que les prix à la consommation. La comparaison entre ces deux périodes permet de mettre en relief les facteurs qui sont à l’origine d’une évolution aussi différenciée.
Pendant les années glorieuses d’après-guerre, la prospérité économique, l’appui de l’État et le militantisme syndical ont contribué à la forte croissance des salaires qui évoluent au même rythme que la croissance de la productivité du travail. Le revirement des politiques gouvernementales à partir de la fin des années 1970, une croissance économique plus lente, la concurrence internationale, et l’érosion du rapport de force des salariés font en sorte que leur rémunération réelle, qu’ils soient syndiqués ou non, a presque stagné jusqu’à nos jours. Il en est résulté un retard des salaires sur la productivité contribuant à un déséquilibre dans la répartition du revenu intérieur brut entre le capital et le travail.
EN :
Our paper focuses on real wages in Québec for a longer time span than previous work. Specifically, we examine the evolution of wages since World War Two for two distinct periods: 1940-1977 and 1978-2018. The first time period is marked by a substantial increase in the compensation of salaried workers, while the second one is characterized by average nominal wages that grow at a similar rate than the consumer price index. The comparison between these two periods enables us to shed light on the factors that are at the source of these different evolutions.
During these glorious post-war years, economic prosperity, the support of the State, and union activism have contributed to the strong growth in wages, which evolved at the same rate as labour productivity. The turnaround in government policies that occurred at the end of the 1970s, slower economic growth, international competition, and a weakening bargaining power of workers all contribute to a quasi-stagnation of their compensation up until these days—whether they are unionized or not. As a result, lagging wages on productivity levels also lead to significant shifts in the distribution of capital and labour incomes.
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SATISFACTION DES ENSEIGNANTS ET PERFORMANCES SCOLAIRES AU BÉNIN
Monsoï Kenneth Colombiano Kponou
p. 47–70
RésuméFR :
Cette étude examine l’effet de la satisfaction des enseignants sur les performances scolaires. Sur données de la base PASEC du Bénin, nous avons estimé par les méthodes Probit et Tobit des modèles de déterminants de la satisfaction des enseignants d’une part et d’autre part, par la méthode des modèles linéaires hiérarchiques nous avons estimé un modèle des déterminants des performances scolaires. Nos résultats suggèrent que la rémunération, le statut professionnel, la qualification des enseignants sont des variables qui expliquent la satisfaction des enseignants. Par ailleurs, il ressort que la satisfaction des enseignants a une influence significative et positive sur les performances scolaires.
EN :
This study examines the effect of teacher satisfaction on school performance. Based on data from the PASEC database in Benin, we used the Probit and Tobit methods to estimate models of the determinants of teacher satisfaction and the hierarchical linear model method to estimate a model of the determinants of school performance. Our results suggest that teacher remuneration, professional status and qualifications are variables that explain teacher satisfaction. Furthermore, it appears that teacher satisfaction has a significant and positive influence on school performance.
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SPATIAL PRICE TRANSMISSION AND ASYMMETRIC ADJUSTMENT: THE CASE OF LOCAL AND IMPORTED RICE IN TOGO
Tomgouani Lanie
p. 71–110
RésuméEN :
In this paper, we have investigated the extent and the speed of adjustment of six domestic markets of imported rice and the local market of processed rice in Togo to rice prices change on the global market and how the local market of paddy and the imported rice markets respond respectively to prices change in the processed rice and on the central market of imported rice Lomé and test for asymmetry in the adjustment process using both standard and threshold cointegration tests. Symmetric and asymmetric error correction models with respect to the linear and threshold cointegration relationships between markets pairings are estimated to investigate short-run prices dynamics.
Results indicate that prices for the global to local markets pairings are cointegrated with relatively low price transmission elasticities. Prices on the imported rice markets in Togo are also cointegrated (when Lomé is considered as the central market). Threshold cointegration tests reveal that in the long-run, the local market of paddy adjusts asymmetrically to prices change in the processed rice and there is asymmetric adjustment of domestic markets of Cinkassé and Lomé to prices change on the global market. Except for Amégnran market, the four other domestic markets of imported rice adjust also asymmetrically to rice prices change on the central market of Lomé. In the short-run, there is asymmetric adjustment only between the global market and the imported rice markets of Lomé and Cinkassé. Among imported rice prices dynamics in Togo, only Cinkassé market adjust asymmetrically to prices change on the central market of Lomé. The results imply that oligopolistic middlemen in rice marketing in Togo are more sensitive and react quickly when rice prices change on the global market tends to squeeze their margins than changes that stretch them.
FR :
Dans cet article, nous avons déterminé le degré et la vitesse d’ajustement de six marchés intérieurs du riz importé et du marché local du riz transformé au Togo aux changements de prix du riz sur le marché mondial et la façon dont le marché local du riz paddy et les marchés locaux du riz importé réagissent respectivement aux changements de prix sur le marché local du riz transformé et le marché central du riz importé de Lomé et nous avons réalisé des tests d’asymétrie dans le processus d’ajustement en utilisant à la fois des tests de cointégration standard et à seuils. Des modèles à correction d’erreurs symétriques et asymétriques conformément aux relations de cointégration linéaire et à seuils entre les paires de marchés sont estimés pour étudier la dynamique d’ajustement des prix à court terme.
Les résultats indiquent que les paires de prix entre le marché mondial et les marchés intérieurs sont cointégrés avec des élasticités de transmission relativement faibles. Les prix sur les marchés du riz importé au Togo sont également cointégrés (lorsque Lomé est considérée comme le marché central). Les tests de cointégration à seuils révèlent qu’à long terme, le marché local du riz paddy s’ajuste de manière asymétrique aux changements de prix du riz transformé et que les marchés intérieurs de Cinkassé et de Lomé s’ajustent de manière asymétrique aux changements de prix sur le marché mondial. À l’exception du marché d’Amégnran, les quatre autres marchés intérieurs du riz importé s’ajustent également de manière asymétrique à l’évolution des prix du riz sur le marché central de Lomé. À court terme, il n’y a d’ajustement asymétrique qu’entre le marché mondial et les marchés du riz importé de Lomé et de Cinkassé. Parmi les dynamiques des prix du riz importé au Togo, seul le marché de Cinkassé s’ajuste de manière asymétrique aux changements de prix sur le marché central de Lomé. Il en résulte que les intermédiaires oligopolistiques dans la commercialisation du riz au Togo sont plus sensibles et réagissent plus rapidement lorsque les changements de prix du riz sur le marché mondial tendent à comprimer leurs marges que lorsque ces changements de prix du riz les étendent.
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DETTE PUBLIQUE INTERNE, DÉVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Walid Benayed et Foued Badr Gabsi
p. 111–142
RésuméFR :
Nous cherchons au niveau de cette étude à vérifier l’hypothèse selon laquelle la dette publique interne affecte la croissance à travers son impact sur l’activité du système bancaire des pays Africains. A cet effet, nous estimons un modèle à équations simultanées en panel dynamique basé sur un échantillon de 20 pays de l’Afrique Subsaharienne couvrant la période 2000-2010. Le principal résultat dégagé est que la détention des titres publics a incité les banques à prendre plus de risque et à accroitre leurs crédits au secteur privé surtout en présence de défaillances institutionnelles. Néanmoins, cet impact bénéfique de la dette publique interne n’a pas influencé significativement le rythme de l’activité économique car le système financier africain n’a joué qu’un rôle limité dans la stimulation de l’investissement privé et de la croissance.
EN :
In this study, we test the hypothesis that domestic public debt affects economic growth through its impact on the activity of the banking system. For this purpose, we estimate a simultaneous equations model based on a panel of 20 Sub-Saharan African countries over the period 2000-2010. The results suggest that the holding of government securities has encouraged banks to take on more risk and to increase their loans to the private sector, especially in the presence of weak institutions. However, this beneficial impact of domestic public debt did not significantly influence economic activity as the African financial system has played a limited role in stimulating private investment and economic growth.
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LES CONSÉQUENCES DES PROGRAMMES DE CONTRÔLE DES ÉVALUATIONS FONCIÈRES SUR LES TAUX DE TAXATION MUNICIPALE DES ENTREPRISES : LE CAS DE LA NOUVELLE-ÉCOSSE
Patrick De Lamirande et Jason Stevens
p. 143–156
RésuméFR :
La bulle immobilière du début du siècle a eu un impact au-delà de l’accessibilité à la propriété. Les évaluations foncières, liées à la valeur des maisons, ont également augmenté durant la même période. Puisque les taxes foncières ont augmenté de façon inégale entre propriétaires, cette hausse a eu un impact réel sur la distribution fiscale entre les membres d’une même communauté. Pour diminuer l’impact de certaines hausses spectaculaires de taxes foncières, le Gouvernement de Nouvelle-Écosse a instauré en 2005 le programme d’évaluation plafonnée (PEP) pour limiter l’augmentation des évaluations foncières. Ce programme a eu comme impacts de limiter la hausse de la base taxable des municipalités qui se sont alors retrouvées face à un manque-à-gagner. Cet article démontre que, pour répondre à la diminution des revenus de taxation, les municipalités ont limité la hausse des taux de taxation (ou les ont gelés) des propriétés résidentielles et ont augmenté le taux de taxes foncières des entreprises. La mise en place du PEP a ainsi contribué à transférer une partie significative du fardeau fiscal des propriétaires résidents aux entreprises par l’augmentation des taux commerciaux de 23 % en moyenne pour l’ensemble des municipalités néo-écossaises alors que les taux résidentiels sont restés inchangés lors de la période 2003-2014.
EN :
The real estate bubble at the turn of the century had an impact beyond affordability. Property assessments, which are linked to house values, also increased over the same period. Since property taxes increased unevenly among homeowners, this increase had a real impact on the tax distribution among members of the same community. To lessen the impact of some dramatic property tax increases, the Government of Nova Scotia introduced the Capped Assessment Program (CAP) in 2005 to limit the increase in property assessments. This program had the impact of limiting the increase in the tax base of municipalities, which then found themselves facing a shortfall. This article shows that, in response to declining tax revenues, municipalities limited (or froze) tax rate increases for residential properties and increased property tax rates for businesses. The introduction of the PEP has thus contributed to shifting a significant portion of the tax burden from resident homeowners to businesses by increasing commercial rates by an average of 23 % for all Nova Scotia municipalities, while residential rates remained unchanged over the 2003-2014 period.