FR :
La sortie d’Assassin’s Creed Unity (2014), premier épisode de la série concernant l’Histoire de France, crée une polémique lancée par le Parti de Gauche. Le parti politique considère que les représentations dans le jeu sont de la propagande contre les Révolutionnaires et une relecture des faits historiques au profit de la Monarchie Absolue. Ubisoft se défend de tout discours politique en affirmant que les choix de création sont avant tout ludiques.
Cette polémique politique questionne quant à la valeur accordée aux représentations du passé en France. Elle met en évidence une pratique discursive qui met en opposition l’idéologie, la dimension ludique et la véracité historique à une forme de chauvinisme réticent à la virtualisation d’un évènement de son Histoire. A travers l’analyse de la presse qui a couvert la polémique, des discours politiques sur le site officiel du Parti de Gauche (PG) ainsi que les réponses d’Ubisoft et des historiens dans la presse d’information, il s’agit dans cet article de comprendre si, en tant que société française, Ubisoft a souhaité un traitement particulier pour Assassin’s Creed Unity ? Plus généralement, est-ce que ce jeu porte, dans son développement ; dans ses choix scénaristiques ou dans ses représentations, des spécificités françaises ? Ubisoft a-t-elle eu la volonté de faire un jeu « plus français » ?
Pour répondre à ces interrogations, il convient de présenter le jeu et ses spécificités (scénario, environnement, jouabilité) pour mesurer leurs interprétations. Puis, d’aborder les enjeux de la polémique pour montrer qu’il s’agit avant tout d’un débat idéologique et politique. Ainsi, l’objectif de cette étude est de mettre en lumière les imbrications des représentations du passé, de leurs valeurs, de leurs réceptions et de leurs usages en contexte vidéoludique.
EN :
The release of Assassin's Creed Unity (2014), the first episode of the series concerning the History of France, creates a polemic launched by the Left Party. This political party considers that the representations in the game are propaganda against the Revolutionaries and a re-reading of historical facts in favor of the absolute monarchy. Ubisoft defends itself from any political discourse by asserting that its creative choices are above all playful.
This political polemic questions the value given to representations of the past in France. It highlights a discursive practice that sets ideology, playfulness and historical truth against a form of chauvinism that is reluctant to virtualize an event in its history. Through the analysis of the press that covered the polemic, political speeches on the official website of the Left Party (PG), as well as the responses of Ubisoft and historians in the news press, the aim of this article is to understand whether, as a French company, Ubisoft wanted special treatment for Assassin's Creed Unity. More generally, does this game have specific French characteristics in its development, in its script choices or in its performances? Did Ubisoft have the desire to make a "more French" game?
To answer these questions, the game and its specificities (scenario, environment, playability) should be presented to measure their interpretations. Then, we must address the stakes of the controversy to show that it is above all an ideological and political debate. Thus, the objective of this study is to shed light on the interweaving of representations of the past, their values, their reception and their uses in a videogame context.