Volume 48, numéro 1, 2019 46e Congrès de l’Association des archivistes du Québec
Sommaire (9 articles)
Rédaction
Dossier spécial – 46e congrès de l’Association des archivistes du Québec
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Cartographier l’évolution du contenu de la revue Archives au moyen des techniques de fouille de textes et de bibliométrie
Dominic Forest, Sabine Mas, Valérie Rioux, Vincent Larivière et Benoît Macaluso
p. 7–39
RésuméFR :
À l’occasion du 50e anniversaire de l’Association des archivistes du Québec (AAQ), cinq professionnels de l’archivistique ont réalisé une analyse du contenu de la revue Archives à partir d’une approche basée sur des techniques de fouille de textes, complétée par une analyse bibliométrique. Ces techniques facilitent le traitement de grandes quantités de données afin d’en extraire automatiquement certaines caractéristiques qui les ont renseignés tant sur l’évolution thématique de la revue que sur la place qu’occupe sa production dans l’espace archivistique scientifique et professionnel québécois et international. Leur article offre une occasion de revenir sur les principales thématiques abordées dans la revue depuis les vingt dernières années en rendant compte de l’évolution des objets de recherche étudiés et, plus généralement, de la profession archivistique. Il permet également de s’interroger sur les liens existants entre les auteurs et leurs institutions, et de faire le point sur l’académisation ou la professionnalisation de la revue.
EN :
On the occasion of the 50th anniversary of the Association des archivistes du Québec (AAQ), five archivists conducted an analysis of the content of the journal Archives using an approach based on text-mining techniques and completed by a bibliometric analysis. These approaches make it possible to process large amounts of data in order to automatically extract some characteristics that allow them to learn about both the thematic evolution of the journal and the place occupied by its production in the scientific and professional archival space in Quebec and internationally. Their article offers an opportunity to review the main themes addressed in the journal for the last twenty years by reporting on the evolution of the research topics studied and, more generally, the archival profession. It also allows them to question the links existing between the authors and their institutions and to ask them about the academicization or professionalisation of the journal.
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L’Association des archivistes du Québec à travers « ses » histoires
Louise Gagnon-Arguin
p. 41–53
RésuméFR :
À partir d’une approche historiographique, cet article reprend les différents textes ou publications qui ont porté sur l’histoire de l’Association des archivistes du Québec (AAQ), de 1974 à nos jours, en soulignant les grandes lignes de leur contenu. Il signale, entre autres, les articles écrits à l’occasion des anniversaires de la fondation de l’Association et présentés particulièrement dans la revue Archives. Il mentionne aussi les textes publiés dans d’autres revues québécoises ou étrangères. En faisant cette synthèse, l’article veut témoigner de l’évolution de l’AAQ et de ses préoccupations à travers le temps.
EN :
Taking a historiographic approach, this article looks at a variety of texts and publications on the history of the Quebec Archivists Association (AAQ) from 1974 to the present time, highlighting the main themes of their contents. It mentions, among other things, the articles written to mark anniversaries of the founding of the AAQ, particularly those that have appeared in La Revue Archives. It also mentions texts published in other journals in Quebec and elsewhere. By means of this synthesis, the article aims to document the evolution of the AAQ and of the issues that it has dealt with over time.
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Les archives manuscrites avouent ! Papier d’écriture en Nouvelle-France au XVIIe siècle : usages, usagers et catégories de documents
Céline Gendron
p. 55–87
RésuméFR :
En dépit de l’absence de production papetière en Nouvelle-France au XVIIe siècle, plusieurs sources révèlent le nombre important de documents produits sur place. Notre recherche doctorale a mis en évidence la provenance du papier d’écriture utilisé à cette époque, comme venant principalement des provinces françaises de l’Angoumois et de l’Auvergne. Notre recherche a aussi mis en évidence trois aspects interreliés au papier d’écriture, à savoir les usages auxquels il est destiné, les usagers qui le consomment ainsi que les diverses catégories de documents qui naissent de son utilisation. Ce papier d’écriture trouve ses usages dans la transcription de toute une série d’activités propres à la colonie naissante. Des usagers multiples – compagnies, administrations ou individus – soutenus par leur ambition personnelle ou le « bien d’autrui » sont engagés dans des activités diverses pour la construction d’une nouvelle colonie. Parmi l’ensemble des activités qui sous-tendent des liens étroits entre le monde atlantique français et le papier au XVIIe siècle, sept retiennent notre attention : la gestion administrative de la métropole et sa colonie nord-américaine ; l’utilisation sous-jacente du papier comme support aux efforts missionnaires ; les procédés utilisés par la classe marchande pour conduire ses affaires ; le nécessaire qui accompagne les explorateurs, les voyageurs et les militaires en déplacement et/ou en poste dans la colonie ; l’administration des communautés religieuses ; les actes notariés qui ponctuent la vie quotidienne ; et la correspondance entre individus. Notre article illustre les caractéristiques professionnelles des personnes engagées dans ces activités, leur rapport avec les usages du papier d’écriture et les catégories de documents ainsi produits. Nos exemples sont choisis à partir du corpus de documents d’archives manuscrites provenant de centres d’archives publics et privés ainsi que des documents manuscrits de la Collection Baby de l’Université de Montréal.
EN :
Despite the absence of paper production in New France in the seventeenth century, several sources reveal the large number of documents produced there. Our doctoral research has highlighted the origin of the writing paper used at that time as coming mainly from the French provinces of Angoumois and Auvergne. Our research has also highlighted three interrelated aspects of writing paper, namely the uses for which it is intended, the users who consume it and the various categories of documents that arise from its use.The writing paper in question was used in the transcription of a whole series of activities specific to the fledgling colony. Multiple users – companies, administrations or individuals – supported by their personal ambition or the “good of others”, were engaged in various activities for the construction of a new colony. Of all the activities that underlie the close links between the French Atlantic world and paper in the seventeenth century, seven have our attention: the administrative management of the metropolis and its North American colony, the underlying use of paper as a support for missionary efforts, the methods used by the merchant class to conduct business, the supplies that accompanied explorers, travelers and military personnel traveling and / or stationed in the colony, the administration of religious communities, notarial acts that punctuate daily life and correspondence between individuals.The article illustrates the professional characteristics of the people engaged in these activities, their relationships with the uses of writing paper and the categories of documents thus produced. Our examples are chosen from the body of handwritten archival documents from public and private archives, and handwritten documents from the Baby Collection at the Université de Montréal.
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Théâtre à Montréal, 1825-1930 : un récit visuel mettant en scène des documents patrimoniaux
Danielle Léger
p. 89–106
RésuméFR :
L’auteur présente un projet de recherche-diffusion sur l’histoire culturelle, sociale et commerciale d’une quarantaine de lieux de théâtre montréalais actifs entre 1825 et 1930, réalisé en partenariat avec le Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal (LHPM) de l’UQAM. Puisant à la fois dans le patrimoine documentaire publié et les documents d’archives détenus par Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ces travaux ont suscité la création de deux projets de diffusion complémentaires. Une collection a d’abord été créée au printemps 2017 dans Historypin, pour être ensuite déployée en près de deux cents images et capsules textuelles dans un parcours structuré porté par une autre plateforme Web, Story Maps. L’auteur commente ici la portée du projet, sa méthodologie et ses retombées documentaires. Les mérites respectifs des deux plateformes utilisées sont également mis en relief.
EN :
The author presents a research and communication project on the cultural, social and commercial history of about 40 theatre spaces in Montreal that were active between 1825 and 1930; it was developed in partnership with UQAM’s Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal. Delving into both the published documentary heritage and the archival documents held by Bibliothèque et Archives nationales du Québec, the project has generated two complementary communication projects. A collection was created in Spring 2017, first in Historypin, and then as 200 images and brief texts in a structured format on Story Maps, another Web platform. The author comments on the scope of the project, its methodology, and its documentary implications. She also compares the respective strengths of both of the platforms that have been used.
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Sortir de la Grande Noirceur grâce aux documents d’archives
Jacques Rouillard
p. 107–143
RésuméFR :
L’objectif de ce texte est de montrer l’importance de l’acquisition, de la conservation et du classement des documents d’archives pour cerner notre histoire et éviter que le récit historique devienne une construction mythique sans fondement véritable. Les bibliothécaires et les archivistes sont en quelque sorte les gardiens de la mémoire d’une société. Il appartient aux historiens de consulter ces documents pour comprendre et interpréter le passé. Malheureusement, ce n’est pas ce cheminement qui s’est imposé dans la représentation de l’histoire du Québec contemporain qui domine encore notre mémoire collective, selon laquelle le Québec francophone d’avant 1960 est une société monolithique et ultraconservatrice, qui serait entrée de plain-pied dans la modernité à l’occasion de la Révolution tranquille. Cette vision du passé, portée par des intellectuels impatients d’en finir avec le régime de Maurice Duplessis et influencée par une lecture de l’histoire du Québec mise de l’avant par plusieurs sociologues, repose sur une recherche historique très sommaire. Elle est remise en question à partir des années 1970 par des historiens intéressés à l’histoire du Québec récent, dont la formation et la méthodologie les portent à accorder une importance primordiale à la consultation de fonds d’archives. Leurs travaux apportent un nouvel éclairage sur l’histoire du Québec depuis la Confédération. Loin d’être une société figée où règne l’unanimité sociale, il apparaît que le pouvoir clérical est contrebalancé par d’autres forces venant des milieux politiques et syndicaux. Il en ressort l’image d’une société, sans doute distincte, mais aussi diversifiée. C’est ce que l’auteur montre à partir de travaux qu’il a réalisés depuis plus de quarante ans portant sur divers aspects de l’histoire du Québec. La représentation misérabiliste du passé sous le signe de la Grande Noirceur et de l’impuissance est un mythe qui affecte la psychologie collective des Québécois et Québécoises, les porte à rejeter une large portion de leur passé et contribue à ternir leur sens d’identité.
EN :
The objective of this text is to show the importance of the acquisition, preservation and arrangement of archival documents in contributing to an understanding our history and in avoiding the situation where historical accounts are mythic constructs without real foundation. Librarians and archivists are in a way the guardians of the memory of society. It is the job of historians to consult the documentary record to understand and interpret the past. Unfortunately, this has not been the practice in presenting the history of Quebec which now dominates our collective memory; according to contemporary Quebec history, Francophone Quebec before 1960 was a monolithic, ultraconservative society, which plunged into modernity at the time of the Quiet Revolution. This vision of the past, held by intellectuals impatient to get over the Maurice Duplessis regime, and influenced by a reading of the history of Quebec that was put forward by a number of sociologists, is based on minimal historical research. It has been questioned since the 1970s by historians who are interested in the recent history of Quebec and whose formation and methodology have led them to believe that consulting archival fonds is of basic importance in their work. Their studies are shedding new light on the post-Confederation history of Quebec. Far from being a hidebound society in which social unanimity ruled, it appears that the power of the clergy was checked by other forces from the political and union milieux. An image is emerging of a society, distinct, but also diversified. The author shows this from work that he has done over more than forty years on various aspects of the history of Quebec. The “miserabilist” representation of the past under the sign of the Great Darkness and of impotence is being shown to be a myth that affects the collective psychology of the people of the Québécois and Québécoises, influencing them to reject a large swath of their past and tarnishing their sense of identity.
Compte rendu
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MACNEIL, H. et EASTWOOD, T. (Éds.) (2017). Currents of archival thinking (2e éd.) [en ligne]. Santa Barbara, Californie : Libraries Unlimited, 398 pages
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BOUYÉ, É. (2017). L’archiviste dans la cité. Un ver luisant. Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 105 pages
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TRICOT, A., SAHUT, G. et LEMARIÉ, J. (2016). Le document : communication et mémoire. Louvain-La-Neuve, Belgique : De Boeck Supérieur, 160 pages