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Mossière Géraldine (dir.), 2021, Dits et non-dits : mémoires catholiques au Québec. Gatineau, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Matière à penser », 240 p.

  • Marion Robinaud

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  • Marion Robinaud
    École des hautes études en sciences sociales, Associée au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités Paris, France

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Couverture de Solidarités et tensions, Volume 47, numéro 3, 2023, p. 11-239, Anthropologie et Sociétés

L’ouvrage dirigé par Géraldine Mossière, anthropologue et professeure à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal, poursuit et enrichit les travaux en sciences sociales des religions qui documentent les récentes transformations du catholicisme au sein de la société québécoise. S’inscrivant dans cette veine ouverte depuis le début des années 1990, les contributions ici réunies s’en détachent par une méthodologie singulière : une approche ethnographique de la « religion vécue » par l’analyse des parcours biographiques et des récits de vie (p. 13-21). Les mémoires individuelles qui forment le terreau des neuf textes de cet ouvrage ont en commun d’être celles de baby-boomers issus de la majorité sociale : soit des personnes nées entre 1945 et 1957, d’ascendance catholique québécoise et établies au Québec depuis au moins deux générations (p. 20). Biberonnées au « petit catéchisme », les personnes de cette génération sont ici pensées comme des témoins et des acteurs clés des bouleversements qui ont agité la société québécoise depuis les années 1960 (Révolution tranquille, contre-culture des années 1970, transformations des moeurs sociales et familiales, débats sur la diversité religieuse et la laïcité). Affirmant que les itinéraires biographiques et les parcours religieux individuels sont en articulation et en interaction constantes avec les changements sociaux et culturels, les auteurs de cet ouvrage positionnent la génération des baby-boomers comme un objet d’étude privilégié pour analyser ces entrelacs. Dans une introduction bien construite, Mossière explicite, entre autres, la méthodologie de l’étude qu’elle a menée avec son équipe entre 2013 et 2016. On pourrait penser que les matériaux recueillis dans le cadre de ce projet forment le corpus central de l’ouvrage. Or, on saisit au fil des pages que si l’ensemble des auteurs ont eu accès à ces données, seules trois des neuf contributions concernent expressément ce corpus. Cet ouvrage n’est donc pas le résultat du projet en question, mais bien le fruit d’une réflexion collective qui articule plusieurs autres projets de recherche individuels ou collectifs (textes de Meunier, Perreault et Wilkins-Laflamme, de Meintel ou encore de Burchardt). Les contributions se rejoignent autour d’une étude des itinéraires de sens, abordée dans une perspective ethnographique par l’analyse de récits de vie — exception faite des deux premiers chapitres d’Ignace Olazabal et de Sarah Wilkins-Laflamme, qui fournissent une contextualisation qui définit les bornes sociodémographiques des textes réunis. L’approche méthodologique empruntée donne corps à ce collectif. Le ton de l’ouvrage est donné par le texte de Marian Burchardt (chapitre 3) : désenchantement, pluralité des parcours biographiques et recomposition religieuse ou spirituelle caractérisent le religieux vécu des baby-boomers québécois de façon concomitante à cette période de changements culturels et sociaux. Cette étude s’articule autour de trois pôles analytiques (émancipation, privatisation et politisation de la religion) personnifiés par trois répondants dont l’auteure nous résume les parcours biographiques qui permettent d’explorer la complexité des profils et des itinéraires religieux. Cette « chair » ethnographique fournie par la restitution du récit de vie est pleinement exploitée grâce aux portraits individuels peints par l’auteure. Ceci répond tout à fait aux ambitions données en introduction (on aurait souhaité plus de portraits individuels aussi détaillés dans les autres contributions) et démontre la richesse de cette approche dans les études sur l’objet religieux. Les textes d’Isabelle Kostecki (chapitre 7) et de Julia Itel (chapitre 8), qui se suivent dans l’organisation de l’ouvrage, rendent compte du jeu d’échelle également permis par cette approche : de l’étude des expériences individuelles à l’analyse de l’émergence de nouveaux collectifs (cela est aussi donné à voir dans les textes de Meintel et de Boucher). Plusieurs auteurs ont toutefois conscience des biais induits par cette méthodologie basée sur les récits et …