Les ateliers de l'éthique
The Ethics Forum
Volume 9, numéro 2, été 2014
Sommaire (14 articles)
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Liminaire
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Vers une éthique climatique plus efficace : motivations et incitations
Michel Bourban
p. 4–28
RésuméFR :
Cet article vise à justifier, puis à appliquer une éthique climatique centrée sur les intérêts des acteurs économiques. Après avoir expliqué pourquoi le changement climatique pose un problème important de motivation, je montre pour quelles raisons les incitations peuvent au moins partiellement y remédier. Je développe ensuite deux possibilités d’institutionnalisation de l’éthique des incitations. La première consiste en une taxe internationale augmentant progressivement le coût des émissions de dioxyde de carbone, un dispositif auquel il convient d’ajouter des subsides pour la recherche, le développement et le déploiement des énergies renouvelables. La seconde consiste en un marché global du carbone qui vise également à décourager l’utilisation des combustibles fossiles et à encourager l’utilisation de sources alternatives d’énergie. L’objectif est de montrer qu’une éthique climatique prenant en compte le problème de la motivation est plus efficace qu’une position qui se limite aux devoirs moraux incombant aux consommateurs et producteurs, soit de réduire leurs émissions.
EN :
This paper tries to justify and apply a climate ethics based on the interests of the consumers and producers. First, I explain why climate change creates an important problem of motivation; then, I show how incentives can at least partially solve it ; finally, I develop two different ways to institutionalize an ethics of incentives. The first market mechanism I propose is an international carbon tax increasing gradually the cost of carbon dioxide emissions, a climate policy that should be linked to subsidies for the research, development and deployment of renewable energies. The second mechanism is a cap-and-trade system, whose aim is also to disincentivize the use of fossil fuels and to incentivize the use of other sources of energy. The overall objective is to show that a climate ethics addressing the problem of motivation is more efficient than an approach dealing only with the moral duties consumers and producers have to mitigate their emissions.
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Exploitation et obligation de travailler
Pierre-Étienne Vandamme
p. 29–49
RésuméFR :
Cet article défend une définition de l’exploitation, restreinte aux relations de travail, en tentant d’une part d’expliciter une certaine compréhension de sens commun du concept (rémunération inéquitable en fonction du travail presté), et d’autre part d’échapper aux difficultés qui ont affecté la définition marxiste traditionnelle de l’exploitation comme extorsion de la plus-value (dans ses diverses variantes). Il explore ainsi le lien entre l’exploitation et l’obligation matérielle de travailler pour subvenir à ses besoins fondamentaux. Après avoir mis en garde contre les politiques d’activation des chômeurs, il conclut que l’exploitation est un phénomène contre lequel on peut lutter à l’aide de mécanismes relativement simples, même dans les sociétés capitalistes. Il rappelle toutefois que cela ne suffit pas à réaliser la justice sociale, resituant l’exploitation parmi d’autres enjeux fondamentaux pour une philosophie politique égalitariste
EN :
This paper offers a definition of exploitation, restricted to work relationships, that pretends to be closer to a common sense understanding of the concept – an unfair remuneration in relation to the work performed. The proposed definition also aims at avoiding the troubles that have affected the traditional Marxist definition of exploitation as surplus value extraction in its various forms. Thus, the paper investigates the connection between exploitation and the material obligation to work in order to satisfy one’s basic needs. It warns against the damages induced by the politics of activation of the unemployed. And it concludes that exploitation can be fought using relatively simple instruments, even in capitalist societies. Nonetheless, relocating exploitation among other fundamental concerns for an egalitarian political philosophy, it reminds that the fight against exploitation is not enough for the achievement of social justice.
Dossier : Attitudes, valeurs et environnement
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Sous la direction de Antoine C. Dussault
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Attitudes, valeurs et environnement : introduction
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Thinking Globally, Acting Locally: Partiality, Preferences and Perspective
Graham Oddie
p. 57–81
RésuméEN :
A rather promising value theory for environmental philosophers combines the well-known fitting attitude (FA) account of value with the rather less well-known account of value as richness. If the value of an entity is proportional to its degree of richness (which has been cashed out in terms of unified complexity and organic unity), then since natural entities, such as species or ecosystems, exhibit varying degrees of richness quite independently of what we happen to feel about them, they also possess differing degrees of mind-independent and subject-independent value. In particular, their value is not dependent on the desires or preferences of humans. The fitting attitudes account of value, at least as it is standardly developed, demands isomorphic evaluative responses on the part of all valuers. In particular, it entails that all valuers should have isomorphic preferences. But this seems absurd. I consider three different strategies with which the fitting attitude theorist can deflect this challenge. The first makes use of an account of non-standard value relations in terms of permissible preference orderings. The second appeals to value appearances and the associated notions of value distance and value perspective. The third involves an account of the ultimate bearers of value as properties, rather than as propositions or states of affairs. These strategies are not all mutually incompatible. While it isn’t possible to combine the first and second strategies, it is possible to combine the first and third strategies, and also to combine the second and the third.
FR :
Pour les philosophes de l’environnement, une théorie des valeurs plutôt prometteuse allie l’analyse de la valeur en termes d’attitudes appropriées, déjà bien connue, à une analyse moins bien connue, celle de la valeur en termes de richesse. Si la valeur d’une entité est proportionnelle à son degré de richesse (celle-ci étant rendue en termes de complexité unifiée et d’unité organique), étant donné que les entités naturelles, comme les espèces ou les écosystèmes, présentent des degrés de richesse variables aucunement liés à ce que nous pourrions ressentir à leur égard, elles possèdent également divers degrés de valeur indépendante du sujet et de la pensée. En particulier, leur valeur ne dépend ni des désirs ni des préférences des êtres humains. L’analyse de la valeur en termes d’attitudes appropriées, tout au moins selon son élaboration habituelle, exige des réponses évaluatives isomorphes de la part de toute entité attribuant une valeur. Or, cela suppose que ces dernières doivent posséder des préférences isomorphes, ce qui nous semble absurde. Nous examinons trois différentes stratégies que peut adopter le théoricien de l’attitude appropriée pour faire face à ce défi. La première met à profit une analyse non standard des relations de valeur en termes de classements de préférence permis. La deuxième fait appel aux apparences de valeur et aux concepts connexes de distance de valeur et de perspective de valeur. La troisième fait recours à l’analyse des porteurs ultimes de valeur en tant que propriétés, et non comme propositions ou états de fait. Ces trois stratégies ne sont pas toutes mutuellement incompatibles. Bien qu’il soit impossible de combiner la première et la deuxième stratégie, il est possible d’unir la troisième à la première et à la deuxième.
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Sur la symétrie présumée entre valeurs et préférences
Mauro Rossi
p. 82–98
RésuméFR :
Comment pouvons-nous analyser des relations de valeur non standards, comme la parité axiologique, en termes d’attitudes appropriées? Wlodek Rabinowicz suggère que deux choses sont à parité si et seulement si il est à la fois permissible de préférer l’une à l’autre et permissible d’avoir la préférence contraire. Dans un article récent, Johan Gustafsson soutient toutefois que l’analyse de Rabinowicz viole un principe de symétrie entre valeurs et préférences, selon lequel il existe pour toute relation de valeur une relation de préférence correspondante (et vice-versa). À la lumière de ce principe, Gustafsson propose une analyse alternative, selon laquelle deux choses sont à parité si et seulement si il est requis d’entretenir ces choses en parité préférentielle. Dans cet article, j’examine en détail les arguments avancés par Gustafsson contre l’analyse de Rabinowicz et je montre qu’aucun d’eux n’est convaincant.
EN :
How can we analyse non-standard value relations, such as axiological parity, in terms of fitting attitudes? Wlodek Rabinowicz has suggested that two items are on a par if and only if it is both permissible to prefer one to the other and permissible to have the opposite preference. In a recent paper, however, Johan Gustafsson has argued that Rabinowicz’s account violates a principle of value-preference symmetry, according to which for any value relation, there is a corresponding preference relation (and vice-versa). Following this principle, Gustafsson has proposed an alternative analysis, according to which two items are on a par if and only if one is required to hold these items preferentially on a par. In this paper, I examine in detail Gustafsson’s arguments against Rabinowicz’s analysis and show that none of them succeeds.
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Richness Theory: From Value to Action
Gregory M. Mikkelson
p. 99–109
RésuméEN :
Richness theory offers a promising axiology. In this paper, I discuss how to translate it into a deontology. To do so, I recruit the concept of moral distance from a recently developed epistemology, and construe it in terms of causal power. Finally, I apply the resulting decision-theoretic framework to the question of how best to avert ecological disaster over the next 36 years and achieve ecological harmony over the next 986.
FR :
La théorie de la richesse représente une axiologie prometteuse. Dans le présent article, nous explorons comment la traduire en déontologie. Pour ce faire, nous mobilisons le concept de distance morale tiré d’une épistémologie récemment développée et l’interprétons en termes de pouvoir causal. Pour terminer, nous appliquons le cadre théorique-décisionnel qui en résulte à la question de comment mieux éviter la catastrophe écologique au cours des 36 prochaines années et atteindre une harmonie écologique d’ici 986 ans.
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Value Monism, Richness, And Environmental Ethics
Chris Kelly
p. 110–129
RésuméEN :
The intuitions at the core of environmental ethics and of other neglected value realms put pressure on traditional anthropocentric ethics based on monistic value theories. Such pressure is so severe that it has led many to give up on the idea of monistic value theories altogether. I argue that value monism is still preferable to value pluralism and that, indeed, these new challenges are opportunities to vastly improve impoverished traditional theories. I suggest an alternative monistic theory, Richness Theory, and show how it provides an opportunity to capture the needs of both environmental ethics and of our traditional ethics.
FR :
Les intuitions au coeur de l’éthique de l’environnement et celles d’autres domaines négligés de valeurs exercent une pression sur l’éthique anthropocentrique traditionnelle basée sur les théories monistes de la valeur. La force importante de cette pression fait que plusieurs ont abandonné ces théories. Nous soutenons que le monisme des valeurs demeure préférable au pluralisme des valeurs et que, en fait, ces nouveaux défis offrent la possibilité de grandement enrichir les théories traditionnelles appauvries. Nous proposons une différente théorie moniste, la théorie de la richesse, et montrons en quoi elle permet de capter les besoins à la fois de l’éthique de l’environnement et de l’éthique traditionnelle.
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Individualist Biocentrism vs. Holism Revisited
Katie McShane
p. 130–148
RésuméEN :
While holist views such as ecocentrism have considerable intuitive appeal, arguing for the moral considerability of ecological wholes such as ecosystems has turned out to be a very difficult task. In the environmental ethics literature, individualist biocentrists have persuasively argued that individual organisms—but not ecological wholes—are properly regarded as having a good of their own . In this paper, I revisit those arguments and contend that they are fatally flawed. The paper proceeds in five parts. First, I consider some problems brought about by climate change for environmental conservation strategies and argue that these problems give us good pragmatic reasons to want a better account of the welfare of ecological wholes. Second, I describe the theoretical assumptions from normative ethics that form the background of the arguments against holism. Third, I review the arguments given by individualist biocentrists in favour of individualism over holism. Fourth, I review recent work in the philosophy of biology on the units of selection problem, work in medicine on the human biome, and work in evolutionary biology on epigenetics and endogenous viral elements. I show how these developments undermine both the individualist arguments described above as well as the distinction between individuals and wholes as it has been understood by individualists. Finally, I consider five possible theoretical responses to these problems.
FR :
Quoique les perspectives holistes telles que l’écocentrisme exercent un attrait intuitif considérable, affirmer la considérabilité morale des touts écologiques comme des écosystèmes s’est avéré une tâche très difficile. Dans la littérature en éthique de l’environnement, certains biocentristes individualistes ont argumenté de manière persuasive qu’un organisme individuel, mais pas un tout écologique, peut correctement être considéré comme possédant son propre bien. Dans le présent article, nous réexaminons ces arguments et soutenons qu’ils sont voués à l’échec. Ce travail est divisé en cinq parties. Premièrement, nous nous penchons sur certains des problèmes que pose le changement climatique pour les stratégies de conservation de l’environnement et affirmons que ces problèmes fournissent de bonnes raisons pragmatiques pour lesquelles chercher une meilleure compréhension du bien-être des touts écologiques. Deuxièmement, nous décrivons les a priori théoriques de l’éthique normative qui sous-tendent les arguments contre l’holisme. Troisièmement, nous réexaminons les arguments de biocentristes individualistes appuyant l’individualisme et rejetant l’holisme. Quatrièmement, nous explorons de récents travaux en philosophie de la biologie sur le problème de l’unité de sélection du biome humain en médecine et des éléments épigénétiques et viraux endogènes en biologie évolutionniste. Nous montrons en quoi ces conceptions minent à la fois les arguments individualistes susmentionnés et la distinction entre l’individu et le tout tel que compris par les individualistes. Finalement, nous considérons cinq réponses théoriques possibles à ces problèmes.
Dossier : Métaéthique et métamétaphysique
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Sous la direction de Fabrice Correia et Christine Tappolet
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Plus on monte plus on s’amuse : introduction
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Sources, raisons et exigences
Bruno Guindon
p. 152–165
RésuméFR :
Il existe de nombreuses sources d’exigences. Certaines exigences sont normatives dans la mesure où elles impliquent des affirmations concernant ce que nous avons raison de croire, faire, désirer, etc. À ce titre, les exigences morales sont parmi les meilleures candidates. Si la morale exige que l’on tienne notre promesse, il semble que nous avons une raison de la tenir. Cependant, ce ne sont pas toutes les exigences qui sont normatives en ce sens. Le catholicisme exige que l’on assiste à la messe chaque dimanche. Il ne s’ensuit pas pour autant que nous avons une raison d’y assister. Pourquoi cela? Pourquoi certaines exigences sont normatives en ce sens, mais pas d’autres? En vue de répondre à cette question, je défends la conception reasons-sensitive des exigences normatives, selon laquelle les exigences normatives sont celles et seulement celles qui sont sensibles aux raisons. Par contre, cette conception n’est pas la seule disponible. Selon ce que j’appelle la conception reasons-providing, les exigences normatives sont celles et seulement celles qui fournissent des raisons. Je soutiens que cette conception-ci est vulnérable à deux objections, ce qui nous donne raison de préférer la première.
EN :
There are many different sources of requirements. Some requirements are normative in the sense that they entail claims about what we have reasons to believe, intend, desire, and so on. Moral requirements are among the most plausible candidates. If morality requires that you keep your promises, it seems to follow that there is a reason for you to do so. However, not all requirements are normative in this sense. Catholicism requires that you attend Mass every Sunday. However, it does not follow that there is a reason for you to do so. Why is that? Why are some, but not all, requirements normative in this sense? In the aim of answering this question, I defend the reasons-sensitive view of normative requirements, according to which normative requirements are those and only those which are sensitive to reasons. However, the reasons-sensitive view is not the only account on offer, nor is it the most dominant. According to what I call the reasons-providing view, normative requirements are those and only those which constitute or provide reasons. I argue that the reasons-providing view faces two important objections, which gives us reason to prefer the reasons-sensitive view
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Fitting-Attitude Analyses and the Relation Between Final and Intrinsic Value
Antoine C. Dussault
p. 166–189
RésuméEN :
This paper examines the debate as to whether something can have final value in virtue of its relational (i.e., non-intrinsic) properties, or, more briefly put, whether final value must be intrinsic. The paper adopts the perspective of the fitting-attitude analysis (FA analysis) of value, and argues that from this perspective, there is no ground for the requirement that things may have final value only in virtue of their intrinsic properties, but that there might be some grounds for the alternate requirement that final value be grounded only in the essential properties of their bearers. First, the paper introduces the key elements of the FA analysis, and sets aside an obvious but unimportant way in which this analysis makes all final values relational. Second, it discusses some classical counterexamples to the view that final value must be intrinsic. Third, it discusses the relation between final, contributive, and signatory value. Fourth, it examines Zimmerman’s defense of the requirement that final value must be intrinsic on the grounds that final value cannot be derivative. And finally, it explores the alternative requirement that something may have final value in virtue of its essential properties.
FR :
Cet article examine, selon la perspective de l’analyse de la valeur en termes d’attitudes appropriées (la AAA), le débat concernant la possibilité qu’une chose ait de la valeur finale en vertu de ses propriétés relationnelles, ou en d’autres termes, la question de savoir si toute valeur finale doit être intrinsèque. La thèse défendue par l’article est que, selon la perspective de la AAA, il n’y a aucune raison convaincante d’adopter l’exigence selon laquelle une chose ne pourrait avoir de la valeur finale qu’en vertu de ses propriétés intrinsèques, mais il semble y avoir des bases intuitives pour adopter l’exigence alternative selon laquelle la valeur finale devrait être fondée sur des propriétés essentielles de ses porteurs. L’article présente d’abord les éléments clés de la AAA et met à l’écart une manière non pertinente selon laquelle celle-ci rend toute valeur finale relationnelle. Ensuite, l’article passe en revue quelques contre-exemples classiques à la thèse selon laquelle toute valeur finale serait nécessairement intrinsèque. Troisièmement, l’article discute de la relation entre valeurs finales, contributives et signatives. Quatrièmement, il examine la défense de l’exigence selon laquelle toute valeur finale devrait être aussi intrinsèque élaborée par Zimmerman. Et finalement, l’article explore l’exigence alternative selon laquelle une chose ne pourrait avoir de valeur finale qu’en vertu de ses propriétés essentielles.
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Essence et fondation
Pablo Carnino
p. 190–204
RésuméFR :
L’orthodoxie dans la littérature florissante au sujet de la fondation (grounding) suggère que cette notion ne peut être analysée ou exprimée en terme d’aucune autre. Par ailleurs, le primitivisme à propos de l’essence est considéré comme très plausible depuis l’article influent de Kit Fine à ce sujet. Cela contraint les philosophes qui emploient ces deux notions à accepter une position doublement primitiviste. Mon objectif principal est de proposer une définition de la fondation en terme d’essence. Je commencerai par présenter la conception positive en question, puis je montrerai la façon dont elle répond à un certain nombre d’objections à son encontre. L’apport d’une telle approche, si elle est couronnée de succès, devrait être évident : les philosophes qui acceptent la fondation comme notion primitive n’auront plus à le faire, pour autant qu’ils emploient déjà la notion d’essence. Pour ceux qui refusaient de parler de fondation sous prétexte que la notion était indéfinissable, la présence d’une définition éliminera ipso facto leur raison d’être sceptique.
EN :
Orthodoxy in the flourishing literature about grounding has it that the notion cannot be analysed with or expressed in terms of any other notion. Similarly, a form of primitivism is taken to be quite plausible about the notion of essence ever since Kit Fine’s seminal article on the topic. This forces philosophers (Kit Fine, inter alia) that use the two notions into a doubly primitivist position. My main aim here is to put forward a definition of grounding in terms of essence. I will first present the positive account and then show how it can handle a variety of objections. The upshot of such an approach if successful should be obvious : the philosophers that accept grounding as a primitive notion in their theorizing need not do so anymore, at least provided that they also helped themselves to a notion of essence (or objectual definition). For those who were reluctant to use grounding talk because it was allegedly undefinable my defining grounding in terms of essence eliminates ipso facto their reason for being skeptic.
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Sémantique formelle et engagement ontologique
Thibaut Giraud
p. 205–218
RésuméFR :
Je montrerai en premier lieu comment et pourquoi la sémantique formelle peut être employée comme un outil pour déterminer l’engagement ontologique d’une théorie : je soutiendrai d’une part que la sémantique doit être prise au sérieux comme apte à décrire la vérifaction des formules du langage; d’autre part, que les engagements ontologiques d’une théorie sont déterminés par ses vérifacteurs. De là, j’exposerai une méthode générale permettant, étant donné un certain type d’ontologie, de construire une sémantique dont les engagements ontologiques sont en accord avec celle-ci. Pour cela, je définirai la notion de cadre ontologique : il s’agit d’une structure telle que toute sémantique cons-truite à partir de cette structure aura un certain engagement ontologique déterminé à l’avance. J’exposerai quatre cadres représentant deux types de nominalisme et deux types de réalisme, et j’esquisserai à partir de ces cadres quatre sémantiques pour les langages du premier ordre.
EN :
In a first part, I will show why formal semantics can be used as a tool to determine the ontological commitment of a theory: first I will argue that we should take semantics seriously as describing the truthmaking of formulas of language, and then I will claim that the ontological commitments of a theory are determined by its truthmakers. From there, I will set forth a general method allowing us, for a given kind of ontology, to construct a semantics whose ontological commitments are in accordance with this ontology. For that purpose, I will define the notion of ontological framework: it is a set-theoretical structure such that any semantics constructed from this structure will bear certain predetermined ontological commitments. I will expose four ontological frameworks standing for two kinds of nominalism and two kinds of realism, and I will construct from those frameworks four distinct semantics for first-order languages.