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Les Petites Antilles françaises ne plongent pas véritablement leurs racines dans un passé dominé par la gloire de la grande plantation. Bien au contraire, il semble que les habitants soient plutôt à considérer comme de moyens cultivateurs issus de la république boucanière dominée par les seigneurs propriétaires. Avec le rattachement de la Martinique et de la Guadeloupe au domaine royal, puis l’installation d’une administration louis-quatorzienne digne de ce nom, les premiers colons, les habitants, entendent défendre leurs intérêts principalement au sein du Conseil souverain martiniquais. Cette loi d’autonomie explique à elle seule l’insubordination et la petite fronde parlementaire de 1717 (affaire dite du Gaoulé fondée sur la contestation des habitants : « Vive le roi sans l’octroi »). Les idées nouvelles, issues de l’Aufklärung, du mouvement philosophique, de la physiocratie, prennent corps tout au long du XVIIIe siècle et aboutissent à la mise en oeuvre d’institutions politiques laissant place à une certaine représentation politique aux Antilles. C’est ainsi qu’autonomie et assimilation trouvent un compromis dans les expériences de la monarchie éclairée et notamment sous Louis XV qui promeut les chambres mi-partie d’agriculture et de commerce, puis d’agriculture seulement, et sous Louis XVI qui, allant bien plus loin encore, propose l’érection de véritables assemblées coloniales, répliques des assemblées provinciales naguère imaginées par Turgot.