Résumés
Résumé
Dans cet article, la dynamique de la production précoce du café dans les Amériques est identifiée par le croisement de données historiques, généalogiques, agronomiques et climatologiques. Nous revisitons l’histoire de la diffusion du caféier, poussant dans les serres d’Amsterdam, vers les colonies hollandaises à travers, entre autres, des oeuvres à peine exploitées comme celle du botaniste anglais Richard Bradley. En 1714, ce dernier séjourna à l’Hortus medicus d’Amsterdam, ce qui nous a permis de proposer des corrections dans l’historiographie ancienne sur la diffusion des caféiers. Nous débutons par l’analyse des travaux de Bradley et poursuivons par une synthèse sur la diffusion des caféiers dans les serres européennes, puis de leur introduction dans les colonies hollandaises des Guyanes (Suriname, Essequibo, Berbice) et de Curaçao. La date de 1714 peut être retenue comme date d’introduction du caféier au Suriname à partir des serres d’Amsterdam, mais l’introduction du café montre en réalité deux séquences distinctes (1696-1700 et 1706-1723). Le hiatus (1701-1705) entre ces séquences peut être lié à des changements climatiques et éventuellement lié à un réchauffement climatique temporaire. Enfin, nous soulignons l’importance des échanges de caféiers entre colonies et le démarage des nouvelles plantations en comparant les liens familiaux, le rôle des impôts (capitation) et la législation locale révélant des éclairages nouveaux sur la situation au Suriname durant la première décennie du XVIIIe siècle, prélude à la réussite économique des investisseurs pour cette nouvelle culture de rente.
Mots-clés :
- Coffea arabica,
- café,
- caféïculture,
- construction et échanges de savoirs,
- Richard Bradley,
- serres d’Amsterdam,
- Hortus medicus,
- Suriname,
- Essequibo,
- Guyanes,
- cultures coloniales,
- transferts de plantes,
- modélisation,
- paléo-climat,
- XVIIIe
Abstract
In this paper, the dynamics of early coffee production in the Americas are identified through cross-referencing of historical, genealogical, agronomic, and climatological data. We revisit the history of the diffusion of the coffee-tree, growing in the greenhouses of Amsterdam, towards the Dutch colonies by means, amongst others, of the barely exploited works such as by the English botanist Richard Bradley. In 1714, the latter spent time in the Hortus medicus of Amsterdam permitting us to propose corrections in the early historiography of the diffusion of coffee-trees. We start with the analysis of the Bradley’s work and continue with a synthesis on the diffusion of coffee-trees in European greenhouses and their introduction into the Dutch colonies of the Guianas (Suriname, Essequibo, Berbice) and Curaçao. The date of 1714 can be retained as introduction date of the coffee-tree in Suriname from the greenhouses of Amsterdam but the introduction of coffee actually shows two seperate sequences (1696-1700 and 1706-1723). The gap (1701-1705) between these sequences can be related to climatic changes and possibly linked to temporary global warming. Finally, we also stress the importance of coffee-tree trade between colonies and the start of new plantations by comparing family ties, the roll of taxes (capitation) and local legislation revealing new insights on the situation in Suriname during the first decade of the XVIIIe century, prelude to the economic success of investors in this new cash crop.
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Parties annexes
Remerciements
Nous tenons à remercier particulièrement M. Martijn van den Bel, INRAP Cayenne, pour son appui constant concernant nos recherches, et plus spécialement pour son expertise sur les sources néerlandaises et leurs traductions. Il m’est impossible de ne pas citer Bertrand Garnier, Paris, dont l’assistance pour me sortir d’inextricables problèmes paléographiques a été essentielle, de même que Karl Arenz, Professeur à l’Université de Belém pour son appui sur quelques textes néo-latins.
Notre gratitude s’adresse également à Bea Brommer des Pays-Bas, à Nancy Um de l’Université de Binghamton (New-York), à Anne Regourd, CNRS, directrice de la Nouvelle Revue des Manuscrits du Yémen, à Marie Hardy de Martinique pour l’envoi de sa thèse, à Sara de Vries de l’Hortus medicus d’Amsterdam, à Nancy Janda, archiviste à l’Hunt Institute for Botanical Documentation, Carnegie Mellon University, à Catherine Aubertin de l’IRD-MNHN, et à Guillaume Blanchard pour la communication de documents importants ou pour leurs remarques judicieuses sur ces recherches. Nous tenons également à remercier la Bibliothèque de l’Université de Sydney pour avoir assuré gracieusement la numérisation du rarissime ouvrage de Richard Bradley de 1714.
Le manuscrit a également bénéficié des conseils de relectures de Martijn van den Bel, Anne Regourd, Kristen Sarge de la Collectivité territoriale de la Guyane. Nous remercions également Georges Rech, directeur des Archives territoriales de Guyane, qui nous a permis de présenter ces résultats lors d’une conférence tenue au Musée des Cultures et des Mémoires de Guyane. Enfin, nous remercions très chaleureusement M. Gérard Lafleur, de la Société d’Histoire de la Guadeloupe qui a bien voulu accepter puis relire notre si long article.