Résumés
Abstract
This essay seeks to reevaluate the origins of the family patrimony by challenging the idea that the provisions introduced into the Civil Code of Québec in 1989 amounted to new law. The family patrimony is not simply a statutory trust borrowed maladroitly from Ontario, nor does it reflect a moral postulate that, prior to 1989, had no legal status. It may be argued, in advance of sociological study, that the family patrimony should be understood as reflecting customary norms that were already present in the Quebec legal order at the time of its enactment. Where wealth is accumulated by the spouses during the period that marriage is lived as a joint economic endeavour, rules of everyday law may require the sharing of certain property without regard to which of them has formal title thereto. These customary norms, obscured doctrinally by a modern disinclination among jurists to look beyond state-made law and its adjuncts in the regulation of married life, are potent sources of family property law. Once the manner in which everyday law complements the formal law of matrimonial property is made plain, it becomes apparent that the claim to a share of the family patrimony is not, in fact, a break with tradition in Quebec's Civil law of family property.
Résumé
Le présent article vise à resituer les origines du patrimoine familial, en remettant en cause l'opinion selon laquelle les dispositions législatives adoptées en 1989 expriment du droit nouveau. Si le patrimoine familial n'est pas simplement la transplantation maladroite d'une fiducie statutaire ontarienne, il n'est pas non plus le reflet d'un postulat moral qui n'aurait eu, avant 1989, aucune consistance juridique. Même en dehors de toute étude sociologique, on peut formuler l'hypothèse que le patrimoine familial consacre des normes coutumières déjà présentes dans l'ordre juridique québécois au moment de son adoption. Pendant la période où le mariage constitue notamment une entreprise économique commune, les règles du droit usuel dicteraient que les époux partagent certaines richesses accumulées par eux sans égard aux droits formels sur les biens en question. Ces normes coutumières, obscurcies par une tendance moderne chez les juristes à s'en tenir au droit étatique pour connaître la teneur du droit matrimonial, forment néanmoins des sources importantes du droit patrimonial de la famille. Une fois établie la manière dont le droit usuel complète le droit formel de la famille, on constate que la base juridique de la réclamation d'une part du patrimoine familial ne marque pas de rupture, dans les faits, avec la tradition du droit civil québécois au regard du droit patrimonial de la famille.