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Si cet ouvrage est remarquable à la fois dans sa forme et dans son propos, il n’en pose pas moins quelques questions qui restent sans réponses.
S’agissant de la forme, le lecteur appréciera la qualité des cartes, graphiques, images et commentaires qui font l’originalité d’une formule éditoriale bien rodée. Une mise en ordre rigoureuse impose que chaque thème abordé soit présenté sur une double page et limité à celle-ci. Cette contrainte oblige à la concision, mais aussi à une miniaturisation parfois gênante de l’illustration graphique et cartographique.
Ce point admis, la richesse du propos ressort à la comparaison entre le présent ouvrage et une première édition parue sous le même titre et chez le même éditeur en 2007. On retrouve bien ici la présentation déjà faite des grandes ressources énergétiques, mais sans que soit minoré l’intérêt porté aux ressources classiques (pétrole, gaz, charbon, hydraulique et nucléaire), l’accent est mis sur des ressources difficiles à exploiter comme les schistes bitumineux ou les sables asphaltiques du Canada ou encore inexploitables comme les clathrates ou poches de méthane contenues dans le permafrost. Cette démarche prospective s’étend au nucléaire, plus précisément à la fusion nucléaire et au projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor). En contrechamp de ces technologies lourdes, une large place est faite aux énergies renouvelables : biomasse, énergies éolienne, solaire, maritime et géothermique. Dans tous les cas de figure, les limites technologiques ou environnementales des divers processus sont inventoriées.
Au-delà de ces données factuelles, les auteurs ont élargi le champ de leurs investigations à l’ensemble des problèmes qui se posent à l’échelle de la planète. Ce propos s’articule autour de quatre thèmes : la relation entre le niveau de développement humain (IDH) et la consommation d’énergie, le principe étant qu’il n’y a pas de développement humain sans un accès minimal à l’énergie ; la question environnementale, dominée d’un côté par l’explosion des émissions de CO2, le réchauffement climatique et l’effet de serre, de l’autre par la remise en cause des grands équipements et la sous-évaluation des risques liés au nucléaire ; l’analyse des contraintes et l’urgence des analyses prospectives. En conclusion, les auteurs évaluent une série de propositions ou de projets pour ce « temps de l’action » qui s’ouvre aujourd’hui afin de rendre notre monde vivable à l’horizon 2050 : meilleure utilisation des ressources, recours aux circuits courts, rationalisation des moyens de transport, transferts de techniques et de capitaux des pays riches vers les pays pauvres.
Point n’est besoin d’insister sur les qualités de cet ouvrage dont la lecture s’avère stimulante. Pourquoi faut-il alors qu’un doute s’instille chez le lecteur ? Comment réagir face aux limites démontrées du recours aux énergies nouvelles ? Comment croire à l’altruisme des pays riches ? Comment croire à l’avenir proclamé du nucléaire après la catastrophe de Fukushima ? Les obstacles ne manquent pas sur les chemins de l’avenir radieux.