FR :
Cet article introduit un texte d'Eisenstein resté inédit, « Rayon et Gnôle » écrit au printemps 1925, après la réalisation de La Grève et avant la conception de Potemkine. C'est une première prise de position d'Eisenstein sur la psychanalyse en tant que méthode artistique et critique. Le problème qu'il tend à résoudre est celui de la forme, qu'il a abordé à cette époque dans « Sur la question d'une approche matérialiste de la forme ». Ici, Eisenstein critique deux films récents, Le Rayon de la mort du collectif Kouléchov et La Course à la gnôle d'Abram Room. Kouléchov y est décrit comme un stylisateur dont les films ont une forme trop figée, immobile, non organique. Room, au contraire, totalement incapable de produire la forme, s'enlise dans l'informe. Eisenstein oppose à Kouléchov et à Room sa propre approche d'une forme artistique fondée sur la sublimation d'une perversion sexuelle. La « meilleure » perversion pour un réalisateur est un sadisme refoulé (Eisenstein cite Stroheim et Griffith comme exemples).
EN :
This article introduces one of Eisenstein's unpublished texts, "Rays and Moonshine," written in spring 1925 between the making of Strike and the conception of Potemkin. It represents an initial foray by Eisenstein into psychoanalysis as an artistic and critical method. The article's subject is film form, taken up elsewhere in this period in "On the Question of a Materialist Approach to Form." Here, Eisenstein critiques two recent films, The Death Ray by the Kuleshov collective and The Race for Moonshine Vodka by Abram Room. Eisenstein describes Kuleshov as a stylist whose films have a form which is too congealed, immobile, and inorganic. Room, however, is seen as completely incapable of producing a form. To Kuleshov and Room Eisenstein opposes his own approach, that of an artistic form founded on the sublimation of a sexual perversion. For Eisenstein, the "best" perversion a filmmaker can have is that of a suppressed sadism, and he cites Stroheim and Griffith as examples.