Cinémas
Revue d'études cinématographiques
Journal of Film Studies
Volume 12, numéro 2, hiver 2002 Cinéma et cognition Sous la direction de Bernard Perron
Sommaire (12 articles)
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Présentation
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Cognitive Film Theory : An Insider’s Appraisal
Carl Plantinga
p. 15–37
RésuméEN :
This article appraises the contributions of what has been called cognitivism or the cognitive approach to film studies, and suggests the means by which the cognitive approach can become more central to film studies than it has been so far. The author first shows that much of what has been called "cognitivist" film studies is only cognitivist in a broad sense, and could just as well be called "analytic." He then argues that the cognitive approach would be most useful when it is thus broadly applied, becoming then more a commitment to the rationality of discourse and human thought than a narrow project within psychology. The article then goes on to appraise the utility of the cognitive approach in our understanding of the psychological power of film and film aesthetics.
FR :
Cet article évalue la contribution de l'approche cognitive aux études cinématographiques et indique les voies à emprunter pour que cette approche soit aussi efficace et utile que possible. L'auteur montre d'abord que les études « cognitivistes » du cinéma ne sont telles qu'au sens large du terme et qu'elles pourraient tout aussi bien être qualifiées d'« analytiques ». Il fait ensuite valoir que l'approche cognitive serait plus utile si elle était appliquée de façon plus générale, devenant alors davantage un engagement en faveur de la rationalité du discours et de la pensée humaine qu'un projet se tenant strictement dans les limites de la psychologie. Enfin, il démontre l'utilité de l'approche cognitive pour la compréhension du pouvoir psychologique du cinéma et de l'esthétique du film.
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L’importance des processus cognitifs et de la recherche empirique en études cinématographiques
Paul S. Cowen
p. 39–59
RésuméFR :
Dans la mesure où toute théorie du cinéma compose, implicitement ou explicitement, avec le rôle du spectateur, l'auteur avance qu'il faut postuler l'activité de processus psychologiques - conscients ou inconscients - qui se révèlent finalement d'ordre cognitif. Il fait notamment valoir que ceux qui critiquent la théorie cognitive du cinéma semblent parfois ne pas comprendre ou ne pas connaître les courants qui caractérisent actuellement la psychologie cognitive et la cognition sociale. Présentant un éventail de recherches expérimentales récentes, dont plusieurs sont menées au laboratoire qu'il dirige, l'auteur montre comment l'empirisme permet d'expliciter plusieurs notions introduites en études cinématographiques par Bordwell. Mais surtout, les données qu'il présente font la preuve que la recherche empirique peut contribuer pour beaucoup au développement de la théorie du cinéma.
EN :
Since all film theories are implicitly or explicitly concerned with spectatorship, the author proposes that this requires postulating the activity of conscious and unconscious psychological processes that are ultimately "cognitive" in nature. He then puts forward that criticism of cognitive film theory often stems from a misunderstanding or lack of knowledge about current trends in cognitive and social-cognitive psychology. A brief survey of research that is pertinent to several of Bordwell's ideas includes experiments conducted in the authors laboratory and demonstrates the contribution that empirical studies can make to film theory, especially with regard to the importance of narrative structure, the relations between cognition and emotions and the role of cognitive biases in film interpretation by both spectators and critics.
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Scene and Surface in the Cinema : Implications for Realism
Joseph D. Anderson
p. 61–73
RésuméEN :
The visual array of a motion picture contains two separable sets of information, one for a three-dimensional diegetic event (scene) and another set of information which specifies the two-dimensional screen upon which the film is projected (surface). The author and his colleagues of the Digital Arts and Imaging Lab have attempted to sort out which information is seen as part of the scene and which as part of the surface. Based on the works of James J. Gibson, their conclusions question the application of the theory of realism to films.
FR :
Dans l'organisation visuelle d'un film, on peut distinguer deux ensembles distincts d'informations, l'un relatif à l'événement diégétique en trois dimensions (la scène) et l'autre, à l'écran bidimensionnel sur lequel le film est projeté (la surface). L'auteur, en collaboration avec ses collègues du Digital Arts and Imaging Lab, a essayé de déterminer quelle information était perçue comme faisant partie de la scène et quelle autre était considérée comme faisant partie de la surface. S'appuyant sur les travaux de James J. Gibson, il conclut en mettant en question l'application de la théorie du réalisme au cinéma.
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Science-fiction et cognition
Philippe D. Mather
p. 75–88
RésuméFR :
Cet article tente de faire le point sur les contributions scientifiques de la psychologie cognitive à la théorie du genre, et celle du cinéma de science-fiction en particulier. Le répertoire thématique de la science-fiction est mis à profit pour illustrer la typologie des schémas cognitifs proposée par David Bordwell. La théorie des émotions de Torben Grodal est aussi évaluée en fonction de sa capacité à expliquer une dimension affective de la science-fiction : le sentiment de l'éloignement.
EN :
This article seeks to evaluate the scientific contributions of cognitive psychology to genre theory and science-fiction film theory in particular. The science-fiction genre's thematic lexicon is called upon to illustrate the concept of cognitive schemata, as put forth by David Bordwell. Torben Grodal's cognitive theory of emotions is also examined for its potential explanatory value in regards to the science-fiction genre's emotional parameter, estrangement.
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Silence Fiction : Rethinking (Under) Representations of the “Feminine” Through Social Cognition
Melinda Szaloky
p. 89–115
RésuméEN :
This essay readdresses the issue of the social marginalization of women in light of social cognitive theories of schema- and stereotype-driven perception, reasoning, memory, and behavior. The notions of "fundamental attribution error," "stereotype threat," and "outcome dependency" will help elucidate why women's words and actions have traditionally been construed as less consequential than those of their male peers. Moreover, the essay discusses the benefits of the social cognitive model for film scholarship. It argues that social cognition's comprehensive, micro-level understanding of how our habitual, normative reality is constructed can usefully complement those theories of cinematic defamiliarization that invoke the psychology of the mind (e.g., Deleuze's "time-image").
FR :
L'auteure revoit la question de la marginalisation sociale des femmes, mais cette fois à la lumière des théories cognitives sociales des perceptions dirigées par les schémas et les stéréotypes, le raisonnement, la mémoire et le comportement. Les notions d'« erreur fondamentale d'attribution » (« fundamental attribution error »), de « menace du stéréotype » (« stereotype threat ») et de « dépendance aux influences extérieures » (« outcome dependency ») seront convoquées afin d'expliquer pourquoi les mots et les actions des femmes ont traditionnellement été considérés comme ayant moins de portée que ceux des hommes. De plus, l'auteure évalue les bénéfices du modèle cognitif social pour les recherches en études cinématographiques : la compréhension raisonnée de la façon dont notre réalité habituelle et normative est construite peut être un complément fort utile aux théories cinématographiques de la dé-familiarisation qui invoquent la psychologie de l'esprit (notamment, l'« image-temps » de Deleuze).
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L’expérience émotionnelle et le style. Le troisième sens, l’excès et le sublime vus à la lumière des états émotifs
Johannes Riis
p. 117–134
RésuméFR :
Dans cet article, la notion de troisième sens de Barthes fournit le point de départ d'une réflexion portant sur un type de réponse spectatorielle qui ne se prête pas en soi à une description en termes de signification, dénotative ou connotative, et qui ne dépend pas de la progression de l'histoire. Dans ce type d'expérience, nous sentons que la situation est significative pour les personnages, mais notre attention est attirée vers des détails apparemment insignifiants, inconnus des personnages puisque ce sont le cadrage et le montage qui les mettent en évidence. En revisitant la notion de style, l'auteur soutient que l'expérience d'un troisième sens ou d'un excès du film peut être considérée comme une expérience du sublime et qu'elle doit être comprise en termes psychologiques, à savoir comme le résultat des processus émotifs et cognitifs du spectateur.
EN :
Barthes' notion of "third meaning" has provided a mean of addressing a kind of spectator response which neither lends itself to description in terms of meaning, denotative or connotative, nor depends on the progression of the story. In this kind of experience, we sense that the situation is significant to the persons photographed, but our attention is drawn to seemingly insignificant details, unknown to the characters since the details are made salient by framing or editing. By re-conceptualizing the notion of style, this essay argues that we need to understand the experience of "third meaning" and similar concepts such as "excess" and "sublime" in psychological terms, as the result of cognitive and emotive processes occurring in the spectator.
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« Faire le tour de la question »
Bernard Perron
p. 135–157
RésuméFR :
S'inspirant du cycle perceptif élaboré par Ulric Neisser dans Cognition and Reality (1976), l'auteur transforme ici le modèle habituellement utilisé par l'approche cognitive pour expliquer l'activité perceptivo-cognitive du spectateur, à savoir l'utilisation du mode de perception « de bas en haut » (ou « bottom-up ») et du mode de traitement « de haut en bas » (ou « top-down »). Par la même occasion, l'auteur interroge la manière dont a été théorisée ladite activité et en vient à proposer, pour définir la perception et la compréhension, une expression qu'il considère encore plus appropriée que le « aller au-delà de l'information donnée » de Bruner ou le « recueillir plus d'informations pertinentes » de Neisser.
EN :
Being inspired by the perceptual cycle elaborated by Ulric Neisser in Cognition and Reality (1976), the author transforms here the model habitually used by the cognitive approach to explain the perceptive and cognitive activity of the spectator, namely the use of bottom-up and top-down processes. By the same opportunity, the author questions the manner by which the aforementioned activity has been theorized and comes to propose an expression that he considers even more appropriated than the "going beyond the information given" (Bruner), or the "picking up more pertinent information" (Neisser) to define perception and comprehension.
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L’opérateur de vues animées : deus ex machina des premières salles de cinéma
Timothy Barnard
p. 161–184
RésuméFR :
Cet article se penche sur l'activité des projectionnistes du début du cinéma (1905-1912) telle qu'elle se pratiquait en Angleterre, en France et aux États-Unis. Ce faisant, l'auteur dresse le portrait des mouvements de syndicalisation, des conditions de travail et des responsabilités professionnelles des projectionnistes, tout autant que de la législation qui encadrait leur activité.
EN :
This article recounts a brief history of the early film projectionist (c. 1905-1912) in England, France and the United States, taking up topics such as unionisation drives, working conditions, professional duties, legislation, etc.
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Odin, Roger, De la fiction, Bruxelles, De Boeck Université, 2000, 183 p.
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Parutions récentes / Recently Published
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Notes sur les collaborateurs