Canadian Journal of Regional Science
Revue canadienne des sciences régionales
Volume 46, numéro 2, 2023 Quelle planification spatiale pour quelle résilience territoriale ? La gouvernance locale en question Which Spatial Planning for Which Territorial Resilience? The Challenge of Local Governance Sous la direction de Abdelillah Hamdouch, José Serrano et Kamal Serrhini
Sommaire (8 articles)
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Note éditoriale – Quelle planification spatiale pour quelle résilience territoriale ? L’enjeu de la gouvernance locale / Editorial Note – Which Spatial Planning for Which Territorial Resilience? The Challenge of Local Governance
Abdelillah Hamdouch, José Serrano et Kamal Serrhini
p. 3–9
RésuméFR :
Alors que les défis environnementaux et sociétaux contemporains imposent aux territoires de concevoir et mettre en oeuvre de nouvelles approches de planification spatiale, plus intégrées, pragmatiques et participatives en vue de renforcer leurs capacités de résilience, l’enjeu majeur réside dans l’adoption de modes de gouvernance locale adaptés à leur situation spécifique. En particulier, la mobilisation d’innovations de tous ordres, notamment institutionnelles, apparaît décisive pour gérer les multiples sources de vulnérabilités et risques qui affectent les territoires et leurs populations, et, in fine, leur potentiel de développement.
EN :
While most territories are in need of designing and implementing new approaches of spatial planning, privileging a more integrated, pragmatic and participative perspective in order to strengthen their resilience capabilities and adapt to the contemporary environmental and societal challenges they must face, the major key lies in the adoption of local governance modes in tune with their specific territorial context. In particular, the mobilization of all kind of innovations, especially institutional innovations, appears decisive for coping with the multiple sources of vulnerabilities and risks that affect territories and their populations, and, in fine, their potential of development.
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Aménagement, urbanisme et « dialogue citoyen » à Nantes : d’ambigüités en contradictions
Jacques Fache
p. 10–18
RésuméFR :
Nantes et la métropole nantaise ont développé le « dialogue citoyen », outil pour associer la population aux décisions, en particulier dans la conception de la ville. Cet outil intermédiaire entre le top-down classique et la démocratie participative évite les sujets économiques et culturels pourtant essentiels pour le modèle nantais. Au-delà des contraintes techniques, c’est certainement dans le caractère contradictoire des modèles mobilisés à Nantes (accumulation métropolitaine contre ville écologique et sociale) que se niche la discrétion des autorités sur ce sujet.
EN :
Nantes and the Nantes metropolis have developed the « citizen dialogue », a tool to involve the population in decisions, especially in the conception of the city. This intermediate tool between the classic top-down and participatory democracy avoids the economic and cultural issues that are essential for the Nantes model. Beyond the technical constraints, it is certainly in the contradictory nature of the models mobilized in Nantes (metropolitan accumulation versus ecological and social city) that the discretion of the authorities on this subject is found.
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Vers une gouvernance collaborative comme levier d’adaptation de la population et son cadre de vie aux changements climatiques. Étude comparée de deux communes au Bénin
Dossa Hyppolite Dansou et Mario Carrier
p. 19–29
RésuméFR :
Pendant longtemps, en Afrique, l’État central a seul conçu et conduit les actions de développement au profit des populations. Cela a révélé ses limites. Entre-temps, les Changements Climatiques (CC) sont intervenus, accentuant ces limites. Avec la décentralisation, les collectivités territoriales endossent non seulement le rôle planificateur de l’État, mais elles doivent aussi intégrer les CC dans leur plan et projets de développement. Vu que l’approche utilisée jusque-là pour planifier et conduire les actions de développement et d’adaptation a été limitée, comment ces collectivités nouvellement créées peuvent-elles réussir ? Notre hypothèse est que plus les communautés décentralisées innovent avec des dispositifs de gouvernance (impliquant divers acteurs et paliers décisionnels) mieux, elles réussissent leur planification et projets d’Adaptation aux CC. En se basant sur les dimensions (agents, buts/objectifs, moteurs et processus) des innovations proposées par (Edwards‐Schachter et al., 2012), cet article privilégie une analyse comparée de deux communes (Sô-Ava et Aguégué) au sud du Bénin pour démontrer l’importance de la gouvernance collaborative dans la planification et la mise en oeuvre des projets d’adaptation. Après l’élaboration de leur plan de développement 2016-2022, elles ont initié, avec leurs partenaires, des projets d’adaptation aux CC. La recherche analyse ces deux initiatives.
EN :
For a long time in Africa, the central state alone designed and led development actions for the benefit of the population. This has revealed its limitations. In the meantime, climate change (CC) has intervened, accentuating these limitations. With decentralisation, local authorities not only take over the planning role of the state but also have to integrate CC into their development plans and projects. Given that the approach used so far to plan and implement development and adaptation actions has been limited, how can these newly created communities succeed? Our hypothesis is that the more decentralised communities innovate with governance arrangements (involving various actors and decision-making levels), the more successful they are in planning and implementing CC adaptation projects. Based on the four dimensions (agents, goals/objectives, drivers and processes) of innovations proposed by (Edwards-Schachter et al., 2012), this paper focuses on a comparative analysis of two municipalities (Sô-Ava and Aguégué) in southern Benin to demonstrate the importance of collaborative governance in the planning and implementation of adaptation projects. After the elaboration of their 2016-2022 development plan, they initiated, with their partners, CC adaptation projects. The research analyses these two initiatives.
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Les entreprises locales d’énergie, leviers de transition énergétique ?
Valentin Poucineau
p. 30–39
RésuméFR :
Cet article s’intéresse aux entreprises locales d’énergie (ELE), opérateurs énergétiques détenus par des collectivités locales et présents sur quelques territoires en France. Dans un contexte de crise climatique et énergétique, leurs liens directs avec les collectivités locales en font-ils un levier de transition énergétique ? Une méthode combinant analyses statistiques et entretiens semi-directifs nous conduit à caractériser trois grands groupes d’ELE. De nombreuses ELE ne disposent pas d’une taille et de moyens suffisants pour investir dans la transition énergétique. D’autres s’unissent et mutualisent leurs moyens en créant des structures communes. Enfin, quelques ELE de taille importante et disposant d’une expertise sur toute la chaîne de valeur de l’énergie sont des outils dont peuvent se saisir les collectivités locales. Ce travail participe à la recherche de modèles alternatifs, ou tout du moins complémentaires, au modèle centralisé dans la territorialisation de la transition énergétique en France. Pour être considérées comme telles, les ELE devront s’adapter aux évolutions de marché et aux nouvelles attentes et besoins des territoires en matière d’énergie.
EN :
This article focuses on local energy enterprises (LEEs), owned by local authorities and operating in a few territories in France. In a context of energy and climate crises, do their direct ties with local authorities make them levers for energy transition? A method combining statistical analysis and semi-directed interviews leads us to identify three clusters of LEEs. Many are too small to invest in energy transition. Others stand together and pool their resources to create joint ventures. Some large LEEs having expertise all over the energy value chain are regarded as tools that can be used by local authorities for energy transition. This paper discusses the relevance of alternative – or at least complementary – models to the centralized model in France in a context of territorialization of energy transition. To be considered as such, LEEs will have to adapt to market changes and new expectations regarding energy in territories.
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Préservation des sols et perception des services écosystémiques des sols dans les espaces périurbains
José Serrano, Yannick Poyat et Didier Boutet
p. 40–51
RésuméFR :
L’article porte sur la question de la préservation des sols face à leur consommation pour l’urbanisation. En dépit d’une législation qui pousse de plus en plus à la sobriété foncière, l’artificialisation des sols se poursuit à un rythme élevé en France. Les approches par la reconnaissance des services écosystémiques sont développées pour améliorer la préservation des ressources naturelles. Ces approches arrivent-elles à infléchir la consommation des sols lorsqu’elles sont appropriées par les élus locaux ? Quelle est la diversité des perceptions des services écosystémiques et des stratégies de développement des élus locaux ? À travers le concept de services écosystémiques, nous analysons les représentations et les usages des sols des élus pour six territoires périurbains français. En croisant les discours sur les services écosystémiques des sols et leur consommation effective, nous montrons la limite d’une approche normative des services écosystémiques pour la régulation des usages des sols.
EN :
The article focuses on the issue of soil preservation in the face of its consumption for urban development. Despite legislation that increasingly promotes land sobriety, soil consumption remains at a high rate in France. Approaches based on the recognition of ecosystem services are being developed to improve the conservation of natural resources. Do these approaches succeed in influencing the consumption of land by local elected authorities? What is the diversity of perceptions of ecosystem services and of development strategies among local elected authorities? Through the concept of ecosystem services, we analyze the perceptions and uses of land by elected authorities in six French periurban areas. By crossing the discourses on the ecosystem services of soils and their actual consumption, we show the limit of a normative approach of ecosystem services for the regulation of land uses.
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Land Policy in Resilience Building: The Case of the Evros River Basin in Northern Greece
Pavlos-Marinos Delladetsimas et Xenia Katsigianni
p. 52–61
RésuméEN :
Land policy as an all-encompassing socio-economic domain has experienced a long-standing evolutionary process operating either as a foundational component of spatial planning or as an inherent policy entity in developmental strategies. Either way has endowed the advancement of numerous policy tools of its own, like land administration-registration practices, land banks, land expropriation, land consolidation, pre-emption rights, air rights development transfer, development rights, taxation, re-parceling and land compensation mechanisms. At the same time, land policy has been a rather critical element in all phases of safety planning (emergency planning, recovery-reconstruction planning and disaster mitigation-prevention planning). This study elaborates on the issue of land policy as an eminent component interlinking spatial planning, safety planning and development policies. Further on it highlights the wide variety of land policy tools that allow dealing (proactively and reactively) with disaster management and promoting resilient territories. Set in this context, the aim of this article is to reveal the importance of land policy in flood protection, focusing on a distinct flood risk setting: the Evros River Basin in Northern Eastern Greece; and more specifically in the making of an integrated safety-resilience planning strategy.
FR :
En tant que processus socio-économique évolutif, la politique foncière est à la fois une composante fondamentale de l’aménagement du territoire et une entité politique inhérente aux stratégies de développement. L’une ou l’autre de ces voies a permis le développement de nombreux outils politiques qui lui sont propres, comme les pratiques d’administration foncière, les banques foncières, l’expropriation foncière, le remembrement, le droit de préemption, le transfert des droits aériens, les droits de développement, la fiscalité et la propriété foncière avec mécanisme de compensation. Dans le même temps, la politique foncière a été un élément assez critique dans toutes les phases de la planification de la sécurité (planification d’urgence, planification de reconstruction et planification d’atténuation / prévention des risques). Cette étude s’intéresse à la question de la politique foncière en tant que composante éminente reliant l’aménagement du territoire, la planification de la sécurité et les politiques de développement. Elle met en évidence la grande variété d’outils de la politique foncière qui permettent de faire face (de manière proactive et réactive) à la gestion des catastrophes et de promouvoir des territoires plus résilients. En se concentrant sur le cas du bassin de la rivière Evros situé dans le nord-est de la Grèce, le but de cet article est de révéler l’importance de la politique foncière dans la protection contre les inondations et plus spécifiquement dans l’élaboration d’une stratégie de la planification de la sécurité plus résiliente.
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Du conflit à la concertation autour des peupleraies (France) : un exemple de stratégie pour une plus grande résilience territoriale face au changement climatique ?
Amélie Robert
p. 62–72
RésuméFR :
Dans le contexte du changement climatique, les plantations forestières sont parfois présentées comme une solution d’atténuation et d’adaptation, certes questionnable. Pour que cette option soit réellement une solution qui autorise une plus grande résilience territoriale face au changement climatique, il importe que la présence de ces plantations sur le territoire soit envisagée de manière concertée. Cette démarche est précisément en train de se mettre en place en France : après des années de controverses, les acteurs de la filière populicole et ceux impliqués dans la protection de l’environnement ou des paysages semblent désormais disposés au dialogue, notamment dans le Val de Loire, à l’initiative du CRPF (Centre régional de la propriété forestière). Dans cet article, nous analysons cet exemple, après avoir rappelé les controverses qui entourent les peupleraies et précisé la méthodologie : nous nous fondons surtout sur des observations et des entretiens. Même si elle bénéficie d’un contexte favorable (le recul des peupleraies), cette démarche apparaît comme un exemple de stratégie pour une plus grande résilience territoriale, dans la mesure où les acteurs territoriaux sont parvenus à s’accorder sur des préconisations visant à améliorer ces plantations, au moins sur le plan environnemental. Pour autant, des améliorations sont nécessaires, afin de prendre davantage en compte le volet social.
EN :
In the context of climate change, forest plantations are sometimes shown as a solution for mitigation and adaptation, even if it is questionable. In order for this option to become a solution allowing greater territorial resilience in the face of climate change, it is important that the presence of these plantations on the territory is considered in a concerted way. This is precisely what is taking place in France: after years of controversies, stakeholders in the poplar sector and those involved in the protection of the environment or the landscapes now seem willing to engage in dialogue, particularly in the Loire Valley, at the initiative of CRPF (Regional center of forest property). In this article, we analyze this example after reviewing the controversies that surround poplar plantations and specifying the methodology where we rely mainly on observations and interviews. Although it benefits from a favorable context (the decline of poplar plantations), this approach appears as an example of strategy for greater territorial resilience because the territorial stakeholders have managed to agree on recommendations to improve these plantations, at least at the environmental level. However, some improvements are needed to take the social aspect more into account.
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Vulnérabilité non-structurelle et résilience territoriale en situation de multi-risque. Perception et préférences cartographiques des aléas effondrement et inondation (val d’Orléans, Loiret, France)
Kamal Serrhini, Yolaine Moy, Gildas Noury, José Serrano et Hedieh Soltanpour
p. 73–84
RésuméFR :
En tant qu’élément central de la politique nationale de gestion des risques naturels, le Plan de Prévention du Risque inondation (PPRi) est fondé sur une logique du mono-aléa. Le val d’Orléans (VdO) est concerné par l’interaction entre deux aléas naturels majeurs, les inondations et les effondrements karstiques. L’existence du PPRi impose aux collectivités territoriales concernées (mairies) de développer un Document d’Information Communal sur les RIsques Majeurs (DICRIM). Une rapide analyse de ces dispositifs de communication montre clairement une insuffisance des politiques de prévention des effondrements de cavités karstiques limitant le développement d’une culture du risque ce qui peut aggraver les dommages potentiels et mettre en danger des vies humaines. A l’aide d’une enquête par questionnaire, cette contribution s’intéresse à l’évaluation de la perception du risque karstique par les communes (mairies) et les acteurs majeurs du VdO (Préfecture, DDT, DREAL). Cette publication focalise sur les mesures préventives non-structurelles en termes de communication institutionnelle en situation de multirisque à destination des acteurs locaux dans la perspective d’une meilleure résilience des territoires.
EN :
The Flood Risk Prevention Plan (PPRi), as a central element of the national flood risk management, is based on a single-hazard logic. However, the valley of Orléans is affected by the interaction between two major natural hazards namely flood and karst collapse. The PPRi requires the related local authorities (town councils) to develop a municipal information document on major existing risks (DICRIM). A brief analysis of these communication mechanisms clearly highlights a lack in policies for the prevention of karst cavity collapse, which limits the development of a risk culture and can exacerbate the likely potential damages and posing a greater threat to human lives. By the use of questionnaire surveys, the aim of the present paper is to assess the awareness of the karst risk on a municipal level and the main stakeholders of the valley of Orléans (Prefecture, DDT, DREAL). This research focuses on non-structural preventive measures in terms of institutional communication pertaining to a multi-risk situation aimed at the major stakeholders with the prospect of enhancing the resilience of the territories.