Canadian Social Work Review
Revue canadienne de service social
Volume 32, numéro 1-2, 2015
Sommaire (11 articles)
Volume 32, N. 1 (2015)
Articles
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Agir pour avoir accès à des services sociaux et de santé en français : des Francophones en situation minoritaire nous enseignent quoi faire!
Marie Drolet, Isabelle Arcand, Josée Benoît, Jacinthe Savard, Sébastien Savard et Josée Lagacé
p. 5–26
RésuméFR :
Même si les droits des francophones de l’Ontario sont garantis par la Loi de 1986 sur les services en français, l’accès à des services sociaux et de santé en français dans cette province s’avère complexe en raison d’importantes barrières à recevoir de tels services sur un continuum. Nous avons exploré à l’aide d’entrevues qualitatives les points de vue de 40 parents et proches aidants francophones qui vivent en contexte bilingue dans la région d’Ottawa et dont l’enfant ou l’aîné pour lequel ils ont une responsabilité d’aidant utilise des services sociaux et de santé en français. Ces francophones s’avèrent des acteurs au sein de leur trajectoire de services, adoptant cinq stratégies pour accéder à de tels services. De plus, le sentiment de confort et la relation de confiance que procure l’usage du français tout au long de l’intervention, ainsi que le soutien des professionnels francophones ont facilité leur démarche. Il n’en demeure pas moins que l’offre de services en français ne doit pas devenir la responsabilité d’individus ou d’une minorité.
EN :
Although the rights of Franco-Ontarians are guaranteed by Ontario’s 1986 French Language Services Act, this group’s ability to access health and social services in their own language can prove challenging since major barriers exist to receiving such a continuum of services. We used qualitative interviews to explore the perspectives of 40 Francophone parents and caregivers living in a bilingual setting in the Ottawa region whose child or the senior they care for uses health and social services in French. These Francophones played an active role in obtaining French-language services and employed five strategies to do so. The sense of comfort and the relationship of trust fostered by the use of French throughout the interventions, as well as the support of Francophone professionals, facilitated the process. Nevertheless, the responsibility for obtaining French-language services must not fall to individuals or to a minority.
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Grief & Loss Resolution among Birth Mothers in Open Adoption
Lisa Krahn et Richard Sullivan
p. 27–48
RésuméEN :
While research has explored birth parent grief and loss, it has not been thorough in exploring how the experience of having an open adoption affects birth parents’ grief and loss experience and resolution. Previous research has highlighted positive effects of open adoptions to date, but is quite limited in regards to the birth parents’ adjustment in current day, open adoptions. This descriptive, qualitative study explores birth parents’ experiences in current day, open adoptions and seeks to understand their experience of grief and loss and their movement towards grief resolution in the context of an open adoption. Findings of this study confirm that the experience of adoption placement involves grief and loss and that openness in adoption helps to mitigate this painful experience. Most notably, birth parents found meaning, comfort, and peace in knowing of their child’s well-being and by having ongoing involvement in the life of the child and adoptive family. This opens new avenues in thinking about adoption and the meanings participants make of it.
FR :
Même si la recherche s’est penchée sur le deuil et la peine des parents biologiques, elle n’a pas approfondi l’effet d’une adoption ouverte sur leur douleur et leurs façons de composer avec celle-ci. Des recherches ont montré les effets positifs de l’adoption ouverte, mais elles ont peu abordé l’adaptation dont doivent faire preuve les parents biologiques ayant choisi l’adoption ouverte de nos jours. La présente étude descriptive et qualitative explore l’expérience vécue par les parents biologiques et cherche à comprendre leur deuil et leur peine ainsi que leurs façons de les surmonter. Les résultats montrent que la décision de confier un enfant à l’adoption s’accompagne d’un deuil et d’une peine, et qu’une ouverture permet d’atténuer la douleur d’une telle action. En particulier, les parents biologiques ont trouvé un réconfort à être au courant du bien-être de leur enfant et à garder contact avec celui-ci et sa famille adoptive. Cette étude ouvre de nouvelles perspectives au sujet de l’adoption et du sens que les participants lui donnent.
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Le placement auprès de personnes significatives au Québec : portrait des enfants placés et du contexte d’intervention
Sonia Hélie, Geneviève Turcotte, Daniel Turcotte et Audrée-Jade Carignan
p. 49–72
RésuméFR :
Cette étude propose un premier portrait représentatif des enfants placés auprès d’une personne significative (PS) au Québec après l’entrée en vigueur de nouvelles dispositions législatives en protection de la jeunesse, ainsi que certaines modalités de leur placement. Tous les enfants évalués en protection de la jeunesse en 2007-2008 et placés auprès de PS (n = 941) ou en famille d’accueil (FA) (n = 1 586) avant novembre 2009 sont inclus dans l’étude. Les résultats suggèrent que les enfants confiés à des PS présentent moins de vulnérabilités que les enfants placés en FA. Ils montrent également que le placement auprès de PS est utilisé en début de processus et que l’enfant est retourné chez lui pour l’étape de la prise en charge dans 38 % des cas. Ces résultats sont analysés à la lumière des connaissances actuelles sur ce type de placement dans d’autres pays, et des pistes de réflexion sont dégagées pour améliorer cette pratique de plus en plus fréquente en protection de la jeunesse.
EN :
This study proposes a first portrait of children placed with a significant person (SP) in Québec since the introduction of new youth protection legislative provisions and of procedures governing the placement process. All children evaluated by Youth Protection in 2007-2008 and placed with an SP (n = 941) or in a foster home (FH) (n = 1586) by November 2009 were included in the study. The findings suggest that children placed with an SP show less vulnerability than those placed in FHs, even if the seriousness of their situation requires intervention by the legal system in similar proportions. They also show that placement with an SP occurs at the start of the process and that children are returned home for the care phase in 38 % of cases. These findings are discussed in light of the current knowledge of this type of placement in other countries. Approaches to improve this increasingly frequent youth protection practice are identified.
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“Trust Me, It’s Different”: Experiences of Peer Case Management of Women Living with HIV in Ontario, Canada
Saara Greene, Allyson Ion, Gladys Kwaramba, Mary Mwalwanda, Janet Caswell, Esther Guzha et Adriana Carvalhal
p. 73–93
RésuméEN :
In response to the dearth of research for delivering women-centred support to women living with HIV, the Women’s HIV Empowerment Through Life Tools for Health (wHEALTH) intervention was developed. This project was grounded in a community-based research framework and aimed to respond to barriers of women living with HIV in accessing appropriate and meaningful social supports. Participants described the benefits of the peer case management intervention including support, mentorship, flexibility in which the intervention was delivered, and the notion of “moving forward” in one’s journey with HIV. Through education, awareness, and advocacy, peer case managers are important partners in addressing HIV-related stigma, and ensuring a multi-level approach to providing care and support to women living with HIV.
FR :
L’intervention wHEALTH a vu le jour pour pallier le peu de recherches sur la façon d’offrir un soutien adapté aux femmes séropositives. Elle s’est inscrite dans un cadre de recherche communautaire et visait à aplanir les difficultés qu’éprouvent les femmes séropositives à accéder à des initiatives de soutien sociales pertinentes et utiles. Les participantes ont décrit les avantages de la prise en charge de cas par des pairs, y compris le soutien et l’encadrement dont elles ont bénéficié ainsi que la souplesse avec laquelle l’intervention a été offerte, et elles ont abordé l’idée « d’aller de l’avant » dans la vie avec le VIH. En misant sur la formation et la sensibilisation, les gestionnaires de cas sont d’importants partenaires pour combattre la stigmatisation liée au VIH et pour assurer une approche multiniveau dans la prestation de soins et le soutien aux femmes séropositives.
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Les interventions en matière de sexualité chez les jeunes en situation de rue à Montréal : l’accompagnement social comme piste prometteuse
Philippe-Benoit Côté, Hélène Manseau, Kathleen Boucher, Marie-Andrée Provencher et Martin Blais
p. 95–111
RésuméFR :
Cet article vise à documenter les représentations qu’entretiennent les jeunes en situation de rue des interventions en matière de sexualité. Des entrevues individuelles ont été réalisées auprès de 42 jeunes en situation de rue âgés de 18 à 32 ans. L’analyse qualitative des représentations des jeunes a porté sur trois dimensions : 1) les ressources; 2) le travail réalisé par les intervenants; 3) les interventions en matière de sexualité. Les participants estiment que la capacité des ressources à combler la diversité des besoins des jeunes peut susciter une dépendance et un frein à leur autonomisation. En ce qui concerne le travail réalisé par les intervenants, les participants rapportent que l’accompagnement et la proximité constituent les clés de la relation entre les professionnels et les jeunes. Quant à elles, les interventions en matière de sexualité sont considérées comme pertinentes dans la mesure où elles permettent d’instaurer des espaces de discussion marqués par la confiance et la sensibilité au vécu des jeunes. En complémentarité avec la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), cette étude suggère la pertinence du modèle de l’accompagnement social afin que les intervenants se sentent à l’aise et compétents de discuter ouvertement et respectueusement de sexualité avec les jeunes en situation de rue.
EN :
This article attempts to document street youth perceptions with respect to interventions in the field of sexuality. Individual interviews were conducted with 42 street youths aged 18 to 32. The qualitative analysis of the youths’ perceptions involved three aspects: 1) the resources provided; 2) the work carried out by professionals; and 3) the interventions conducted in the field of sexuality. The participants felt that the resources’ ability to meet the youths’ range of needs can foster dependency and hinder their path to independence. With respect to the work carried out by professionals, the participants reported that social support and closeness are key to the relationship between professionals and youth. Interventions in the field of sexuality are perceived as relevant provided they help build a basis for dialogue marked by trust and sensitivity to youth life experience. This study suggests that, complementary to the prevention of sexually transmitted and blood borne infections (STBBI), the social support model plays a relevant role in allowing professionals to feel comfortable and competent in openly and respectfully discussing sexuality with street youth.
Volume 32, N. 2 (2015)
Articles
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Ontario’s Family Health Teams: Politics Within the Model
Rachelle Ashcroft
p. 117–132
RésuméEN :
This article provides an overview of political decisions that led up to the implementation of the Ontario Family Health Team (FHT) model. FHTs have broadened primary health care in Ontario by bringing together family physicians with various interdisciplinary professionals. Political decisions have long influenced the shape and need for the FHT model. Knowledge of historically imbedded elements in the FHT model helps to strengthen current and future policy and decision-making. This article is informed by qualitative data collected from interviews with seven policy informants and 29 FHT leaders.
FR :
Le présent article fait un survol des décisions politiques qui ont mené à la mise en oeuvre du modèle ontarien d’équipes de santé familiale (ÉSF). Ces équipes ont élargi la prestation de soins de santé primaires en Ontario en rassemblant des médecins de famille et divers autres professionnels. Les décisions politiques ont longtemps façonné le modèle d’ÉSF et influé sur la nécessité de celles-ci. Le fait de connaître les éléments de l’histoire rattachés au modèle d’ÉSF permet de renforcer la prise de décisions politiques actuelle et future. Cet article se fonde sur des données qualitatives recueillies à partir d’entrevues auprès de sept informateurs sur les politiques et de 29 chefs d’ÉSF.
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Soutenir la formation aux pratiques avancées à la maîtrise en travail social : ébauche d’une stratégie pédagogique
Louise Picard, Valérie Roy, Patrick Villeneuve, Nataly Jacques, Marie-Ève Arsenault et Patricia Gariépy
p. 133–150
RésuméFR :
La formation aux pratiques avancées à la maîtrise en travail social repose sur une intégration optimale des connaissances théoriques, empiriques et méthodologiques pertinentes à l’intervention sociale. Elle vise aussi à développer une attitude réflexive, analytique et critique dans la conceptualisation, la mise en oeuvre et l’évaluation d’une intervention sociale. Toutefois, l’optimisation de cette formation soulève un certain nombre de questions quant aux moyens pédagogiques à mettre en place pour mieux soutenir les étudiants dans le processus d’apprentissage des pratiques avancées en travail social. Le présent article a pour but de présenter la démarche et les résultats d’une recherche réalisée à l’École de service social de l’Université Laval visant à développer une stratégie pédagogique structurante et intégrative permettant d’optimiser le soutien des étudiants et des différents acteurs engagés dans cette formation. Les consultations menées auprès de tous les acteurs visés ont permis de dégager les éléments favorisant ou faisant obstacle au cheminement des étudiants et huit principes pour le choix de la stratégie pédagogique. Les moyens pédagogiques retenus, ainsi que les avantages et défis de la démarche sont également exposés. Les résultats de cette recherche, autant par sa démarche que par ses résultats, fournissent des balises pertinentes pour les universités canadiennes souhaitant réviser leur formation aux pratiques avancées.
EN :
Advanced practices training at the master of social work (MSW) level is based on the optimal integration of theoretical, empirical, and methodological knowledge relevant to social intervention. It is also intended to develop a reflective, analytical, and critical approach to the design, implementation, and evaluation of social intervention. However, the optimization of this training raises a certain number of issues related to the educational means to be implemented to better support students in learning advanced social work practices. The goal of this article is to present the process followed and the findings obtained in the course of research conducted at Université Laval’s School of Social Work, designed to develop a structured and integrated educational strategy optimizing support for students and the various stakeholders involved in this training. The consultations conducted with all the stakeholders involved identified the elements facilitating or hindering students’ progress and eight principles for selecting the educational strategy to be employed. The educational means selected as well as the strengths and weaknesses of the process are also discussed. The results of this research, both with respect to process and findings, provide relevant benchmarks for Canadian universities seeking to review their advanced practices training.
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Leadership Support of Supervision in Social Work Practice: Challenges and Enablers to Achieving Success
Rosemary Vito
p. 151–165
RésuméEN :
This article discusses research findings that highlight the importance of leadership support of supervision for social workers in human service organizations. While supervision is considered a cornerstone of social work practice, whether and how such supervision is supported by human service leaders is not adequately analyzed. Using qualitative research data from interviews with supervisors and managers in southern Ontario, this article presents the vital role social work leaders play in supporting supervision by modelling values, and creating a safe organizational culture. The challenges of providing this support are also discussed in the current context of new public management. The article concludes with a series of recommendations, including: prioritizing supervision to promote organizational learning, organizational restructuring to reduce power differentials, modelling social work values to create a safe learning culture, and supporting supervisory and leadership training for social workers. Findings may be of interest to social workers who are leading, supervising, teaching or practicing in human service organizations.
FR :
L’article présente les résultats d’une recherche qui souligne l’importance pour les dirigeants de soutenir la supervision des travailleurs sociaux dans les organismes de services sociaux. Bien que la supervision soit considérée comme un principe fondamental du service social, peu d’études ont vérifié si les dirigeants de services sociaux la soutenaient et de quelle manière. À partir de données qualitatives obtenues au moyen d’entrevues auprès de superviseurs et de gestionnaires dans le Sud de l’Ontario, cet article fait valoir le rôle vital que jouent les dirigeants de services sociaux pour soutenir la supervision en mettant en pratique les valeurs du travail social et en créant une culture organisationnelle sûre. Les difficultés d’offrir un tel soutien sont aussi abordées dans le contexte actuel de la nouvelle gestion publique. L’article se termine par une série de recommandations, y compris : faire de la supervision une priorité pour favoriser l’apprentissage organisationnel, procéder à la restructuration de l’organisme pour réduire les différences de pouvoir, mettre en pratique les valeurs du travail social pour créer une culture d’apprentissage sûre, et soutenir la formation en supervision et en direction de travailleurs sociaux. Les résultats de l’étude intéresseront les travailleurs sociaux qui assurent une direction, supervisent du personnel, enseignent, ou travaillent dans des organismes de services sociaux.
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Représentations sociales du VIH/sida chez les étudiants de niveau universitaire d’une région éloignée du Québec
Oscar Labra et Anaïs Lacasse
p. 167–186
RésuméFR :
Cet article examine les représentations sociales du VIH/sida de 11 étudiants (six femmes et cinq hommes) de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue ayant participé à deux groupes de discussion stratifiés selon le sexe. Cette étude visait deux objectifs : 1) décrire les représentations sociales du VIH/sida des étudiants, et 2) décrire l’incidence des représentations sociales de ces étudiants sur leur façon de comprendre et d’agir par rapport au VIH/sida. Le discours des participants révèle une attitude positive et une ouverture envers les personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH/sida). Celles-ci sont représentées comme étant des personnes résilientes. Ainsi, cette capacité de résilience nous permet d’affirmer l’hypothèse que les PVVIH/sida peuvent aujourd’hui passer à un nouvel état stable plutôt que de mourir de la maladie comme il y a 30 ans. Cela montre le caractère dynamique de la représentation sociale du VIH/sida dans le temps. Nos résultats montrent aussi chez les participants une différence marquée concernant les mécanismes de prévention. Pour les hommes, cela passe par l’utilisation de préservatifs, pour les femmes, par la confiance en leurs partenaires sexuels. L’étude conclut que les représentations sociales du VIH/sida font partie de la vie quotidienne des étudiants. Elles sont culturellement construites et partagées. L’étude montre la nécessité de concevoir des campagnes de prévention plus assidues avec des messages différenciés selon le sexe chez les jeunes qui pourront mieux prendre en compte la dimension culturelle de ce phénomène.
EN :
This article examines the social representations of HIV/AIDS held by 11 students (six women and five men) attending the Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue who participated in two gender-specific discussion groups. The study had two objectives: 1) To describe the social representations of HIV/AIDS held by the students, and 2) To describe the impact of those representations on how the students understand and react toward HIV/AIDS. The participants’ discourse reveals a positive attitude and openness toward people living with HIV/AIDS (PLHIV/AIDS), who are perceived as resilient. This capacity for resilience confirms the hypothesis that, rather than dying from the illness as was the case 30 years ago, PLHIV/AIDS can now expect to enjoy fairly stable health. It further demonstrates the dynamic nature of the social representations of HIV/AIDS over time. Our results also show marked differences in prevention mechanisms between genders, with men citing condom use as the most important element and women emphasizing confidence in their sexual partners. The study concludes that social representations of HIV/AIDS constitute an integral part of everyday reality, with these representations being culturally constructed and shared. The study demonstrates the need to develop more robust prevention campaigns for youth, with messages that are differentiated by gender and better able to factor in the cultural dimension of this phenomenon.
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The Emotional Consequences of Organizational Change
Amanda M. Grenier et Elham Bidgoli
p. 187–205
RésuméEN :
This paper explores the emotional experiences of professionals in a health and social care setting during a process of reform in the Canadian province of Quebec. Characterized as “new public management” or “new managerialism,” public health and social care services in a number of countries have undergone reforms since the early 1980s that focus on efficiency and cost reduction (Nadeau, 1996; Hornblow, 1997; Gross, Rosen, & Chinitz, 1998, Anell, 2005; Levine, 2007; Wimbush, Young, & Robertson, 2007). Although differences exist between the cultural and political contexts within which reforms are implemented, reforms regularly involve changing institutional and organizational structures, the implementation of standard procedures, and the generation of outcome measures for service. The process of reform, and the body of knowledge on organizational change however, tend to overlook the flux of emotions that take place in the everyday lives of professionals. This paper reflects on data from 25 individual interviews collected from a critical ethnography of one health and social care setting during a period of provincial health-care reform in Quebec, Canada (2004-2012). The paper provides an in-depth focus on the emotional consequences of reform as an attempt to understand and expose the human costs of change. Three patterns that professionals used to adapt to change and conflict are discussed: internalization of the reform mandate; rationalization; and creating distance between the reform and their professional or personal selves. Important in their own right, the emotions produced in a period of change provide lessons on the general stressors that surround reform, and demonstrate how health and social care professionals are often caught between policy intentions, professional values, and their personal ambitions.
FR :
Le présent article explore le vécu émotionnel des professionnels de la santé et des services sociaux lors d’une réforme dans la province de Québec, au Canada. Caractérisés par une « nouvelle gestion publique » ou un « gestionnariat », les services de santé et les services sociaux publics d’un certain nombre de pays ont subi des réformes depuis le début des années 1980 visant à améliorer leur efficacité et à en réduire les coûts (Nadeau, 1996; Hornblow, 1997; Gross, Rosen, et Chinitz, 1998; Anell, 2005; Levine, 2007; Wimbush, Young et Robertson, 2007). Bien qu’il existe des différences entre les contextes culturel et politique au sein desquels de telles mesures sont mises en oeuvre, les réformes sont régulièrement associées à des changements de structures institutionnelles et organisationnelles, à la mise en oeuvre de procédures normalisées et à la mise en place de mesures de rendement. Les réformes, et le bassin de connaissances sur le changement organisationnel, tendent à faire fi de la panoplie d’émotions que vivent au quotidien les professionnels. Le présent article examine les données de 25 entrevues recueillies à l’occasion d’une ethnographie critique d’un milieu de santé et de services sociaux lors d’une période de réforme des soins de santé au Québec (2004-2012). Il s’attarde en profondeur aux répercussions émotionnelles de la réforme afin de comprendre et d’illustrer les coûts humains du changement. Il aborde trois schémas que les professionnels utilisent pour s’adapter au changement et au conflit : l’intériorisation du mandat de la réforme, la rationalisation, et la création d’une distance entre la réforme et le soi professionnel et personnel. Importantes en elles-mêmes, les émotions produites par une période de changement servent de leçons sur les facteurs généraux de stress qui entourent la réforme, et montrent comment les professionnels de la santé et des services sociaux sont souvent pris entre les intentions visées par les politiques, les valeurs professionnelles et leurs ambitions personnelles.