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Ce livre traite de la question de la globalisation, et ce, à plusieurs points de vue : celui de l’économie et de l’environnement d’une part ; celui des ressources naturelles et particulièrement des ressources énergétiques, d’autre part ; celui des droits fondamentaux et des formes de gouvernement, ensuite ; et celui de la diversité et de la rencontre des cultures, enfin. Il embrasse donc beaucoup de questions en même temps. Si cet aspect fait probablement l’originalité de l’ouvrage, il contribue également à sa difficulté à circonscrire les divers problèmes qu’il aborde. Il se présente en trois parties, soit les défis de la globalisation, les réponses qu’on tente d’y apporter, et enfin un essai de prospective.
Une introduction souligne les promesses autant que les dangers de la globalisation. Elle met également en lumière l’importance de la coordination politique ainsi que les institutions qu’il faudrait mettre en place pour endiguer les dangers. Si la libéralisation des marchés est nécessaire, elle n’est pas suffisante puisqu’elle ne garantit même pas le bon fonctionnement des marchés. Sans règles établies par les pouvoirs publics, elle peut même conduire à des catastrophes.
La première partie comprend quatre chapitres. Le premier traite surtout de l’épuisement des ressources énergétiques non renouvelables et de l’insuffisance des ressources renouvelables. Il insiste sur l’inégalité entre les pays en matière tant de consommation énergétique que de pollution. Le deuxième chapitre passe en revue différentes formes de dégradation de l’environnement et tente d’évaluer les mesures prises pour enrayer cette dégradation. Le troisième survole plusieurs questions : la diffusion des droits fondamentaux, leur application à l’échelle du monde, les tribunaux internationaux, la prévention des crimes transnationaux et les efforts en vue de promouvoir une bonne gouvernance. Le quatrième traite de plusieurs aspects : diversité des cultures, leur inégalité selon différents critères, diffusion de valeurs communes entre elles, rapprochement des cultures, affirmation de leur identité ou efforts pour être reconnues, et enfin, refus fondamentaliste de certaines cultures vis-à-vis de l’influence de l’occident. La globalisation peut provoquer un tel refus ou au moins une réaffirmation de l’identité culturelle, tout comme elle peut aussi entraîner une plus grande tolérance aux différences culturelles.
La deuxième partie compte six chapitres qui traitent tour à tour de la coordination internationale nécessaire afin de pallier les problèmes décrits dans la première partie. Le cinquième chapitre – qui est le premier de la deuxième partie – aborde brièvement la coordination du marché global et les institutions qui s’en chargent comme le fmi ou l’omc. Le sixième revient sur les mesures de protection environnementale, soulignant l’insuffisance de ces mesures et de la coordination internationale qu’elles requièrent. La logique de la croissance économique semble s’opposer à la protection de l’écologie. Le septième chapitre observe quelques cas de collaboration entre États pour en identifier les difficultés. Il s’avère que les moyens d’imposer le respect de règles convenues entre États sont en général insuffisants, et que les institutions onusiennes ne peuvent rien contre la volonté des grandes puissances. Le huitième chapitre examine institutions et procédures qui permettent de prendre des décisions dans différentes instances supranationales mondiales ou régionales. Le neuvième étudie plusieurs regroupements régionaux d’États et souligne leur grande diversité. Le dixième observe l’émergence de certains éléments dans une société civile globale, unifiée et cependant multiculturelle, que l’on pourrait donc qualifier d’ouverte et capable de dialogue, de débat et de critique au sujet de la gouvernance. Ce chapitre fait ainsi preuve d’un grand optimisme et insiste particulièrement sur la corrélation entre le capital social et le développement humain tel que mesuré par le pnud, selon laquelle plus l’un serait élevé, et plus l’autre le serait également.
La troisième partie commence avec le onzième chapitre, qui envisage des scénarios plus ou moins catastrophiques dans l’éventualité de l’épuisement des réserves de pétrole et de gaz, et de la dégradation de l’environnement. C’est le manque de coordination internationale qui rend probables ces scénarios. Le douzième et dernier chapitre constitue une critique de la domination de la culture américaine qui va de pair avec la puissance économique et militaire des États-Unis, et ne laisserait pas assez de place aux autres cultures. Il fait particulièrement état de l’insistance avec laquelle la démocratie occidentale est présentée, voire imposée, par les États-Unis comme modèle universel, alors qu’il faudrait plutôt selon l’auteur insister sur des valeurs plus acceptables par tous, comme par exemple la reconnaissance de la diversité culturelle, le libre débat, le respect de la loi et des droits des minorités comme des individus.
L’ampleur et le nombre des problèmes envisagés dans ce livre sont tels qu’ils ne peuvent être traités que superficiellement. On pourrait espérer que l’ouvrage fournisse pour le moins un aperçu clair de ces problèmes et de leurs interrelations, mais l’auteur utilise parfois une approche très technique qui ne peut être comprise que par des spécialistes. On a l’impression de se trouver devant un catalogue de grandes questions déjà bien connues sans qu’aucune ne soit pourtant approfondie. En conséquence, on voit mal à quel public il s’adresse.
Si l’ouvrage oppose avec raison les environnementalistes radicaux qui mettent l’homme sur le même plan que les autres espèces, lui déniant ainsi le droit d’exploiter la nature, avec d’autres environnementalistes qui reconnaissent à l’homme le droit d’exploiter la nature avec modération, on peut cependant regretter qu’à deux reprises, les seconds soient qualifiés d’anthropomorphistes alors que le terme approprié est plutôt celui d’anthropocentriques. Ce n’est qu’un détail, mais qui vient s’ajouter à des obscurités de l’écriture qui irritent et tiennent vraisemblablement à l’utilisation d’un anglais aussi approximatif que global.