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Préhistorien d’origine française, Patrick Plumet est surtout connu pour son immense contribution à la connaissance des peuples du grand Nord et plus particulièrement à l’archéologie de l’Ungava (Nunavik ou Québec arctique). Ayant étudié l’ethnologie à Paris, ses approches méthodologiques seront fortement influencées par l’école de Laming-Emperaire et de Leroi-Gourhan. Patrick Plumet vient s’installer au Québec au début des années 1960. Il enseigne le français et l’histoire dans deux collèges classiques avant d’être embauché à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) en 1969 où il va enseigner jusqu’en 1999. Il a fondé et dirigé le Laboratoire d’archéologie de l’UQÀM. Patrick Plumet dirigera également le programme Tuvaaluk, une recherche multidisciplinaire subventionnée par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (1975-1982), ayant pour but de contribuer à la connaissance du peuplement paléo-esquimau de l’Arctique québécois. Plusieurs expéditions seront réalisées dans ce contexte ainsi que de nombreuses publications et thèses, dont sa thèse de doctorat d’État qui fut publiée dans Paléo-Québec, une collection de monographies qu’il a fondée (Plumet 1985).

C’est dans ce contexte que j’ai eu l’opportunité de connaître Patrick Plumet, qui a contribué non seulement au développement des recherches arctiques mais également à la formation de toute une génération de jeunes chercheurs dont je faisais partie. Patrick Plumet préconisait avant tout une grande rigueur dans l’application des méthodes de terrain et d’analyse. Il insistait aussi sur l’importance de développer une terminologie de langue française et de publier en français, car les études arctiques nord-américaines souffraient et dépendent encore, malgré tous les efforts pour corriger la situation, d’une nomenclature de traduction fortement influencée par l’anglais (p. ex., «dorsétien»).

Retourné en France après sa retraite, Patrick Plumet est demeuré attaché au Québec et plus particulièrement à l’UQÀM, à titre de professeur honoraire, jusqu’à son décès. Si la majorité de ses publications avaient pour sujet la préhistoire de l’Arctique québécois, il publiait en 2004 un ouvrage de portée plus globale sur les peuples du Grand Nord, basé sur une revue de la littérature et dans lequel son attention se portait principalement sur le continent eurasiatique (Plumet 2004). Dans cet ouvrage monumental, il ne faisait pratiquement plus référence au Nunavik. Était-ce le besoin de prendre une certaine distance par rapport au Québec et à l’extrême nord-est de l’Amérique où il avait tant investi? Ses racines européennes, ainsi que sa participation, en 1991, à une expédition sibérienne ont sans doute alimenté sa motivation à rédiger cette immense oeuvre de synthèse à laquelle il avait commencé à réfléchir plusieurs années auparavant, notamment lorsqu’il enseignait l’archéologie et la préhistoire. Parmi ses autres publications les plus récentes, on note des articles (p. ex., Plumet 2002, 2006).

C’est avec grand regret que nous avons appris le décès de Patrick Plumet, auquel nous continuerons de rendre hommage en publiant en français.