Résumés
Résumé
Cette étude porte sur la place qu’occupe la mort-propre dans Les heures de Fernand Ouellette. L’auteur raconte, dans une poésie haletante, les derniers moments et le décès de son père. Alors que ce dernier vit un deuil, lorsqu’il apprend que la mort s’annonce pour lui, les membres de son entourage en viennent eux aussi à considérer leur propre finitude. La communication entre le père et l’entourage laisse progressivement place au silence et l’écriture permet de reconstruire du sens là où il ne semblait plus y en avoir. Le corps devient le seul espace où se poursuit le cheminement du mourant. Cette traversée intérieure du deuil permet d’atteindre l’acceptation de la mort dans un désir de rejoindre la Lumière.
Mots clés:
- Les heures,
- Fernand Ouellette,
- poésie,
- silence,
- corps,
- deuil,
- père
Abstract
This study discusses perceptions of one’s own death in Fernand Ouellette’s Les heures, in which, in breathless poetry, he describes his father’s dying moments. Confronted with his approaching death, his father mourns, and his family comes to consider the finiteness of their own life. Ouellette’s writing helps him find meaning where it no longer seems to exist, as communication between father and family is gradually overtaken by silence. The dying man’s body now defines the space in which he continues on his course. This voyage within makes it possible to accept death and try to reach the Light.
Keywords:
- Les heures,
- Fernand Ouellette,
- Poetry,
- Silence,
- The body,
- Mourning,
- Father
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Parties annexes
Notes
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[1]
Petra Mertens emprunte cette expression à Thomas H. Macho, Todesmetaphern, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 1987, p. 7-8.
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[2]
Denise Brassard se réfère au concept d’Emmanuel Lévinas en ces termes : « La fécondité (qui s’applique ici tout aussi bien à l’artiste qu’à la relation père-fils) permet une distance avec l’être et avec le présent, lequel, sous l’effet de la maturation ou du vieillissement, est perçu comme une limitation de l’être, une fermeture des possibles, bref des “occasions perdues” que la mémoire ne saurait rendre » (Brassard, 2001, p. 377). La fécondité se nourrit de la lutte contre l’oubli et cherche à compenser l’absence par l’oeuvre créée.
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[3]
Ces propos sont tirés de la table ronde « L’écriture du deuil dans la poésie québécoise contemporaine, rencontre avec Nicole Brossard, Denise Desautels, Louise Dupré, Stéphane Martelly » organisée par Catherine Mavrikakis le 12 décembre 2006 dans le cadre du séminaire FRA 6260 : « Temps prophétiques, mémoires endeuillées » et du groupe de recherche-création « Thanatographie, spectralité, événementialité ». Je résume les propos tels que je les ai entendus.
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[4]
Dans Les heures, il n’est jamais question pour le fils de prendre la place du père, comme le montre François Ouellet dans son étude sociohistorique et littéraire de la figure du père, parce que c’est sous le signe de l’amour parental, voire maternel que se définit le lien père-fils.
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