Artiste invitéeGuest Artist

Pour un art situé : le travail de Gabriela Golder[Notice]

  • Alex Martoni,
  • Roberto Rubio et
  • Hernán Ulm

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  • Alex Martoni
    Universidade Federal de Juiz de Fora (UFJF)

  • Roberto Rubio
    Centro de Estudios Mediales, Universidad Alberto Hurtado (UAH)

  • Hernán Ulm
    Universidad Nacional de Salta (UNSA)

Artiste visuelle, chercheuse, commissaire d'exposition et professeure, Gabriela Golder est codirectrice de la Bienal de la Imagen en Movimiento (BIM) et commissaire d'El Cine es otra cosa, le programme de vidéo et de film expérimental du Musée d'art moderne de Buenos Aires. Elle travaille essentiellement avec « l'image en mouvement », et sa pratique artistique soulève principalement des questions de mémoire, d'identité et du monde du travail. Ses vidéos, films et installations, pour lesquels elle a remporté plusieurs prix et bourses, ont été présentés dans de nombreux lieux d'exposition et festivals dans le monde entier. Entre autres : Museo Nacional de Bellas Artes de Chile; Bienal de Arte Contemporánea Sesc_Videobrasil, Sao Paulo; Bienalsur, Buenos Aires; Biennale de Jakarta; Whitechapel Gallery, Londres; Dazibao, Montréal; la maison rouge, Paris; Dissonance, Getty Center, Los Angeles; DEAF, Rotterdam; 10e Biennale de Sharjah, Émirats arabes unis; Museum Morsbroich, Leverkusen, Allemagne; Monitoring, Kassel; Ujazdowski Castle Centre for Contemporary Art, Varsovie; 10e Biennale de La Havane.

Le devenir hégémonique de la mondialisation peut être compris, à partir de la production automatisée d’images, comme un modèle technique de programmation du sensible (à d’autres occasions, nous avons soutenu que le néolibéralisme est, avant tout, un programme affectif, autrement dit un programme qui prescrit les conditions de la perception). Comme nous l’avons fait remarquer dans la présentation de ce numéro d’Intermédialités, nous sommes assiégés par des images (textuelles, visuelles, sonores) qui, à la fois, sont produites médialement et édictent les modèles de notre subjectivité. Pour cette raison, nous avons souligné que résister signifie interrompre les flux d’images, au sein même des mécanismes et des dispositifs qui les produisent, permettant ainsi l’émergence d’autres images qui provoqueront des modes de subjectivation collective non prescrits par ces dispositifs. Nous pourrions dire qu’il faut questionner la légitimité des images des médias et insérer une autre image au milieu de ces dernières. Ainsi, l’art pourra s’exprimer en prenant position parmi ces images. C’est-à-dire qu’il sera un art situé : situé en opposition et primant les modèles hégémoniques d’une culture qui globalise notre sensibilité. Face à une culture qui annule les façons de penser les singularités que la mondialisation nous empêche d’exprimer. Donc, l’art devient le lieu où se formule une politique du sensible, au-delà de ce qui est établi comme normal par la machinerie et l’appareil moral. Les oeuvres de Gabriela Golder (Buenos Aires, 1971) dévoilent le caractère intermédial des appropriations artistiques en tant que résistance politique à la pensée contemporaine. Golder est issue du domaine audiovisuel, et ses travaux s’éloignent rapidement des productions industrielles et trouvent dans la vidéo une manière de remettre en question les conditions techniques de production de sens dans les sociétés contemporaines. Proclamer son appartenance au monde de la vidéo suppose, dans la trajectoire de Gabriela Golder, une première affirmation politique. La vidéo est un média qui, dans le champ audiovisuel, était le lieu d’expérimentations artistiques qui contestait les formes globales de communication de masse et qui permettait, dans les années 1980 et 1990 en Amérique latine, de prendre place à l’intérieur des images pour exécuter un geste de distanciation des lieux communs de la pratique intermédiale. Il y a, dans la vidéo comme média, comme appareil, comme dispositif technique, une puissance d’interruption qui la place entre le cinéma et la télévision, c’est-à-dire dans un entre-deux médiatique eu égard aux grands systèmes de production de la subjectivité. Peut-être qu’en vertu de l’inexistence d’une différence entre ce que nous faisons et la manière dont nous le faisons (comme le disaient Gilles Deleuze et Félix Guattari), la vidéo se présente pour Golder comme un espace de questionnement politique lui permettant de transgresser les formes prescrites par les médias mondiaux. Ainsi, ses oeuvres s’avèrent des expérimentations qui interrogent la condition médiale dans laquelle ce qui est vu, ce qui est écouté et ce qui est lu est confronté à des modes d’existence que la mondialisation semble vouloir ignorer. Nous ne pensons pas trop nous avancer en affirmant que la pratique de la vidéo, chez Gabriela Golder, présente un « devenir mineur » du monde audiovisuel... et cette recherche, cette expérimentation, se fait dans différentes directions. Parfois, il s’agit simplement de trouver juste une image parmi toutes celles dont nous sommes saturés par les médias. Dans cette perspective, il suffit de parcourir patiemment les nouvelles pour en extraire une image qui rattrape ce qui échappe au regard. Comme c’est le cas de Vacas (Vaches) ou de La lógica de la supervivencia (La logique de la survie), où l’interruption du flux d’images quotidiennes démontre le pouvoir de quelques …

Parties annexes