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Introduction

Exporter est la forme la plus commune, rapide et facile de s’internationaliser pour bon nombre de petites entreprises, car, par comparaison avec d’autres modes d’entrée, cela requiert moins de compromis de ressources, offre une meilleure flexibilité dans les décisions de l’entreprise et comporte moins de risques pour l’entreprise. Les principaux ouvrages d’affaires internationales (Albaum, Strandskcov et Duerr, 2004 ; Czinkota et Ronkainen, 2006 ; Hollensen, 2004) citent les nombreux bénéfices qu’offre l’exportation pour l’entreprise ainsi qu’au plan macroéconomique. Sur ce dernier plan, elle augmente le volume de l’emploi national, favorise l’entrée des devises, contribue au développement des nouvelles technologies et accroît le niveau de vie. De plus, elle améliore la situation financière de l’entreprise, aide au développement d’avantages concurrentiels, permet de perfectionner les outils de l’entreprise et d’utiliser de façon optimale sa capacité de production et stimule la croissance de l’entreprise (Leonidou, 2007).

Néanmoins, beaucoup d’entreprises éprouvent des difficultés ou renoncent carrément à exporter. Une explication fréquemment donnée dans la littérature est la perception des directeurs en ce qui a trait aux barrières à l’exportation. En d’autres termes, la perception de barrières à l’exportation est l’un des principaux facteurs qui influent sur la décision de commencer, de maintenir et d’augmenter l’engagement exportateur (Zou et Stan, 1998). De plus, l’impact inhibiteur de ces barrières se fait encore plus sentir dans les entreprises plus petites. C’est pourquoi l’étude des PME revêt une importance particulière (Katsikeas et Morgan, 1994).

Si les définitions des barrières à l’exportation sont rares, la référence à leur importance est fréquente et constitue l’un des aspects les plus présents dans la littérature sur l’exportation (Da Silva, 2001). Ainsi, tous les chercheurs s’entendent pour dire que la connaissance des obstacles à l’exportation et de leur influence dans l’activité d’exportation est cruciale aussi bien au plan microéconomique qu’au plan macroéconomique (Chung, 2003 ; Julian et Ahmed, 2005). Cependant, les études sur l’exportation tendent à combiner la recherche sur les obstacles à l’exportation avec d’autres aspects de caractère organisationnel ou liés à la compétitivité et ne parviennent pas à fournir un cadre théorique global pour l’étude des freins à l’exportation (Morgan et Katsikeas, 1997).

Les recherches sur les barrières à l’exportation présentent certaines caractéristiques (Leonidou, 2004) : 1) elles sont relativement isolées, fragmentées et dispersées, ce qui crée une confusion sur les effets réellement inhibiteurs des barrières sur l’engagement à l’exportation ; 2) elles ne font qu’un examen partiel des obstacles à l’exportation, ignorant les autres barrières importantes et leurs effets sur le développement de l’exportation ; 3) elles n’éclairent pas la nature spécifique et l’impact relatif de chaque barrière à l’exportation.

En somme, il n’existe pas d’homogénéité quant au nombre de barrières existantes, aux types de barrières et à leur importance relative, ni de critère uniforme pour déterminer quelles sont les barrières les plus importantes, en faire une typologie et les positionner sur une échelle. Comme preuve de cette hétérogénéité, nous pouvons mentionner les résultats suivants : les 211 barrières de Schroath et Korth (1989) qu’ils ont finalement regroupées en neuf types ; les 10 barrières de Rabino (1980) ; les cinq facteurs issus des 17 barrières relevées dans la révision théorique de Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie (1985) ; les cinq groupes obtenus à partir des 20 barrières trouvées par Kedia et Chhokar (1986) ; les trois facteurs des 10 barrières distinguées par Gripsrud (1990) ; les neuf facteurs obtenus des 22 barrières de Leonidou (1995b) ; les huit facteurs finaux décrits par Da Silva (2001), à partir d’une liste initiale de 30 barrières ; enfin, les six facteurs obtenus par Julian et Ahmed (2005) à partir de 23 barrières. En outre, le travail réalisé par Leonidou (2000, p. 124‑128), qui inclut une revue des principales études empiriques sur les barrières à l’exportation et détaille le nombre de barrières relevées dans 33 recherches menées sur ce sujet, montre la grande disparité de ces barrières.

Dans le présent article, nous envisageons une révision des principales études théoriques et empiriques sur les barrières à l’exportation pour proposer une échelle et la contraster empiriquement, afin qu’elle puisse être acceptée par la communauté scientifique et utilisée dans de futures recherches sur l’internationalisation des entreprises, dans divers contextes.

Pour cela, 2 590 questionnaires ont été remis à des petites et moyennes entreprises espagnoles de quatre macrosecteurs (agroalimentaire, biens de consommation, biens d’équipement et services) ; de ce groupe, 478 réponses ont été retenues et analysées.

Pour notre propos, nous structurerons le travail en quatre parties. En premier lieu, nous ferons une revue des principaux travaux empiriques ayant porté sur les barrières à l’exportation. Ensuite, nous proposerons une échelle pour le contraster empiriquement. En deuxième lieu, nous décrirons la méthodologie utilisée dans la recherche. En troisième lieu, nous analyserons nos données et présenterons nos résultats. En quatrième lieu, nous exposerons les conclusions ainsi que leurs principales implications.

1. Revue de la littérature

Les principales études sur les activités reliées à l’exportation, dans le domaine du management, ont tendance à combiner l’évaluation des obstacles à l’exportation avec des aspects organisationnels et compétitifs et ne parviennent pas à expliquer comment ces entraves peuvent influencer l’activité de l’entreprise. Conséquemment, de nombreuses études n’examinent qu’une partie des obstacles à l’exportation auxquels peuvent se heurter les dirigeants d’entreprise (Morgan et Katsikeas, 1997).

En outre, la plupart des études sur ce sujet établissent un lien entre la perception des obstacles à l’exportation et la croissance des exportations de l’entreprise, proposant même parfois une définition des barrières à l’exportation (Kedia et Chhokar, 1986 ; Christensen, Da Rocha et Gertner, 1987 ; Sharkey, Lim et Kim, 1989 ; Gripsrud, 1990 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Westhead, Wright et Ucbasaran, 2002 ; Julian et Ahmed, 2005). Dans l’ensemble, les barrières sont analysées sans trop insister sur le concept intrinsèque d’obstacle à l’exportation, sans rechercher la nature de ces barrières ou essayer d’en fixer les limites (Morgan et Katsikeas, 1997). C’est peut-être pour cela que les concepts de facteurs déterminants de l’engagement à l’exportation et de barrières à l’exportation se superposent fréquemment. Ainsi, pour certains auteurs, « les facteurs externes de l’engagement dans des activités d’exportation sont habituellement conceptualisés comme des obstacles à l’exportation » (Gripsrud, 1990, p. 473).

Cependant, Leonidou (1995, p. 31) élargit le spectre de ces entraves en définissant les barrières à l’exportation comme « tout obstacle d’attitude, de structure, opérant, ou toute autre entrave rendant difficile ou freinant la volonté de l’entreprise de commencer, de développer ou de maintenir une activité internationale ». Il classe également les barrières en deux catégories fondamentales : internes et externes. Pour ce qui est des barrières internes, il note qu’elles ont pour source l’organisation et qu’elles sont habituellement liées à ses ressources ou à la stratégie de marketing d’exportation. Quant aux barrières externes, elles viennent de l’extérieur de l’entreprise et se dressent soit sur les marchés étrangers, soit au plan national (par exemple, le manque d’aides gouvernementales adéquates). Pour leur part, Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie (1985) expliquent que les perceptions des barrières potentielles à l’exportation possèdent des dimensions sous-jacentes, que Westhead, Wright et Ucbasaran (2002) regroupent sous quatre principales catégories : les obstacles reliés aux stratégies, à l’information, aux processus et aux opérations.

Cela dit, de façon générale, nous pouvons affirmer qu’une barrière à l’exportation est tout élément ou facteur, interne ou externe, représentant un obstacle ou dissuadant l’entreprise de commencer, de développer ou de maintenir une activité d’exportation.

Le nombre considérable d’études ayant abordé la problématique des barrières à l’exportation a été relevé par Bilkey (1978) et a continué de croître de manière considérable. La cause de l’augmentation des recherches portant sur les barrières à l’exportation se trouve sans doute dans le processus croissant d’internationalisation et de globalisation (Kotabe et Helsen, 1998) et dans l’importance que les responsables de direction accordent aux barrières à l’exportation (Sharkey, Lim et Kim, 1989).

Les travaux empiriques recensés, qui avaient pour objectif, entre autres, de décrire les dimensions sous-jacentes à l’ensemble des barrières à l’exportation, ont adopté une méthodologie à caractère exploratoire. Ainsi, dans l’ensemble, les dimensions de l’échelle de mesure ont été réduites et on a obtenu en conséquence quelques barrières résumant le grand nombre d’obstacles à l’exportation (Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Sharkey, Lim et Kim, 1989 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Gripsrud, 1990 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Morgan et Katsikeas, 1997 ; Westhead, Wright et Ucbasaran, 2002). Cependant, nous constatons l’absence de consensus en ce qui concerne le nombre de facteurs sous-jacents et le contenu de chacun d’eux, ce qui est probablement dû à l’utilisation de listes de barrières différentes où l’on tient peu compte des résultats obtenus dans les études précédentes.

Ainsi, dans les études examinées, lorsqu’on regroupe les barrières à partir de leurs principaux constituants, le nombre de facteurs obtenus et leur contenu ne coïncident généralement pas. Cependant, il existe parfois une certaine similitude dans les barrières individuelles utilisées ; en effet, un important pourcentage d’entre elles revient souvent sous différentes dénominations mais avec la même signification, contrairement à ce qui se produit avec les facteurs obtenus.

Quant à l’aire géographique, la plupart des études ont sélectionné comme unité d’analyse des entreprises d’un pays déterminé, généralement nord-américaines (Rabino, 1980 ; Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Hise, 2001) et les études portant sur des entreprises européennes sont moins nombreuses (Arteaga-Ortiz, 2003 ; Rundh, 2007).

1.1. Proposition intégrative de classement des barrières à l’exportation

Après avoir passé en revue la littérature existante et constaté l’hétérogénéité des barrières individuelles utilisées et des facteurs obtenus, nous allons tenter de donner une vision d’ensemble des différents travaux, en regroupant les barrières ou obstacles à l’exportation en quatre catégories - barrières relatives à la connaissance, aux moyens, au processus et exogènes, pour ensuite effectuer une étude empirique.

1.1.1. Barrières reliées à la connaissance

Dans les barrières reliées à la connaissance, on peut inclure toutes celles qui font référence au manque d’information et à la méconnaissance, de la part de l’entreprise, des aspects fondamentaux de l’activité d’exportation. La connaissance de l’exportation a été associée de manière positive à l’engagement de moyens liés à l’exportation (Aharoni, 1966 ; Bilkey et Tesar, 1977). Ainsi, selon Yang, Leone et Alden (1992), les barrières liées au manque d’information sur les marchés d’exportation sont les seules, parmi toutes les catégories de barrières, qui varient considérablement. En 1966, Aharoni relevait déjà que la méconnaissance des marchés étrangers constitue une barrière importante à l’engagement des organisations dans l’activité internationale. Pour leur part, Bilkey et Tesar (1977) ont découvert que l’une des principales barrières que les entreprises qui se lancent dans l’aventure de l’internationalisation doivent surmonter est liée à l’identification des occasions sur les marchés étrangers.

Tout d’abord, les barrières relatives à la connaissance des marchés visés revêtent une importance particulière puisque la disponibilité d’information sur ces marchés extérieurs est en général assez rare et que, de plus, le coût de cette information est élevé pour un agent particulier (Hernando Moreno, 1993). Cependant, le progrès des nouvelles technologies au cours de la dernière décennie autorise à penser que ce coût a diminué. Mais selon l’évidence empirique, cette catégorie de barrières figure dans les échelles utilisées par la plupart des travaux sur les barrières à l’exportation, certains d’entre eux lui accordant une plus grande importance (Leonidou, 1995b ; Da Silva, 2001).

Pour leur part, Westhead, Wright et Ucbasaran (2002) considèrent qu’en plus de la variable citée, un autre obstacle important est le manque d’information sur les occasions pour le produit sur les marchés extérieurs.

De plus, Johanson et Valhne (1977) soutiennent qu’il faut aussi donner de l’importance à la connaissance générale de l’exportation et d’autres aspects tels que la planification et les stratégies envisagées, peu importe le marché ciblé. Ces auteurs semblent faire référence à la méconnaissance des étapes à suivre dans le processus d’exportation.

Deux autres barrières peuvent être incluses dans cette catégorie : la méconnaissance des aides à l’exportation disponibles et la méconnaissance des bénéfices économiques que l’exportation peut apporter. En ce qui concerne les aides à l’exportation disponibles, l’importance de celles-ci dans l’activité d’exportation a été mise en évidence dans divers travaux (Kedia et Chhokar, 1986 ; Christensen, Da Rocha et Gertner, 1987), même si, pour Christensen, Da Rocha et Gertner (1987), les aides publiques à l’exportation sont plus un encouragement secondaire que primaire, étant donné que la motivation principale pour exporter est la perception qu’ont les dirigeants d’entreprise des bénéfices que leur procurera l’activité d’exportation.

Pour ce qui est des bénéfices découlant de l’exportation, il est démontré dans la littérature sur l’activité d’exportation que les perceptions des dirigeants d’entreprise relativement aux bénéfices à tirer de l’exportation constituent des déterminants importants pour commencer ou développer une activité internationale (Welch et Wiedersheim-Paul, 1977 ; Reid, 1980, 1983 ; Axinn, 1985). Ainsi, les directeurs ayant une attitude négative envers l’exportation, toutes choses égales d’ailleurs, seront moins susceptibles de participer à des activités d’exportation que ceux ayant une attitude plus positive (Dichtl, Köegelmayr et Mueller, 1984). Si une perception favorable de la part d’un dirigeant quant aux bénéfices de l’activité d’exportation a un effet positif sur la décision de commencer (Cavusgil et Nevin, 1981) ou de développer une activité d’exportation (Reid, 1983), cela laisse penser qu’il peut aussi y avoir une perception atténuée des barrières à l’exportation. Selon Hise (2001), si, malgré les difficultés que pose l’exportation, les dirigeants croient que l’activité d’exportation est à envisager, ils atteindront leurs objectifs, en portant une attention particulière aux barrières associées aux stratégies d’exportation et à leur implantation.

L’importance de la méconnaissance des bénéfices économiques et non économiques de l’exportation est aussi relevée par Gripsrud (1990), qui considère que les facteurs externes peuvent empêcher l’exportation, bien que ces mêmes facteurs puissent aussi stimuler l’exportation si les occasions qui se présentent sont perçues. Schroath et Korth (1989) soulignent également l’importance de cet obstacle étant donné que les perceptions des dirigeants des avantages à tirer de l’exportation en constituent le principal obstacle.

1.1.2. Barrières reliées aux moyens

La deuxième typologie à laquelle nous faisons référence concerne les barrières des moyens, soit les barrières provenant de l’insuffisance de moyens financiers (Ramaswami et Yang, 1990), de moyens de production (Leonidou, 1995b) ou d’aide extérieure (Yang, Leone et Alden, 1992).

D’un point de vue théorique, le besoin de disposer de divers moyens pour pouvoir affronter les difficultés de l’exportation a été évoqué dans la littérature comme l’une des causes empêchant certaines entreprises d’accéder aux marchés internationaux, ce qui justifie l’établissement d’un lien entre la taille de l’entreprise et l’exportation (Alonso et Donoso, 1994).

La revue de la littérature sur les obstacles à l’exportation nous amène à inclure dans cette catégorie le manque de capacité de production de l’entreprise (Leonidou, 1995b ; Westhead, Wright et Ucbasaran, 2002). On trouve également cette barrière dans la recherche de Morgan et Katsikeas (1997) sur les obstacles lors de la mise en route et du développement de l’exportation, même si elle a finalement été écartée en raison de sa faible valeur statistique.

Dans cette catégorie, on retrouve également les difficultés à financer les exportations et le manque de moyens pour réaliser des études de marchés (Ramaswami et Yang, 1990). En outre, les difficultés concernant les modes de paiement internationaux et leurs coûts élevés ou la gestion lente d’encaissement à l’étranger ont aussi été soulignées dans la littérature (Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b).

Le rôle des organismes financiers et leur influence dans l’activité d’exportation a été abordé dans certaines recherches (Yang, Leone et Alden, 1992). Ainsi, certains auteurs ont inclus dans les barrières relatives aux moyens le manque d’expérience internationale des banques locales (Ramaswami et Yang, 1990).

Enfin, le manque de personnel pour planifier l’activité d’exportation a parfois été intégré à ce type de barrières, même si certains auteurs ont jugé plus pertinent de l’inclure dans les barrières reliées à la connaissance (Yang, Leone et Alden, 1992 ; Julian et Ahmed, 2005). Cela est peut-être dû au fait que dans les différentes recherches, deux variables semblables, bien que probablement différentes, ont été formulées : manque de personnel spécialisé dans les exportations (utilisée notamment par les auteurs suivants : Korth [1985], Bodur [1986], Keng et Jiuan [1989], Eshghi [1992], Barker et Kaynak [1992] ou Naidu et Rao [1993]), ou bien, difficultés de trouver du personnel ou des organisations qualifiés pour réaliser certaines tâches concernant l’exportation (Sullivan et Bauerschmidt [1989], Naidu et Rao [1993], Donthu et Kim [1993] ou Katsikeas et Morgan [1994]).

1.1.3. Barrières reliées au processus

Les barrières relatives au processus englobent les obstacles provenant de l’exercice même de l’activité d’exportation. Ainsi, la complexité de la documentation ou des démarches liées aux opérations d’exportation a été considérée comme une barrière par divers auteurs comme Rabino (1980), Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie (1985), Keng et Jiuan (1989), Eshgi (1992), Barker et Kaynak (1992), Naidu et Rao (1993), Katsikeas et Morgan (1994), Leonidou (1995b) ou Moini (1997).

Entrent aussi dans cette catégorie les barrières culturelles et linguistiques, qui figurent parmi les plus citées dans la littérature sur l’exportation (Rabino, 1980 ; Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Gripsrud, 1990 ; Karakaya, 1993 ; Leonidou, 1995b). Cela dit, il convient de considérer séparément les différences culturelles et linguistiques. Bien qu’il s’agisse de concepts généralement liés, dans le domaine qui nous concerne, la proximité linguistique de certains marchés n’est pas toujours assortie d’une proximité culturelle ; cet écart peut s’avérer important, surtout au chapitre de la culture d’entreprise. Ainsi, Westhead, Wright et Ucbasaran (2002), dans leur étude portant sur un échantillon d’entreprises britanniques, ont obtenu des résultats tout à fait différents pour ces deux types de barrières.

D’autres barrières de cette catégorie concernent les différences d’habitudes d’utilisation du produit exporté (Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985) et les difficultés logistiques (Da Silva, 2001). De même, certains auteurs ont suggéré comme barrière possible la difficulté de trouver un distributeur ou des canaux de distribution adéquats (Karakaya, 1993 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b ; Da Silva, 2001 ; Hise, 2001).

Ainsi, pour Hise (2001), dans son étude portant sur les perceptions des entreprises étasuniennes concernant les difficultés que pose l’exportation sur le marché mexicain, la barrière liée aux difficultés de trouver un distributeur fiable se révèle être la deuxième en importance, aussi bien pour les entreprises exportatrices que pour les entreprises non exportatrices. Ce résultat n’est pas étonnant, car, selon Rabino, en 1980, il s’agissait de la principale barrière perçue par les entreprises ayant participé à l’étude, comme c’était le cas des PME dans le travail d’Arteaga-Ortiz (2003).

Les difficultés liées à la logistique apparaissent également dans la littérature comme une barrière possible, distincte des problèmes de distribution (Bodur, 1986 ; Da Silva, 2001).

Mais les principales barrières de cette catégorie sont les barrières commerciales. Yang, Leone et Alden (1992) en ont traité dans leur ensemble de barrières « distance comparative de marketing » en les désignant sous le nom de barrières commerciales des exportations étasuniennes. Ces barrières sont de deux ordres : les barrières douanières (Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Barker et Kaynak, 1992) et les barrières non douanières (Rabino 1980 ; Leonidou, 1995b) - par exemple, les barrières qu’imposent la normalisation et l’homologation du produit, ou les barrières sanitaires, phytosanitaires, etc. (Kedia et Chhokar, 1986 ; Keng et Jiuan, 1989).

La distinction entre ces deux derniers types de barrières, douanières et non douanières, s’avère d’un grand intérêt sur le marché commun européen, étant donné que les 27 pays actuellement membres de l’Union européenne font partie d’une union douanière qui comporte une franchise douanière, aussi bien pour les marchandises d’origine que pour celles en libre pratique. Cependant, il existe toujours des barrières de normalisation et d’homologation, ainsi que sanitaires et phytosanitaires, qui semblent compliquer l’exportation vers les marchés de l’Union européenne, du moins pour les pays membres souhaitant exporter vers d’autres pays que ceux de l’Union européenne.

Les barrières non douanières, comme celles de normalisation et d’homologation, entraînent le besoin ou l’obligation, dans certains cas, d’adapter les produits aux différents marchés, ce qui peut être perçu comme une barrière suffisamment importante pour être traitée à part (Kedia et Chhokar, 1986 ; Keng et Jiuan, 1989).

D’autres barrières relevées dans la littérature sont associées au coût du transport et du fret (Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Gripsrud, 1990 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b), barrières auxquelles Da Silva (2001) ajoute le manque de service de transport vers le marché visé.

1.1.4. Barrières exogènes

Les barrières exogènes, le dernier groupe dans la typologie des barrières que nous avons identifiées lors de notre révision de la littérature, sont celles qui naissent de l’incertitude existante sur les marchés internationaux et qui ne sont pas contrôlables par l’entreprise car elles sont issues de l’action d’autres participants sur le marché, comme les gouvernements, la concurrence ou l’offre et la demande de biens ou monétaires (Yang, 1988). Ainsi, la concurrence sur les marchés extérieurs a été envisagée comme une barrière importante (Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Keng et Jiuan, 1989 ; Ramaswami et Yang, 1990). Toutefois, ces derniers auteurs n’ont inclus que deux éléments dans leur mesure des barrières exogènes : la concurrence étrangère et la force du dollar.

Comme nous l’avons déjà mentionné, la plupart des travaux empiriques sur les barrières ont été réalisés à partir d’échantillons provenant d’entreprises nord-américaines, c’est pourquoi bon nombre d’entre eux ont essayé de mesurer le degré de difficulté que la force du dollar pose (Yang, Leone et Alden, 1992) à l’activité d’exportation. Cette barrière peut être utile pour les recherches basées sur des échantillons d’entreprises localisées dans des zones géographiques ayant une monnaie forte, comme dans les pays membres de la zone euro et de l’Union européenne, mais elle est difficilement extrapolable à d’autres contextes nationaux avec des monnaies faibles ou ayant une volatilité élevée. C’est peut-être pour cela que d’autres auteurs ont évoqué, dans la littérature et dans leurs travaux empiriques, la barrière du risque dû à la variation des taux de change (Leonidou, 1995b, qui en réalité l’a formulée comme étant une fluctuation défavorable du taux de change), car la force d’une monnaie n’est pas forcément synonyme de stabilité ou d’amélioration des types de change. De plus, la revue de la littérature indique que l’idée sous-jacente dans cette barrière a été traitée dans d’autres études de nature similaire sous des dénominations que nous pourrions résumer par le terme politique de changement non appropriée (Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Kedia et Chhokar, 1986 ; Katsikeas et Morgan, 1994).

Une autre barrière considérée comme exogène dans la littérature est l’instabilité politique dans les pays visés, et celle-ci a déjà été étudiée, entre autres, par Mayo (1991) et Karakaya (1993).

À présent, après avoir recensé la littérature et constaté l’hétérogénéité des barrières individuelles utilisées ainsi que des facteurs obtenus, et dans le but d’obtenir une vision intégrative des différents travaux, nous nous proposons de regrouper les barrières ou obstacles à l’exportation en quatre grandes catégories (barrières de la connaissance, des moyens, du processus et exogènes), afin d’effectuer ensuite une étude empirique ; elles sont composées des barrières individuelles suivantes (tableau 1).

Tableau 1

Échelle des barrières proposée

Facteur

Barrières

Quelques recherches internationales incluant cette barrière

Barrières de la connaissance

Méconnaissance des marchés potentiels d’exportation.

Bodur, 1986 ; Sullivan et Bauerschmidt, 1988 ; Keng et Jiuan, 1989 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Korth, 1991 ; Naidu et Rao, 1993 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b ; Moini, 1997 ; Hutchinson, Quinn et Alexander, 2006.

Manque de personnel  pour planifier l’activité d’exportation.

Rabino, 1980 ; Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Bodur, 1986 ; Keng et Jiuan, 1989 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Korth, 1991 ; Eshghi, 1992 ; Barker et Kaynak, 1992 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Naidu et Rao, 1993 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b ; Julian et Ahmed, 2005.

Méconnaissance des aides à l’exportation disponibles.

Sullivan et Bauerschmidt, 1988 ; Barker et Kaynak, 1992 ; Karakaya, 1993 ; Naidu et Rao, 1993 ; Ramaswami et Yang, 1990.

Méconnaissance des bénéfices économiques et non économiques que peut procurer l’exportation.

Schroath et Korth, 1989 ; Gripsrud, 1990 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Julian et Ahmed, 2005.

Méconnaissance générale des étapes à suivre pour exporter.

Bilkey, 1978 ; Kedia et Chhokar, 1986 ; Ramaswami et Yang, 1990.

Manque d’information sur les occasions de votre produit sur les marchés extérieurs.

Bilkey, 1978 ; Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Kedia et Chhokar, 1986 ; Westhead, Wright et Ucbasaran, 2002.

Barrières des moyens

Coût financier élevé des modes de paiement à utiliser dans les opérations internationales.

Rabino, 1980 ; Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Bodur, 1986 ; Korth, 1991 ; Barker et Kaynak, 1992 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b ; Moini, 1997 ; Julian et Ahmed, 2005.

Manque de moyens pour affronter la longue période de temps nécessaire pour récupérer les investissements réalisés dans l’exportation.

Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Bodur, 1986 ; Grispsrud, 1990 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Korth, 1991 ; Barker et Kaynak, 1992 ; Naidu et Rao, 1993 ; Katsikeas et Morgan, 1994.

Manque de capacité de production de votre entreprise.

Leonidou, 1995b ; Morgan et Katsikeas, 1997.

Manque de spécialistes sur les thèmes internationaux dans les banques avec lesquelles vous faites affaire.

Ramaswami et Yang, 1990 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Da Silva, 2001.

Manque d’un réseau extérieur des banques avec lesquelles vous faites affaire.

Ramaswami et Yang, 1990 ; Da Silva, 2001.

Barrières du processus

Coûts du transport et fret.

Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Bodur, 1986 ; Grispsrud, 1990 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b.

Documentation et démarches requises pour l’activité d’exportation.

Rabino, 1980 ; Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Barker et Kaynak, 1992 ; Eshghi, 1992 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Naidu et Rao, 1993 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b ; Moini, 1997.

Différences linguistiques avec les pays où vous envisagez d’exporter.

Rabino, 1980 ; Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Grispsrud, 1990 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Karakaya, 1993 ; Leonidou, 1995b ; Westhead, Wright et Ucbasaran, 2002.

Différences culturelles avec les pays où vous envisagez d’exporter.

Rabino, 1980 ; Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Grispsrud, 1990 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Karakaya, 1993 ; Leonidou, 1995b ; Westhead, Wright et Ucbasaran, 2002 ; Hutchinson, Quinn et Alexander, 2006.

Barrières douanières aux exportations.

Ramaswami et Yang, 1990 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Morgan et Katsikeas, 1997.

Barrières liées à la normalisation et à l’homologation du produit, ou barrières sanitaires, phytosanitaires ou autres.

Rabino, 1980 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Naidu et Rao, 1993 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Leonidou, 1995b.

Différences dans les habitudes d’utilisation de votre produit.

Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Julian et Ahmed, 2005.

Coût de l’adaptation du produit pour son exportation.

Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Bodur, 1986 ; Keng et Jiuan, 1989 ; Sullivan et Bauerschmidt, 1988 ; Donthu et Kim, 1993 ; Karakaya, 1993 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Moini, 1997 ; Da Silva, 2001.

Difficulté logistique.

Bodur, 1986 ; Da Silva, 2001.

Localisation d’un distributeur ou de canaux de distribution adéquats.

Bodur, 1986 ; Kedia et Chhokar, 1986 ; Karakaya, 1993 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b ; Moini, 1997.

Barrières exogènes

Intensité de la concurrence sur les marchés d’exportation.

Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Kedia et Chhokar, 1986 ; Grispsrud, 1990 ; Ramaswami et Yang, 1990 ; Naidu et Rao, 1993 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b ; Moini, 1997.

Valeur élevée de la monnaie.

Ramaswami et Yang, 1990 ; Yang, Leone et Alden, 1992 ; Morgan et Katsikeas, 1997 ; Julian et Ahmed, 2005 ; Rundh, 2007.

Risque dû à la variation des taux de change.

Bauerschmidt, Sullivan et Gillespie, 1985 ; Kedia et Chhokar, 1986 ; Katsikeas et Morgan, 1994 ; Leonidou, 1995b.

Risque de perdre de l’argent en vendant à l’étranger.

Rabino, 1980 ; Hise, 2001 ; Julian et Ahmed, 2005.

Instabilité politique dans les pays visés.

Mayo, 1991 ; Eshghi, 1992 ; Karakaya, 1993 ; Da Silva, 2001.

Source : Élaboration des auteurs.

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2. Méthodologie

2.1. Échantillon et méthodologie

Afin d’atteindre nos objectifs empiriques, nous avons sélectionné une population composée de petites et moyennes entreprises espagnoles pour diverses raisons. D’une part, le processus d’internationalisation repose sur une stratégie séquentielle de rapprochement avec les marchés extérieurs, surtout en ce qui concerne les petites et moyennes entreprises qui en sont à leurs premières armes sur ce plan (Young, 1987). Dans ce processus, l’exportation représente l’une des premières étapes et, conformément aux postulats de l’école scandinave, constitue une étape quasi obligatoire pour les petites et moyennes entreprises. Dans ce sens, le modèle séquentiel est peut-être l’approche la plus pertinente pour l’étude du processus d’internationalisation des petites et moyennes entreprises (Johanson et Wiedersheim-Paul, 1975 ; Johanson et Valhne, 1977 ; Wiedersheim-Paul, Olson et Welch, 1978).

D’autre part, cette étude vise une aire géographique déterminée afin d’éviter la variation de la « macro-atmosphère », comme le note Cavusgil (1984). En choisissant un échantillon d’entreprises localisées dans un espace géographique culturel, légal et politique relativement homogène, on minimise l’impact que certaines variables non contrôlables peuvent avoir sur le résultat de la recherche (Amine et Cavusgil, 1983).

Enfin, en Espagne, les petites et moyennes entreprises représentent 99,9 % du total des entreprises et produisent 64 % du total des ventes ; mais seulement 44 % du volume total de l’exportation contre 61 % de la moyenne européenne (tableau 2). De plus, nous devons savoir que 95,7 % des grandes entreprises espagnoles réalisent des activités d’exportation, tandis que ce pourcentage se réduit à 30,7 % chez les entreprises de moins de 20 employés (Ortega-Martinez et González, 2000). On peut donc supposer que la différence dans l’activité d’exportation de ces PME soit due à la perception, à un degré variable, des barrières à l’exportation.

Tableau 2

Les PME en Espagne et dans l’Union européenne

 

Espagne

Union européenne

PME / total des entreprises

99,9 %

99,8 %

Microentreprises (< 10 salariés) / total des entreprises

95 %

93 %

Ventes PME / total des ventes

64 %

70 %

Emploi PME / total emploi

70 %

66 %

Exportations PME / total des exportations

44 %

61 %

Note : Données provenant de la Direction centrale des entreprises (DIRCE), de l’Institut national de la statistique espagnol (INE).

Source : Élaboration des auteurs à partir des données de l’INE.

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Par conséquent, la population analysée dans la présente recherche se compose de PME espagnoles exportatrices non consolidées ou non exportatrices mais intéressées par l’exportation et qui participent au programme PIPE. Il s’agit là d’un programme concret d’aide à l’internationalisation et au développement dans les étapes de promotion et de commercialisation des PME espagnoles non exportatrices – mais intéressées par l’exportation – ou exportatrices non consolidées. Ce programme est organisé et dirigé par l’ICEX (Institut espagnol de commerce extérieur, ministère du Commerce d’Espagne) et le Conseil supérieur des chambres de commerces espagnoles, avec la collaboration des communautés autonomes. La population de notre étude s’élève à 2 590 entreprises, soit toutes les entreprises qui ont participé à ce programme (qui a débuté en 1997) jusqu’au mois de novembre 2002.

L’instrument de mesure utilisé pour recueillir l’information a été l’enquête postale, par le biais de l’envoi de questionnaires aux entreprises de notre échantillon. Concrètement, on a utilisé l’enquête postale autoadministrée, la population étudiée étant nombreuse et dispersée géographiquement (Ortega Martínez, 1990).

Quant aux informateurs clés, ce sont les principaux responsables de l’exportation dans les entreprises, car ce sont eux qui sont habilités à prendre les décisions à ce sujet.

Ont collaboré à l’enquête un total de 478 entreprises sur les 2 590 auxquelles le questionnaire a été envoyé. Le pourcentage de réponse est donc de 18,5 %, ce qui nous a permis d’obtenir une marge d’erreur de 4,22 %. Cependant, le taux de réponse réel est de 18 %, car nous avons dû écarter 15 questionnaires, soit qu’ils ne fournissaient pas de réponses aux questions de base, soit qu’ils n’étaient pas remplis par la personne indiquée ou bien celle-ci indiquait être incertaine de ses réponses[1]. Par conséquent, l’erreur d’échantillonnage finale a été de 4,5 %.

2.2. Échelles utilisées

Une liste finale des 26 variables a été dégagée de la revue de la littérature existante, ainsi que des entretiens effectués durant le prétest, en suivant la méthodologie développée par différents auteurs (Gripsrud, 1990). Ainsi, de l’item 21 à l’item 46, on a soumis aux dirigeants interrogés une liste des diverses barrières que peuvent rencontrer les entreprises lorsqu’elles exportent. Plus concrètement, nous avons demandé aux répondants d’indiquer dans quelles mesures les différentes barrières à l’exportation entravaient l’engagement dans l’activité d’exportation de leur entreprise ou son développement. Toutes les barrières ont été évaluées suivant des échelles d’attitudes de type Likert allant de 1 « Ne rend pas difficile » à 7 « Rend très difficile ».

Les échelles utilisées pour mesurer les barrières à l’exportation ont été réunies en quatre groupes et sont basées sur la révision théorique déjà commentée : barrières de la connaissance, des moyens, du processus et exogènes.

Afin d’obtenir une plus grande exactitude dans les échelles utilisées, des analyses de fiabilité des échelles et des tests de validité ont été réalisés. Plus particulièrement, nous avons appliqué aussi bien le test de fiabilité (George et Mallery, 1995 ; Babbie, 1995) que le test de validité du contenu (Venkatraman et Grant, 1986 ; Babbie, 1995). De plus, nous avons appliqué le test de validité convergente et discriminante par le biais de l’analyse factorielle, de manière à ce que si, apriori, nous supposons qu’une technique de mesure enregistre un nombre déterminé de dimensions et que les résultats de l’analyse factorielle mettent cela en évidence, la validité de cet instrument de mesure soit acceptée (Peter, 1981). Conformément à ce qui a été dit précédemment, dans la présente recherche, nous avons réalisé une analyse factorielle des principaux composants eu égard à chacune des échelles concernant les types de barrières à l’exportation. Les résultats ont révélé l’existence d’un seul facteur qui intégrait tous les items inclus dans chaque échelle utilisée pour mesurer un même type de barrières à l’exportation et confirment donc la validité de ces échelles (tableau 2).

Tableau 3

Analyse factorielle des quatre dimensions théoriques

Échelle*

Nombre d’items

Nombre de facteurs

Variance expliquée

Valeur propre

Alpha de Cronbach

Barrières de la connaissance

21 à 26

1

52,84 %

3,171

0,82

Barrières des moyens

27 à 31

1

45,76 %

2,288

0,70

Barrières du processus

32 à 41

1

47,25 %

3,503

0,80

Barrières exogènes

42 à 46

1

46,31 %

2,316

0,68

*

Les résultats des tests de KMO et de sphéricité de Bartlett ont été favorables dans tous les cas. De même, les charges factorielles associées à chaque item étaient supérieures à 0,5.

Source : Élaboration des auteurs.

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L’analyse factorielle réalisée sur les items 21 à 26 intégrés dans l’échelle utilisée pour mesurer les barrières de la connaissance a donné un seul facteur qui expliquait 52,84 % de la variance, lequel a atteint une valeur propre de 3,171 ; l’alpha de Cronbach a été de 0,82. Concernant l’analyse factorielle des items 27 à 31, inclus dans l’échelle visant à étudier les barrières des moyens, celle-ci a obtenu un seul facteur qui expliquait 45,76 % de la variance, et la valeur propre associée à ce facteur a été de 2,288. Cette échelle a montré un alpha de Cronbach acceptable (0,70). Quant aux barrières du processus, les items inclus dans le questionnaire pour mesurer cette dimension étaient les items 32 à 41 et l’on a obtenu, tout comme dans les cas précédents, un seul facteur dont la valeur propre associée a été 3,503 et qui a expliqué 47,25 % de la variance. De plus, l’étude de la fiabilité de l’échelle a révélé l’existence d’un alpha de Cronbach de 0,80. Concernant l’analyse factorielle effectuée sur les items 42 à 46, tous liés aux barrières exogènes, celle-ci a donné un facteur dont la valeur propre a été de 2,316 et qui a expliqué 46,31 % de la variance et ses items ont eu un alpha de Cronbach de 0,68.

Dans la section suivante, nous présentons les résultats de l’analyse factorielle confirmatoire par le biais d’un modèle d’équations structurelles appliqué à l’échelle intégrée de l’ensemble des items utilisés pour mesurer les barrières à l’exportation. Nous voulons ici montrer la complexité qui caractérise les relations entre les facteurs déterminants (Shook et al., 2004). Cette méthodologie appliquée à l’étude des facteurs liés à l’exportation s’est considérablement développée ces dernières années (Cadogan, Diamantopoulos et Siguaw, 2002 ; Javalgi, Griffith et White, 2003 ; Dhanaraj et Beamish, 2003 ; Morgan, Kaleka et Katsikeas, 2004 ; Calantone et al., 2004, Acedo et Florin, 2006). Cette analyse permettra de relever les facteurs qui sont réellement sous-jacents dans notre mesure des barrières à l’exportation.

3. Résultats : analyse factorielle confirmatoire des barrières

3.1. Barrières de la connaissance

Après avoir réalisé l’analyse factorielle confirmatoire sur les items envisagés comme composants du facteur des barrières de la connaissance, nous pouvons affirmer que les six items ont une forte consistance interne et font tous partie d’une même barrière. Les variables qui ont le plus de poids spécifique sur la variance explicative des barrières sont la méconnaissance générale des processus d’exportation (0,91), la méconnaissance des bénéfices que procure l’exportation (0,84) et la méconnaissance des marchés potentiels (0,82). On est arrivé à cette échelle après une analyse factorielle confirmatoire avec des indices de qualité de l’ajustement très acceptables (tableau 4).

Tableau 4

Mesures d’ajustement des barrières de la connaissance

 

Statistique chi carré

108,603 (g.l. : 9 ; p : 0,00)

GFI

0,90

RMSEA

0,125

 

Estimation

S.E.

C.R.

P

Estimation

AGFI

0,871

NFI

0,83

CFI

0,860

p21

1,000

 

 

 

0,819

Chi carré normalisé

12,07

p22

1,018

0,044

23,271

***

0,811

PNFI

0,437

p24

0,827

0,034

24,564

***

0,836

PCFI

0,44

p26

0,972

0,046

21,026

***

0,793

AIC

132,60

p25

1,119

0,041

27,472

***

0,914

 

 

Note : S.E. = écart type ; C.R. = gamme ; P = probabilité ; g.l. = degré de liberté.

Source : Élaboration des auteurs.

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3.2. Barrières des moyens

Après avoir réalisé l’analyse factorielle des principaux composants avec cinq items utilisés dans la littérature, nous obtenons 45,76 % de la variance expliquée (avec un alpha de 0,7), soit la valeur la plus basse des quatre facteurs obtenus. Par conséquent, il faut procéder, si nécessaire, à l’utilisation des équations structurelles pour réaffirmer l’échelle. L’analyse confirmatoire fait apparaître la faible capacité explicative de l’item 29 (Manque de capacité productive) sur la variable latente Manque de moyens. On ajuste l’échelle et on améliore les indicateurs de solidité interne. Ainsi, on réduit de plus de 20 points le chi carré et on améliore les mesures de la parcimonie, ainsi que la capacité de prédiction de la matrice de covariance observée. Les variables qui ont le plus de poids spécifique sur la variance explicative du facteur Barrières des moyens sont le manque d’un réseau extérieur des banques avec lesquelles vous travaillez (0,856), le coût financier élevé des moyens de paiement à utiliser dans les opérations internationales (0,85) et le manque de spécialistes des thèmes internationaux dans les banques avec lesquelles vous faites affaire (0,834). Les indices de qualité de l’ajustement définitifs apparaissent dans le tableau 5.

Tableau 5

Mesures d’ajustement des barrières des moyens

 

Statistique chi carré

68,499 (g.l.* : 2 ; p : 0,023)

GFI

0,93

RMSEA

0,183

 

Estimation

S.E.

C.R.

P

Estimation

AGFI

0,799

NFI

0,858

CFI

0,861

p27

1,000

 

 

 

0,850

Chi carré normalisé

34,25

p28

1,016

0,053

19,259

***

0,785

PNFI

0,286

p30

1,054

0,058

18,033

***

0,834

PCFI

0,287

p31

0,949

0,048

19,907

***

0,856

AIC

84,49

Note : S.E. = écart type ; C.R. = gamme ; P = probabilité ; g.l. = degré de liberté.

Source : Élaboration des auteurs.

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3.3. Barrières reliées au processus

Comme nous le relevions dans la section portant sur la revue de la littérature, certains auteurs pensent que les barrières reliées au processus peuvent être regroupées en un seul facteur (Ramaswani et Yang, 1990 ; Westhead, Wright et Ucbasaran, 2002), tandis que d’autres auteurs ont considéré qu’en réalité ce facteur n’existe pas en tant que tel et que dans certaines études empiriques celui-ci a été divisé en plusieurs facteurs (Da Silva, 2001, Hutchinson, Quinn, et Alexander, 2006).

Dans notre travail, nous obtenons ce facteur, avec un alpha de Cronbach acceptable, mais le nombre élevé de doutes apparaissant dans l’étude de la littérature ainsi que notre souci de prudence dans l’estimation nous ont amenés à vérifier si derrière ce facteur se cachaient des points divergents. De plus, puisque les communalités apportées par certains des indicateurs ne dépassaient pas le minimum requis, nous avons procédé à l’épuration de l’échelle de mesure par le biais de l’utilisation confirmatoire des équations structurelles, ce qui nous a permis d’estimer le rapport entre les indicateurs, de procéder le cas échéant à leur élimination et d’obtenir une échelle plus parcimonieuse.

À cet égard, l’item le moins fiable était celui relatif à la localisation du distributeur (p. 39), avec une charge standardisée de 0,49 (inférieure au minimum requis de 0,7) et une fiabilité qui n’atteignait pas 0,25. Après avoir procédé à son élimination et à la nécessaire corroboration que la condition de normalité multivariée n’était manifestement pas respectée, nous avons procédé à une nouvelle évaluation du modèle de mesure au moyen de la méthode d’estimation WLS. Les items du modèle résultant respectent les conditions de fiabilité minimales exigées et dépassent tous 60 % de la variance expliquée de manière individuelle. Les charges standardisées des variables observées sur les deux variables latentes sont également significatives et assez élevées (la variable minimale a une charge standardisée de 0,72). Cela nous permet de déduire la consistance interne élevée que possède l’échelle de mesure proposée. Deux mesures de consistance interne étudiées (fiabilité composée et variance extraite) montrent des résultats très supérieurs aux minimums requis (FCC : 0,967 ; AVE : 0,766). Nous considérons donc comme adéquat le modèle de mesure et nous analysons les mesures de qualité de l’ajustement de l’échelle finale (voir tableau 6).

Tableau 6

Mesures d’ajustement des barrières du processus

 

Estimation

S.E.

C.R.

P

Estimation

Statistique chi carré

219,747 (g.l. : 27 ; p : 0,013)

p34

1,000

 

 

 

0,863

GFI

0,901

p35

0,897

0,027

33,613

***

0,825

RMSEA

0,124

p37

0,852

0,032

26,740

***

0,756

AGFI

0,834

p38

0,950

0,038

25,133

***

0,747

NFI

0,761

p36

0,935

0,033

28,083

***

0,881

CFI

0,861

p33

0,981

0,031

31,649

***

0,825

Chi carré normalisé

34,25

p41

0,964

0,037

25,975

***

0,820

PNFI

0,286

p40

0,890

0,036

24,685

***

0,786

PCFI

0,287

p32

0,815

0,036

22,435

***

0,720

AIC

84,49

Note : S.E. = écart type ; C.R. = gamme ; P = probabilité ; g.l. = degré de liberté.

Source : Élaboration des auteurs.

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3.4. Barrières exogènes

Préalablement à l’analyse factorielle exploratoire, nous avons procédé à l’étude de la matrice de corrélations, laquelle nous a révélé une significativité des relations élevée et 60 % de corrélations supérieures à 0,4. Cela nous fournit une base adéquate pour continuer l’analyse (Hair et al., 1999). Après avoir effectué l’analyse factorielle dans le but de condenser et de réduire les variables représentatives des barrières extérieures d’une PME, nous obtenons une variance expliquée inférieure à 47 %, ce qui nous amène à améliorer l’échelle composée jusque-là de cinq items.

Après cette première étape et dans le but d’analyser l’interprétation des données, leurs de l’interprétation des données, c’est-à-dire d’étudier si, derrière l’échelle globalement considérée, il existe un unique concept sous-jacent avec un caractère propre, nous avons réalisé une analyse factorielle confirmatoire en utilisant une méthode d’équations structurelles. La méthode d’estimation employée a été celle des moindres carrés pondérés[2] (Sánchez, 1996 ; Hair et al., 1999 ; Luque, 2000 ; Lévy et Varela, 2003).

Après avoir analysé la convergence de la fonction différentielle (g.l. : 2) vers un minimum (le modèle étant ainsi suridentifié) et comme aucun problème n’a été détecté durant le processus d’estimation, nous montrons la solution standardisée du modèle avec les résultats obtenus des mesures de qualité de l’ajustement de celui-ci (tableau 7).

Tableau 7

Mesures d’ajustement des barrières exogènes

 

Statistique chi carré

12,594 (g.l. : 2 ; p : 0,02)

GFI

0,98

RMSEA

0,107

 

Estimation

S.E.

C.R.

P

Estimation

AGFI

0,899

NFI

0,929

CFI

0,861

P43

0,930

6,297

25,969

***

0,939

Chi carré normalisé

34,25

p46

0,995

0,310

16,962

***

0,794

PNFI

0,286

p45

0,836

0,313

21,081

***

0,840

PCFI

0,287

p34

1,000

28,594

 

 

0,822

AIC

84,49

Note : S.E. = écart type ; C.R. = gamme ; P = probabilité ; g.l. = degré de liberté.

Source : Élaboration des auteurs.

-> Voir la liste des tableaux

Le modèle final présente un bon ajustement, approchant 95 % de significativité, et il n’existe pas de différences statistiquement significatives entre les matrices de covariance observée et reproduite. Les indices des ajustements présentés sont très acceptables, ce qui signifie l’absence de différences significatives entre le modèle conceptualisé et le modèle théorique (Lévy et Varela, 2003).

Après l’analyse de l’ajustement du modèle d’ensemble, nous avons vérifié la validité et la fiabilité de l’instrument de mesure employé. La fiabilité de l’échelle a été analysée par le biais de l’alpha de Cronbach et les niveaux minimaux acceptables ont clairement été dépassés (0,89). De plus, nous avons réalisé deux tests de fiabilité complémentaires, consistant à vérifier la fiabilité composée de l’interprétation des données et l’analyse de la variance extraite (AVE) (Hair et al., 1999 ; Luque, 2000) et avons obtenu d’excellents résultats.

3.5. Aptitude de l’échelle utilisée

Nous avons tout d’abord envisagé d’inclure une liste fermée de barrières – comme la plupart des recherches recensées –, mais avons finalement décidé d’ajouter aux 26 barrières initialement proposées (items 21 à 46) deux questions ouvertes (47 et 48) et de donner au répondant la possibilité de mentionner toute autre barrière à l’exportation qu’elle aurait perçue et qui n’apparaîtrait pas parmi les précédentes, afin de ne pas limiter le dirigeant dans sa perception des barrières.

Le nombre de réponses à ces deux questions ouvertes est relativement faible, soit inférieur à 3,77 %. Autrement dit, les responsables de l’exportation ne considèrent pas qu’il existe, de manière significative, d’autres barrières à l’exportation que celles que nous avons proposées, ce qui confirme la pertinence de l’échelle proposée.

Une fois constatée l’absence de carences significatives concernant l’échelle proposée, nous montrons dans le tableau suivant les excellents indices de fiabilité d’ajustement des quatre facteurs découlant de l’échelle proposée. Nous remarquons donc d’énormes capacités explicative, de synthèse et d’information.

Tableau 8

Analyse de la consistance interne

Tests de fiabilité

Barrières de la connaissance

Barrières des moyens

Barrières du processus

Barrières exogènes

Alpha de Cronbach

0,899

0,826

0,895

0,893

Fiabilité composée de l’interprétation des données

0,955

0,942

0,967

0,950

Analyse de la variance extraite

0,808

0,802

0,766

0,825

Source : Élaboration des auteurs.

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Si nous utilisons le coefficient de l’Indice de Fiabilité Composée de l’Interprétation des Données, une échelle peut être considérée comme fiable si celui-ci dépasse la valeur de 0,7 (Hair et al., 1999 ; Luque, 2000). L’analyse de la variance extraite nous indique la quantité globale de variance des indicateurs expliquée par la variable latente. Sa valeur est optimale si elle se situe au-dessus de 0,5 (Hair et al., 1999 ; Luque, 2000).

Conclusions et implications

Nous avons d’abord procédé à une revue de la littérature sur les barrières à l’exportation et démontré que les résultats des différentes recherches empiriques menées sur ce sujet varient substantiellement, aussi bien en ce qui concerne le nombre que la nature de ces barrières. Nous avons relevé que le nombre de barrières individuelles ainsi que les facteurs obtenus dans des études précédentes sont très hétérogènes. À notre avis, nous avons identifié une lacune dans ce domaine du savoir et démontré le besoin d’élaborer une échelle relative aux barrières à l’exportation qui puisse servir de modèle pour de futures recherches sur l’activité d’exportation et être universellement acceptée et valide, pour n’importe quel secteur ou pays.

Ainsi, une contribution du présent travail est la proposition d’un modèle tenant compte de toutes les barrières à l’exportation possibles, qui empêche ou freine la mise en route, l’entretien ou le développement de l’activité d’exportation d’une entreprise.

Pour faire suite à la contribution des universitaires, la pertinence et la validité de l’échelle proposée sont selon nous confirmées par trois résultats principaux.

Tout d’abord, le faible taux de réponses aux questions ouvertes sur les barrières à l’exportation perçues par les responsables de direction, soit celles qui n’étaient pas incluses dans notre échelle. Ainsi, les responsables de l’exportation ne considèrent pas qu’il existe de manière significative d’autres barrières que celles que nous avons proposées, ce qui nous permet d’affirmer que l’échelle que nous avons proposée est adéquate.

Ensuite, par la confirmation statistique des quatre dimensions théoriques proposées dans notre modèle de barrières à l’exportation. La qualité de l’ajustement des quatre barrières proposées présente des données excellentes. L’emploi des équations structurelles pour confirmer les barrières envisagées d’un point de vue théorique offre un soutien statistique très important et témoigne de la solidité interne de l’échelle présentée.

Le fait que les quatre dimensions donnent une explication adéquate de la variance, une échelle fiable et une validation satisfaisante de l’interprétation des données nous indique que le classement proposé des barrières à l’exportation peut être un outil d’analyse très utile pour de futures recherches. De plus, ce classement présente des similitudes, quant aux facteurs, avec d’autres essais de catégorisation des obstacles à l’exportation (Ramaswami et Yang, 1990 ; Yang, Leone et Alden, 1992).

Enfin, et en accord avec Leonidou (2000, p. 124-128), qui a analysé la taille de l’échantillon et le taux de réponse de 33 recherches précédentes sur les obstacles à l’exportation, notre étude présente un taux de réponses nettement supérieur à celui de ces recherches, d’où une marge d’erreur moindre. En d’autres termes, la fiabilité et le degré d’explication de nos données statistiques (des facteurs obtenus) peuvent être significativement plus importants que ceux de la plupart des études sur les barrières à l’exportation précédentes.

Au plan méthodologique, l’utilisation des équations structurelles pour l’obtention des facteurs n’a pas été relevée dans des recherches précédentes (Leonidou, 2000 ; Arteaga-Ortiz, 2003) et dans ce type d’articles et, par conséquent, notre travail offre une nouvelle méthodologie pour les travaux empiriques sur les barrières à l’exportation.

Concernant les barrières considérées au plan individuel, nous pouvons souligner deux autres implications universitaires. Pour ce qui est de la première, si dans la littérature existante les barrières culturelles et linguistiques sont formulées comme une seule barrière, nous justifions au plan théorique leur séparation et notre étude confirme l’existence de différences entre les deux et la nécessité de les séparer. Quant à la seconde, il s’agit de la découverte de la perception de différences entre barrières douanières et barrières non douanières – par exemple, les barrières concernant la normalisation et l’homologation du produit, ou les barrières sanitaires, phytosanitaires ou autres. Cela est particulièrement significatif dans le contexte empirique où s’est déroulée cette étude (soit sur des entreprises d’un pays de l’Union européenne dont environ 75 % de l’exportation est dirigée vers les autres pays de l’Union européenne, donc possédant une union douanière et un marché unique depuis 1992, où ces barrières devraient en principe être quasi inexistantes).

Quant à l’aire géographique où se déroule ce travail (Espagne, pays membre de l’Union européenne), elle pourrait aussi être considérée comme une contribution, étant donné que le présent travail est axé sur des PME espagnoles. Cette étude constitue l’un des très rares travaux sur les barrières à l’exportation réalisés en Espagne et les précédents se sont généralement limités à une région (Hurtado, 2003 ; Fernández-Ortiz, 2005) ou à un secteur (Suárez, 1999) et dans tous les cas avec un taux moins important de réponses et une fiabilité moindre que dans notre travail empirique. Par conséquent, c’est la première fois que l’on mène une recherche sur les barrières à l’exportation concernant des entreprises de toute l’Espagne, et qui a, de surcroît, un caractère multisectoriel.

Ainsi, la plupart des études sur les barrières à l’exportation se sont axées sur des entreprises de pays exportateurs nets, essentiellement avec des échantillons d’entreprises nord-américaines. Dans ce cas, nous avons affaire à des entreprises de tout le pays qui, en termes nets, est considéré comme « non exportateur », bien qu’il soit actuellement la huitième économie mondiale et et qu’il dépasse par conséquent des pays comme le Canada, l’Inde, le Brésil ou la Corée, selon son produit intérieur brut (PIB) et son produit national brut (PNB), selon les statistiques de la Banque mondiale (World Bank, 2007).

Quant aux implications pratiques, on a proposé et vérifié de manière empirique un ensemble limité de barrières à l’exportation susceptible d’être utilisé dans de futures études sur ce sujet, concernant par exemple la réussite de l’exportation, l’engagement à l’activité d’exportation ou des domaines similaires, avec des échantillons d’entreprises de n’importe quel pays du monde (au lieu de changer, dans chaque étude, le nombre et le concept des barrières en fonction de la région ou du secteur visé par l’étude, etc., et pour remédier à l’inexistence d’un consensus entre les tenants des différentes doctrines, ce que nous avons connu jusqu’à maintenant). Il serait donc souhaitable d’appliquer cette échelle dans diverses aires géographiques.

Les résultats de la présente étude non seulement concernent de manière indirecte les gestionnaires et responsables de l’exportation des entreprises espagnoles intéressées à démarrer ou à accroître l’activité d’exportation, mais pourraient également s’avérer utiles pour améliorer les programmes publics d’incitation à l’exportation. À cet égard, la majorité des États et régions mettent au point des mesures spécifiques afin de favoriser la présence de leurs entreprises ou de leurs produits à l’extérieur. L’efficacité et l’efficience des programmes d’incitation à l’exportation élaborés et mis en oeuvre par les administrations sont intimement liées à l’identification des entreprises visées par ces programmes (Yang, 1988) et à une bonne segmentation de celles-ci dans la mesure où les entreprises ont des besoins différents pour maîtriser les facteurs qui font obstacle à l’activité d’exportation ; cela implique un type d’aide différent en fonction de ces facteurs, étant donné que le but recherché au plan macroéconomique et microéconomique est la croissance adéquate et efficace de l’exportation. Dans ce sens, cette étude nous permet d’identifier correctement les obstacles qui ont une véritable influence sur les entreprises.

Quant aux limites de ce travail, soulignons son caractère transversal ; il est statique, étant donné l’absence d’une analyse de l’évolution temporelle des décisions sur l’activité d’exportation d’une même entreprise, montrant l’influence des variations dans la perception des barrières à l’exportation sur celle-ci.

S’agissant des analyses statistiques réalisées, il conviendrait d’élargir l’utilisation d’équations structurelles pour créer un modèle causal nous permettant d’analyser le réseau des liens entre les barrières à l’exportation et les facteurs d’entreprise tels que la performance, l’engagement à l’activité d’exportation ou les stratégies de diversification internationale.

Enfin, une dernière limite de ce travail, qui du même coup ouvre une future piste de recherche d’investigation, concerne la segmentation de l’analyse par marché exportateur. Cela permettrait de découvrir les caractéristiques de ces différents marchés. Pour ce faire, il conviendra d’avoir recours à des analyses transnationales et d’analyser cette même méthodologie dans les autres pays, afin de relever les différences et tendances générales.