Rubrique sur la mobilisation des connaissances

ViaPI© : la PI au service de la stratégie des PME[Notice]

  • Sophie Reboud

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  • Sophie Reboud
    CEREN, EA 7477, Burgundy School of Business Université Bourgogne Franche-Comté

Si on les compare aux grandes entreprises, de nombreuses PME souffrent d’un manque de ressources leur permettant d’amener une innovation jusqu’au marché ciblé. Pour pallier ce manque, les dirigeants de PME développent de façon croissante, au sein de plateformes ou de consortiums, des partenariats stratégiques avec des clients, des fournisseurs, et des acteurs complémentaires, afin d’avoir accès à des ressources essentiellement financières et technologiques. Dans ce cas, il devient particulièrement important pour une PME, dans le cadre de son management de développement de nouveaux produits, de sécuriser sa propriété intellectuelle (PI) afin de pouvoir protéger ses efforts de l’appétit de plus gros partenaires, renforçant ainsi sa compétitivité, et accroître son pouvoir de négociation en donnant une valeur financière à ses innovations. Pourtant les dépôts de titres de PI par les PME connaissent depuis quelques années une croissance certes régulière, mais lente. Dans une économie de la connaissance qui voit s’intensifier une course aux brevets entre les pays, cela peut poser un problème. Parmi les raisons avancées à la fois par les chercheurs et les praticiens pour expliquer ce manque d’intérêt, on trouve la question de la formalisation de la réflexion stratégique. En effet, le choix par une PME de la protection de sa PI, même de façon non systématique, suppose une réflexion stratégique et sa formalisation plus ou moins grande selon les outils utilisés. Or les PME sont réputées pour adopter le plus souvent une démarche informelle et intuitive en matière de stratégie, de développement d’innovation et d’outils managériaux. Travaillant sur les questions de stratégie et d’innovation des PME depuis de nombreuses années, les chercheurs ayant contribué au projet, dont il est question dans ce texte, se sont intéressés depuis longtemps à ce problème : Michel Santi, au sein de HEC Paris, Hervé Gasiglia et Sophie Reboud au sein de la Burgundy School of Business (BSB, à l’époque ESC Dijon Bourgogne) et Tim Mazzarol de l’Université de Western Australia. Cette histoire se déroule sur une quinzaine d’années, au cours d’un processus ayant permis le dialogue entre des chercheurs et des praticiens du conseil et de l’expertise, autour de la conception d’un modèle de réflexion stratégique précoce accompagnant l’élaboration puis la commercialisation d’une innovation en adaptant la protection de la PI qui lui est liée. Les premières étapes de cette histoire se situent au début des années deux mille en France lorsque l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) décide d’intensifier ses efforts envers les PME pour les sensibiliser à l’importance de la protection de leur PI. En effet, l’objectif principal de l’INPI est de promouvoir la connaissance et l’utilisation de la PI auprès des entreprises, y compris les PME, pour améliorer leur compétitivité. Or le constat fait à cette époque est que la protection de la PI est vue par les PME comme une « affaire de grands groupes ». Ceci résulte selon l’Institut en une prise en compte insuffisante, voire inexistante, de la PI par les PME (sauf si les dirigeants viennent d’un grand groupe) suggérant donc des actions de sensibilisation de sa part. Le problème c’est que les réponses proposées alors par l’INPI sont mal adaptées aux PME. En particulier, les chargés d’affaires, essentiellement juristes et ingénieurs, rencontrent des difficultés à trouver un vocabulaire et des approches partagées avec les PME. En 2002, l’Institut demande donc à Michel Santi, professeur à HEC Paris, de l’aider pour trouver un moyen de faciliter le dialogue entre les chargés d’affaires de l’INPI d’une part et les dirigeants de PME innovantes d’autre part. Pour ce faire, Michel Santi constitue une équipe d’enseignants-chercheurs spécialistes de la stratégie des PME et de l’innovation, au …

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