Intersections
Canadian Journal of Music
Revue canadienne de musique
Volume 40, numéro 1, 2020 Pour des musicologies alternatives Sous la direction de Ariane Couture
Sommaire (10 articles)
Articles
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Éditorial : Pour des musicologies alternatives
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Applying a Mad Studies Framework to Opera: Poulenc’s Dialogues des Carmélites
Colette Simonot-Maiello
p. 9–25
RésuméEN :
Multiple readings of madness are examined in Poulenc’s opera Dialogues des Carmélites (1957) through the framework of mad studies. Several layers of madness can be found in this work: individual lived experiences of madness, the history of mental illness in France during and after the French Revolution, and the cultural metaphor of hysteria as social degeneration, as articulated by Micale. Close readings of two scenes with a discussion of their musical features are included: the first prioress’s death (act 1, scene 4) and the final scene at the guillotine (act 3, scene 4).
FR :
De multiples interprétations du concept de la folie sont examinées dans l’opéra de Poulenc, Dialogues des Carmélites (1957) dans le cadre des études de la folie. La folie se retrouve à plusieurs niveaux de cette oeuvre : vécus de folie individuelles, histoire des maladies mentales en France pendant et après la Révolution française, et la métaphore culturelle de l’hystérie en tant que dégénérescence sociale, telle qu’articulée par Micale (1995). L’analyse détaillée de deux scènes sont incluses, complétées par une discussion de leurs caractéristiques musicales : la mort de la Première Prieure (acte 1, scène 4) et la scène finale à la guillotine (acte 3, scène 4).
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In Auditory Absentia: Music(ology), Modern Art, and Aesthetic Experience
Davinia Caddy
p. 27–47
RésuméEN :
Inspired by recent interdisciplinary studies of music and the visual arts, this article is broadly based on the permeable boundaries between the two that are characteristic at the fin de siècle. I concentrate on scenes of music-making depicted on two painted canvases : Pierre Puvis de Chavannes’s Le Chant du berger (1891) and Henri Matisse’s La Musique (1910). The principal aim is to suggest how these illustrations of music and musical performance, as well as critical responses to them, resonate with perspectives from some of the most prominent aesthetic and intellectual concerns of the day. An additional aim is to extend our understanding of live musical engagement, considering what it might mean to obstruct empathetic identification, deny the sensuous properties of sound, and negate aesthetic experience.
FR :
Inspiré par de récentes études interdisciplinaires sur la musique et les arts visuels, cet article s’appuie largement sur les frontières perméables entre les deux qui caractérisent la fin de siècle. En particulier, je me concentre sur des scènes de musique représentées sur deux toiles peintes: Le Chant du berger (1891) de Pierre Puvis de Chavannes et La Musique (1910) d’Henri Matisse. L’un de mes objectifs est de suggérer des façons dont ces illustrations de la musique et de la performance musicale, ainsi que les réponses critiques à celles-ci, résonnent avec les perspectives de certaines des préoccupations esthétiques et intellectuelles les plus importantes de l’époque. Un deuxième objectif est d’étendre notre compréhension de la performance musicale en direct, en considérant ce que cela pourrait signifier d’entraver l’identification empathique, de nier les propriétés sensuelles du son et l’expérience esthétique.
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Au-delà des « vagues » #moiaussi : cinq ans de mobilisation féministe en musique au Québec (2017–2022)
Vanessa Blais-Tremblay et Lysandre Champagne
p. 49–75
RésuméFR :
Cet article dresse le portrait de cinq organisations qui militent pour l’équité en musique au Québec depuis 2017 : MTL Women in Music, Femmes* en Musique, Lotus collective MTL Coop, shesaid.so MTL et le réseau DIG! Différences et inégalités de genre dans la musique au Québec. En s’inscrivant d’abord dans la longue lignée des travaux critiques en historiographie féministe, l’article rend compte de la pluralité des mobilisations féministes et ce, au-delà des « vagues » #moiaussi qui ont ponctué l’actualité musicale québécoise au cours des cinq dernières années (2017–2022). Dans la seconde partie, les autrices détaillent les travaux du réseau D!G, lancé en avril 2021 par Vanessa Blais-Tremblay, et présentent des retombées initiales prometteuses à la fois pour le milieu universitaire et pour les milieux de pratique en ce qui concerne l’épistémologie et les méthodologies de la « musicologie partenariale collaborative féministe ».
EN :
This article profiles five organizations that have been advocating for equity in Quebec music since 2017 : MTL Women in Music, Femmes* en Musique, Lotus collective MTL Coop, shesaid.so MTL and D!G Différences et inégalités de genre dans la musique au Québec. In line with a long tradition of critical work in feminist historiography, the authors first account for the diversity of feminist mobilizations in Quebec music beyond the #metoo “waves” which have received significant media attention over the past five years (2017–2022). In the second part, the authors detail the development of the D!G network, a feminist collaborative research partnership launched in April 2021 by Vanessa Blais-Tremblay, and its contributions to both Quebec’s music industry and to feminist partnership research epistemologies and methodologies.
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Working Interviews: Blending Fieldwork and Technical Work on Tour with Cirque du Soleil
Jacob Danson Faraday
p. 77–91
RésuméEN :
For Cirque du Soleil’s touring arena show Corteo, music is a central feature of every performance. In this article, I focus on Corteo’s touring sound technicians, who play an essential role in the show’s musical presentation. I discuss a methodological approach to my ethnographic research, which provides new insights into large-scale intermedia performance environments like Corteo. I theorize a masculine-gendered, stoic mode of emotional labour that is enacted through voice-to-voice remote communication during performance. Through participant observation, public intercept interviews, and what I call “working interviews”—interviews with the sound technicians that take place during performances or other operational activities—I engage directly with the technical and emotional labour practices of musical production.
FR :
Pour le spectacle itinérant du Cirque du Soleil, Corteo, la musique est au coeur de chaque représentation. Dans cet article, je me concentre sur les techniciens du son de tournée de Corteo, qui jouent un rôle essentiel dans la présentation musicale du spectacle. Je discute d’une approche méthodologique de ma recherche ethnographique, qui fournit de nouvelles perspectives sur les environnements de performance intermédia à grande échelle comme Corteo. Je théorise un mode masculin et stoïque de travail émotionnel qui est mis en oeuvre par une communication à distance voix à voix pendant la représentation. Grâce à l’observation participante, aux entretiens publics interceptés et à ce que j’appelle des « entretiens de travail » —des entretiens avec les techniciens du son qui ont lieu pendant les performances ou d’autres activités opérationnelles—je m’engage directement dans les pratiques de travail techniques et émotionnelles de la production musicale.
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La musicologie par l’art radiophonique
David Christoffel
p. 93–109
RésuméFR :
Alors que la présence de la musicologie sur les radios publiques s’est considérablement effondrée depuis une dizaine d’années, le recours à la création radiophonique pour renouveler les pratiques de médiation musicale a permis, dans le même temps, des résultats particulièrement prometteurs. En revenant sur des expériences menées dans les deux CNSMD (de Paris et de Lyon) et dans les ENS Ulm et Lyon pour l’émission indépendante Metaclassique d’une part et dans l’atelier de création radiophonique Le Labo (Radio-Télévision-Suisse) d’autre part, cette étude cherche à montrer comment la radio, mobilisée au-delà de ses réflexes journalistiques, peut être un medium privilégié pour développer un rapport sensible et autrement réflexif à l’exercice de la musicologie.
EN :
While the presence of musicology on public radio stations has considerably diminished over the last ten years, the use of radio creation to renew music mediation practices has, at the same time, produced particularly promising results. By looking back at the experiments carried out in the two CNSMDs (of Paris and Lyon) and in the ENS Ulm and Lyon for the independent program Metaclassique on the one hand, and in the radio creation workshop Le Labo (Radio-Télévision-Suisse) on the other hand, this study seeks to show how radio, mobilized beyond its journalistic reflexes, can be a privileged medium for developing a sensitive and otherwise reflexive relationship to the practice of musicology.
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What Does Musicology Have to Do With Archiving? Three Experiences of Engagement
Valentina Bertolani, You Nakai et Luisa Santacesaria
p. 111–128
RésuméEN :
Musical practices derived from post-1960s experimental music created heterogeneous musical materials and traces—including scores, preparations and instrument modifications, electronic instruments, custom-made devices, and recordings. The Romantic work concept on which most traditional musical archives are based is unsuitable to preserve this expanded apparatus of objects and concepts, and rethinking the musical archive is becoming urgent.
This colloquy collected the experiences of three researchers, engaging with five institutions, three creators, and four countries. Yet the archival issues presented are eerily similar. These experiences involve David Tudor (paper-based archive at the Getty Research Institute, Los Angeles, CA, and the David Tudor Instrument Collection at Wesleyan University, Midtown, CT); Mario Bertoncini (paper-based archive at the archive of the Akademie der Künste, Berlin, and his object collection at the moment stored at the Fondazione Isabella Scelsi, Rome); Gayle Young (who still owns all her production).
FR :
Les pratiques musicales dérivées de la musique expérimentale depuis les années 1960 ont produit des matériaux et des traces musicales hétérogènes, comprenant des partitions, des préparations et modifications d’instruments, des dispositifs personnalisées, des enregistrements. Le concept d’oeuvre sur lequel la plupart des archives musicales traditionnelles se fondent, remontant au romantisme, n’est pas adapté pour préserver ce complexe élargi d’objets et de concepts, et il est de plus en plus urgent de repenser les archives musicales.
Cette discussion rapproche les expériences de trois chercheur·e·s, qui s’intéressent à cinq institutions et trois créateur·rice·s dans quatre pays différents. Pourtant, les problèmes relatifs aux archives qu’on rencontre présentent des ressemblances troublantes. Ces expériences regardent : David Tudor (archives papier au Getty Research Institute à Los Angeles, Californie, et David Tudor Instrument Collection à la Wesleyan University à Midtown, Connecticut); Mario Bertoncini (archives papier aux archives de l’Akademie der Künste à Berlin et collection d’objets hébergée actuellement à la Fondazione Isabella Scelsi à Rome); Gayle Young (qui est toujours en possession de toute sa production).
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À la recherche d’une approche gnoséologique du phénomène musical et de son histoire
Pierre d’Houtaud
p. 129–155
RésuméFR :
Depuis l’apparition de l’enregistrement, la musique s’est enrichie d’une multitude de pratiques éclectiques inspirées par le développement de nos connaissances du phénomène musical. Avec la multiplication des transferts culturels et la reconstitution des pratiques musicales du passé, le mot même « musique », employé au singulier, paraît désormais bien étriqué pour appréhender l’ensemble des manières de penser le phénomène musical à travers le temps et l’espace.
Au sein de cette connaissance musicale protéiforme, la pensée esthétique semble avoir perdu ses lettres de noblesse et le relativisme culturel s’est imposé comme solution d’explication. Cet article cherche à reconstruire les fondements épistémologiques d’une manière de penser les phénomènes musicaux en les pensant comme processus multiples mais issus d’une appréhension unique du réel, un « rapport esthétique » avec ses théorisations et ses constructions historiographiques.
EN :
Since the emergence of recording, music has been enriched by a multitude of eclectic practices inspired by the development of our knowledge of the musical phenomenon. With the multiplication of cultural transfers and the reconstitution of musical practices of the past, the word “music” itself, used in the singular, now seems very narrow to apprehend all the ways of thinking about the musical phenomenon through time and space.
Within this protean musical knowledge, aesthetic reflection seems to have lost its legitimacy and cultural relativism has imposed itself as an explanatory solution. This article seeks to reconstruct the epistemological foundations of a way of thinking about musical phenomena as multiple processes but resulting from an unique apprehension of reality, an “aesthetic relationship” with its theorizations and historiographic constructions.