FR :
Le mouvement de la « bonne entente » (1916 - années 1930), lancé par un petit groupe d’anglophones ontariens, avait pour objectif de favoriser le dialogue entre Canadiens français et Canadiens anglais, qui faisait cruellement défaut pendant la Première Guerre mondiale, par le rapprochement entre les élites des deux groupes linguistiques. Jusqu’ici, les historiens ont surtout vu dans ce mouvement une stratégie visant à faire accepter en douce la conscription aux Canadiens français. Dans cet article, nous soutenons toutefois que la conscription n’était pas nécessairement la seule priorité, ni même la plus importante, dans l’esprit de nombreux membres anglophones. L’objectif de la Ligue de la Bonne Entente (1916) était plutôt de retrouver l’esprit d’unité et de ferveur patriotique qui avait imprégné la société canadienne — française et anglaise — au moment du déclenchement des hostilités. Après la guerre, la Ligue et les organisations qui lui ont succédé ont exigé, en coulisse, l’abrogation du Règlement XVII par le gouvernement de l’Ontario. De la Première Guerre mondiale à la crise, le mouvement de la bonne entente a prêché modération et unité dans une société très divisée. Il a contribué à rétablir le processus de rapprochement des élites et a donné naissance à un nationalisme civique canadien.
EN :
The "bonne entente" movement (1916-1930s), initiated by a small group of Ontario anglophones, began as an exercise in elite accommodation with the purpose of fostering a friendly dialogue between English-and French-speaking Canadians that was sorely lacking during the Great War years. In attempting to explain "bonne entente" within the confines of the traditional narrative, previous authors have described how the movements anglophone membership used it to soft-peddle their francophone counterparts into accepting conscription. It is argued here, however, that recruitment and conscription were not necessarily the sole nor the first priority in the minds of many anglophone members. Instead, the creators of the Bonne Entente League (1916) were initially more intent on recapturing the spirit of unity and patriotic fervour that had permeated Canadian society—French and British—at the wars outset. Indeed, the League and its successor organisations persisted into the post-war era to become a behind-the-scenes common front for the repeal of Ontario's discriminatory Régulation XVII against French-language rights. From the Great War through to the Great Depression, the "bonne entente" movement provided a voice for moderation and unity in an otherwise divided society. It helped restore the process of elite accommodation and gave rise to a civic Canadian nationalism.