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La revue Atelier de traduction est une revue semestrielle réalisée par le Centre de Recherches INTER LITTERAS de la Faculté des lettres et des sciences de la communication de l’Université Stefan cel Mare de Suceava et par les participants aux ateliers de traduction organisés sous l’égide du Service de Coopération et d’Action Culturelle auprès de l’Ambassade de France en Roumanie ; Bureau du Livre ; Centre culturel français de Iasi Bureau Europe centrale et orientale – AUF – Bucarest.

Le noyau de chaque numéro est un dossier consacré à un débat, par exemple : « Traduction et francophonie », « L’autotraduction », etc., accompagné d’autres rubriques intéressantes, telles que « Entretien », « Pratico-théories », « Vingt fois sur le métier », « Terminologies », « Comptes rendus », « Portraits de traducteurs ».

Le dossier des numéros 9 et 10 de 2008 est consacré à la traduction du langage religieux. Ce dossier s’inscrit dans un horizon oecuménique, qui engendre et multiplie les questions plutôt que de donner des réponses nettes relatives à ce carrefour entre religion, philosophie, science et littérature que représente la traduction du langage religieux.

Les discours théoriques laissent souvent la place aux exemples concrets, aux analyses textuelles, présentées la plupart du temps par des traducteurs chevronnés. On apprend donc, tour à tour, à quel point il a été difficile de traduire les auteurs roumains en français ou les auteurs français en roumain. L’implicature est vue comme un trait du texte étranger qui révèle une différence entre les deux cultures, habituellement un manque dans les connaissances du lecteur et que le traducteur doit compenser en réécrivant le texte étranger en fonction des intérêts et des capacités de compréhension de la culture d’accueil.

Les approches théoriques qui sous-tendent les articles sont variées. Notons toutefois une certaine préférence pour les approches modernistes chez les auteurs roumains – les auteurs les plus cités étant Nida et Lederer, alors que les Francophones s’inscrivent plutôt dans la lignée de Berman, Meschonnic ou Derrida. Les positionnements vont donc du traducteur archilecteur, qui voit la traduction plutôt comme une technique et pour qui le dépaysement est un échec (le frustrant « ceci n’est pas roumain »), au traducteur conscient que la forme fait partie intégrante du sens, que la traduction a une date de péremption ou qu’il faut penser une éthique de la traduction à l’ère de la mondialisation, en passant par le traducteur qui se pose la question de savoir si on devrait moderniser le texte sacré au nom de la dénotation ou bien garder le ton archaïsant, au nom de la connotation.

Les traductions étudiées voyagent entre plusieurs langues, roumain et français le plus souvent, mais aussi hébreu, arabe, russe, portugais, anglais.

Les autres rubriques s’avèrent tout aussi intéressantes ; on a ainsi l’occasion de dialoguer avec des traducteurs ou des professeurs de traduction, de revisiter les traductions françaises de grands poètes roumains, de réfléchir sur la terminologie française qui désigne la réalité confessionnelle roumaine orthodoxe, de lire le portrait du professeur Jean Delisle ou le compte rendu du très intéressant Petit dictionnaire de termes utilisés dans la théorie, la pratique et la didactique de la traduction, de Georgiana Lungu-Badea, pour ne citer que quelques exemples.

Le numéro 10 se termine par un bilan des dix numéros, et on peut y lire des messages envoyés par de grands noms de la francophonie et de la traductologie pour témoigner de l’intérêt pour la revue.

Les coquilles qui se trouvent dans les textes, dans la table des matières et surtout sur la couverture des volumes, l’absence de diacritiques roumains dans les textes de Lucian Blaga ainsi que le manque de rigueur concernant les références bibliographiques dans le cas de certains articles ne devraient pas diminuer la valeur des contributions autour de ce thème accueillant.