DocumentationComptes rendus

Chalvin, Antoine, Muller, Jean-Léon, Talviste, Katre et Vrinat-Nikolov, Marie, dir. (2019) : Histoire de la traduction littéraire en Europe médiane. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 434 p.

  • Bernd Stefanink

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  • Bernd Stefanink
    Universität Bielefeld, Bielefeld, Allemagne

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Couverture de De la paratraduction, Volume 67, numéro 3, décembre 2022, p. 497-693, Meta

Dans ce qui suit, je présenterai les intentions des auteurs, la façon dont ils les mettent à exécution et les résultats obtenus, pour me permettre, par la suite, d’offrir une vision personnelle de la façon de présenter les thèmes, en prenant le roumain comme exemple. Les auteurs se proposent de montrer le rôle joué par la traduction dans la naissance des littératures en « Europe Médiane », une aire culturelle qui est caractérisée par un certain nombre de traits communs, justifiant d’une étude commune, au cours de laquelle la traduction se révèle être « le ferment d’une culture et d’une identité européennes communes » (p. 7). Ce n’est pas la première fois qu’on est frappé par la similitude des traits culturels et linguistiques qui caractérisent ce que Sandfeld (1930) a appelé « union linguistique balkanique ». Cette fois cependant, l’ouvrage traite d’un nombre de langues bien plus étendu, examinées sous l’angle des zones d’influence que représentaient, d’une part, l’Europe occidentale, d’autre part, la Russie. De même, le champ d’investigation est élargi aux différents aspects de l’action traduisante, dépassant l’influence directe des oeuvres traduites, pour thématiser également le rôle de la traduction dans l’introduction de nouveaux genres littéraires et pour montrer l’évolution du statut du traducteur dans la société à travers les siècles : dans les premiers temps, il n’était pas professionnel, mais homme d’Église, puis homme de lettres (avec souvent une visée politique), pour ensuite se professionnaliser avec une tendance à la féminisation croissante de la profession. On remarque aussi l’évolution de la langue vulgaire, accessible à un public de plus en plus large avec la création d’écoles en langues nationales et la création de journaux susceptibles d’offrir un support facilement accessible aux traductions de romans-feuilletons. Les auteurs nous montrent comment le flux de traductions, allant de façon privilégiée de l’Europe occidentale vers l’Europe médiane, a contribué à la création d’une identité européenne. Outre cette influence directe, exercée par certaines oeuvres, et l’introduction de nouveaux genres littéraires, on peut également observer le rôle joué par les traductions dans la constitution et le développement des différentes langues cibles de l’Europe médiane. Ceci vaut de façon exemplaire pour la Roumanie avec le passage de l’alphabet cyrillique au latin, ainsi qu’avec le renouvellement latinisant du vocabulaire face aux velléités de mainmise politique de la Russie après le traité d’Andrinople. Si les auteurs (à mon sens) n’ont pas su suffisamment tirer profit de l’exemple convaincant du rôle joué par la traduction dans la constitution d’une identité nationale, de couleur européenne, fourni par la Roumanie, ils ont, par contre, attiré l’attention sur un autre exemple frappant, tel que nous le trouvons en Estonie. L’impératif auquel obéissaient tous ces efforts linguistiques était le besoin d’unification face aux particularismes locaux, qui, en Estonie, pouvait aller jusqu’à traiter la langue nationale comme étant « corrompue » lorsqu’elle ne correspondait pas aux normes de la langue écrite. Ces textes faisaient incontestablement figure d’autorité suprême, de même que les textes des cantiques, qui, ne l’oublions pas, sont partie intégrante de base dans le déroulement du culte. Pour l’estonien, cette mainmise sur la langue estonienne au profit d’une norme écrite, sous l’influence de l’allemand et par le biais de la traduction, ne s’est pas limitée à la première phase, dominée par les textes religieux, mais a perduré jusqu’au début du 20e siècle. Lors de la troisième phase, on a finalement commencé à éradiquer certains germanismes. Les auteurs distinguent en effet quatre phases dans l’évolution de l’activité traduisante. Ces phases diffèrent autant par le genre des ouvrages traduits que par les supports utilisés, par la conception de la traduction par rapport …

Parties annexes