FR :
À travers quelques éléments historiques liés au champ des études sur les hommes, et à partir des travaux de recherche réalisés par l'auteur au cours de ces dix dernières années, l'article interroge les cadres problématique et méthodologique qui nous permettent de réaliser des études dans des équipes mixtes en hommes et femmes, tout en questionnant l'androcentrisme de la sociologie, et des sociologues eux-mêmes. Dans une première partie sont analysés les processus, parfois compliqués, par lesquels ont émergé en France des travaux proféministes. Puis, à partir du constat de la fréquente asymétrie des objets traités par les hommes proféministes et par les femmes sociologues féministes, et des questions qui traversent le champ des rapports sociaux de sexe en construction, l'article propose une discussion sur la méthode. Plus exactement, à travers l'exemple d'une recherche récente sur l'échangisme, l'auteur, qui se réclame de l'antisexisme, expose ses propres difficultés concrètes rencontrées sur le terrain de la recherche pour ne plus être pris dans l'androcentrisme, et accepter, valider et en définitive intégrer les vécus et analyses critiques proposés par ses collègues, femmes et féministes. En conclusion, l'article identifie les outils et les principes méthodologiques qui permettraient de mettre en place des débats prenant en compte la problématique des rapports sociaux de sexe dans les équipes mixtes d'hommes et de femmes.
EN :
Through historical elements from the field of men studies, and on the basis of the researches the author has been carrying out for ten years, the article examines the problematics and methodological framework that enable us to carry out studies in mixed teams of women and men, while investigating the androcentrism of sociology and sociologists themselves. In the first part, the often intricate processes through which profeminist research work has emerged in France are analysed. Then, looking at the frequent asymmetry of the subjects treated by profeminist men and feminist (women) sociologists, and considering the current issues in the field under construction of social relations between men and women, the article proposes a discussion on methodology. More accurately, through the example of a recent study on partner-swapping, the author, who claims antisexist principles, explains the concrete difficulties he had in fieldwork to break with androcentrism, and to accept, validate and eventually integrate the experiences and critical analyses of his feminist women colleagues. In conclusion, the article examines the methodological tools and principles that would enable us to set up debates taking into account the problematics of social relations between women and men in research teams.