FR :
Si la « néoruralité » est aujourd’hui un phénomène largement répandu, son interprétation sociologique demeure incomplète. Malgré l’étendue des territoires concernés et l’ampleur des changements sociodémographiques en cause, les travaux au Québec sur ce sujet font défaut. Sans prétendre dresser un portrait exhaustif du phénomène, notre étude vise trois objectifs : cerner les motifs de migration des néoruraux, déceler les attributs du rural qu’ils valorisent et décrire les usages de la campagne qu’ils privilégient. Quoique présentant des profils hétérogènes, les migrants rencontrés expriment certaines motivations convergentes. En s’établissant dans Havelock (Haut-Saint-Laurent), ils ont choisi une campagne « vivante ». Attirés par les espaces verts propices aux activités de plein air, ils ont quitté la ville afin d’agrandir leur espace domestique. Les expressions qu’ils utilisent pour qualifier leur propriété et l’usage qu’ils en font attestent de la vocation plurielle du rural. Lieu de réminiscence, d’isolement et d’expérimentation, la campagne des néoruraux se révèle a priori différente de celle des « locaux ». En règle générale, ces nouveaux résidants se gardent notamment d’effectuer des ponctions sur les ressources naturelles locales.
EN :
While “neoruralism” is a fairly widespread phenomenon nowadays, it has not yet been fully interpreted from a sociological viewpoint. Despite the vast areas of land involved and the scale of the socio-demographic changes in question, there is a shortage of research on this topic in Québec. Without claiming to present an exhaustive portrait of the phenomenon, this paper pursues three goals : to identify the motivation factors of migration among neorural folk, to identify the features of the rural setting that they value, and to describe the uses of rural land that they prefer. Although there is some diversity among the profiles presented, there are some common features to the motivations expressed by these migrants. Those settling in Havelock (Haut-Saint-Laurent) have chosen a countryside with a “life-focus”. Attracted to green spaces suitable for outdoor activities, they have left the city in order to widen their domestic space. The expressions through which they describe their property and the use that they make of it confirm the multiple vocation of the rural sphere : a place for reminiscence, to be alone, to experiment, the countryside of the neorural folk appears a priori to be different from that of the local inhabitants. As a general rule, these new residents tend not to exploit the local natural resources.