Volume 25, numéro 3, 2012
Sommaire (7 articles)
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Composition minérale des biofilms épiphytiques développés sur l’espèce Phalaris arundinacea et des substrats artificiels de bambous
Frédéric De Nardi et Maxime Pontié
p. 185–201
Résumé Les éléments minéraux contenus dans les eaux jouent un rôle important dans la croissance et la structure des biofilms élaborés en eaux douces. De plus, les concentrations en minéraux contenus dans les biofilms dépendent de leurs concentrations dans les eaux et sont susceptibles d'évoluer. Ces éléments minéraux peuvent être assimilés par les algues et les microorganismes présents dans les biofilms. C’est pourquoi l'étude a porté sur la répartition et le temps d'incorporation des principaux minéraux retrouvés au sein d'un biofilm épiphytique élaboré en eau douce anthropisée. Deux types de supports à biofilms ont été sélectionnés, dont Phalaris arundinaceae (baldingères) qui est très répandue au sein de notre zone d’étude, et des substrats artificiels de bambous plantés afin de connaître l’âge du biofilm. Les principaux paramètres physico-chimiques des eaux ont été suivis au cours du temps (de mars à juillet 2007) au sein de trois stations situées sur le bassin versant du Ribou (Cholet, France) notées TR, ZB et AV. Les résultats de l’étude ont révélé que les éléments chimiques majoritairement retrouvés sont le Si, le Fe, le Mn, l'Al, et dans une moindre mesure, le K, le Na, le Mg, le S, le P, et le Ca dont les proportions sont variables selon les biofilms et le temps de colonisation. La présence de Si est toujours majoritaire dans les biofilms étudiés (40 - 80 %) grâce à la présence de diatomées. Certains éléments comme le Fe, le P, le Ca, le K sont présents sur l'ensemble de la surface colonisée puisque toutes les cellules bactériennes ou algales contiennent ces éléments. Enfin, des relations entre les paramètres physico-chimiques et biologiques dans les eaux et les biofilms ont été mises en évidence par Analyses en Composantes Principales (ACP), notamment les concentrations en Fe dans les eaux et les proportions atomiques dans les biofilms en période estivale. Cette étude a apporté de nouvelles données de terrain sur la dynamique de fonctionnement entre les eaux et les biofilms.
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Bio-écologie des diatomées épilithiques de la rivière Mfoundi (Yaoundé, Cameroun) : diversité, distribution spatiale et influence des pollutions organiques
Daniel Ébang Menye, Serge Hubert Zébazé Togouet, Samuel Foto Menbohan, Norbert Kemka, Moïse Nola, Claude Boutin, Victor François Nguetsop, Moussa Djaouda et Thomas Njiné
p. 203–218
Résumé Sont considérés dans cette étude, l’impact des rejets polluants d’origines urbaine et industrielle sur la qualité des eaux du Mfoundi, l’abondance, la richesse spécifique et la structure des communautés diatomiques qui peuplent ce cours d’eau. Le calcul du pourcentage de taxons tolérants à la pollution organique a permis d’évaluer la réponse de ces algues à l’enrichissement du milieu en matières organiques. Les analyses physico-chimiques des eaux mettent en évidence l’existence d’un gradient de pollution croissant de l’amont à l’aval de la rivière. Le cours supérieur présente des eaux turbides avec des teneurs élevées de matières en suspension. Les cours moyen et inférieur sont fortement contaminés par les matières organiques qu’apportent les eaux usées domestiques et les effluents industriels qu’ils reçoivent. Au total, 237 taxons de diatomées épilithiques, majoritairement cosmopolites, appartenant à 39 genres répartis dans 25 familles, ont été inventoriés. Le développement dans le cours supérieur du Mfoundi de taxons tels que Gomphonema parvulum (Kützing) Kützing et variétés, Gomphonema gracile Ehrenberg et Navicula radiosa Kützing, est associé essentiellement à la turbidité des eaux de ce tronçon. La distribution de Nitzschia palea (Kützing) W. Smith, Navicula geoppertiana (Bleisch) Grunow, Navicula mutica Kützing et Pinnularia subcapitata Gregory dans les cours moyen et inférieur est étroitement liée à la charge organique et la forte minéralisation des eaux. N. palea est l’espèce la plus abondante dans les stations Mf5 (66 %) et Mf6 (53 %), indiquant une importante pollution organique de ces sites sous l’effet des rejets des industries brassicoles et vinicoles opérant dans leur voisinage. La variation spatiale de la diversité spécifique n’a pas souligné toute l’ampleur de l’altération de la qualité des eaux; toutefois, l’analyse du pourcentage de taxons polluo-tolérants révèle que les apports graduels en nutriments et en matières organiques dans les cours moyen et inférieur contribuent à l’eutrophisation progressive de ces secteurs. Il est montré que les diatomées épilithiques sont sensibles à la variation de la qualité de l’eau du Mfoundi, et peuvent être utilisées comme bioindicateurs de l’état de santé des cours d’eau urbains du Cameroun.
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Étude expérimentale de l’évolution en microcosme du chrome (VI) dans l’eau de mer et de ses effets sur la macrofaune et les bactéries indigènes de la Lagune de Bizerte (Tunisie)
Meriem Ben Khelil, Olfa Ben Said, Rachid Nefzi, Jamel Ben Abdelmalek et Patricia Aïss
p. 221–234
Résumé La présente étude vise à comparer au laboratoire l’impact biologique du chrome hexavalent (Cr (VI)) présent dans le ciment non déchromé, et celui du chrome présent dans le ciment déchromé en considérant deux échelons trophiques de la lagune de Bizerte : les bactéries indigènes et la macrofaune représentée par la palourde Ruditapes decussatus.Dans deux types de microcosmes, l’un contenant de l’eau de mer seulement et l’autre contenant de l’eau de mer et du sédiment, la palourde européenne Ruditapes decussatus a été introduite à raison de 20 individus par aquarium. Quatre types d’aquarium ont été mis en place : un témoin (T), un aquarium contaminé par du ciment non déchromé (0,16 mg•L-1 de Cr (VI)), un contaminé par du ciment déchromé (0,05 mg•L-1 de Cr (VI)) et un contaminé par le dichromate de potassium (0,16 mg•L-1 de Cr (VI)). Deux replicats ont été réalisés pour chaque type de microcosme.La concentration du Cr (VI) dans l’eau a été mesurée par un dosage colorimétrique au début et après 96 heures d’expérimentation. La quantification des bactéries hétérotrophes a été évaluée par la méthode du Nombre le Plus Probable.Environ 80 % de la quantité du Cr (VI) présente dans le milieu ont été piégés dans les sédiments. Les ciments déchromés et non déchromés ont provoqué 100 % de mortalité chez les palourdes au bout de trois jours. Cependant, il n’a été observé que 40 % de mortalité dans le microcosme contaminé par le K2Cr2O7. Une diminution de la charge bactérienne totale a été observée au niveau des sédiments pour tous les traitements.On peut dire que la présence du sédiment a entraîné la diminution de la teneur du Cr (VI) dans l’eau et que malgré le déchromage du ciment, les deux types de ciment présentent un effet négatif sur les palourdes et les bactéries indigènes qui est plus marqué pour le ciment non déchromé.
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Méthodologie d’identification des ouvrages existants et des sites potentiels pour les jessour
Fethi Abdelli, et
p. 237–254
Résumé Les techniques de conservation des eaux et du sol, comme la construction et la sauvegarde des jessour dans le sud de la Tunisie, ont connu une évolution importante pendant les années quatre-vingts (jessour est une ancienne technique de récolte des eaux de ruissellement largement pratiquée dans les hauts plateaux arides de la région sud-est de la Tunisie, en particulier dans la chaîne montagneuse de Matmata). Cependant, en raison de la taille réduite de ces aménagements et l’accès restreint à leur emplacement, leurs inventaires et suivis restent toujours très difficiles. C’est pourquoi la mise en place d’une méthodologie, basée sur l’utilisation des outils géomatiques permettant l’identification des ouvrages existants et de sites potentiels où de nouveaux petits aménagements, pourrait s’avérer très utile.Conçue dans un système d’information géographique (SIG), cette méthodologie se base sur un nombre limité de données numériques : un modèle numérique de terrain (MNT) et une image satellite disponible gratuitement dans Google Earth©. Les étapes d’analyse et de calculs ont été automatisées afin de couvrir de grandes régions. Le calibrage s’est effectué dans le bassin versant d’oued Jir (Matmata, Tunisie) alors que la validation s’est effectuée dans le bassin versant d’oued Hallouf (Médenine, Tunisie).L’application de la méthodologie proposée a permis de repérer 94 % des jessour effectivement existants dans le bassin versant d’oued Jir et 87 % de ceux existants dans l’oued Hallouf. Les pourcentages sont relativement importants. Ces erreurs de 6 % et 13 % sont acceptables considérant que le but de la méthodologie proposée est d’orienter les personnes concernées par l’aménagement des jessour vers les zones potentielles et non pas d’en choisir l’emplacement final.
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Origine de la salinité des eaux du bassin Chougafiya (Tunisie)
Intissar Farid, Kamel Zouari et Abderrahmen Kallali
p. 255–274
Résumé L’exploitation intensive des ressources en eaux souterraines du bassin Chougafiya a largement influencé le fonctionnement hydrodynamique de la nappe phréatique. Elle a provoqué une inversion du gradient hydraulique et une invasion des eaux minéralisées en provenance de la nappe du Sabkhas El Batten. Afin de mettre en évidence l’effet de cette intrusion salée sur l’hydrodynamisme de la nappe phréatique, une étude multidisciplinaire basée sur les méthodes de l’hydrogéologie et la géochimie a été menée.L’étude hydrochimique a montré que le faciès des eaux évolue entre un pôle chloruré sulfaté calcique et chloruré sodique. Les principaux phénomènes géochimiques intervenant dans l’acquisition de la charge saline sont liés à l'interaction eau-roche (dissolution des minéraux évaporitiques) et à l'échange cationique. Cependant, la composition chimique des eaux minéralisées situées dans les parties centrale et méridionale du bassin d'étude est nettement influencée par un processus de mélange avec l'eau de la nappe du Sabkhas.Le traçage naturel des eaux au moyen des isotopes stables (18O, 2H) a permis d’identifier des eaux d’origine météorique et à caractère non évaporé, tandis que les eaux à caractère évaporé s’alignent selon une droite de mélange avec l’eau souterraine de la Sabkhas. L’évolution des teneurs en 3H et 14C témoigne d’une forte contribution des eaux récentes à la recharge de la nappe phréatique dans les secteurs nord et ouest, alors que les faibles activités enregistrées au centre et à l’est de la plaine reflètent la présence d’une lithologie peu perméable. L’étude des isotopes du carbone a permis de comprendre le schéma du fonctionnement de la nappe étudiée et d’estimer le temps de séjour des eaux. D’ailleurs, les âges calculés varient de l’actuel jusqu’à 7 814 ans BP. L’enrichissement isotopique en carbone-13 qui apparaît au fil de l’écoulement est révélateur de phénomènes d’échanges isotopiques avec la matrice carbonatée de l’aquifère.
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Étude de la contamination par les éléments traces métalliques des sédiments cotiers au niveau des points d’évacuation des eaux usées à Dakar (Sénégal)
Cheikh Diop, Dorothée Dewaele, Aminata Toure, Mathilde Cabral, Fabrice Cazier, Mamadou Fall, Baghdad Ouddane et Amadou Diouf
p. 277–285
Résumé Les écosystèmes marins côtiers sont des milieux de plus en plus affectés par l’activité humaine à cause des rejets urbains et l’utilisation de l’océan comme dépotoir pouvant mener à de hauts niveaux de pollution. L’objectif de cette étude était de déterminer les profils de concentration en éléments traces métalliques (Cd, Cr, Cu, Co, Ni, Pb et Zn) des sédiments dans des zones présumées être contaminées par les rejets des eaux usées à Dakar et d’évaluer leur qualité. Pour ce faire, des échantillons de sédiments ont été prélevés au niveau de cinq points d’évacuation des eaux usées vers la mer à Dakar (Sénégal). Les résultats montrent des caractéristiques géochimiques (granulométrie, alcalinité, teneur en carbone organique et en soufre) comparables. L’évaluation de la qualité des sédiments a été effectuée par le calcul de divers indices. Un enrichissement important des sédiments en cadmium et en plomb a surtout été noté. L’Indice de Pollution Sédimentaire (IPS), qui estime le degré de contamination d’un site en fonction de la toxicité relative de chaque métal considéré, fait état d’une forte pollution, voire même d’une dangerosité des sédiments étudiés. En effet, le cadmium et le plomb, présents en fortes teneurs dans les sites, contribuent respectivement à l’ordre de 94 % et 5 % à la dangerosité potentielle des sédiments (selon le classement de l’indice de pollution sédimentaire) alors que le zinc, le cuivre, le nickel et le chrome, également présents en fortes concentrations, ne représentent que 1 % de la pollution globale. Des corrélations positives élevées et modérées sont observées entre Pb/Cd, Pb/Co, Cr/Cu, Cr/Zn, Cr/Fe, Cr/Mn, Cu/Ni, Cu/Fe, Cu/Mn et Zn/Mn, indiquant leurs sources communes possibles à partir des activités industrielles et/ou urbaines ainsi que des comportements comparables dans le sédiment.
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Comparaison des systèmes d’agitation par diffuseur d’air et roue à aube dans un chenal algal à haut rendement
Said Nacir, Fouad Zouhir, Naila Ouazzani, Hugues Jupsin, Jean-Luc Vasel et Laila Mandi
p. 287–299
Résumé La technique d'épuration des eaux usées par chenal algal à haut rendement se distingue du lagunage traditionnel par un temps de séjour plus court, une faible profondeur, et une agitation mécanique constante. Cette agitation peut se faire soit par un jet d’eau, une roue à aube, ou encore un diffuseur d’air (air lift).Une comparaison du comportement hydrodynamique entre deux systèmes d’agitation les plus souvent utilisés pour des installations de traitement des eaux usées de type chenal algal à haut rendement (diffuseur d’air et roue à aube) est proposée. La puissance énergétique consommée par ces deux systèmes d’agitation est comparée par rapport à des vitesses de circulation de l’effluent usuellement rencontrées dans ce type de filière de traitement des eaux usées. Les performances épuratoires relatives des deux systèmes sont aussi analysées.Les résultats obtenus ont montré qu’en matière de consommation énergétique, le diffuseur d’air semble trois à cinq fois plus économique que la roue à aube. Cet avantage est confirmé aussi sur le plan des performances épuratoires puisqu’on a observé une meilleure élimination de l’azote total (NTK) et du phosphore en utilisant le système de diffusion d’air.Les résultats de ce travail montrent qu’un bon fonctionnement du chenal algal peut être obtenu en utilisant le diffuseur d’air comme système d’agitation.