Résumés
Résumé
Le discours rapporté pose dans la syntaxe du français parlé au Congo le problème de l’insertion dans un discours citant contenant un verbe de parole ou un verbe de connaissance d’un second discours, le discours cité sans opérer les modifications requises par le français standard, à savoir celles des embrayeurs, des déictiques, des temps verbaux et de la modalisation. Nous nous proposons d’examiner la question du DR d’un point de vue purement descriptif à partir d’un corpus oral afin de tester l’hypothèse d’une variabilité du FPC du point de vue des mécanismes langagiers et grammaticaux utilisés. Nous nous limiterons à un échantillon de situations et de « genres » de prise de parole. Plus globalement, nous nous interrogerons sur l’existence d’une norme endogène congolaise spécifique, différente à la fois de la norme de référence et de celles des autres variétés du français en Afrique en voie de standardisation.
Abstract
In the syntax of oral Congolese French, reported speech raises the question of inserting quoted discourse, without making the grammatical adjustments required by standard French, namely using shifters, deictic words, verbal tenses and modals, into quoting discourse that contains a speech verb or a knowledge verb from a second discourse. Using a purely descriptive framework, we examine reported speech taken from an oral corpus in order to test the hypothesis of the variability of oral French in the Congo from the point of view of the language and grammatical mechanisms used by speakers. We restrict our scope to a sample of situations and types of language acts. In broad terms, we question whether there is a specific endogenous Congolese norm that is both different from the reference norm and from the norm of other varieties of French in Africa that are in the process of being standardised.
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Parties annexes
Notes
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[1]
Je tiens à remercier Ambroise Queffélec, mon directeur de thèse, pour ses observations sur la présente version.
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Nous entendons par discours rapporté (DR), le discours direct (DD) et le discours indirect (DI).
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Selon Ambroise Queffélec etal. (1997 : 64-65) « véhiculée par des locuteurs qui sont statistiquement très largement majoritaires chez les francophones, cette variété [mésolectale], plus permissive, en développement et en voie de stabilisation, tend à devenir la norme endogène du français ».
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[4]
Nous comparerons nos observations avec celles de Magali Italia (2003) pour le Gabon, d’Anne Dagnac (1996) pour le Mali et la Côte d’Ivoire, de Gisèle-Prignitz Carriere pour le Burkina Faso (1997), d’Ambroise Queffélec pour le Cameroun (2006).
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[5]
Le premier chiffre renvoie à la page du corpus, le deuxième à la ligne.
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[6]
Conformément aux conventions de transcription du GARS, le tiret indique une pause.
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[7]
C’est ici l’occasion d’affirmer avec Mikhael Bakhtine ([1929] 1977 : 161) : « Le discours rapporté, c’est le discours dans le discours, l’énonciation dans l’énonciation, mais c’est en même temps, un discours sur le discours, une énonciation sur l’énonciation ».
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[8]
Il n’y a pas lieu d’appliquer la règle d’accord du participe passé, puisqu’il s’agit d’une glose.
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[9]
Cette construction est typique en français au Congo. Soit il y a postposition de la forme en interrogation indirecte, ce qui « semble passer pour une élégance de style » (Queffélec 2006 : 278), soit il y a l’emploi du morphème est-ce que/qui après un verbe à valeur interrogative.
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[10]
Ulla Tuomarla (2000) précise dans une note infrapaginale, qu’à l’oral, la présence d’un morphème vocalique de jonction « oh, ah » ou d’un connecteur pragmatique « bon, ben, allez, oh là » suffit à marquer la transition entre le verbe locutoire et l’énoncé rapporté. Par exemple : ils se sont dit bon ben cette dame est bonne à faire hein (De Gaulmyn 1989 : 26). Précisons à la suite de Sihvonen-Hautecoeur (1993) que les particules énonciatives, ainsi que les interjections et les vocaliques utilisés pour cette fonction, sont des éléments qui se situent quelque part entre la formule d’introduction et le DD, dans une zone de passage floue et imprécise à l’oral.
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