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Entrevue avec Pierre Bellerose, vice-président, Relations publiques, accueil, recherche et développement de produit, Tourisme MontréalDans les coulisses de la science[Notice]

  • Teressa Hernandez-Truesdell

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  • Teressa Hernandez-Truesdell
    Diplômée de la maîtrise en développement du tourisme, ESG UQAM; teressaht@gmail.com

Teressa Hernandez-Truesdell : Pouvez-vous nous parler un peu de Tourisme Montréal, son histoire, son rôle et sa mission ? De ce que j’ai lu dans les archives (aujourd’hui déposées aux Archives nationales du Québec), Tourisme Montréal était une organisation très efficace et dynamique jusqu’en 1961. Deux événements importants se sont produits cette année-là. Il s’agissait dans un premier temps de la Révolution tranquille au Québec, mais aussi de la confirmation de la réception de l’Expo 67. Tourisme Montréal était à ses débuts une organisation anglophone et privée. À la même époque, le maire Jean Drapeau souhaitait avoir un office du tourisme public et francophone et a donc créé une organisation parallèle pour s’occuper de la promotion du tourisme d’agrément et de l’accueil, laissant le soin à Tourisme Montréal de solliciter et de coordonner la venue de congrès et des voyageurs en groupe. Cette séparation des tâches dans l’administration du milieu touristique a perduré jusqu’en 1989. Aujourd’hui, la mission première de Tourisme Montréal est de faire la promotion du Montréal touristique sur les marchés de voyages d’agrément et d’affaires, de développer l’accueil des touristes et de mettre en place des stratégies pour améliorer l’offre du produit touristique montréalais. THT : Tourisme Montréal est de fait un des plus anciens OGD (organismes de gestion de destination) en Amérique du Nord. Pensez-vous que sa mission a changé durant les dernières décennies, ou est-elle appelée à changer au cours des prochaines années ? Encore aujourd’hui, Tourisme Montréal est appelé à changer. La problématique de l’Office de tourisme de Montréal est que nous sommes une organisation monopolistique. Avec la taxe hôtelière, nous avons un revenu substantiel assuré. Nous sommes donc dans une situation particulière où nous n’avons aucun concurrent direct sur l’île. La difficulté est en fait de trouver de nouvelles stratégies efficaces pour attirer les touristes. L’arrivée du Web dans l’équation n’a pas tout de suite changé la situation monopolistique de Tourisme Montréal. Notre site Web a été parmi les premières plateformes en ligne créées par un office du tourisme au monde, et ce, même avant New York. À cette époque, nous faisions beaucoup de conférences sur le sujet afin d’expliquer comment développer ce genre d’outil. Nous restions néanmoins les seuls à faire la promotion de la destination montréalaise. Le vrai changement est arrivé avec l’apparition des réseaux sociaux qui a donné la possibilité à davantage de personnes de pouvoir parler de Montréal. L’organisation a donc perdu une partie de son pouvoir monopolistique aux mains des multiples utilisateurs des réseaux sociaux. Le partage d’expériences et de photos par le biais des blogues et des plateformes sociales ne permet plus à Tourisme Montréal de contrôler les messages se rapportant à la destination, qui peuvent désormais être porteurs d’une impression positive ou négative, selon l’auteur. Afin de suivre ce changement, Tourisme Montréal a créé le hashtag MTLmoment (#MTLmoment) dans le but de fédérer et de regrouper les différents messages. Dans ce cas, la problématique pour le Département de marketing est qu’il ne doit plus simplement se concentrer sur la promotion d’une image de marque, car la voix de Tourisme Montréal est maintenant relative comparativement à l’ensemble du bruit qui parle de nous sur le Web. La nature du marketing est en train de changer et se concentre aujourd’hui davantage sur le contenu, les banques de données et les projets fédérateurs. Un autre changement notable qui se remarque depuis les dernières années est que la très grande majorité des touristes ont en leur possession un téléphone intelligent lors de leur séjour. Sur place, ils peuvent désormais commenter et partager instantanément leurs expériences, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. …