Résumés
Résumé
Près de 10 000 tonnes de produits phytosanitaires (soit 8% de la consommation nationale) sont répandus chaque année dans les jardins des particuliers en France. Si de nombreuses recherches se sont intéressées (et s’intéressent encore) aux usages agricoles des pesticides et à leurs impacts sanitaires et environnementaux, il s’avère, important d’interroger les usages domestiques et notamment ceux des jardiniers amateurs pour plusieurs raisons: la faible superficie d’application, les types de surfaces traitées, et les pratiques et conditions d’utilisation génèrent des risques de pollution et des risques sanitaires au même titre que les usages agricoles. Par ailleurs, ces usages des pesticides pour l’entretien du jardin interpellent particulièrement dans un contexte marqué par une forte stigmatisation de ces substances et une conscientisation grandissante à l’égard des problèmes qu’elles soulèvent.
Mais à qui incombe la responsabilité de prévenir ces risques intervenant dans la sphère privée? Aux pouvoirs publics qui devraient légiférer pour limiter voire interdire la vente et l’usage? Aux fabricants qui devraient mettre sur le marché des produits plus « doux »? Aux distributeurs qui devraient délivrer des conseils de qualité ou mettre sous clé les substances les plus préoccupantes? Aux jardiniers eux-mêmes qui devraient raisonner leurs utilisations et se soucier de leurs conséquences?
En posant comme toile de fond de notre analyse, une société où l’individu occupe une place centrale et où l'injonction à une responsabilité individuelle semble de plus en plus marquée, notamment dans le domaine de l'environnement, notre communication s’attachera à discuter, à travers un objet de recherche original, cette notion de responsabilité et l’hypothèse de son usage nouveau par l'autorité publique qui donnerait à voir une façon nouvelle de gouverner, davantage orientée qu’auparavant vers une autorégulation individuelle des problèmes d’environnement.
Mots-clés :
- Jardinage,
- usages non agricoles des pesticides,
- impacts sanitaires et environnementaux des pesticides,
- politiques publiques,
- gouvernementalité,
- responsabilité individuelle
Abstract
About 10000 tons of phytosanitary products (8 % of the national consumption) are spread every year in the gardens of the private individuals in France. If numerous researches were interested (and are still interested) in the agricultural manners of pesticides and in their sanitary and environmental impacts, it turns out important to question domestic uses in particular those of the amateur gardeners for several reasons: the weak surface of application, the types of treated surfaces, and the practices and the conditions of use, generate risks of pollution and sanitary risks in the same way as the agricultural manners. Besides, these manners of pesticides for the maintenance of the garden call particularly in a context marked by a strong stigmatization of these substances and a growing awareness towards the problems which they raise.
But to whom falls the responsibility for preventing these risks occurring in the private sphere? To the authorities which should legislate to limit even to forbid the sale and the use? To the manufacturers who should launch on the market products more "soft"? To the distributors who should deliver quality advice or to put under key the most worrisome substances? To the gardeners who should reason with their uses and to care about their consequences?
By resting as backcloth of our analysis, a society where the individual occupies a central place and where the order in an individual responsibility seems more and more marked, in particular in the environment domain, our communication will attempt to discuss, through an original research object, this notion of responsibility and the hypothesis of its new custom by the public authority which would give to see a new way of governing, more directed than previously to an individual autoregulation of the problems of environment.
Keywords:
- Not agricultural uses of pesticides,
- gardening,
- sanitary and environmental impacts of pesticides,
- environmental public policies,
- individual responsibility
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Parties annexes
Remerciements
Le travail d’enquête réalisé en France a été cofinancée par le Ministère français de l’Écologie dans le cadre de son programme « Évaluation et réduction des risques liés à l'utilisation des pesticides 2006-2009», l’Agence de l’eau Adour-Garonne et la Région Midi-Pyrénées et dirigé par Denis Salles (PR de sociologie et chercheur au CEMAGREF).
Notes
-
[1]
La recherche s’est aussi intéressée aux prescripteurs de pratiques de jardinage (industriels fabricants de produits pour le jardin, vendeurs et responsables de jardineries, journalistes et rédacteurs en chef de magazines spécialisé jardin, associations de jardinage), mais les résultats spécifiques à cette population d’enquête feront l’objet de publications ultérieures.
-
[2]
Ce volume doit toutefois être rapporté à la surface et aux productions agricoles. La France est aussi le premier utilisateur de produits phytosanitaires parce qu'elle est le premier producteur agricole européen (21,7 % de la production totale de l'Union européenne), le premier producteur de maïs, très gros consommateur d'herbicide (42,7% de la production totale européenne), et qu'elle dispose de la plus grande surface agricole utilisée -SAU- : 28,4 millions d'hectares, soit 22 % de la SAU totale). Rapportée à l'hectare, la France est dans une position moyenne.
-
[3]
Source : « Programme d’évaluation et de réduction des risques liés à l’utilisation des pesticides », Ministère de l’Ecologie et du développement Durable, 2006.
-
[4]
http://agriculture.gouv.fr/sections/magazine/focus/phyto-2018-plan-pour
-
[5]
Par exemple le glyphosate présent dans le Roundup, 1er herbicide vendu dans le monde.
-
[6]
Foucault utilisait l’expression synonyme « art de gouverner » qui vient remplacer, dans le contexte spécifique de sa réflexion sur l’État, la notion de pouvoir, et à travers laquelle il cherche à faire entendre la singularité du type de pouvoir occidental de la modernité (Karsenti, 2005)
-
[7]
Cette phase comparative de la recherche Phytoville fera l’objet de publications ultérieures.
-
[8]
http://www.mddep.gouv.qc.ca/pesticides/permis/index.htm#classification
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