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Résumé
L'oeuvre de Gauvreau, saisie comme signe, est définie dans une perspective peircéenne. D'entrée de jeu, l'auteur affirme que Claude Gauvreau a rencontré sa folie, qu'il a constamment traversé, dans les deux sens, la frontière qui sépare le monde de la dite normalité de celui de l'immersion incontrôlée dans les fantasmes. À l'image de Nelligan, il a laissé sa folie transparaître dans le texte; pourtant, il est allé beaucoup plus loin, jusqu'à déconstruire la langue pour arriver à ce point utopique où le matériau langagier serait absolument isomorphe aux contenus de l'inconscient. Cette expérience avait tous les traits d'une autcpsychanalyse, c'est-à-dire d'une exploration de soi où manquait cruellement la présence de /'Autre. Dans la seconde partie de sa vie de création, Gauvreau inversa le mécanisme: il écrivit pour le théâtre, c'est-à-dire dans la perspective d'un contact direct avec le public dont il se saisit pour en faire son Autre. Au terme de son expérience d'écriture, Gauvreau avait réussi à donner une signification à son mal, en l'inscrivant dans les débats d'institution et de société: son mal devenait une valeur ou, pour reprendre la définition peircéenne du signe, quelque chose pour quelque chose d'autre. C'est donc dire que, par le biais de la représentation, il sortait de sa folie puisqu'il arrivait à en faire l'objet d'un partage, un don, un signe authentique.