Échos et débats

Les organismes communautaires : un risque pour la santé des intervenantes ?[Notice]

  • Denis Plamondon

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  • Denis Plamondon
    Département des sciences humaines
    Université du Québec à Chicoutimi

En raison des problèmes de santé éprouvés par des intervenantes du Café-Jeunesse, le conseil d’administration a résolu, en novembre 2000, de faire une analyse de la situation de travail. Le conseil a décidé de créer un comité pour procéder à l’analyse du milieu lui-même. Le comité a donc le mandat suivant : relever les facteurs de risque, valider les mesures déjà en place pour soutenir les intervenantes et faire les recommandations utiles pour s’attaquer aux facteurs de risque. Le Café-Jeunesse a ouvert ses portes en janvier 1987. Dès mai 1988, l’orientation de base est donnée : aller rejoindre les jeunes (18-30 ans) là où ils se trouvent. C’est le début du travail de milieu dans les centres de formation pour adultes. À la même époque, le Café réalise son premier projet de vacances familiales avec un groupe de jeunes femmes monoparentales. Cette expérience va donner naissance au Collectif de Femmes-Soleil. L’accueil au local, le Collectif de femmes monoparentales Femmes-Soleil et le travail de milieu se poursuivent toujours. À partir de 1993, le local est ouvert en soirée. À la même période, c’est aussi le début du projet « En chambre, on s’entraide ». En 1995, les Cuisines collectives démarrent. En 1996 commencent les camps d’hiver. Toujours en 1996, des Ateliers structurés pour les enfants des femmes monoparentales sont créés le samedi matin de 9 heures à 12 heures. En 1998-1999, c’est le lancement des Ateliers sur le tabagisme. Et en juin 1999, le Café va s’installer dans la maison nouvellement achetée. Les interventions individuelles, les interventions téléphoniques, le nombre de personnes différentes sont en hausse. Par ailleurs, l’augmentation des services se conjuguent avec une réduction des heures de bénévolat : 1853 heures en 1997-1998, 2424 heures en 1998-1999 qui chutent à 1821 heures en 1999-2000. Et depuis 1995, les effectifs sont plafonnés à trois personnes : une coordonnatrice et deux intervenantes. Les intervenantes se retrouvent avec des problématiques lourdes : appauvrissement, isolement social, toxicomanie, santé mentale ou physique fragile, relations conflictuelles avec l’entourage, violence, démêlés avec la justice, difficultés d’intégration au travail. Une première intervenante part en congé maladie en avril 1998 pour cinq mois. À la même période, soit le 14 avril 1998, une seconde intervenante est engagée comme contractuelle remplaçante. Toutefois, en septembre 1999, cette seconde intervenante doit partir en congé maladie et quelques semaines plus tard, la première intervenante repart de nouveau en congé maladie. Plusieurs mois plus tard, les deux intervenantes démissionnent de leur emploi. Puis, en novembre 2000, une troisième intervenante occupant le poste contractuel, engagée depuis à peine six mois, nous quitte à son tour pour un congé de maladie qui sera suivi d’une démission. Bien sûr, il s’agissait pour elle comme pour les deux premières, d’un problème tout personnel qui n’avait semble-t-il rien à voir avec le Café : « Aussitôt qu’on casse, on est certain que c’est un problème personnel qui n’a rien à voir avec le travail. » Au début de l’année 2001, le comité a conçu un questionnaire souple et réalisé des entrevues pour recueillir les données pertinentes. En entrevues individuelles, les deux premières personnes qui ont démissionné en raison de problèmes de santé ont été rencontrées ainsi que la coordonnatrice. De plus, deux entrevues de groupe ont été réalisées : l’une avec les personnes qui faisaient de la supervision de groupe ou de la supervision individuelle auprès des intervenantes et l’autre avec l’équipe actuelle d’intervention. En ajout aux entrevues, une relecture de divers documents a été faite pour mieux comprendre l’évolution récente du Café-Jeunesse. La jeune intervenante fait ses premières armes, elle est donc plus fragile, moins expérimentée. Il …

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