
Volume 81, Number 1-2, mars–juin 2005 Productivité et croissance économique à l’ère de l’information : une perspective internationale Guest-edited by Tarek M. Harchaoui
Table of contents (14 articles)
Articles : Technologies de l’information, croissance économique et productivité : une perspective globale
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Les technologies de l’information et les économies du G7
Dale W. Jorgenson
pp. 15–45
AbstractFR:
Dans cet article, je compare la croissance économique des divers pays du G7 – le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. Ces comparaisons s’articuleront autour des répercussions de l’investissement dans les technologies de l’information et les logiciels au cours de la période 1980-2001. En ayant recours aux prix internationaux harmonisés, j’ai analysé le rôle de l’investissement et de la productivité comme sources de la croissance dans les pays du G7 au cours de la période 1980-2001. J’ai subdivisé cette période de part et d’autre des années quatre-vingt-neuf et quatre-vingt-quinze, afin de pouvoir me concentrer davantage sur l’époque la plus récente. J’ai décomposé la croissance de la production de chaque pays en accroissement des intrants et en hausse de la productivité. Enfin, j’ai réparti l’augmentation des intrants entre les investissements dans les biens corporels, particulièrement dans le domaine des technologies de l’information et des logiciels, et dans le capital humain.
EN:
In this paper I present new international comparisons of economic growth among the G7 nations – Canada, France, Germany, Italy, Japan, the U.K. and the U.S. These comparisons focus on the impact of investment in information technology (IT) equipment and software over the period 1980-2000. Using internationally harmonized prices, I have analyzed the role of investment and productivity as sources of growth in the G7 countries over the period 1980-2000. I have subdivided the period in 1989 and 1995 in order to focus on the most recent experience. I have decomposed growth of output for each country between growth of input and productivity. Finally, I have allocated the growth of input between investments in tangible assets, especially information technology and software, and human capital.
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Pourquoi, pendant que la locomotive de la productivité se mettait en branle aux États-Unis, l’Europe est-elle restée en gare
Robert J. Gordon
pp. 47–74
AbstractFR:
Après 50 ans de rattrapage du niveau de productivité des États-Unis, l’Europe accumule du retard depuis 1995. En effet, le taux de croissance de la production horaire n’atteignait, sur le Vieux Continent, que la moitié de celui des États-Unis en 1995-2003 et cet écart annuel a ramené le niveau de la productivité européenne de 94 % du niveau des États-Unis à seulement 85 %. Un cinquième du rattrapage européen (de 44 % à 94 %) effectué dans le demi-siècle précédent a été complètement perdu depuis 1995.
Des études désagrégées portant sur les secteurs industriels laissent entendre que la principale différence entre l’Europe et les États-Unis se trouve dans les industries ayant recours aux technologies de l’information (TI), notamment le commerce de gros et de détail, de même que le courtage des valeurs mobilières. Le contraste dans la vente au détail attire l’attention sur les barrières réglementaires et l’aménagement du territoire en Europe empêchant le développement des grands magasins de détail du type de ceux qui ont rendu possible une bonne partie des gains de productivité aux États-Unis. Depuis des décennies, les États-Unis et l’Europe ont choisi des directions opposées en matière de politiques publiques ayant une incidence sur le développement urbain. Les États-Unis ont favorisé des zones métropolitaines à basse densité et fortement dispersées en construisant des autoroutes dans les villes et en étranglant le transport public, en accordant des réductions d’impôts à la propriété résidentielle et en permettant aux gouvernements locaux de maintenir une faible densité d’occupation avec l’imposition d’une taille minimale pour les lots résidentiels. Par contre, les Européens ont choisi des politiques tout autres, en encourageant l’occupation résidentielle de haute densité et les districts commerciaux au coeur des villes, tout en décourageant les installations nouvelles en zones suburbaines et « exurbaines », lesquelles conviennent si bien au développement des grands magasins actuels.
La partie centrale de cet article s’inspire d’une récente publication de Phelps (2003) selon laquelle le dynamisme économique est d’une part stimulé par des politiques qui favorisent la concurrence et la souplesse du financement par capitaux propres et d’autre part étouffé par des institutions corporatistes, conçues pour protéger les producteurs en place et empêcher les nouveaux venus de se tailler une place. Certaines valeurs culturelles européennes découragent l’ambition et l’indépendance des adolescents et des jeunes adultes, contrairement à ce qui se passe aux États-Unis. Si la concurrence, le corporatisme et la culture peuvent contribuer à expliquer les divergences transatlantiques dans la croissance de la productivité, elles mettent aussi en lumière, dans les deux continents, des lacunes institutionnelles profondément ancrées et susceptibles de persister.
La dernière section de l’article identifie les racines profondes du climat plus favorable à l’innovation aux États-Unis qu’en Europe, notamment le système ouvertement concurrentiel des universités privées et publiques, les subventions gouvernementales accordées aux universités sous la forme d’aide à la recherche en fonction d’une évaluation par les pairs plutôt que par l’entremise de bourses sans conditions libérant les étudiants du premier cycle des droits de scolarité, la prédominance mondiale des écoles de commerce et des sociétés de conseil en gestion des États-Unis, l’excellente protection des brevets, l’infrastructure financière flexible permettant de mobiliser du capital de risque à l’intention des innovations prometteuses, les avantages d’une langue commune, la migration intérieure sans entraves et enfin, un environnement accueillant pour les immigrés hautement qualifiés.
EN:
After fifty years of catching up to the U. S. level of productivity, since 1995 Europe has been falling behind. The growth rate in output per hour over 1995-2003 in Europe was just half that in the United States, and this annual growth shortfall caused the level of European productivity to fall back from 94 percent of the U. S. level to 85 percent. Fully one-fifth of the European catch-up (from 44 to 94 percent) over the previous half-century has been lost over the period since 1995.
Disaggregated studies of industrial sectors suggest that the main difference between Europe and the U. S. is in ICT-using industries like wholesale and retail trade and in securities trading. The contrast in retailing calls attention to regulatory barriers and land-use regulations in Europe that inhibit the development of the ‘big box’ retailing formats that have created many of the productivity gains in the U. S. For many decades, the U. S. and Europe have gone in opposite directions in the public policies relevant for metropolitan growth. The U. S. has promoted highly dispersed low-density metropolitan areas through its policies of building intra-urban highways, starving public transit, providing tax subsidies to home ownership, and allowing local governments to maintain low density by maintaining minimum residential lot sizes. Europeans have chosen different policies that encourage high-density residential living and retail precincts in the central city while inhibiting the exploitation of ‘greenfield’ suburban and exurban sites suitable for modern ‘big box’ retail developments.
The middle part of the paper draws on recent writing by Phelps: economic dynamism is promoted by policies that promote competition and flexible equity finance and is retarded by corporatist institutions designed to protect incumbent producers and inhibit new entry. European cultural attributes inhibit the development of ambition and independence by teenagers and young adults, in contrast to their encouragement in the U. S. While competition, corporatism, and culture may help to explain the differing transatlantic evolution of productivity growth, they reveal institutional flaws in both continents that are inbred and likely to persist.
The final section of the paper identifies the roots of the favorable environment for innovation in the U.S. compared to Europe. Elements include an openly competitive system of private and public universities, government subsidies to universities through peer-reviewed research grants rather than unconditional subsidies for free undergraduate tuition, the world dominance of U.S. business schools and management consulting firms, strong U.S. patent protection, a flexible financial infrastructure making available venture capital finance to promising innovations, the benefits of a common language and free internal migration, and a welcoming environment for highly-skilled immigrants.
Articles : Technologies de l’information, croissance économique et productivité : quelques expériences nationales
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L’impact des nouvelles technologies de l’information sur la croissance française, 1980-2001
Johanna Melka and Laurence Nayman
pp. 75–110
AbstractFR:
Cet article évalue la contribution des technologies de l’information à la croissance française au niveau macroéconomique. Nous mettons l’accent sur le rôle de la qualité du travail dans l’évolution de la productivité, notamment sur la période 1982-2001 et analysons les facteurs qui favorisent ou au contraire détériorent cette qualité.
L’une des raisons, pour lesquelles la France et l’Allemagne restent en retrait des États-Unis et du Royaume-Uni en matière de contribution du capital lié aux technologies de l’information, est à rechercher non pas dans les taux de croissance mais dans les parts de l’investissement en technologies de l’information, la part américaine dans les investissements non résidentiels totaux étant deux fois plus élevée que les parts française et allemande.
La contribution des technologies de l’information à la croissance de la productivité horaire s’est sensiblement élevée entre 1990-1995 et 1995-2001. Cette accélération, qui se double d’une hausse de la productivité multifactorielle ne s’est pas accompagnée d’une amélioration de la qualité du travail. Celle-ci a régulièrement augmenté en France jusqu’à la période 1990-1995, grâce à la contribution de l’éducation. Cependant, sur la dernière période, la baisse de la qualité du travail français est concomitante à la hausse des heures travaillées des catégories de travailleurs moins bien rémunérés, en particulier les jeunes.
La différence d’accélération de la productivité multifactorielle entre la France et les États-Unis, favorable à la France sur la dernière période, témoigne de l’emploi accru aux États-Unis des intrants. La baisse du chômage des non-qualifiés tend par ailleurs à y modérer la contribution des diplômes à la qualité du travail sur la décennie quatre-vingt-dix par rapport à la décennie précédente.
EN:
This paper quantifies the contribution of information technology (IT) to growth in France at the macro-level. On the labour side, the paper also provides evidence of the role played by hours worked, by stressing the contributions of various factors to labour quality and the way they affected labour productivity in the period 1995-2001.
One of the reasons why France lags behind the U.S. in terms of the contribution to growth by information capital technology (ICT) is that although ICT investment growth was sustained as much in France as in the U.S., the proportion of U.S. ICT investment in total investments was more than twice as high as the French share.
In France, the contribution of ICT to hourly labour productivity growth accelerated quite strongly over 1995-2001, relative to the previous period. This acceleration was indeed accompanied by an acceleration in total factor productivity but not by an increase in the quality of French labour. The latter did indeed increase regularly till the period 1990-1995, due largely to the contribution of education. Over the last period, the decrease in the quality of French labour was in synchrony with the fall in hours worked by older labour (> 54 years old) and the rise in hours worked by less well-paid workers and especially younger workers.
The differential in multifactor productivity acceleration between France and the U.S., favouring France over the last period, illustrates the greater use of production factors in the United States. The decrease in unemployment of the unskilled people weighs there on the contribution of education to labour quality over the nineties relative to the eighties.
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Y a-t-il une nouvelle économie en Irlande?
Geraldine Slevin
pp. 111–142
AbstractFR:
Dans la présente étude, nous examinons la performance de l’économie irlandaise au moyen d’un cadre comptable de la croissance. Cette analyse vise à déterminer si une « nouvelle économie » s’est implantée en Irlande. Au niveau agrégé, la croissance de la productivité a augmenté considérablement ces dernières années. La productivité impressionnante de l’économie dans son ensemble est attribuable principalement aux secteurs industriels de l’économie. Une analyse désagrégée révèle que la forte croissance de la productivité dans l’ensemble du secteur de la fabrication est attribuable dans une large mesure aux technologies de pointe et plus particulièrement aux produits chimiques. Toutefois, une part importante du succès du secteur des technologies de pointe peut être attribuée à l’investissement des multinationales américaines en Irlande. La production élevée dans ce secteur s’explique par l’établissement de prix de transfert par ces entreprises et du rendement élevé de la recherche et développement. Ainsi, toute conclusion concernant l’implantation d’une « nouvelle économie » en Irlande est assez limitée, puisque les taux de croissance de la productivité dans le secteur des technologies de pointe sont faussés dans les données.
EN:
This paper examines the performance of the Irish economy using a growth-accounting framework. The aim of this analysis is to determine whether a “new economy” has developed in Ireland. At the aggregate level, productivity growth increased substantially in recent years. The impressive productivity performance of the overall economy was primarily driven by the industrial sectors of the economy. A sub-sectoral analysis revealed that strong productivity growth in the aggregate manufacturing sector was largely accounted for by the high-tech sector, particularly the chemicals sector. However, a large part of the success of the high-tech sector can be attributed to US multinationals investing in Ireland. Transfer pricing by these companies and high returns to research and development results in high net output figures in this sector. This implies that any conclusions regarding a “new economy” in Ireland is rather limited, as productivity growth rates in the high-tech sector are distorted in the data.
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Les gains de productivité au moyen de l’usage des technologies de l’information : l’expérience australienne
Dean Parham
pp. 143–164
AbstractFR:
Cette étude fait appel à un cadre de la comptabilité de la croissance pour comparer la contribution des technologies de l’information à l’accélération de la productivité du travail en Australie et aux États-Unis. En utilisant les États-Unis comme repère, la présente étude attribue jusqu’à 0,3 point de pourcentage de cette accélération de 1 point de pourcentage aux technologies de l’information. Les technologies de l’information n’ont pas eu d’effet net sur l’intensité du capital puisque leur hausse a remplacé les autres formes de capital. La contribution des technologies de l’information est attribuable à la restructuration des entreprises et à l’innovation de produits et procédés qu’elle a rendue possible. Jusqu’ici les gains ont été concentrés dans les services de la distribution (particulièrement le commerce de gros) et des services financiers.
EN:
This paper uses a growth accounting framework to compare the contribution of information technology to productivity accelerations in Australia and the USA. Using the USA as a benchmark, this study attributes up to 0.3 of a percentage point of Australia’s one percentage point acceleration in labour productivity growth to information technology. Information technology has had no net effect on capital deepening, as increased use of information technology has substituted for other forms of capital. The contribution of information technology is attributed to gains from business restructuring and innovations in product and process that they enable. The gains to date have been concentrated in distribution (especially wholesaling) and financial services.
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L’utilisation des technologies de l’information et sa contribution à la croissance en Australie
John Simon and Sharon Wright
pp. 165–202
AbstractFR:
La présente étude a pour but d’évaluer, dans le cadre de la comptabilité de la croissance, les gains de croissance réalisés en Australie au cours des années quatre-vingt-dix grâce à l’utilisation des technologies de l’information. Elle se fonde sur de nouvelles estimations du stock de capital productif calculées au niveau de la branche d’activité. Notre analyse laisse entendre que l’Australie a su profiter de la « nouvelle économie ». Le niveau d’utilisation des technologies informatiques y est parmi les plus élevés du monde, et l’investissement des entreprises australiennes dans les ordinateurs et le matériel connexe augmente rapidement depuis le début des années quatre-vingt-dix. Plutôt que d’être répartie uniformément entre les divers secteurs de l’économie, l’utilisation des ordinateurs est concentrée dans ceux axés sur les services, comme les télécommunications ou les intermédiaires financiers et les assurances. En outre, la moitié environ des gains dus à l’utilisation des technologies de l’information est attribuable à la baisse des prix, tandis que l’autre moitié peut être due à l’augmentation des dépenses nominales. Nous concluons que, grâce à l’utilisation des ordinateurs, l’Australie a vu croître considérablement sa production et qu’elle a bénéficié des progrès techniques réalisés dans ce secteur par la voie de la réduction des prix transmise aux utilisateurs. Donc, être un utilisateur net d’ordinateurs offre des avantages considérables, outre ceux liés au fait d’être un producteur mentionnés plus couramment.
EN:
This paper investigates the gains from the use of information technology in Australia during the 1990s using a growth accounting framework. We make use of new industry-level estimates of the productive capital stock. Our analysis suggests that Australia has done well out of the “new economy”. Its use of computer technology is amongst the highest in the world with Australian business investment in computer and related equipment growing rapidly since the early 1990s. Computer use has not been uniform throughout the economy but concentrated in more service-oriented sectors such as telecommunications, and finance and insurance. Additionally, we find that around one-half of the gains from the use of information technology can be attributed to price falls while the other half can be attributed to higher nominal expenditure. We arrive at the conclusion that Australia has experienced significant output growth related to computer use and has benefited from the technological advances in the sector through lower prices passed on to users. Thus, we conclude that there are substantial benefits to be gained from being a net user of computers as well as the more commonly mentioned benefits from being a producer.
Articles : Technologies de l’information : diffusion et externalités
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Effets de la diffusion des technologies de l’information sur la croissance potentielle et observée
Gilbert Cette, Jacques Mairesse and Yusuf Kocoglu
pp. 203–230
AbstractFR:
L’étude propose une analyse des effets de l’émergence et de la diffusion des technologies de l’information sur la croissance potentielle et observée de l’output et de la productivité du travail en France, au cours des deux dernières décennies. De façon habituelle, les technologies de l’information regroupent ici le matériel informatique, les logiciels et les matériels de communication.
Il en ressort que la diffusion des technologies de l’information élève le rythme de la croissance potentielle (par rapport à une situation très théorique où les technologies de l’information n’existeraient pas) via l’accélération de la productivité induite par l’utilisation de ces biens et services. Cet effet sur la croissance potentielle se décompose en un effet de moyen à long terme correspondant au capital deepening en technologies de l’information et aux gains de productivité multifactorielle que l’utilisation des technologies de l’information entraîne. L’effet transitoire de court à moyen terme est lié à la baisse transitoire du NAIRU (Non-accelerating inflation rate of unemployment) elle-même induite par l’indexation retardée des salaires sur la productivité. Les ordres de grandeur auxquels aboutissent les chiffrages proposés montrent que l’enjeu est considérable pour la composante de moyen à long terme. Concernant l’effet transitoire de court à moyen terme, l’analyse rétrospective de l’évolution des taux de marge des entreprises semble démentir un effet favorable.
EN:
This study examines the effects that the introduction and diffusion of information technology have had on potential and actual growth of output and labour productivity in France over the last two decades.
We show that IT diffusion boosts the potential output growth rate (as compared to a highly theoretical situation in which IT does not exist) via the productivity spurt resulting from the use of IT. This effect on potential output growth may be broken down into two components: i) a medium to long term effect that corresponds to IT capital deepening and to the gains in multifactor productivity associated with IIT use, and ii) a short to medium term transitory effect linked to the temporary fall in the NAIRU ensuing from the lagged indexation of wages to productivity. The results show that the stakes are significant for the medium to long term component. With regard to the short to medium term transitory effect, the backward-looking analysis of the trend in corporate profit margins seems to refute the existence of a positive effect.
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Qu’en est-il des externalités du capital des technologies de l’information? Évidence basée sur le Canada et les États-Unis
Tarek M. Harchaoui and Faouzi Tarkhani
pp. 231–253
AbstractFR:
Nous appliquons des techniques économétriques aux données par industrie des économies canadiennes et américaines pour examiner s’il existe des externalités associées à la composante technologies de l’information de l’intrant capital. Les résultats issus de la technique conventionnelle de données en panel sont comparés à ceux issus de la méthode d’estimation des données en panel hétérogènes et dynamiques. Comme pour les résultats de la littérature économique, nous trouvons que la méthode conventionnelle des données en panel ne permet pas de montrer un lien positif entre l’intrant capital des technologies de l’information et la production. Ceci traduit l’incapacité de cette technique à rendre compte, à la fois, du caractère hétérogène des données et de l’aspect dynamique du phénomène considéré ici. La méthode dynamique des données en panel permet, en revanche, de trouver un impact positif et significatif de long terme des intrants. Les résultats confirment la présence d’importantes externalités associées aux technologies de l’information pour les États-Unis, reflétant ainsi le rôle de chef de file de ce pays dans ce domaine. Au Canada, en revanche, l’élasticité associée au capital des technologies de l’information est proche de la pondération issue du cadre de la comptabilité de la croissance. De plus, les résultats paramétriques ne permettent pas, dans l’ensemble, de rejeter l’hypothèse de rendements constants au niveau agrégé pour le Canada, justifiant ainsi le bien-fondé du modèle de comptabilité de la croissance.
EN:
We apply econometric techniques to Canadian and U.S. industry data to ascertain whether information technology capital gives rise to externalities. The results based on standard panel data techniques are compared to those that accommodate heterogeneous and dynamic panel data. Much like the literature, our results indicate the standard panel data method does not show a positive relationship between information technology capital and output. This reflects the difficulty of this technique to accommodate the heterogeneous and dynamic nature of the data considered in this study. In contrast, the dynamic panel data method shows a positive long term impact of inputs. Our results suggest the presence of important externalities ascribed to information technology in the United States, reflecting the leadership of this country in this area. In contrast, in Canada, the elasticity of information technology capital services is close to the share of this input provided by the growth accounting framework. In addition, the parametric results generally support the constant returns to scale hypothesis for Canada at the aggregate level, thereby making sense of the growth accounting framework.
Articles : Technologies de l’information et croissance de la productivité : une perspective microéconomique
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Technologies de l’information, productivité et croissance des entreprises : résultats basés sur de nouvelles microdonnées internationales
Barbara K. Atrostic, Peter Boegh-Nielsen, Kazuyuki Motohashi and Sang Nguyen
pp. 255–279
AbstractFR:
La relation entre les technologies de l’information (TI), la productivité et la croissance économique a été établie au niveau agrégé. Cependant, les mécanismes par lesquels l’effet se manifeste au niveau de l’entreprise restent à préciser. Les organismes statistiques ont élaboré des indicateurs de l’aptitude des entreprises à utiliser les technologies de l’information (p. ex. l’infrastructure des technologies de l’information, la diffusion de technologies particulières) et certains indicateurs de l’utilisation réelle (p. ex. buts et fréquence d’utilisation). L’étape suivante consiste à produire des estimations de l’impact de l’utilisation des technologies de l’information. Une étude menée récemment par l’OCDE visait à résoudre cette question en utilisant des données agrégées pour les pays membres de l’OCDE, ainsi que des microdonnées pour l’Allemagne et les États‑Unis. Une deuxième phase de l’étude de l’OCDE consistera en une série de projets, regroupant deux ou trois pays, réalisée au moyen de nouvelles microdonnées obtenues récemment pour une douzaine de pays environ. Le présent article décrit l’un de ces projets, destiné à évaluer l’effet des technologies de l’information au Danemark, au Japon et aux États‑Unis. Chacun de ces pays a recueilli récemment de nouvelles données sur l’utilisation des technologies de l’information au niveau de l’entreprise et procédé à l’analyse préliminaire de celles-ci. En outre, chaque pays se distingue des autres par sa structure de marché et sa structure institutionnelle. La prochaine phase du projet consistera à élaborer des estimations de l’effet de l’utilisation des technologies de l’information fondées sur ces nouvelles microdonnées, ainsi qu’à émettre et à tester des hypothèses qui tiennent compte des différences entre les structures de marché et les structures institutionnelles de ces pays.
EN:
A positive relationship between information technology (IT), productivity, and growth has been established at the aggregate level. What remain unclear are the mechanisms through which the effect operates at the level of specific businesses. Statistical agencies have developed indicators of businesses’ readiness to use IT (e.g. the IT infrastructure, diffusion of specific technologies), and some indicators on actual usage (e.g., purposes, frequency of use). The next phase is using those data to develop estimates of the impact of IT use. A recent study addressed this question using aggregate data for Organization for Economic Cooperation and Development (OECD) countries, and micro data (data for specific businesses) for Germany and the U.S. A second phase of that study envisions a series of two- and three-country studies making use of newly available micro data for roughly a dozen countries. This paper outlines one such study, a three-country project addressing the impact of IT use in Denmark, Japan, and the U.S. Each country recently collected new data at the level of specific businesses on the use of IT by businesses, and has conducted preliminary analyses of its own data. Each country also has different underlying market and institutional structures. The findings presented here are preliminary. They show that network information technology has a significant impact on labour productivity growth in United States. The next phase of this project will develop estimates of the impact of IT use based on these new micro data, developing and testing hypotheses that acknowledge differences among the countries in market and institutional structures.
Articles : Persistance de la croissance économique et des gains de productivité
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Le contre-choc de la « nouvelle économie » : une étude de cas sur cinq pays de l’OCDE
Hélène Baudchon
pp. 281–338
AbstractFR:
Cet article vise à animer le débat sur les suites du retournement du secteur des technologies de l’information et de la communication. Il se focalise sur cinq pays de l’OCDE : les États-Unis, l’Irlande, la Finlande, les Pays-Bas, pour leur position dominante dans ce domaine, et la France comme référence nationale. Chaque pays affiche une spécialisation particulière. Il s’agit de comprendre dans quelle mesure cela peut expliquer la plus ou moins grande résistance de chaque économie au retournement du secteur des technologies de l’information. L’impression générale est que le ralentissement américain est resté modéré, grâce à la combinaison de deux éléments : la résistance des gains de productivité et le dynamisme persistant des dépenses des ménages, compensant une partie de la chute de l’investissement productif. La Finlande, la France, l’Irlande et les Pays-Bas ont été, à première vue, au moins autant affectés que les États-Unis en termes d’infléchissement de la croissance entre 2000 et 2001. Pour autant, la nouvelle économie n’est pas dépassée.
EN:
Few things have been said about the aftermath of the “new economy” bust. This paper examines the experience of five OECD countries: the United States, Ireland, Finland, the Netherlands because they are leading ICT countries, and France as a national reference. To better understand how each country has been performing since the Internet bubble burst, we first describe the importance of the ICT sector in these countries through a set of variables underlining the role of ICT in each economy. We then describe the timing and the nature of the downturn, focusing primarily on the United States because of its leading role. The ICT sector has been strongly hit and is still restructuring. Nonetheless, its growth potential remains still high.
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Les technologies de l’information et la productivité : situation actuelle et perspectives d’avenir
Stephen D. Oliner and Daniel E. Sichel
pp. 339–400
AbstractFR:
Dans la deuxième moitié des années quatre-vingt-dix, la croissance de la productivité de l’économie américaine a rebondi, un phénomène que nombre d’analystes ont attribué aux technologies de l’information. Cependant, peu de temps après que ce consensus se soit imposé, la demande pour les produits de technologies de l’information s’effondrait, relançant un vif débat sur le lien entre les technologies de l’information et la productivité, de même que sur la durabilité éventuelle d’une croissance aussi forte. Nous apportons notre contribution à ce débat de deux manières : premièrement, dans le but d’évaluer la robustesse de notre argumentation antérieure, nous prolongerons, jusqu’à la fin de 2001, notre analyse de la comptabilité de la croissance, dont nous avons déjà publié les résultats (Oliner et Sichel, 2000a). Les nouveaux résultats confirment les conclusions de nos travaux antérieurs : la croissance accélérée de la productivité du travail après 1995 découle principalement de l’usage croissant des biens d’équipement de type technologies de l’information et de gains d’efficacité accrus du côté de leur production ; deuxièmement, nous analyserons les propriétés de régime d’état stationnaire d’un modèle de croissance multisectoriel, afin de jauger la durabilité potentielle d’un tel regain de productivité. Nous en déduirons une fourchette de valeurs pour la croissance de la productivité du travail, se situant entre 2 % et 2 ¾ % par année, ce qui laisse présager que l’essentiel – sinon la totalité – de ce regain de vitalité pourrait être durable.
EN:
Productivity growth in the U.S. economy jumped during the second half of the 1990s, a resurgence that many analysts linked to information technology (IT). However, shortly after this consensus emerged, demand for IT products fell sharply, leading to a lively debate about the connection between IT and productivity and about the sustainability of the faster growth. We contribute to this debate in two ways. First, to assess the robustness of the earlier evidence, we extend the growth-accounting results in Oliner and Sichel (2000a) through 2001. The new results confirm the basic story in our earlier work – that the acceleration in labor productivity after 1995 was driven largely by the greater use of IT capital goods and by the more rapid efficiency gains in the production of IT goods. Second, to assess whether the pickup in productivity growth is sustainable, we analyze the steady-state properties of a multi-sector growth model. This exercise generates a range for labor productivity growth of 2 percent to 2 ¾ percent per year, which suggests that much – and possibly all – of the resurgence is sustainable.