Canadian Journal of Bioethics
Revue canadienne de bioéthique
Volume 8, Number 4, 2025 MAiD in Canada: A Sober Second Look L’AMM au Canada : un deuxième regard lucide Guest-edited by Daryl Pullman and Jennifer Flynn
Table of contents (12 articles)
Éditorial / Editorial
Article
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A Life Disrupted: Perspectives on Track 2 MAID from Persons Living with Chronic Illness
Barbara Pesut, Sally Thorne, Caroline Variath, Margaret Hall, Catharine Schiller, Helen Sharp, Glendon Wiebe, W. David Robertson, Michael McKenzie and Laurel Plewes
pp. 5–15
AbstractEN:
Background: In 2021, Canada extended Medical Assistance in Dying (MAID) to persons whose natural death is not reasonably foreseeable, referred to as Track 2 MAID. The purpose of this study was to develop a better understanding of best practices for Track 2 MAID from the perspectives of those living with an illness, disease, or disability that could potentially make them eligible for MAID. Methods: This was a qualitative interview study using the principles of Interpretive Description. Seven participants were interviewed three times over a period of 3-6 weeks. Findings: Participants described prolonged and complex illness trajectories that resulted in suffering from loss, stigma, and iatrogenic harm. The expertise they had developed over years of living with their condition and the challenges they had experienced in healthcare informed their perspectives about MAID care. Participants highlighted essential expertise needed for Track 2 assessors to provide compassionate, trauma-informed care. Participants recognized the need for time to achieve a holistic understanding of each applicant’s experience, consequent suffering, attempts to relieve that suffering, and to develop a picture of decline over time. Participants were troubled by perceived tension between autonomy and the role of the social determinants of health in determinations of eligibility for MAID. Discussion: Overall, participants described the necessity of a partnered approach to Track 2 MAID assessment. Although participants considered the individual autonomy of others as more important than their personal views, they expressed grave concerns about the potential for inadequate health and social care systems to influence requests for MAID.
FR:
Contexte : En 2021, le Canada a étendu l’aide médicale à mourir (AMM) aux personnes dont le décès naturel n’est pas raisonnablement prévisible, ce qu’on appelle l’AMM de type 2. L’objectif de cette étude était de mieux comprendre les meilleures pratiques en matière d’AMM de type 2 du point de vue des personnes atteintes d’une maladie ou d’un handicap qui pourraient les rendre admissibles à l’AMM. Méthodes : Il s’agissait d’une étude qualitative basée sur des entretiens et utilisant les principes de la description interprétative. Sept participants ont été interrogés à trois reprises sur une période de 3 à 6 semaines. Résultats : Les participants ont décrit des trajectoires de maladie longues et complexes qui ont entraîné des souffrances liées à la perte, à la stigmatisation et aux dommages iatrogènes. L’expertise qu’ils ont acquise au fil des années passées à vivre avec leur maladie et les difficultés qu’ils ont rencontrées dans le domaine des soins de santé ont influencé leur point de vue sur les soins d’aide médicale à mourir. Les participants ont souligné l’expertise essentielle dont doivent disposer les évaluateurs de la voie 2 pour fournir des soins compatissants et tenant compte des traumatismes. Les participants ont reconnu la nécessité de disposer de temps pour acquérir une compréhension holistique de l’expérience de chaque demandeur, des souffrances qui en découlent, des tentatives pour soulager ces souffrances et pour se faire une idée du déclin au fil du temps. Les participants étaient troublés par la tension perçue entre l’autonomie et le rôle des déterminants sociaux de la santé dans la détermination de l’admissibilité à l’aide médicale à mourir. Discussion : Dans l’ensemble, les participants ont décrit la nécessité d’une approche partenariale pour l’évaluation de l’aide médicale à mourir dans le cadre de la voie 2. Bien que les participants aient considéré l’autonomie individuelle d’autrui comme plus importante que leurs opinions personnelles, ils ont exprimé de graves préoccupations quant à la possibilité que des systèmes de santé et d’aide sociale inadéquats influencent les demandes d’aide médicale à mourir.
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What’s So Special About Medically Assisted Dying?
Wayne Sumner
pp. 16–20
AbstractEN:
Critics of Canada’s current medical assistance in dying (MAiD) regime commonly employ two types of argument: 1) that the number of annual provisions shows that it is out of control or on a slippery slope, and 2) that it puts persons with disabilities at risk. Both arguments commit the same fundamental mistake: treating MAiD as different in kind from other forms of medical treatment, including end-of-life treatment.
FR:
Les détracteurs du régime canadien actuel d’aide médicale à mourir (AMM) avancent généralement deux types d’arguments : 1) le nombre annuel de dispositions montre que le régime est hors de contrôle ou sur une pente glissante, et 2) il met les personnes handicapées en danger. Ces deux arguments commettent la même erreur fondamentale : ils traitent l’AMM comme une forme de traitement médical différente des autres, y compris les traitements de fin de vie.
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Assisted Dying in Canada: Ideology Masquerading as Medicine?
Scott Y. H. Kim
pp. 21–29
AbstractEN:
The Canadian medical assistance in dying (MAID) law is commonly understood as a type of medically-based euthanasia and/or assisted suicide (EAS) law. I argue it is instead an autonomy-only EAS regime masquerading as such. The public guidance on the law’s broad eligibility criteria that direct current practice employs novel meanings to familiar terms used in healthcare. The result is that the law gives the impression that Canadian MAID is about something medical, but in reality operates as an autonomy-only model, i.e., “death on autonomous demand” clothed as medical treatment. The implications are significant. It allows bypassing the debates that an autonomy-only system (which is not inherently medical) would need to address, such as whether autonomy-only EAS comports with common morality, whether and how the health care system should be involved, how many resources the state should invest in promoting a death-on-request system, etc. The law also distorts the practice of medicine by using patients’ subjective preference (i.e., patients’ preference), rather than science and evidence, as determining medical standards and in defining terms such as ‘incurable.’ This masquerade has been reinforced by Canadian officials in their public statements. The result seems to be a Canadian public highly supportive of a law that they do not fully understand and indeed would likely disapprove of in its current form, if they did. The Canadian MAID law is a product of flawed democratic policymaking.
FR:
La loi canadienne sur l’aide médicale à mourir (AMM) est généralement considérée comme une loi sur l’euthanasie et/ou le suicide assisté (ESA) à caractère médical. Je soutiens qu’il s’agit plutôt d’un régime d’ESA fondé uniquement sur l’autonomie qui se fait passer pour tel. Les directives publiques sur les critères d’admissibilité généraux de la loi qui régissent la pratique actuelle donnent un sens nouveau à des termes familiers utilisés dans le domaine des soins de santé. Il en résulte que la loi donne l’impression que l’AMM canadienne est une question médicale, mais qu’en réalité, elle fonctionne comme un modèle fondé uniquement sur l’autonomie, c’est-à-dire « la mort sur demande autonome » déguisée en traitement médical. Les implications sont importantes. Cela permet de contourner les débats qu’un système fondé uniquement sur l’autonomie (qui n’est pas intrinsèquement médical) devrait aborder, tels que la question de savoir si l’ESA fondé uniquement sur l’autonomie est conforme à la morale commune, si et comment le système de santé devrait être impliqué, combien de ressources l’État devrait investir dans la promotion d’un système de mort sur demande, etc. La loi fausse également la pratique de la médecine en utilisant les préférences subjectives des patients (c’est-à-dire les préférences des patients) plutôt que la science et les preuves pour déterminer les normes médicales et définir des termes tels que « incurable ». Cette mascarade a été renforcée par les déclarations publiques des responsables canadiens. Il en résulte que le public canadien semble largement favorable à une loi qu’il ne comprend pas pleinement et qu’il désapprouverait probablement sous sa forme actuelle s’il la comprenait. La loi canadienne sur l’AMM est le produit d’une politique démocratique imparfaite.
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The Moral Permissibility of Providing Medical Assistance in Dying in Canada: An Ethical Framework for Professional Practice
Timothy Christie
pp. 30–44
AbstractEN:
Although medical assistance in dying (MAiD) is legally permitted in Canada under defined statutory conditions, this legal framework does not determine when it is morally permissible for a healthcare professional to provide MAiD. This paper explicitly examines the normative distinction between legal and ethical MAiD practice. It argues that the medically related eligibility criteria, such as incurability, irreversible decline, and intolerable suffering, do not function as objective medical criteria but instead presuppose and reinforce patient autonomy. As a result, MAiD assessments are often reduced to procedural confirmations of autonomy rather than substantive medical assessments. Thus, autonomy has become the de facto justification for the provision of MAiD, even though Canadian law does not regard autonomy alone as a sufficient condition. This paper examines the discretionary structure of MAiD practice and demonstrates that every decision to provide MAiD involves a normative judgment on the part of the healthcare professional. To guide that judgment, an ethics framework grounded in the fiduciary duties of healthcare professionals is proposed. Using the four core principles of healthcare ethics, this framework holds that it is morally permissible for a healthcare professional to provide MAiD only when: 1) the patient is autonomous, understood in terms of capacity, voluntariness, and informed consent; 2) the intervention satisfies the principles of beneficence and nonmaleficence; and 3) the request arises from a context of justice, in which a medical condition renders the patient unable to act on their autonomous wish to die without assistance.
FR:
Bien que l’aide médicale à mourir (AMM) soit légalement autorisée au Canada dans des conditions légales bien définies, ce cadre juridique ne détermine pas quand il est moralement acceptable pour un professionnel de la santé de fournir une AMM. Cet article examine explicitement la distinction normative entre la pratique légale et éthique de l’AMM. Il soutient que les critères d’admissibilité liés à la médecine, tels que l’incurabilité, le déclin irréversible et la souffrance intolérable, ne fonctionnent pas comme des critères médicaux objectifs, mais présupposent et renforcent plutôt l’autonomie du patient. En conséquence, les évaluations de l’AMM sont souvent réduites à des confirmations procédurales de l’autonomie plutôt qu’à des évaluations médicales substantielles. Ainsi, l’autonomie est devenue la justification de facto de la prestation de l’AMM, même si la loi canadienne ne considère pas l’autonomie seule comme une condition suffisante. Cet article examine la structure discrétionnaire de la pratique de l’aide médicale à mourir et démontre que chaque décision de fournir une aide médicale à mourir implique un jugement normatif de la part du professionnel de la santé. Afin d’orienter ce jugement, un cadre éthique fondé sur les obligations fiduciaires des professionnels de la santé est proposé. S’appuyant sur les quatre principes fondamentaux de l’éthique des soins de santé, ce cadre stipule qu’il est moralement acceptable pour un professionnel de la santé de pratiquer l’aide médicale à mourir uniquement lorsque : 1) le patient est autonome, en termes de capacité, de volontariat et de consentement éclairé; 2) l’intervention satisfait aux principes de bienfaisance et de non-malfaisance; et 3) la demande découle d’un contexte de justice, dans lequel un état médical rend le patient incapable d’agir selon son souhait autonome de mourir sans assistance.
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Why Track 2 MAiD is Discriminatory
Isabel Grant
pp. 45–55
AbstractEN:
This paper argues that Canada’s Track 2 Medical Assistance in Dying (MAiD) regime is discriminatory against people with disabilities, and has a disproportionate impact on women with disabilities. It is important to expose critical gaps in pro-MAiD advocacy, which obscures how systemic marginalization shapes access to assisted death. Premised on a medical model of disability which exceptionalizes disability-related suffering as uniquely intolerable, Track 2 MAiD poses heightened risks for those already disadvantaged by structural inequalities. By framing death as a medical treatment, the law reinforces ableist assumptions that portray people with disabilities as better off dead instead of providing access to essential supports. These social inequalities are heightened for disabled women who experience alarming rates of male violence, the intersection of medical ableism and sexism, as well as the assumption that women should be caregivers and not those needing care.
FR:
Cet article soutient que le régime canadien d’aide médicale à mourir (AMM) de type « Track 2 » est discriminatoire envers les personnes handicapées, ayant un impact disproportionné sur les femmes handicapées. Il est important de mettre en lumière les lacunes critiques dans la défense de l’AMM, qui occultent la manière dont la marginalisation systémique façonne l’accès à l’aide médicale à mourir. Fondé sur un modèle médical du handicap qui considère la souffrance liée au handicap comme exceptionnellement intolérable, le régime d’aide médicale à mourir de deuxième voie présente des risques accrus pour les personnes déjà défavorisées par les inégalités structurelles. En présentant la mort comme un traitement médical, la loi renforce les préjugés discriminatoires qui considèrent que les personnes handicapées seraient mieux mortes plutôt que de leur fournir l’accès à des aides essentielles. Ces inégalités sociales sont exacerbées pour les femmes handicapées qui sont victimes de taux alarmants de violence masculine, de l’intersection entre le capacitisme médical et le sexisme, ainsi que de l’idée préconçue selon laquelle les femmes devraient être des aidantes et non des personnes ayant besoin de soins.
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MAiD, Mental Disorders, and Vulnerability: How Common Responses to Vulnerability Concerns are Inadequate
Loughran Butcher
pp. 56–63
AbstractEN:
The concept of vulnerability is bandied about frequently in ongoing debates about medical assistance in dying (MAiD) and who should be eligible, but is often used as a broad catch-all phrase to capture some sort of risk or concern that people have. This imprecise usage obfuscates the concerns that opponents to MAiD have about expansion to include those suffering from mental disorders as the sole underlying condition. Since what is intended to be captured by the term ‘vulnerable’ is at times unclear, attempts to respond to or mitigate this vulnerability can miss the mark. Arguments from vulnerability against expanding access to MAiD point out social and/or systemic factors that may influence the choices of people living with mental disorders to access MAiD, such as lack of access to adequate care, stigma and discrimination, suicidality, and the correlation between mental disorders and low socio-economic status. However, the common response to concerns about vulnerability, made by those who argue for expansion, focus on highlighting current safeguards that are in place to ensure only those who are eligible for MAiD gain access. Under this view, vulnerability is determined by assessing individuals for eligibility. Those who cannot meet the eligibility criteria would not be permitted access. Yet, this entirely misses the concerns being raised that point to systemic or social sources of risk. Ensuring that the individuals who access MAiD meet the criteria is to ignore the reasons for accessing it in the first place.
FR:
Le concept de vulnérabilité est fréquemment évoqué dans les débats actuels sur l’aide médicale à mourir (AMM) et sur les personnes qui devraient y avoir droit, mais il est souvent utilisé comme une expression fourre-tout pour désigner une sorte de risque ou de préoccupation que les gens ont. Cette utilisation imprécise obscurcit les préoccupations des opposants à l’AMM concernant son extension aux personnes souffrant de troubles mentaux comme seule condition sous-jacente. Comme la signification du terme « vulnérable » n’est pas toujours claire, les tentatives visant à répondre à cette vulnérabilité ou à l’atténuer peuvent manquer leur cible. Les arguments fondés sur la vulnérabilité qui s’opposent à l’élargissement de l’accès à l’AMM soulignent les facteurs sociaux ou systémiques qui peuvent influencer le choix des personnes atteintes de troubles mentaux de recourir à l’AMM, tels que le manque d’accès à des soins adéquats, la stigmatisation et la discrimination, les tendances suicidaires et la corrélation entre les troubles mentaux et le faible statut socio-économique. Cependant, la réponse courante aux préoccupations relatives à la vulnérabilité, apportée par ceux qui plaident en faveur de l’élargissement, consiste à mettre en avant les garanties actuellement en place pour s’assurer que seules les personnes éligibles à l’AMM y aient accès. Selon ce point de vue, la vulnérabilité est déterminée en évaluant l’éligibilité des individus. Ceux qui ne remplissent pas les critères d’éligibilité ne seraient pas autorisés à y avoir accès. Pourtant, cela passe complètement à côté des préoccupations soulevées qui mettent en évidence les sources de risque systémiques ou sociales. S’assurer que les personnes qui ont recours à l’AMM répondent aux critères revient à ignorer les raisons qui les poussent à y avoir recours.
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MAiD, Mental Disorder, and Capacity: Recognizing the Complexity of Moral Agency in Capacity Assessment
Kyle J. Barbour
pp. 64–71
AbstractEN:
Medical assistance in dying (MAiD) has become a prominent form of end-of-life care within the Canadian health system, yet it is not without its critics. Drawing even more critical attention is the possibility of Canada expanding MAiD eligibility to persons who suffer from mental disorder as their sole underlying medical condition (MAiD MD-SUMC). Unlike physical conditions that cause pain and suffering, mental disorder has the intrinsic potential to affect one’s ability to understand and appropriately value the consequences of one’s actions and decisions. There is thus a significant risk that a patient who has requested MAiD MD-SUMC may be unable to provide valid consent due to an impaired ability to either: 1) adequately understand the consequences of receiving MAiD or 2) place that consequence within a consistent set of values. Due to the important ways in which mental disorder can affect one’s values and desires, this paper argues that we must evaluate decision-making capacity in a more holistic way that includes both cognitive and evaluative factors. My argument is based upon a presentation of the evaluative factors involved in decision-making, a demonstration that these factors may be significantly affected by mental illness, and a suggestion that we require more holistic criteria for capacity evaluation than the excessively cognitive criteria espoused by most commonly used assessment tools. Because of the interplay between these aspects of my argument and the extremely high stakes involved in MAiD assessments, I suggest that capacity evaluations (both in general and especially for MAiD requests) ought to incorporate an aspect of narrative assessment by which the patient’s values and self-understanding can be better assessed.
FR:
L’aide médicale à mourir (AMM) est devenue une forme importante de soins de fin de vie au sein du système de santé canadien, mais elle ne fait pas l’unanimité. La possibilité que le Canada élargisse l’admissibilité à l’AMM aux personnes souffrant d’un trouble mental comme seule affection médicale sous-jacente (AMM TM-SPMI) suscite encore plus de critiques. Contrairement aux conditions physiques qui causent de la douleur et de la souffrance, les troubles mentaux ont le potentiel intrinsèque d’affecter la capacité d’une personne à comprendre et à évaluer de manière appropriée les conséquences de ses actions et de ses décisions. Il existe donc un risque important qu’un patient qui a demandé l’AMM TM-SPMI ne soit pas en mesure de donner son consentement valide en raison d’une capacité réduite à : 1) comprendre adéquatement les conséquences du recours à l’AMM ou 2) replacer ces conséquences dans un ensemble cohérent de valeurs. Compte tenu de l’importance de l’influence des troubles mentaux sur les valeurs et les désirs d’une personne, le présent document soutient que nous devons évaluer la capacité décisionnelle de manière plus holistique, en tenant compte à la fois des facteurs cognitifs et évaluatifs. Mon argument repose sur une présentation des facteurs évaluatifs impliqués dans la prise de décision, une démonstration que ces facteurs peuvent être considérablement affectés par la maladie mentale, et une suggestion selon laquelle nous avons besoin de critères plus holistiques pour l’évaluation de la capacité que les critères excessivement cognitifs préconisés par les outils d’évaluation les plus couramment utilisés. En raison de l’interaction entre ces aspects de mon argumentation et les enjeux extrêmement importants liés aux évaluations de l’AMM, je suggère que les évaluations de la capacité (en général et en particulier pour les demandes d’AMM) intègrent un aspect d’évaluation narrative permettant de mieux évaluer les valeurs et la compréhension de soi du patient.
Commentaire critique / Critical commentary
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First They Came for the Physical Crips: The Eugenic Logic Driving MAID
Heidi Janz
pp. 72–77
AbstractEN:
In this paper, I critically examine the expansion of Medical Assistance in Dying (MAiD) in Canada through a disability ethics lens. I argue that the dominant narrative framing MAiD as a compassionate, autonomy-enhancing policy obscures the systemic ableism embedded in its implementation. Drawing on lived experiences, legal decisions, and bioethical debates, I demonstrate how disabled individuals are increasingly driven to seek MAiD not due to their medical conditions, but because of structural neglect, poverty, and lack of support. I critique the “harm reduction” justification for MAiD, showing that it perpetuates a eugenic logic that devalues disabled lives. By foregrounding disability ethics, I propose a redefinition of autonomy that recognises interdependence and challenges the biomedical privileging of individualism. This approach exposes the ethical flaws in current MAiD policy and calls for a shift toward anti-ableist, disability-affirming practices in healthcare and bioethics. Ultimately, I argue that without such a shift, MAiD risks becoming a path of least resistance for structurally vulnerable disabled people, rather than a truly autonomous choice.
FR:
Dans cet article, j’examine de manière critique l’expansion de l’aide médicale à mourir (AMM) au Canada sous l’angle de l’éthique du handicap. Je soutiens que le discours dominant qui présente l’AMM comme une politique compatissante et favorisant l’autonomie occulte le capacitisme systémique inhérent à sa mise en oeuvre. En m’appuyant sur des expériences vécues, des décisions juridiques et des débats bioéthiques, je démontre comment les personnes handicapées sont de plus en plus poussées à recourir à l’AMM, non pas en raison de leur état de santé, mais à cause de la négligence structurelle, de la pauvreté et du manque de soutien. Je critique la justification de l’AMM par la « réduction des méfaits », en montrant qu’elle perpétue une logique eugénique qui dévalorise la vie des personnes handicapées. En mettant l’accent sur l’éthique du handicap, je propose une redéfinition de l’autonomie qui reconnaît l’interdépendance et remet en question la primauté biomédicale de l’individualisme. Cette approche met en évidence les failles éthiques de la politique actuelle en matière d’AMM et appelle à une évolution vers des pratiques anti-capacitistes et valorisant le handicap dans les domaines des soins de santé et de la bioéthique. En fin de compte, je soutiens que sans un tel changement, l’aide médicale à mourir risque de devenir la voie de la moindre résistance pour les personnes handicapées structurellement vulnérables, plutôt qu’un choix véritablement autonome.
Témoignage / Perspective
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The Unique Role and Contribution of Peer Supporters to MAiD in Canada: Lessons Learned from a National Discussion Series
Lee de Bie, Allison Dunning, Allyson Theodorou, Christina Sinding and Lisa D. Hawke
pp. 78–87
AbstractEN:
This paper describes lessons learned from a 2024-2025 national discussion series. Peer supporters from across the country came together virtually to discuss the special and important role they play in conversations, care, and policy related to medical assistance in dying (MAiD), building on unique values, standpoints, lived experiences, and ways of being in relationship that are distinct from those of regulated health professionals and informal support networks. We recommend that people exploring MAiD should be offered — and have access to — peer support, if desired, and that peer support programs be properly resourced to provide authentic emotional and love labour that honours a peer support vision for self-determination.
FR:
Cet article décrit les enseignements tirés d’une série de discussions nationales organisées en 2024-2025. Des pairs aidants de tout le pays se sont réunis virtuellement pour discuter du rôle particulier et important qu’ils jouent dans les conversations, les soins et les politiques liés à l’aide médicale à mourir (AMM), en s’appuyant sur des valeurs, des points de vue, des expériences vécues et des modes de relation qui leur sont propres et qui se distinguent de ceux des professionnels de la santé réglementés et des réseaux de soutien informels. Nous recommandons que les personnes qui envisagent l’AMM se voient offrir — et aient accès à — un soutien par les pairs, si elles le souhaitent, et que les programmes de soutien par les pairs disposent des ressources nécessaires pour fournir un soutien émotionnel et affectif authentique qui honore la vision du soutien par les pairs en faveur de l’autodétermination.
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What Ontario MAID Death Review Committee Reports Tell Us About Canada’s MAID Policy and Practice — And About the Overhaul It Needs
Trudo Lemmens
pp. 88–94
AbstractEN:
This paper critically examines the evidence of Medical Assistance in Dying (MAID) practice in Ontario, as documented in reports from the Ontario Chief Coroner’s MAID Death Review Committee (MDRC), of which the author is a member. Drawing on case narratives and anonymized discussions summarized in a recent MDRC report on dementia, and in earlier MDRC reports, the author highlights troubling components of current MAID practice, particularly focusing on MAID of persons with dementia. The paper documents at times minimalistic capacity evaluations, questionable informed consent procedures, and flexible interpretations of legal criteria such as “reasonably foreseeable natural death” and “advanced state of irreversible decline.” The analysis reveals how current practices may circumvent criminal law-based legislative safeguards, including through the use of Waivers of Final Consent that resemble advance requests for MAID, which are prohibited under the Criminal Code. The paper argues that guidance documents of the Canadian Association of MAID Assessors and Providers contribute to practices that appear in tension with the law. In conclusion, the paper calls for an overhaul of the system, including through stricter legislative criteria, independent review mechanisms, and enhanced professional oversight, which should reflect the irreversible and most serious outcome of the procedure.
FR:
Cet article examine de manière critique les preuves relatives à la pratique de l’aide médicale à mourir (AMM) en Ontario, telles qu’elles sont documentées dans les rapports du Comité d’examen des décès liés à l’AMM (MDRC) du coroner en chef de l’Ontario, dont l’auteur est membre. S’appuyant sur des récits de cas et des discussions anonymisées résumés dans un récent rapport du MDRC sur la démence et dans des rapports antérieurs du MDRC, l’auteur met en évidence les aspects préoccupants de la pratique actuelle de l’AMM, en se concentrant particulièrement sur l’AMM pour les personnes atteintes de démence. L’article documente des évaluations de capacité parfois minimalistes, des procédures de consentement éclairé discutables et des interprétations flexibles de critères juridiques tels que « mort naturelle raisonnablement prévisible » et « état avancé de déclin irréversible ». L’analyse révèle comment les pratiques actuelles peuvent contourner les garanties législatives fondées sur le droit pénal, notamment par le recours à des dérogations au consentement final qui s’apparentent à des demandes anticipées d’aide médicale à mourir, lesquelles sont interdites par le Code criminel. L’article soutient que les documents d’orientation de l’Association canadienne des évaluateurs et prestataires d’AMM contribuent à des pratiques qui semblent en contradiction avec la loi. En conclusion, le document préconise une refonte du système, notamment par le biais de critères législatifs plus stricts, de mécanismes d’examen indépendants et d’une surveillance professionnelle renforcée, qui devraient refléter le résultat irréversible et le plus grave de la procédure.
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MAiD and the Death of Dignity
Daryl Pullman
pp. 95–100
AbstractEN:
The concept of human dignity figures prominently in discussions about medical assistance in dying. Yet the notion of ‘dignity’ is often ambiguous. This paper seeks to clear up some of this ambiguity by distinguishing two different but related conceptions of dignity, the one a fundamentally moral notion (‘Dignity’—upper case) and the other a more aesthetic conception (‘dignity’—lower case). The dynamic relationship that exists between the moral notion of ‘Dignity’ and its aesthetic counterpart (‘dignity’) is examined. While a pluralistic society requires both notions, only the objective moral notion (Dignity) is adequate to serve as the foundation of a fundamental legal regime. While any pluralistic society must provide opportunities for the expression of subjective aesthetic notions of dignity, the latter can neither serve as the foundation of a comprehensive public ethic in general, nor can it set the parameters of a public policy on medicalized homicide. Indeed, the unmitigated expansion of a particular notion of ‘dignity’ threatens to expunge the more fundamental conception of Dignity that serves as the foundation of any liberal democratic society.
FR:
Le concept de dignité humaine occupe une place prépondérante dans les débats sur l’aide médicale à mourir. Pourtant, la notion de « dignité » est souvent ambiguë. Cet article vise à clarifier une partie de cette ambiguïté en distinguant deux conceptions différentes mais liées de la dignité, l’une étant une notion fondamentalement morale (« Dignité » — majuscule) et l’autre une conception plus esthétique (« dignité » — minuscule). La relation dynamique qui existe entre la notion morale de « Dignité » et son pendant esthétique (« dignité ») est examinée. Si une société pluraliste a besoin des deux notions, seule la notion morale objective (Dignité) est adéquate pour servir de fondement à un régime juridique fondamental. Si toute société pluraliste doit offrir des possibilités d’expression des notions esthétiques subjectives de dignité, ces dernières ne peuvent ni servir de fondement à une éthique publique globale en général, ni définir les paramètres d’une politique publique en matière d’homicide médicalisé. En effet, l’expansion sans limite d’une notion particulière de « dignité » menace d’effacer la conception plus fondamentale de la Dignité qui sert de fondement à toute société démocratique libérale.