Volume 60, Number 2, June 2019 Négocier le territoire : les ententes sur les répercussions et les avantages Guest-edited by Geneviève Motard
Table of contents (9 articles)
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Présentation : le droit et la gouvernance négociée du territoire
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La justice négociée de l’énergie éolienne au Québec
Marie-Claude Prémont
pp. 327–365
AbstractFR:
La signature d’ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) est presque devenue la norme lorsque se réalisent de nouveaux projets d’exploitation des ressources naturelles au Canada. Peu d’études se sont cependant penchées sur le recours à l’ERA dans le contexte de l’implantation au Québec des parcs éoliens. L’auteure explique pourquoi et comment ce mécanisme a fait son apparition à compter de 2003 pour la production d’énergie éolienne. Elle montre que les ERA entre les promoteurs privés de parcs éoliens et les municipalités d’accueil ne relèvent pas de la génération spontanée. Elles sont plutôt la résultante d’une structure juridique complexe graduellement mise en place à compter de l’adoption de la Loi sur la Régie de l’énergie en 1996. L’ERA du secteur éolien du Québec est analysée en tant que composante du triangle de la justice négociée, celui-ci impliquant trois parties — les promoteurs de projets, les communautés locales d’accueil et l’État — qui appuient chacune le mécanisme pour des motifs différents. L’analyse des clauses des ERA conclues en contexte éolien au Québec soulève de sérieuses questions quant à leurs effets sur le rôle qu’accorde la loi aux municipalités et sur les obligations de l’État.
EN:
Impact and Benefit Agreements (IBAs) have become routine for all new natural resource extraction projects in Canada. However, very few studies have questioned, for instance, how and why IBAs were introduced in 2003 for wind farms in Québec. Such agreements between private promoters of wind farms and host municipalities did not come about in an ad hoc fashion, but as a result of a complex legal structure gradually put in place in the wake of the Régie de l’énergie Act of 1996. IBAs in the wind energy sector in Québec are analyzed as a component of a negotiated justice triangle, involving three parties (project promoters, local host communities, and the state), each supporting the framework for different reasons. The author’s analysis of IBA clauses for wind farms in Québec raises serious questions about their impact on the role assigned to municipalities by law, and about the duties of the state.
ES:
La firma de los acuerdos de impacto y beneficios (AIB) se ha convertido casi en la norma en el desarrollo de nuevos proyectos de explotación de los recursos naturales en Canadá. Son pocos los estudios que se han realizado acerca de los recursos de los AIB en el marco del despliegue de los parques eólicos en Quebec. El artículo tiene como objetivo explicar cómo y porqué este mecanismo ha hecho su aparición a partir del año 2003 en la producción de energía eólica. Estos acuerdos llevados a cabo entre promotores privados de parques eólicos y las municipalidades no resultan de una generación espontánea, sino que son más bien el resultado de una estructura jurídica compleja, que se ha instaurado gradualmente desde la adopción de la Loi sur la Régie de l’énergie de 1996. Entonces se analizan los AIB del sector eólico de Quebec como componentes de un triángulo de justicia que se ha negociado y que vinculan a tres partes que apoyan al mecanismo por diversas razones : los promotores de proyectos, las comunidades locales y el Estado. El análisis de las cláusulas de los AIB suscritas en el contexto eólico en Quebec ha planteado serias cuestiones en cuanto a sus efectos sobre el rol que acuerda la ley a las municipalidades y sobre las obligaciones del Estado.
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Behind the Curtain, Impact Benefit Agreement Transparency in Nunavut
Chris Hummel
pp. 367–393
AbstractEN:
Impact Benefit Agreements are typically hidden from public view by confidentiality clauses. However, a recent trend towards public disclosure of IBAs in Nunavut has made scrutiny possible. In light of this unique disclosure, this paper analyses the contents of Nunavut’s IBAs and the short-term consequences of their transparency, reaching three conclusions : (1) the contents of Nunavut’s IBAs are quasi-legislative, resembling public law more than private law in scope and scale — a characterization which warrants transparency ; (2) IBAs’ increasing role in the Duty to Consult may further warrant transparency, and (3) IBA transparency in Nunavut has allowed ideas to spread among Nunavut’s communities and has invited constructive public and academic scrutiny. In reaching these conclusions, this paper does not suggest that all IBAs ought to be publicized. There are a variety of reasons why both Indigenous communities and extractive proponents opt for IBA confidentiality. Nonetheless, the trend away from confidentiality in Nunavut invites a broader discussion about the merits of IBA transparency.
FR:
Les ententes sur les répercussions et avantages (ERA) font généralement l’objet de clauses de confidentialité. Au Nunavut, la tendance récente à les rendre publiques favorise un certain contrôle en la matière. À la lumière de cette divulgation, le présent article analyse le contenu des ERA du Nunavut et les conséquences à court terme de leur divulgation pour aboutir à trois conclusions : (1) de par leur portée, le contenu des ERA du Nunavut est quasi législatif et s’assimile davantage au droit public qu’au droit privé — une caractérisation qui favorise la transparence ; (2) le rôle croissant des ERA par rapport à l’obligation de consulter peut également justifier une transparence accrue, et (3) la transparence des ERA au Nunavut a contribué à la circulation des idées parmi les communautés, ce qui a entraîné un examen critique constructif de la part du public et des universitaires. En tirant ces conclusions, le présent article ne suggère pas que toutes les ERA devraient être publiques. Il existe diverses raisons pour lesquelles les parties optent pour la confidentialité. Néanmoins, la tendance à l’abandon de la confidentialité au Nunavut invite à une réflexion plus large sur les avantages de la transparence des ERA.
ES:
En los acuerdos de impacto y beneficios (AIB) se suscriben cláusulas de confidencialidad. En Nunavut, la reciente tendencia de publicarlas ha fomentado un cierto control sobre la materia. A la luz de esta divulgación, este artículo analiza el contenido de los AIB de Nunavut y las consecuencias de su divulgación a corto plazo, para llegar a tres conclusiones : (1) Por su alcance, el contenido de los AIB de Nunavut es cuasi legislativo, y se asimila más al derecho público que al derecho privado, lo cual es una caracterización que favorece la transparencia. (2) El creciente rol de los AIB en relación con la obligación de consulta puede igualmente justificar una mayor transparencia. (3) La transparencia de los AIB en Nunavut ha contribuido al intercambio de ideas entre las comunidades, lo que ha conllevado a un examen crítico y constructivo por parte del público y de los universitarios. Llegando a estas conclusiones, este artículo no propone que todos los AIB deberían ser públicos. Existen diversas razones por las cuales las partes pueden optar por la confidencialidad. Sin embargo, la tendencia existente para desistir de la confidencialidad en Nunavut invita a realizar una reflexión más amplia sobre las ventajas de la transparencia de los AIB.
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Les dimensions collectives des ententes sur les répercussions et les avantages : bémol sur le discours du contrat privé
Geneviève Motard
pp. 395–450
AbstractFR:
Les ententes sur les répercussions et les avantages conclues entre des entreprises ou des organismes publics et des Premières Nations ou des Inuits ont pour objet d’établir une relation de confiance mutuelle de manière à permettre la réalisation de projets extractifs ou d’exploitation de ressources naturelles qui, autrement, susciteraient une opposition sociale. Ces ententes, dites de nature socioéconomique, sont qualifiées de contrats privés par tous les acteurs visés. À partir d’une analyse des parties, de l’objet et des obligations ainsi que des portées intercommunautaire et intergénérationnelle des ententes en question, l’auteure cherche à démontrer que leur dimension collective est largement sous-estimée par le discours du contrat privé. Elle conclut que cette dimension collective devrait amener un encadrement particulier de ces ententes, tant par les autorités autochtones que par les autorités étatiques.
EN:
Impact and benefit agreements between a company or public body and a First Nation or Inuit community are designed to create a trust-based relationship, allowing natural resource development or extraction projects to go ahead without the social opposition they would otherwise face. The agreements are considered to be socio-economic in nature and are described as private contracts by all the players involved. Based on an analysis of the parties, the objects, and the inter-community and inter-generational scope of such agreements, this paper shows that their collective dimension is largely underestimated by the private-contract approach. The author concludes that the collective dimension should lead to closer supervision of the agreements by both Aboriginal and governmental authorities.
ES:
Los acuerdos sobre las repercusiones y las ventajas que se han concluido entre las empresas u organismos públicos, y las Primeras Naciones o Inuit, tienen como finalidad establecer una relación de confianza entre estos, de forma que se permita la realización de proyectos de extracción o de explotación de recursos naturales, que de otra forma, suscitarían una oposición social. Estos acuerdos llamados de naturaleza socioeconómica, han sido tipificados como contratos privados por todas las partes vinculadas. A partir de un análisis de las partes, del objeto, y del alcance intercomunitario e intergeneracional, este texto persigue demostrar que la dimensión colectiva de estos acuerdos está ampliamente subestimada por el discurso del contrato privado. La autora ha llegado a la conclusión que esta dimensión colectiva debería aportar un marco particular de dichos acuerdos, tanto por las autoridades aborígenes como por las autoridades estatales.
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Les droits ancestraux des peuples autochtones au carrefour du droit public et du droit privé : le cas de l’industrie extractive
Ghislain Otis
pp. 451–490
AbstractFR:
Le présent article a pour sujet l’incidence des droits ancestraux sur la relation juridique entre les peuples autochtones et les sociétés privées travaillant à l’extraction des ressources naturelles en territoire québécois. La première partie aborde les ententes entre les sociétés extractives et les peuples autochtones relativement aux effets et aux retombées d’un projet d’extraction (appelées « ententes sur les répercussions et les avantages » ou ERA). La seconde traite de la responsabilité civile des sociétés extractives quant aux conséquences préjudiciables de leurs activités sur l’exercice des droits ancestraux des Autochtones. Il ressortira de l’ensemble du propos que les rapports entre les acteurs de l’industrie et les Autochtones se trouvent, dès lors qu’existent des droits ancestraux sur les terres visées, au carrefour du droit public et du droit privé. L’auteur s’attache à montrer que le droit québécois de la responsabilité civile, dont la Charte des droits et libertés de la personne, aura un rôle à jouer dans la protection des droits ancestraux des peuples autochtones sur la terre et les ressources. Sans annexer ni dénaturer le régime sui generis de ces droits tel qu’il a émergé dans la sphère du droit public, le droit privé québécois est à même de les accueillir et de les sanctuariser à sa manière. Par ailleurs, le droit public ne fait nullement obstacle à la conclusion des contrats particuliers que sont les ERA même lorsque de tels contrats restreignent l’exercice d’activités autochtones ressortant aux droits ancestraux. Le droit des contrats apparaît plutôt comme un des instruments à la disposition d’un peuple autochtone pour la mise en oeuvre de l’autonomie inhérente à ses droits ancestraux et pour la poursuite de son développement économique et social. L’incertitude quant à l’identité du groupe titulaire des droits ancestraux pourra cependant fragiliser ces ERA si elles ne respectent pas les régimes territoriaux autochtones.
EN:
This article examines the impact of Aboriginal rights on the legal relationship between indigenous peoples and the extractive industry in Québec. The first part of the article deals with Impact and Benefit Agreements (IBAs) between resource extractors and indigenous peoples, while the second part looks at the companies’ civil liability for any detrimental effects their activities may have on the exercise of Aboriginal rights. The overall finding is that the relationship between industry players and indigenous peoples holding or claiming Aboriginal rights with respect to land and resources lies at the meeting-point of public and private law. The author shows that Québec law on civil liability, including the Charter of Human Rights and Freedoms, has a role to play in protecting indigenous peoples’ Aboriginal rights over the land and its resources. Without impairing the sui generis public law aspects of aboriginal rights, Québec private law is capable of acknowledging and protecting such rights in its own distinctive way. In addition, there is no obstacle in public law to the signing of specific contractual agreements such as IBAs, even when they restrict the exercise of activities arising from Aboriginal rights. In fact, contract law appears to be one of the means available to an indigenous people to exercise its decision-making authority inherent in Aboriginal rights and pursue its economic and social development. Enduring uncertainty about the identity of the group holding Aboriginal rights may, however, undermine such agreements if they fail to respect indigenous land tenure systems.
ES:
Este artículo estudia el impacto de los derechos ancestrales en la relación jurídica existente entre los pueblos autóctonos y las sociedades privadas que operan en la extracción de recursos naturales en el territorio quebequense. La primera parte del escrito aborda los acuerdos suscritos entre las instituciones extractivas y los pueblos autóctonos, en lo que respecta los efectos y las repercusiones de un proyecto de extracción (AIB). La segunda parte trata sobre la responsabilidad civil de las instituciones extractivas, en lo que respecta los efectos perjudiciales de sus actividades sobre el ejercicio de los derechos ancestrales de los autóctonos. Por lo tanto, se desprende del conjunto del tema, que las relaciones entre los actores de la industria y los autóctonos se encuentran desde que los derechos ancestrales existen en dichas tierras, y se hallan en una encrucijada entre el derecho público y el derecho privado. El autor se consagra a demostrar que el derecho quebequense de la responsabilidad civil, particularmente en la Carta de Derechos y Libertades de la Persona (Charte québécoise des droits et libertés) juega un rol en la protección de los derechos ancestrales de los pueblos autóctonos, de la tierra y de los recursos. Sin anexar o desnaturalizar el régimen sui generis de estos derechos, tal y cual como ha surgido en la esfera del derecho público, el derecho privado quebequense ha podido albergarlo y garantizarlo a su manera. Además, el derecho público no obstaculiza de ningún modo la celebración de contratos particulares, los AIB (acuerdos de impacto y beneficios) incluso cuando tales contratos restringen el ejercicio de actividades autóctonas que supongan derechos ancestrales. El derecho contractual aparece más bien como uno de los instrumentos a disposición de un pueblo autóctono, en la implementación de la autonomía inherente con sus derechos ancestrales para el impulso de su desarrollo económico y social. Sin embargo, la incertidumbre en cuanto a la identidad del grupo titular de los derechos ancestrales podría fragilizar estos acuerdos si no se respetan los regímenes territoriales autóctonos.
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La réalisation du droit à la santé des Inuits à travers la mise en oeuvre des ententes sur les répercussions et les avantages : le cas de l’Entente Raglan et des communautés de Salluit et de Kangiqsujuaq
Marianne Archambault-Laliberté
pp. 491–517
AbstractFR:
Comment les ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) peuvent-elles contribuer à la réalisation du droit à la santé des populations signataires ? Par leurs vastes champs d’application, les ERA constituent des véhicules propices au renforcement des droits de la personne. Souvent employées comme outil de développement économique, peu d’entre elles mettent cependant explicitement l’accent sur l’amélioration du bien-être des communautés. Bien que les parties prenantes autochtones soient fréquemment d’accord pour que les questions de santé et de bien-être soient abordées, la structure des négociations semble empêcher cette prise en considération. De fait, outre qu’elles sont difficilement quantifiables, les retombées de mesures ayant pout objet le renforcement de la santé ne sont que rarement observables à court terme, ce qui les distingue des mesures de nature proprement économique. À travers l’analyse des clauses de l’Entente Raglan et la lecture des impacts de cette dernière sur le bien-être des communautés de Salluit et de Kangiqsujuaq, l’auteure met en évidence les retombées positives et négatives de cette ERA sur la réalisation du droit à la santé des deux populations inuites visées. Elle apporte ainsi un éclairage sur la manière dont les ERA pourraient être utilisées au réel bénéfice sociosanitaire des communautés signataires.
EN:
Do Impact and Benefit Agreements (IBAs) make a positive contribution to the right to health of the communities that sign them ? Because of their broad scope, IBAs offer an opportunity to strengthen human rights. However, they are often used as a tool for economic development and seldom focus explicitly on improving the wellbeing of the community concerned. Although indigenous stakeholders are often open to the idea of addressing issues relating to health and wellbeing, it appears that the negotiating structure makes this difficult. The impact of measures to improve health, in addition to being hard to quantify, are rarely observable in the short term, unlike purely economic measures. Through an analysis of the clauses in the Raglan IBA that target wellbeing in the Inuit communities of Salluit and Kangiqsujuaq, this article highlights the positive and negative impacts of the IBA on the right to health in each Inuit community, shedding light on the way IBAs could be used to deliver genuine social and health benefits.
ES:
¿De qué manera los acuerdos de impacto y beneficios (AIB) pueden contribuir a la realización del derecho sanitario en las poblaciones firmantes ? Gracias a sus vastos campos de aplicación los AIB constituyen medios propicios para el fortalecimiento de los derechos humanos. A menudo estos han sido empleados como una herramienta de desarrollo económico, sin embargo, pocos de estos acuerdos han hecho explícitamente hincapié en el mejoramiento del bienestar de las comunidades. A pesar de que las partes autóctonas interesadas están frecuentemente de acuerdo para que se aborden las cuestiones relacionadas con la salud y el bienestar, pareciera que la estructura de las negociaciones impidiera estas consideraciones. De hecho, además de ser difícilmente cuantificables, las repercusiones de las medidas que tienen como objetivo el fortalecimiento de la salud raramente se constatan a corto plazo, lo cual las distingue de las medidas de naturaleza propiamente económica. A través del análisis de las cláusulas del AIB Raglan y de la lectura de los impactos del acuerdo sobre el bienestar de las comunidades de Salluit y de Kangiqsujuaq, este artículo pone en evidencia las consecuencias positivas y negativas de dicho acuerdo sobre la realización del derecho sanitario en ambas poblaciones inuit, aclarando así la materia en la cual los AIB podrían ser empleados con un real beneficio sociosanitario en las comunidades firmantes.
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Revitalizing Indigenous Women’s Water Governance Roles in Impact and Benefit Agreement Processes Through Indigenous Legal Orders and Water Stories
Patricia Hania
pp. 519–556
AbstractEN:
In the Canadian mining sector, the use of an impact and benefit agreement (IBA) is the dominant legal instrument that structures the legal relationship between a First Nation and a proponent. However, barriers to Indigenous women’s participation in IBA law-making exist, which raises the question : How can IBA law-making be strengthen to include Indigenous women ? Emergent scholarship by Graben, Cameron and Morales takes up this question of Indigenous women’s participation in their gendered approach. In this article, I critically examine and expand upon Graben, Cameron and Morales gendered approach, and argue that mining, Indigenous women, and water are interconnected, and advancing Indigenous women’s participation is essential, as argued by Graben, Cameron and Morales. However, offering Indigenous women a place at the IBA negotiating table is meaningless without recognizing their Indigenous law stories and governance responsibilities to speak for water, as long argued by Indigenous water governance scholars and Indigenous women.
FR:
Tant dans le secteur minier canadien qu’ailleurs dans le monde, le recours aux ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) constitue l’instrument juridique dominant pour structurer les relations juridiques entre l’industrie et les peuples autochtones. Par ailleurs, le phénomène de la violence vécue par les femmes autochtones découlant de l’intégration d’une société minière au sein d’une communauté est bien documenté. Cependant, au Canada, les lois discriminatoires de l’État colonial continuent de faire obstacle à la participation des femmes autochtones aux processus des ERA. Ces écueils entraînent une invisibilité des femmes autochtones, qui résulte des ERA pourtant neutres en matière de genre. L’invisibilité en question contribue à marginaliser les femmes autochtones dans les processus d’élaboration des ERA. Une telle situation soulève l’interrogation suivante : comment les processus d’élaboration des ERA envisagent-ils la participation des femmes autochtones dans leurs domaines de compétence et leurs responsabilités en matière de gouvernance de l’eau ? Dans le présent article, l’auteure utilise l’approche sexospécifique de Graben, Cameron et Morales dans l’analyse des ERA afin de favoriser l’inclusion des femmes autochtones. Elle soutient que le droit autochtone, et en particulier la juridiction des femmes autochtones sur la gestion de l’eau et leurs récits, les place dans une position privilégiée pour négocier directement une ERA. Elle en conclut que la revitalisation du rôle des femmes autochtones dans la gouvernance peut ainsi être réalisée en s’appuyant sur les récits relatifs à l’eau des peuples autochtones, comme le prévoit le droit autochtone favorisant la réconciliation, tel que cela est mis en avant dans les appels à l’action contenus dans le rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada paru en 2015.
ES:
En el sector minero canadiense como en otras partes del mundo, recurrir a los Acuerdos de Impacto y Beneficios (AIB) resulta ser el instrumento jurídico predominante para estructurar las relaciones jurídicas entre la industria y los pueblos indígenas. Además, bien se ha documentado sobre el fenómeno de la violencia que han vivido las mujeres indígenas, resultante de la integración de una compañía minera en el seno de una comunidad. Sin embargo, en Canadá, las leyes discriminatorias del Estado colonial siguen obstaculizando la participación de las mujeres indígenas en los procesos de los AIB. Estos escollos han arraigado una invisibilidad de las mujeres indígenas que resulta de los AIB, siendo estos, no obstante, neutros en materia de género. La invisibilidad en cuestión ha contribuido a marginalizar a las mujeres indígenas en los procesos de realización de los AIB. Tal situación plantea la siguiente interrogante : en los procesos de elaboración de los AIB ¿cómo se sopesa la participación de las mujeres indígenas en sus campos de competencia y en sus responsabilidades en materia de gestión pública del agua ? En el presente artículo, la autora emplea la perspectiva de género de Graben, Cameron y Morales en el análisis de los AIB con el fin de favorecer la inclusión de las mujeres indígenas. La autora sostiene que el derecho aborigen, y en particular, la jurisdicción de las mujeres indígenas en la gestión del agua y en sus relatos, las sitúa en una posición privilegiada para negociar directamente un AIB. Igualmente, la autora llega a la conclusión que la revitalización del rol de las mujeres indígenas en la gobernanza puede ser realizada basándose en los relatos relacionados con el agua de los pueblos indígenas como lo prevé el derecho indígena, fomentando la reconciliación tal y como se ha destacado en los llamamientos a la acción del informe de la Commission de vérité et réconciliation du Canada publicado en el año 2015.