Abstracts
Résumé
La tradition historienne a longtemps occulté la dimension colonialiste de notre passé, au cœur de celle-ci, le rapport à l’Autre et l’enjeu central de la souveraineté. Nous traitons de ces deux paradigmes de manière comparative dans le temps et l’espace. Des modèles coloniaux de rapports aux Amérindiens furent nettement démarqués selon les modalités de transition à la modernité et le contexte de la colonisation. Les différences dans les modalités d’alliance furent réelles et elles nous ont été léguées en héritage. Par contre, elles comportaient leur revers, celui de la conquête de l’Autre, indissolublement liée à la colonisation. Cette conquête est immédiatement visible dans l’histoire des États-Unis, elle l’est également pour la Grande-Bretagne, mais de manière plus nuancée, pour la France, cela est moins apparent. La conquête n’y est cependant pas moins centrale. Certes l’analyse des rapports franco-amérindiens dans les Pays d’En-Haut et le Haut-Mississipi, révèle une sorte d’équilibre. Les nations amérindiennes y sont-elles encore souveraines ? De manière absolue ? Cet immense ensemble socioculturel s’inscrivait dans un système politique encore plus vaste, celui des empires coloniaux où les décisions de redistribuer les territoires étaient fonction de victoires et de défaites militaires ailleurs sur la planète. Les changements de régime en Amérique du Nord ont mis à jour cette dimension impériale. Les Amérindiens l’ont refusée pour la défense de leurs terres. Qu’en est-il de l’héritage de l’alliance franco-amérindienne ? La mémoire en est largement perdue. Elle ne s’inscrit pas dans le narratif historique de la fondation des États-Unis, ni dans celui du Québec moderne. Il s’agit pourtant d’un extraordinaire legs.
Abstract
Historical tradition has long hidden the colonialist dimension of our past at the heart of which lies the relationship to the Other and the central issue of sovereignty. We examine the two paradigms from a comparative perspective. Colonial models of the relationship to Amerindians were clearly marked by the transition to modernity and the context of colonisation. Differences in the modes of alliance were real and we have inherited them. They, however, have their setbacks most notably the conquest of the Other, inextricably linked to colonisation. This conquest is readily visible in the history of the United States as it is in that of great Britain although in a somewhat qualified manner. For France, however, the same cannot be said and yet conquest is nonetheless central. Of course, analysis of Franco-Amerindian relations in the Pays d’En Haut and the Upper Mississippi do show a kind of equilibrium. Yet are these Amerindian nations sovereign ? Absolutely ?
This huge cultural entity belonged to an even greater political system, one of colonial empires in which decisions regarding the redistribution of territory depended on military victories and defeats elsewhere on the planet. Regime changes in North America demonstrate the imperial dimension. The Amerindians refused such change in defence of their land. Yet what shall we make of the legacy of the Franco-Amerindian alliance ? The memory of it is all but lost. It does not form part of the historical narrative of the founding of the United States nor of that of modern Québec. And yet it is a most extraordinary legacy.
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