Abstracts
Résumé
L’auteur se penche sur l’histoire, qui reste encore à écrire, de Musique en jeu, la revue française mythique des années 1970, qui est un modèle explicite pour la revue Circuit. Cet article livre des propos tirés d’entretiens réalisés à l’occasion d’une rencontre publique sur le passé et l’avenir des revues musicales avec deux des fondateurs de Musique en jeu : son principal animateur, Dominique Jameux, ainsi que l’un de ses collaborateurs notables, Jean-Pierre Derrien. Sont esquissés des détails sur la naissance de la revue de même que sur son évolution au cours de la décennie.
Abstract
The author discusses the history, which is still waiting to be written, of Musique en jeu, the French music journal from the 1970s, which was an explicit model for Circuit. The article includes details about the journal’s birth and evolution over the course of the decade through interviews conducted at a public round table discussion on the past, present and future of music journals with two of Musique en jeu’s cofounders: its main organizer Dominique Jameux and one of its most notable collaborators, Jean-Pierre Derrien.
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Appendices
Note biographique
Nicolas Donin
Nicolas Donin, musicologue, est chercheur à l’Ircam où il anime l’équipe Analyse des pratiques musicales (Ircam-CNRS). Il est l’auteur de nombreux travaux sur la musique contemporaine, l’histoire des pratiques d’écoute et d’analyse musicale depuis la fin du xixe siècle, et l’analyse musicale d’interprétation. Plusieurs de ces recherches sont réalisées en collaboration, notamment avec Rémy Campos et avec Jacques Theureau. Il est membre du comité de rédaction de Circuit, musiques contemporaines depuis 2001.
Notes
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[1]
Le tout premier éditorial est sans ambiguïté à ce sujet : « Il s’agira ici de musique, de musique moderne, même, c’est-à-dire peut-être de beaucoup d’autres choses que de musique : comprenne qui pourra ; nous, nous comprenons encore mal. On entend souvent dire que la musique contemporaine est laide, mais que les démarches qui la sous-tendent sont intéressantes : on parlera de ces démarches. Le reste, au fil des numéros, viendra par surcroît ». Et : « Il ne reste plus qu’à vous demander de venir nous voir et nous écrire une fois que vous aurez eu ce premier numéro entre les mains. Aucun mot de passe, aucun prétexte ne sont nécessaires. De « Comité de Rédaction » constitué, il n’y a point. Vient travailler avec nous, « spécialiste » ou non, qui en a le désir, qui a quelque chose à dire, qui veut travailler dans tel domaine, qui accepte de débattre avec d’autres » ([Dominique Jameux], « Éditorial », Musique en jeu, no 1, 1970, p. 2-3, en italique dans le texte).
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[2]
Pour un coup d’oeil plus détaillé et homogène sur le contenu de l’ensemble des numéros, on peut se reporter aux index analytiques parus dans les numéros 6 (1972) et 22 (1976).
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[3]
« La musique contemporaine et ses actualités. Sur la nécessité (ou non) de publier des revues de musique contemporaine aujourd’hui », Paris, Centre de documentation de la musique contemporaine, 6 octobre 2005, avec la participation de Philippe Albèra, Gloria Collado, Jean-Pierre Derrien, Bastien Gallet, Jonathan Goldman, Gérard Gromer, et Makis Solomos. Enregistrement audio accessible à www.cdmc.asso.fr/enregistrements_mp3/index.htm.
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[4]
Jameux étudie notamment auprès de l’influent sociologue et géographe marxiste Henri Lefebvre, qui signera le premier article de « sémiologie » dans la revue (« Musique et sociologie », Musique en jeu, no 4, 1971, p. 52-62), juste avant les numéros d’inspiration linguistique et structuraliste coordonnés par Nattiez.
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[5]
Festival organisé par Maurice Fleuret à partir de 1968, intégré au Festival d’Automne à Paris à partir de 1972 (voir Patrick Szersnovicz, « Semaines musicales internationales de Paris. Chronique des années fastes », Jean-Pierre Leonardini, Marie Collin et Joséphine Markovits, Festival d’Automne à Paris 1972-1982, Messidor/Temps Actuels, Paris, 1982, p. 219-220 ; ainsi que les numéros 267, 270-271 et 276-277 de la Revue musicale).
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[6]
Ce sera : Dominique Jameux, Richard Strauss, Paris, Seuil, 1971.
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[7]
Les écrits sur la musique de Pierre Schaeffer publiés aux éditions du Seuil l’étaient, quant à eux, dans la collection Pierres Vives, principalement consacrée à la critique et la théorie littéraires.
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[8]
La réciproque existe aussi, comme le notait Jameux dans l’éditorial du no 11 au sommaire particulièrement bigarré (Schnebel sur LaMonte Young, article sur la musicothérapie, transcription d’une émission de radio sur Kagel, notes sur les rapports musique/biologie, analyse de Pli selon Pli par Stoïanova, texte de Daniel Charles et chroniques diverses) : « Ironie des sommaires. Lorsque Musique en jeu se propose de traiter un thème, il est rare qu’elle y parvienne vraiment : c’est le propre d’une revue. Décidons-nous un numéro « athématique » (…) ? Voilà que des articles disparates semblent confluer suivant une logique peu explicite, mais où se déchiffre en surimpression comme une sorte de projet mal discernable encore. (…) Coïncidence des survenues d’articles : 1960, charnière où tout chavire, est aussi bien l’année de Pli selon Pli que celle du début des recherches de LaMonte Young » (Dominique Jameux, « Les années soixante sont terminées », Musique en jeu, no 11, 1973, p. 2-3).
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[9]
« C’étaient les années Boucourechliev. On attendait les Archipels comme on attendait, disons, le Messie. … Ou la pluie – cela dépend sous quel régime ! » (jpd).
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[10]
Dominique Jameux, « La Mort [à] Venise », Musique en jeu, no 4, 1971, p. 3 ; l’éditorialiste se réclame plus loin d’un « romantisme révolutionnaire » (p. 4). Trente plus tard, Jameux soulignera : « MeJ est moins un Enfant de Mai 68 que celui de la « normalisation » qui a suivi, une fois la ferveur, l’illusion, le divertissement ou l’agitation (selon) retombés. Sans doute nombreux ont été les « militants de Mai 68 » (…) à s’être alors dit : bon, et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? » (correspondance avec l’auteur, courriel du 23 janvier 2010).
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[11]
Voir les nos 15 (1974) et 16 (1974), ainsi que le bilan de l’initiative dans le no 19 (1975).
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[12]
Les références à d’autres revues musicales ne sont, bien sûr, cependant pas exclues. Ainsi, dès le premier numéro, les 50 ans de Melos font l’objet d’une brève ; et l’éditorial du no 30 (1978) annonce la naissance de Musik-Konzepte comme une sorte d’alter ego germanophone.