Cahiers de recherche sociologique
Number 26, 1996 La sociologie saisie par la littérature Guest-edited by Jean-François Côté and Régine Robin
Table of contents (17 articles)
Présentation
-
Hommage à Guy Rocher, pour l’obtention du prix Léon-Gérin, 1995
-
Politiques de l’écriture
Jacques Rancière
pp. 19–37
AbstractFR:
Selon Barbey d’Aurevilly, la prose de Flaubert est celle d’un « casseur de pierres ». Comment comprendre la complicité ainsi dénoncée entre le style comme « manière absolue de voir les choses » et la banalité du geste ouvrier et de la prose démocratique? L’article cherche à répondre à ce paradoxe en revenant à la solidarité première dénoncée par Platon entre la démocratie et la lettre muette/bavarde. À partir de là se définit la littérarité, en tant qu’opération spécifique de l’écriture dans le partage du sensible qui structure l’ordre des activités humaines. La littérature, comme absolutisation de l’acte d’écrire, déliée des normes de la représentation, entre alors dans un rapport contradictoire de solidarité et de conflit avec le « désordre » de la littérarité démocratique. L’article propose, autour de Balzac, Flaubert et Mallarmé, quelques repères pour analyser cette configuration.
EN:
In Barbey d'Autrevilly's view, Flaubert's prose is that of a "rock breaker". How do we understand the complicity thus denounced between style as "the ultimate way of seeing things", the banality of the activity of labour, and democratic prose? This article attempts to come to terms with this paradox by returning to the primary solidarity, denounced by Plato, between democracy and the silent/garrulous written word. On this basis, literariness (littérarité) defines itself as a specific operation of writing in the division of the sensible which structures the order of human activities. As the absolutization of the act of writing, literature undoes norms of representation, thereby entering into a contradictory relationship of solidarity and conflict with the "disorder" of democratic literariness. With reference to Balzac, Flaubert, and Mallarmé, this article offers a certain number of purchases from which to analyze this configuration.
ES:
Según, Barbey d'Aurevilly, la prosa de Flaubert es la de un «picapedrero». ¿Cómo comprender la complicidad denunciada así entre el estilo como «manera absoluta de ver las cosas» y la banalidad del gesto obrero y de la prosa democrática? El artículo busca responder a esta paradoja volviendo a la solidaridad primaria denunciada por Platón entre la democracia y la letra muda/habladora. A partir de ahí se define la literariedad como operación específica de la escritura, separada de lo sensible que estructura el orden de las actividades humanas. La literatura, como absolutización del acto de escribir, desligada de las normas de la representación, entra así en una relación contradictoria de solidaridad y de conflicto con el «desorden» de la literariedad democrática. El artículo propone, alrededor de Balzac, Flaubert y Mallarmé, algunas indicaciones para analizar esta configuración.
-
Les illusions spéculaires du capitalisme : Balzac et Marx sur les fictions critiques de l’économie politique
Thomas M. Kemple
pp. 39–59
AbstractFR:
Balzac éclaire le tissu des fictions et des fantaisies qui soutient la vie sociale moderne et fournit un canevas à partir duquel Marx tentera d’analyser la production systématique des illusions sur lesquelles reposent les relations sociales. Entre les textes de Balzac et de Marx, entre les intrigues dramatiques de l’un et les analyses historiques de l’autre, il y a cependant plus qu’une simple image en miroir ou qu’une relation analogique : ce sont deux faces d’un réalisme qui tente, selon des jugements normatifs divergents, de cerner les virtualités enfouies dans le développement du capitalisme.
EN:
Balzac's insight into the web of fictions and fantasies that upheld modern social conditions provided Marx with an implicit framework within which he attempted to analyse the systematic production of illusions on which such relations depend. Between the texts of Balzac and Marx, between the dramatic scripts of the former and the historical analyses of the latter, there is more than just a mirror image or analogical relation: they are two faces of a realism that seeks, according to diverging normative judgments, to grasp the potential alternatives embedded in the actual capitalist développement.
ES:
Balzac ilustra el tejido de ficciones y fantasías que sustentan la vida social moderna y provee el entramado desde el cual Marx intentará analizar la producción sistemática de las ilusiones sobre las que se basan las relaciones sociales. Hay, sin embargo, entre los textos de Balzac y de Marx, entre las intrigas dramáticas de uno y los análisis históricos del otro, más que una simple imagen reflejada o una analogía: se trata más bien de las dos caras de un realismo que intenta captar, según juicios normativos divergentes, las virtualidades ocultas en el desarrollo del capitalismo.
-
Ce que la littérature fait à la sociologie. Petite histoire des États de femme
Nathalie Heinich
pp. 61–77
AbstractFR:
En racontant l’histoire de l’écriture d’un livre ayant pour terrain la littérature, cet article tente de mettre en évidence les différentes catégories d’obstacles (non seulement conceptuels mais aussi institutionnels, relationnels et affectifs) qui se dressent au cours de l’élaboration d’un travail de recherche, ainsi que, parallèlement, les moyens qui permettent de les surmonter. Parmi ces moyens le matériau même du livre — à savoir la littérature — a compté parmi les plus puissants, en ouvrant les voies de réflexion, en débloquant les résistances, en éclairant les points aveugles. Il en ressort que, à rencontre d’une conception « académique » de la division des disciplines et des catégories de compétences, la proximité est sans doute beaucoup plus grande qu’on ne croie entre la dimension conceptuelle de la description sociologique de la réalité et la dimension intuitive et affective de sa mise en forme imaginaire par la littérature. Et si le romancier est, souvent, en prise directe avec l’inconscient, il n’est pas incongru de penser que le sociologue peut l’être aussi — ou du moins le devrait.
EN:
In telling the story of writing a book about literature, this article draws attention to the various categories of obstacle (not only conceptual, but also institutional, relational, and affective) that arise while working on a research project and, at the same time, the ways of overcoming them. Included in the latter, the book's material — i.e., literature — was among the most powerful by opening paths of reflection, overcoming resistances, and casting light on blindspots. It is shown that, contrary to an academic conception of the division of disciplines and categories of skills, there is a much greater proximity than one would think between the conceptual dimension and the sociological description of reality and the intuitive and affective dimension of its literary construction. And if the novelist is often in close touch with unconscious, it is not inconceivable to think that the sociologist can be, or at least should be, in touch with it as well.
ES:
Contando la historia de la escritura de un libro que aborda la literatura, este artículo intenta poner en evidencia por un lado las diferentes categorías de obstáculos ( no solo conceptuales sino también institucionales, relaciónales y afectivos) que aparecen durante la elaboración de un trabajo de investigación, así como, por otro lado, trata de mostrar paralelamente los medios que permiten superarlos. Entre esos medios, la materia misma del libro — es decir la literatura — ha aparecido entre los más poderosos, abriendo las vías de la reflexión, desbloqueando las resistencias, iluminando los puntos ciegos. Se desprende que, en contra de una concepción académica de la división de disciplinas y de las categorías de competencia, la proximidad es sin duda mucho más grande de lo que se cree entre la dimensión conceptual de la descripción sociológica de la realidad y la dimensión intuitiva y afectiva de su elaboración imaginaria en la literatura. Y si el novelista está, a menudo, en contacto directo con el inconciente, no es incongruente pensar que el sociólogo puede estarlo también o al menos debería.
-
Max Weber et les affabulations de l’identité
Louis Jacob
pp. 79–102
AbstractFR:
La problématique de la « narrativité », par laquelle Paul Ricoeur entendait souligner la spécificité épistémologique des sciences humaines, tout en les distinguant formellement et concrètement des autres types de récit, est posée ici à partir de la sociologie de Max Weber. Les structures narratives wébériennes, par-delà leurs marques textuelles ou discursives, ne sont pleinement intelligibles que lorsque nous les comprenons dans l’expérience du temps et la conscience historique profondément ambivalentes du sociologue. Cette ambivalence se révèle notamment dans les polémiques entourant le rôle des intellectuels et les processus de rationalisation, et face aux représentations narratives paradoxales du «sujet historique», sa « personnalité », son « identité ».
EN:
This article poses the problematic of "narrativity", by which Paul Ricoeur sought to emphasize the epistemological specificity of the human sciences while formally distinguishing them from other kinds of narrative, within the framework of Max Weber's sociology. Above and beyond their textual and discursive markers, Weberian narratives are only fully intelligible when understood as a function of Weber's profoundly ambivalent experience of time and historical consciousness. This ambivalence is revealed in the controversy surrounding the role of intellectuals and rationalization processes, and vis-a-vis the paradoxical narratives of the "historical subject", his/her "personality", and his/her «identity».
ES:
La problemática de la «narratividad», con la que Paul Ricoeur quería destacar la especificidad de las ciencias humanas, distinguiéndolas formal y concretamente de otros tipos de relatos, es planteada aquí para la sociología de Max Weber. Las estructuras narrativas weberianas, por encima de sus marcas textuales o discursivas, no son plenamente intelegibles sino cuando las comprendemos en el marco de la experiencia del tiempo y de la conciencia histórica profundamente ambivalentes del sociólogo. Esta ambivalencia se manifiesta especialmente en las polémicas sobre del rol de los intelectuales y los procesos de racionalización, así como en las representaciones narrativas paradójicas del «sujeto histórico», de su «personalidad» y de su «identidad».
-
Les tentations du sujet dans le récit littéraire actuel
Bruno Blanckeman
pp. 103–113
AbstractFR:
La création littéraire française s’est, avec une nouvelle génération d’écrivains des années quatre-vingt, réorientée vers des préoccupations plus conventionnelles du récit, en amoindrissant l’importance des préoccupations plus formalistes des générations précédentes portant sur l’exploration du matériau langagier. Parallèlement à ce mouvement, la sociologie se tourne également vers des analyses de contenu, qui délaissent dans une certaine mesure les préoccupations plus formalistes de l’histoire récente de la sociologie. Il s’agirait, dans les deux cas, d’un intérêt renouvelé pour la question du sujet. Entre l’autobiographie, l’autofiction et le récit « transpersonnel », cette nouvelle écriture romanesque témoigne d’une problématisation de l’identité subjective dans le contexte de la société contemporaine. Dans cette perspective, le récit romanesque en vient à inclure l’analyse sociologique, ou à se rapprocher d’une sociologie préoccupée des débats idéologiques concernant la formation de l’identité, le rapport à l’autre, la possibilité d’universalisme à l’endroit de l’expression nationaliste, ethnique ou religieuse.
EN:
With the arrival of a newr generation of authors in the 1980s, French literary creation reoriented itself toward more conventional narrative concerns pertaining to the exploration of the stuff of language. At the same time, sociology also turned toward content analyses, which, to a certain extent, discarded the more formalist concerns of recent sociological analyses. Both cases display a renewed interest in the subject. Situated between autobiography, autofiction, and the "transpersonal" narrative, this new approach to novel writing testifies to a problematization of subjective identity in contemporary society. In this perspective, the novel's narrative incorporates sociological analysis. That is, it develops affinities with sociological analyses concerned with ideological debates over identity formation, relations with others, the possibility of universalism with regard to nationalist, ethnie, or religious expression.
ES:
La creación literaria francesa se ha reorientado, con una nueva generación de escritores de los años ochenta, hacia preocupaciones mas convencionales de narración, disminuyendo la importancia de las preocupaciones más formalistas de las generaciones precedentes dirigidas a la exploración de la materia linguística. Paralelamente a este movimiento, la sociología se redirige hacia los análisis de contenido, que dejan de lado en cierta medida las preocupaciones mas formalistas de la historia reciente de la disciplina. Se trataría en los dos casos de un interés renovado por la cuestión del sujeto. Entre la autobiografía, la autoficción y el relato «transpersonal», estanueva escritura novelesca da testimonio del cuestionamiento de la identidad subjetiva en el contexto de la sociedad contemporánea. En esta perspectiva, el relato novelesco alcanza a incluir el análisis socio-lógico o a aproximarse a una sociología preocupada por los debates ideológicos referentes a la formación de la identidad, la relación con el otro, la posibilidad del universalismo frente a la expresión nacionalista, étnica o religiosa.
-
Le réalisme social et l’école de Chicago : rencontre de la littérature et de la sociologie dans la communication pragmatiste chez John Steinbeck et Herbert Blumer
Jean-François Côté
pp. 115–137
AbstractFR:
Dans le contexte américain des années trente, la rencontre entre la littérature et la sociologie peut être en partie évaluée dans une comparaison entre le réalisme social de John Steinbeck, exemplifié dans son roman The Grapes of Wrath (Les raisins de la colère) et les développements méthodologiques de l’interactionnisme symbolique de Herbert Blumer, qui veulent assurer une suite à la tradition des études empiriques de l’école de Chicago. Cette rencontre, qui pose une possibilité de saisir l’expression sociale dans son contexte « naturel » et qui met en oeuvre une méthodologie « naturaliste » en sociologie faisant appel plus largement à des concepts hérités de la philosophie du pragmatisme, est en fait portée par l’idée d’une possibilité de communication « immédiate » de la vie sociale. On peut prendre la mesure critique de ce qui s’exprime alors dans ce contexte, en fonction des exigences de la réflexion actuelle en sociologie concernant les modalités d’analyse et d’expression du « monde vécu », ainsi que des liens possibles à établir dans cette perspective entre littérature et sociologie.
EN:
In the United States of the 1930s the meeting between literature and sociology can be partly evaluated by a comparison of John Steinbeck's social realism, exemplified in his novel The Grapes of Wrath, with the methodological developments of Herbert Blumer's symbolic interactionism, which was intended as a continuation of the Chicago School's empirical studies. This meeting, which provides the possibility of studying social expression in its "natural" context and deploys a "naturalist" methodology in sociological analysis relying largely on concepts inherited from pragmatism, is in fact infused by the idea of the possibility of "immediate" communication of social life. One can critically examine what was expressed in that context within the critical framework of current sociological analysis pertaining to the modalities of analysis and expression of the "lived world" as well as the possible links to be established in this perspective between literature and sociology.
ES:
En el contexto norteamericano de los años treinta, se puede evaluar en parte el encuentro entre literatura y sociología mediante una comparación del realismo social de John Steinbeck, ejemplificado por su novela The Grapes of Wrath (Las Uvas de la Ira) con los desarrollos metodológicos del interaccionismo simbólico de Herbert Blumer, cuya intención es asegurar la continuación de la tradición de estudios empíricos de la escuela de Chicago. Este encuentro, que propone la posibilidad de captar la expresión social en su contexto «natural» y que implementa en sociología una metodología «naturalista» haciendo amplio uso de conceptos heredados de la filosofía del pragmatismo, es vehiculado de hecho por la idea de la posibilidad de una comunicación «inmediata» de la vida social. Se puede así apreciar críticamente lo que se expresa en aquel contexto, en función de las exigencias de la reflexión sociológica actual en lo que respecta a las modalidades de análisis y de expresión del «mundo de la vida»; siendo posible también, desde esta perspectiva, interrogarse acerca de las relaciones que puedan establecerse entre literatura y sociología.
Perspectives théoriques
-
Paul Ricoeur et l’écriture de l’histoire ou comment Paul Ricoeur révolutionne l’histoire
François Dosse
pp. 138–169
AbstractFR:
L’auteur se donne comme objet de discuter de la valeur philosophique et scientifique de la contribution de Paul Ricoeur quant à l’écriture de l’histoire, plus particulièrement au regard du rapport entre l’objectivité et la subjectivité et du rôle de l’intentionnalité dans l’historicité et le devenir. Pour ce faire, il organise son analyse autour des trois tomes de Temps et récit (1983-1985) où Ricoeur oppose à l’autosatisfaction triomphaliste de l’école des Annales sa proposition de dialogue entre la philosophie et l’histoire. L’auteur passe en revue un certain nombre de réactions aux propos de Ricoeur (entre autres de Certeau, Chartier, Rancière, Duby) et compare sa position à celle d’autres historiens et philosophes anglophones (entre autres celle de Dray, von Wright, Danto, White, Taylor). Ces discussions lui permettent d’explorer systématiquement la pensée du philosophe-historien. On est ainsi amené à constater que, pour Ricoeur, la pratique historienne est en tension constante entre l’objectivité, à jamais incomplète, et la subjectivité du regard méthodique qui doit se déprendre d’une partie de soi-même. Cette tension, précise Ricoeur, régit le « contrat de vérité » qui guide l’investigation historienne et fonde sa méthode et où la subjectivité de réflexion se trouve engagée dans la construction même des schémas d’intelligibilité. Il n’est donc pas étonnant alors que l’objet de Temps et récit soit de penser l’articulation du temps qui doit apparaître avec le temps qui est conçu comme condition des phénomènes. C’est ce qui fonde le projet herméneutique de Ricoeur, c’est-à-dire rouvrir le passé, revisiter ses potentialités à la lumière de l’intentionnalité du locuteur analysant. Ce projet ne pouvait que mener Ricoeur à s’interroger sur l’événement et son sens. À ce propos, l’auteur souligne ici l’importance de la contribution du philosophe au moment où la mondialisation de l’information fait que la totalité sociale connaît une extraordinaire dilatation de l’histoire, ce qui constitue une présentification conduisant à une expérimentation nouvelle de l’historicité, où l’événementialité est redéfinie comme approche d’une multiplicité de possibles et où la lecture historienne de l’événement n’est plus réductible à l’événement étudié, mais envisagée dans sa trace située dans une chaîne événementielle, donc à l’intérieur d’un processus. Sur cette base, on comprend alors toute l’importance de la contribution de Ricoeur à l’histoire du temps présent et l’incidence de ses travaux sur le rapport entre histoire et mémoire, dans lesquels cette dernière est elle-même érigée en objet historique. L’auteur souligne que ce renversement a une valeur heuristique, car il permet de mieux comprendre l’indétermination des possibles ouverts pour les acteurs, indétermination où l’intentionnalité subjective des acteurs prend tout son importance dans la détermination du régime d’historicité, ce dernier étant traversé par la tension entre l’espace d’expérience et l’horizon des attentes. C’est ce qui fait que le régime d’historicité est toujours ouvert vers le devenir et ne peut être la simple projection d’un projet social pensé et fermé sur lui-même, la logique d’action maintenant toujours ouvert le champ des possibles.
EN:
The author discusses the philosophical and scientific value of Paul Ricoeur's contribution to the writing of history. In particular, he focuses on the relationship between objectivity and subjectivity and the role of intentionality in historicity and destiny. To do so, the analysis is organized around the Temps et récit in three volumes (1983-1985), in which Ricoeur opposes his proposition concerning the dialogue between philosophy and history to the self-satisfied triumphalism of the Annales School. The author reviews a variety of reactions to Ricoeur (among others: de Certeau, Chartier, Rancière, Duby) and compares his position to those of Anglophone historians and philosophers (among others: Dray, von Wright, Danto, White, Taylor). These discussions permit a systematic exploration of the thought of the philosopher-historian. This leads to the realization that, for Ricoeur, the historian's practice is in constant tension between an always incomplete objectivity and the subjectivity of the methodological gaze which must always depend on a part of itself. This tension, argues Ricoeur, regulates the "truth contract" which guides historical investigation and grounds its method in which the subjectivity of thought is engaged in the very construction of frameworks of intelligibility. It is therefore not surprising that Temps et récit is devoted to thinking through the articulation of time which must appear with the notion of time conceived as a condition of historical phenomena. It is precisely this which is the basis for Ricoeur's hermeneutic project, i.e., reopening the past, revisiting its potentialities in light of the intentionality of the analyst. This project could only lead Ricoeur to reflect upon events and their meanings. In this regard, the author emphasizes the importance of philosophy's contribution at a time when the globalization of information has led to a conjuncture in which the social totality is experiencing a dilation of history. This has produced a presentification leading to a new experience of historicity, in which historical facticity is redefined as an approach involving a multiplicity of possibilities and the historian's reading of events, no longer reducible to the event in question, is viewed rather as a trace situated in a chain of events and therefore within a process. On this basis it is possible to understand the importance of Ricoeur's contribution to the history of the present, as well as the impact of his work on the history-memory relationship, which is itself presented as an historical object. This reversal has an historical value because it allows for a better understanding of the indeterminate character of the possibilities open to actors, an indeterminacy in which the subjective intentionality of actors assumes an importance in the determination of the regime of historicity, inasmuch as the latter is traversed by the tension between the space of experience and the horizon of expectation. As such, the regime of historicity is always open towards the future and cannot be a mere projection of a social project closed upon itself, the logic of action always keeps open the field of possibility.
ES:
El autor se propone discutir el valor filosófico y científico de la contribución de Paul Ricoeur al tema de la escritura de la historia, particularmente a la relación entre la objetividad y la subjetividad, y el rol de la intencionalidad en la historicidad y el devenir. Para eso organiza su análisis sobre la base de Temps et récit, tres libros (1983-1985) donde Ricoeur opone a la autosatisfacción triunfalista de la escuela de los Annales su proposición de diálogo entre la filosofía y la historia. El autor examina algunas de las reacciones a los dichos de Ricoeur (entre otras las de Certeau, Chartier, Ranciare, Duby) y compara su posición con las de otros historiadores y filósofos de habla inglesa (entre otros: Dray, von Wright, Danto, White, Taylor). Estas discusiones le permiten explorar sistemáticamente el pensamiento del filósofo-historiador. Se constata de esta manera que, para Ricoeur, la práctica historiadora se halla en tensión permanente entre la objetividad, siempre incompleta, y la subjetividad de la mirada metódica que debe deshacerse de una parte de si misma. Esta tensión, aclara Ricoeur, rige el «contrato de verdad» que guía la investigación histórica y funda su método; y donde, además, la subjetividad de la reflexión se halla comprometida en la construcción misma de los esquemas de intelegibilidad. No debe sorprender entonces que el objeto de Temps et récit sea pensar la articulación del tiempo que debe aparecer con el tiempo concebido como condición de los fenómenos. Eso es lo que funda el proyecto hermenéutico de Ricoeur, es decir reabrir el pasado, volver a sus potencialidades a la luz de la intencionalidad del que analiza. Este proyecto debia conducirle a interrogarse acerca del evento y su sentido. En relación a esto, el autor recalca la importancia de la contribución del filósofo cuando la mundialización de la información hace que la totalidad social conozca una extraordinaria dilatación de la historia, lo que constituye un hacer presente que conduce a una nueva experiencia de la historicidad; donde la cualidad de evento es redefinida como aproximación a una multiplicidad de posibles y donde la lectura histórica del evento no es más réductible al evento estudiado, sino que es encarada desde la huella que deja en una cadena de eventos, dentro de un proceso. Asi se comprende toda la importancia de la contribución de Ricoeur a la historia del tiempo presente y la incidencia de sus trabajos sobre la relación historia-memoria, en los cuales esta última es ella misma erigida como objeto histórico. El autor subraya que este giro tiene un valor heurístico dado que permite comprender mejor el carácter indeterminado de las posibilidades abiertas para los actores; pero se trata de una indeterminación donde la intencionalidad subjetiva de los actores adquiere toda su importancia para la determinación del régimen de historicidad, siendo este último atravezado por la tensión entre el espacio de experiencia y el horizonte de la expectativas. Esto es lo que hace, subraya Ricoeur, que el régimen de historicidad sea siempre abierto al devenir y no pueda ser la simple proyección de un proyecto social pensado y cerrado en si mismo, dado que la lógica de acción mantiene siempre abierto el campo de las posibilidades.
Texte du prix sociologie-UQAM
Comptes rendus
-
Terry Eagleton, Critique et théorie littéraires. Une introduction, traduction de Maryse Souchard, avec la collaboration de Jean-François Labouverie, Paris, Presses universitaires de France, 1994, 228 p.
-
Roberto Miguelez, L’émergence de la sociologie, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1993, 175 p.
-
Isabelle Pailliart (dir.), L’espace public et l’emprise de la communication, Grenoble, Ellug, 1995, 211 p.
-
Jacques Pelletier, Le poids de L’Histoire. Littérature, idéologies, société du Québec moderne, Québec, Nuit blanche éditeur, 1995, 346 p.
-
Michel Venne, Ces fascinantes inforoutes, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, coll. « Diagnostic », 1995, 141 p.