Canadian Social Work Review
Revue canadienne de service social
Volume 38, Number 1, 2021
Table of contents (9 articles)
Articles
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L’INFLUENCE DES EMPLOYÉS ET DES PROPRIÉTAIRES DES RESSOURCES NON INSTITUTIONNELLES EN SANTÉ MENTALE SUR L’INTÉGRATION COMMUNAUTAIRE DES RÉSIDENTS
Guillaume Rodrigue and Émilie Raymond
pp. 5–23
AbstractFR:
Cette recherche a été guidée par l’objectif de déterminer l’impact des propriétaires et des employés des ressources non institutionnelles en santé mentale sur l’intégration communautaire des résidents. Pour accomplir cet objectif, des entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès de propriétaires, d’employés et de résidents de ces ressources. Les données recueillies lors de ces entrevues ont fait l’objet d’une analyse thématique de contenu. Le modèle de l’intégration communautaire de Segal et Aviram (1978) a servi de cadre conceptuel à l’étude. L’utilisation de ce modèle a permis de nuancer l’analyse des données en amenant une différenciation entre l’intégration ayant lieu à l’intérieur de la ressource d’hébergement, et celle existant à l’extérieur de ce milieu. Les résultats mentionnent que les interventions du personnel de ces ressources visent généralement l’une de ces deux cibles : l’acquisition de l’autonomie des résidents et leur protection. Pour intervenir auprès des résidents, les propriétaires et les employés s’appuient sur leur statut d’autorité. Cependant, lorsque l’autorité est utilisée pour promouvoir l’autonomie ou assurer la sécurité des résidents, cette action a un impact négatif sur l’autre cible, générant des ambivalences.
EN:
This study aims to determine how owners and employees of community residential mental health resources impact community integration of their residents. Semi-structured interviews were conducted with owners, employees and residents of these resources. The data collected were analyzed using a thematic content analysis. Segal and Aviram’s (1978) model of community integration was used as a conceptual framework. This model has been useful to analyze the data as it helped differentiate integration taking place within the residence, and integration outside this environment. Results show that owners’ and employees’ interventions have two targets: developing residents’ autonomy and ensuring their protection. Owners’ and employees’ authority status plays an important role in the interventions they have with their residents. However, whenever authority is used to either promote autonomy of the residents or ensure their protection, it usually has an opposite effect on the other target of intervention, creating ambiguity.
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SURVEYING CRITICAL AND SOCIAL JUSTICE-EMPHATIC ACADEMIC SOCIAL WORK IN CANADA
Tina E. Wilson
pp. 25–45
AbstractEN:
In this paper I raise two questions for greater collective disciplinary attention: What are the conditions of existence and the conditions of possibility of critical and justice-emphatic academic social work in the Canadian university system these days? And moreover, how might we—the “we” who read critical social theory and share a discipline—attempt to be accountable to these shifting conditions? I engage these questions with the help of critical literatures as well as an exploratory survey in which educators teaching in schools of social work in Canada were asked to identify texts and bodies of knowledge that they consider pivotal to understanding social work and social justice. Discussing educators’ responses, I identify a few nodes of thinking that would benefit from greater disciplinary attention, and I suggest one way we might focus on these shared problematics.
FR:
Dans cet article, je soulève deux questions qui méritent une plus grande attention collective de la part de notre discipline : Quelles sont les conditions d’existence (ce qui est) et les conditions de possibilité (ce qui pourrait être) actuelles du travail social universitaire critique et axé sur la justice sociale dans le système universitaire canadien? De plus, comment pouvons-nous - le « nous » impliquant ceux et celles qui lisent la théorie sociale critique et ont une discipline en commun - tenter de rendre compte de ces conditions changeantes? J’aborde ces questions à l’aide d’écrits critiques et d’une enquête exploratoire dans laquelle on a demandé à des formateurs(rices) dans les écoles de travail social au Canada d’identifier des textes et des corpus de connaissances qu’ils considèrent comme essentiels pour comprendre le travail social et la justice sociale. En discutant les réponses des formateurs(rices), j’identifie quelques éléments qui bénéficieraient d’une plus grande attention disciplinaire, et je suggère une façon de nous concentrer sur ces problématiques communes.
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LE CHOIX D’UN MILIEU D’ACCUEIL POUR UN ENFANT SUIVI EN PROTECTION DE L’ENFANCE : COMMENT LES INTERVENANTS ORIENTENT-ILS LEUR DÉCISION?
Doris Chateauneuf, Geneviève Pagé and Marie-Andrée Poirier
pp. 47–70
AbstractFR:
Au moment de statuer sur le placement d’un enfant, les services de protection de l’enfance doivent également se prononcer sur le milieu d’accueil le plus adéquat pour celui-ci. Pour les enfants de moins de cinq ans, les milieux de type familial, tels que la famille d’accueil régulière, de proximité, et à vocation adoptive, sont généralement privilégiés. À ce jour, le processus de pairage et les mécanismes décisionnels qui accompagnent le choix d’un milieu substitut ont fait l’objet de très peu d’études, de sorte que les motifs et facteurs pris en compte par les intervenants impliqués dans ce type de décision demeurent peu connus. La présente étude a pour objectif d’identifier, à partir du point de vue des intervenants, les différents facteurs qui soutiennent le choix du type de famille d’accueil. Pour répondre à cet objectif, 39 entretiens semi-dirigés ont été menés auprès d’intervenants sociaux du domaine de la protection de l’enfance dans trois régions distinctes de la province de Québec. Les résultats dressent un portrait des principaux facteurs considérés par les intervenants et montrent comment ces facteurs, au-delà de leur unicité et de leur rôle spécifique dans le processus décisionnel, s’inscrivent également dans une dynamique interactionnelle et dans un contexte de pratique qui comporte ses propres enjeux.
EN:
When making a decision regarding the placement of a child, child welfare services also need to decide on the most appropriate care setting for the child. For children under the age of five, family-type settings, such as regular foster care placement, kinship care placement and foster care placement with a view to adopt, are generally preferred. To date, the matching process and the decision-making mechanisms that accompany the choice of an alternative setting have been the subject of very few studies, so the reasons and factors taken into account by child protection workers involved in this type of decision remain poorly known. The aim of this study is to identify, from the point of view of the child protection workers, the different factors taken in consideration when choosing the type of foster care placement for a specific child. To meet this objective, 39 semi-structured interviews were conducted with child protection workers in three distinct regions of the province of Quebec. The results paint a picture of the main factors considered by the child protection workers and show how these factors, beyond their uniqueness and their specific role in the decision-making process, are also part of an interactional dynamic, in a practice context that has its own issues.
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TAKING UP A SOCIAL WORK IDENTITY: PREPARING UNDERGRADUATE STUDENTS FOR ENTRY-LEVEL GENERALIST PRACTICE
Judy Hughes, David Delay and Cathy Rocke
pp. 71–91
AbstractEN:
Undergraduate students who are new to the social work profession enter into a complex socialization experience. New to the profession, they are expected to absorb a variety of knowledge and skills learned in separate courses and then integrate these together into an authentic performance as a social worker. Additionally, students are trained to confront personal bias and must learn to socially locate themselves and begin to form their own critical framework for understanding and responding to the influence of oppressive discourses on everyday systems, structures, practices, and experiences. Although the socialization process is essential to the development of a social work identity, there is little description in the social work education literature about students’ experiences of that process. Through using a practice demonstration video as teaching-learning resource for an undergraduate child welfare practice course, this paper presents our effort to examine how students position themselves in relation to practices and skills shown in the social worker-service-user interactions on the video. For the purposes of this pilot study, we used qualitative content analysis to generate a descriptive analysis of students’ written responses to viewing the video interactions. Analyses of these responses revealed that, although students were able to name and discuss the practices they observed through the video demonstration, they were also challenged by the interactions that demonstrated conflict, client resistance, and the overt use of power in the worker-service-user relationship. The results demonstrate the need for greater understanding of how students become socialized into the profession and develop their own unique identities as social workers.
FR:
Les étudiants de premier cycle qui ont peu ou pas d’experience en travail social vivent un processus de socialisation complexe. On attend d’eux qu’ils absorbent une variété de connaissances et de compétences qui sont acquises dans différents cours, puis qu’ils les intègrent ensemble dans une performance authentique en tant que travailleuse sociale ou travailleur social. En outre, les étudiants sont formés pour remettre en question leurs préjugés personnels et doivent apprendre à se situer socialement et à commencer à former leur propre cadre critique pour comprendre et répondre à l’influence des discours oppressifs sur les systèmes, structures, pratiques et expériences de tous les jours. Bien que le processus de socialisation soit essentiel au développement d’une identité professionnelle en travail social, les écrits sur l’enseignement du travail social décrivent peu les expériences des étudiants dans ce processus. En utilisant une démonstration d’intervention sur vidéo comme ressource pédagogique dans le cadre d’un cours de premier cycle sur l’intervention en protection de la jeunesse, cet article présente comment les étudiants se positionnent par rapport aux interventions et aux compétences montrées dans les interactions entre la travailleuse sociale et la personne qui utilise les services présentées dans la vidéo. Pour les besoins de cette étude pilote, nous avons utilisé une analyse de contenu qualitative pour générer une analyse descriptive des réponses écrites des étudiants après qu’ils aient visionné les interactions sur la vidéo. L’analyse de ces réponses a révélé que, bien que les étudiants aient été en mesure de nommer et de discuter des interventions qu’ils ont observées lors de la démonstration vidéo, ils ont également été confrontés à des interactions démontrant le conflit, la résistance et l’utilisation manifeste du pouvoir dans la relation entre l’intervenante et la personne recevant des services. Les résultats montrent qu’il est nécessaire de mieux comprendre comment les étudiants sont socialisés dans la profession et développent leur propre identité en tant que travailleuses sociales et travailleurs sociaux.
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APPRENTISSAGE EXPÉRIENTIEL : UNE EXPÉRIENCE AU SEIN D’UNE CLINIQUE UNIVERSITAIRE EN TRAVAIL SOCIAL UNIQUE AU CANADA!
Nathalie Sasseville and Sandra Juneau
pp. 93–108
AbstractFR:
L’enjeu du programme de formation universitaire en travail social est de bien préparer la relève professionnelle à faire face à des problèmes sociaux de plus en plus complexes dans un contexte de changements majeurs dans l’organisation des services de santé et de services sociaux. Pour ce faire, les futures professionnelles doivent posséder à la fois les compétences de base générales et celles plus spécialisées toutes deux nécessaires à l’intervention (Noël et coll., 2010). Pour y parvenir, l’immersion des futures travailleuses sociales dans des situations de pratique professionnelles réelles et supervisées est une avenue à privilégier. C’est dans ce contexte que, depuis 2017, l’Université du Québec à Chicoutimi a élaboré une démarche pédagogique menant à l’implantation d’une Clinique universitaire de travail social (CUTS) unique au Canada. Cette démarche permet aux étudiantes du baccalauréat en travail social d’intervenir avant les stages auprès de familles vivant des difficultés, et ce, sous la supervision de travailleuses sociales conseil. Elle leur permet ainsi d’expérimenter les différentes étapes du processus de l’intervention sociale selon une approche court terme systémique. De plus, les activités pédagogiques mettent en scène la tenue de groupes de codéveloppement intra et interprofessionnel favorisant l’apprentissage par les pairs grâce au partenariat développé entre les Unités d’enseignement en adaptation scolaire et sociale et du travail social. Le but de cet article est de décrire la méthode pédagogique utilisée actuellement par la CUTS et qui s’appuie sur une approche expérientielle.
EN:
Social work programs aim to prepare the next generation of social workers to deal with increasingly complex social problems in a context of major changes in health and social services. Future professionals must have general social work skills and more specialized intervention skills, both needed for effective practice (Noël et al., 2010). To achieve this, the immersion of future social workers in real and supervised professional practice situations is an avenue that should be favoured. Since 2017, the Université du Québec à Chicoutimi has developed a pedagogical approach leading to the implementation of a Clinique universitaire de travail social (CUTS), unique in Canada. This approach allows social work students at the bachelor level to intervene with families who are experiencing difficulties under the supervision of consulting social workers, before their first field placement. It allows them to experience the various intervention stages using a short-term systemic approach. In addition, the pedagogical activities feature intra- and interprofessional co-development groups that promote peer learning through the partnership developed between the social work and special education units. The purpose of this article is to describe the pedagogical method currently used by CUTS, which is based in experiential learning.
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L’ÉTUDE DE TRAJECTOIRES D’IMPLANTATION DE BAROMÈTRE, UN OUTIL NUMÉRIQUE VISANT À ACTUALISER L’APPROCHE DE PERSONNALISATION DES SERVICES SOCIAUX
Sébastien Carrier, Opale Robichaud, Pierre-Luc Bossé and Alexandre Farrese
pp. 109–129
AbstractFR:
La personnalisation des services sociaux propose une approche de plus en plus valorisée dans les pratiques. Elle vise à offrir plus de choix et de contrôle aux personnes en misant sur leurs forces pour coproduire l’intervention. Pour accompagner le changement de culture qu’exige ce type d’approche, un outil d’intervention informatisé et interactif a été développé, nommé Baromètre. Comment une technologie numérique comme Baromètre peut-elle agir comme condition sociotechnique contribuant au changement de culture? Nous avons réalisé une recherche qualitative utilisant une stratégie d’étude de cas multiples. Quatre milieux de pratique nous ont servi d’observatoires : deux organismes communautaires en santé mentale, un département de psychiatrie et un centre de formation pour adultes. Trois types de collecte de données ont été utilisés : des entretiens individuels semi-directifs auprès des usagers, des entretiens d’explicitation de la pratique auprès d’intervenants pour produire des histoires d’utilisation, des entretiens de groupe auprès d’usagers et d’intervenants. Nous avons analysé les données au moyen d’un modèle des forces croisant quatre modes opératoires d’expérimentation : généraliste, expansionniste, particulariste et déliquescent. L’analyse permet d’observer une tendance à la déliquescence des expérimentations-pilotes. Or, la déliquescence n’est pas causée par la technologie en elle-même, mais par les conditions contextuelles des expérimentations.
EN:
The individualization of social services proposes an approach that is increasingly valued in practice. It aims to offer more choices and control to people by building on their strengths to co-produce intervention. To support the cultural change required by this type of approach, a digital and interactive intervention tool has been developed, called Baromètre. How can a digital technology like Baromètre act as a socio-technical condition contributing to culture change? We conducted qualitative research using a multiple case studies strategy. Observations were made in four practice settings: two community mental health organizations, a department of psychiatry and an adult education center. Three types of data collection were used: individual semi-structured interviews with service users, practice clarification interviews with practitioners to produce narratives in relation to its use, and group interviews with service users and practitioners. The data was analyzed using four operational modes of experimentation: generalist, expansionist, particularist and deliquescent. The analysis shows a tendency towards deliquescence in pilot experiments. However, the delinquescence is not caused by the technology itself, but by the contextual conditions of the experiments.
2020 Student Competition / Concours étudiant 2020
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SAFE STREETS FOR REAL PEOPLE: A CASE STUDY OF NEOCONSERVATIVE POLICY FROM A STRUCTURAL SOCIAL WORK PERSPECTIVE
Élyse LeBlanc
pp. 131–148
AbstractEN:
The Safe Streets Act of Ontario [SSA] ostensibly regulates aggressive panhandling, but is widely regarded as a contemporary vagrancy law that criminalizes people experiencing homelessness. This paper presents a case study of the SSA in which an ideological analysis is employed to highlight the extent to which dominant political paradigms shape conceptions of social problems and their appropriate remedies. Specifically, it explores the mechanisms inherent to neoconservative ideology which serve to blame individuals for their problems and construct vulnerable people in need of support as villains worthy of exclusion and punishment, rationalizing punitive responses to poverty. This approach is diametrically opposed to the aims of structural social work and therefore must be challenged. An alternative policy response is presented as it might emerge from a social democratic worldview, which is more congruent with social work ideals. This paper thus illustrates how radically the nature of social problems is transformed when viewed through contrasting ideological lenses. The paper concludes that there is great value in using political paradigms to unpack existing and create new policy in the context of structural social work mandates; doing so contributes to the paradigm shift that a profession committed to fundamental social change must help ignite.
FR:
La Loi sur la sécurité dans les rues de l’Ontario réglemente ostensiblement la mendicité agressive, mais elle est largement considérée comme une loi contemporaine sur le vagabondage qui criminalise les personnes sans-abri. Cet article présente une étude de cas de la Loi sur la sécurité dans les rues employant une analyse idéologique pour souligner la mesure dans laquelle les paradigmes politiques dominants façonnent les conceptions des problèmes sociaux et les moyens appropriés pour y remédier. Plus précisément, il explore les mécanismes inhérents à l’idéologie néoconservatrice qui servent à blâmer les individus pour leurs problèmes et à présenter les personnes vulnérables ayant besoin d’aide comme des vilains méritant l’exclusion et des sanctions, rationalisant ainsi les interventions répressives en réponse à la pauvreté. Cette approche est diamétralement opposée aux objectifs du travail social structurel et doit donc être remise en question. Une réponse politique alternative est présentée, telle qu’elle pourrait émerger d’une vision sociale-démocrate du monde, plus conforme aux idéaux du travail social. Ce document illustre donc la transformation radicale de la nature des problèmes sociaux lorsqu’ils sont vus à travers des lentilles idéologiques opposées. L’article conclut à l’utilité des paradigmes politiques pour décortiquer les politiques existantes et en créer de nouvelles en respectant les mandats structurels du travail social; cela contribue à un changement de paradigme qu’une profession engagée dans le changement social doit contribuer à déclencher.
Book Reviews / Recensions de publication
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Critical Clinical Social Work: Counterstorying for Social Justice. Catrina Brown & Judy E. MacDonald (Eds.). Canadian Scholars’ Press, 2020, 442 pages
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Le silence sur nos maux. Transformations identitaires et psychiatrisation. Katharine Larose-Hébert. Presses de l’Université du Québec, 2020, 304 pages