Abstracts
Résumé
L'entreprise de rénovation culturelle suscitée par les Lumières écossaises comprend également une recherche sur les principes du discours et de la composition. Confrontés aux conséquences mutilantes de l'intégration politique, nombre de penseurs écossais du XVIIIe siècle (Adam Smith, William Robertson, David Hume) tentèrent de définir des critères de clarté et de correction. Leur souhait était de soutenir l'ambition de l'Écosse à participer à l'établissement du nouvel idiome britannique, conçu comme l'aboutissement inévitable et prometteur de l'Union. En raison de la montée en puissance de l'anglais par rapport aux langues nationales écossaises (Scots et gaélique) comme instrument de communication internationale, cet effort normatif fut réinterprété par la suite comme une entreprise intolérante d'anglicisation. Pourtant, tout en recommandant l'utilisation efficace d'un anglais de communication (à tel point qu'ils espéraient dépasser les Anglais dans le maniement de l'anglais en éradiquant leurs propres scotticismes), ils défendirent également l'emploi des langues et des traditions vernaculaires en littérature. Dans les dernières décennies du siècle, ils sensibilisèrent le public aux poèmes d'Ossian, puis encouragèrent l'expression conjointe en anglais et en Scots de Robert Burns dans ses poèmes et chansons. L'utopie caractéristique des Lumières qu'ils entretenaient d'élaborer une langue abstraite universelle, bien loin de prêcher l'intolérance linguistique, contribua en fait à créer les conditions propices à la réapparition et à la plus large diffusion d'une voix " naturelle " et déjà romantique, ouverte à l'expression nationale et personnelle.
Abstract
The Scottish Enlightenment's enterprise of cultural re?evaluation also includes an inquiry into the principles of speech and written communication. Confronted to the dispossessing consequences of political integration, several Scottish literati of the eighteenth century (Adam Smith, William Robertson, David Hume) aimed at delineating standards of perspicuity and correctness. Their wished to support their nation's cultural claim over the establishment of a new British idiom which they saw as the inevitable and promising linguistic outcome of the Union. Because of the rising preeminence of English over Scotland's national languages (Scots and Gaelic) as international language, this norinative attempt was later reinterpreted as an intolerant enterprise of anglicization. However, while recommending an efficient use of communication English (to the point that they hoped to outdo the English in English by eradicating any scotticism) they also vindicated the use of vernacular languages and vernacular traditions in literature. In the last decades of the century, they publicized and patronized the poems of Ossian before encouraging Robert Bums's joint use of English and Scots in his poems and songs. Their typical Enlightenment utopia of elaborating an abstract universal tongue, far from preaching linguistic intolerance, also contributed to create the conditions for the re?emergence and wider reception of an already Romantic "natural" voice, open to national and self expressions.
Download the article in PDF to read it.
Download