FR:
Les universités ont longtemps été une chasse-gardée masculine. À Montréal, la situation change en 1884, alors que McGill admet les premières « Donaldas », et en 1908, alors que l’Université Laval à Montréal ouvre quelques-unes de ses portes aux premières finissantes du cours classique pour jeunes filles. Mais sur le plan de l’intégration et de l’identité, cette admission officielle ne suffit pas pour faire de ces filles des étudiantes à part entière. En se basant sur les journaux étudiants et les archives institutionnelles, cet article examine, sur une période de plus de soixante ans, les résistances mais aussi les avancées de l’intégration des étudiantes dans ces deux universités montréalaises. Trois aspects spécifiques du discours des autorités universitaires, des étudiants et des étudiantes elles-mêmes sont approfondis : l’appartenance à la jeunesse, à l’institution et à la communauté étudiante. Il en ressort qu’entre 1900 et 1960, si les étudiantes ont réussi à se tailler une place au sein de l’université et à se faire reconnaître de leurs confrères, toutes les résistances n’ont pas encore été levées.
EN:
For a long time universities were the preserve of men. In Montreal, this situation changed in 1884, when McGill admitted the first « Donaldas », and in 1908, when Laval University in Montreal opened a few of its doors to the first graduates having received a classical education for young women. At the level of integration and identity, however, this official admission was not enough to turn these women into students in their own right. Based on student newspapers and institutional archives, this article examines the resistance but also the progress made in terms of the integration of female students in these two Montreal universities over a period of more than sixty years. Three specific aspects of the discourse of university authorities, male students, and the female students themselves, are examined in detail : being young, belonging to the institution and belonging to the student community. What emerges is that between 1900 and 1960, whereas female students succeeded in carving out a place for themselves at university and in gaining the recognition of their male colleagues, not all resistance had yet been removed.