FR:
Nos recherches portent sur la ghettoïsation de la population afro-américaine de 1937 à 1967 à Newark, au New Jersey, soit depuis l’adoption par le Congrès américain du Housing Act de 1937, jusqu'aux émeutes de juillet 1967. Nous démontrons comment un mélange de transformations démographiques, de désindustrialisation et un appareil politique autoritaire à la tête d'une véritable « mafiocratie » locale ont abouti à ce phénomène. Avec le processus de domination de classe, la marginalisation raciale est un élément constitutif de l'urbanisation étasunienne en délimitant les aires géographiques sur la base de l’appartenance ethnique et culturelle d’un groupe. Si le racisme est lié au thème de la domination, sa nature a plus à voir avec l’exclusion. En ce sens, la formation de ghettos et de classes racialisés et marginalisés n’est pas seulement une des conséquences de la culture raciste, mais une de ses nécessités inhérentes. Près de cinquante ans après les émeutes de Newark et alors que des mouvements sociaux de plus en plus importants comme Black Lives Matter lient les problématiques de la lutte au racisme, de déségrégation géographique et de brutalité policière, la question de la marginalisation géographique et politique de la communauté afro-américaine nous apparaît plus actuelle que jamais.
EN:
This article is about the ghettoization of the African American population from 1937 to 1967 in Newark, New Jersey, or since the adoption of the Housing Act in 1937 to the riots of July 1967. We demonstrate how a mixed demographic, deindustrialization and an authoritarian political system at the head of a real local 'mafiocracy’ led to this phenomenon. Within the process of class domination, racial marginalization is a component of the American urbanization by defining the geographical areas based on ethnic and cultural affiliation of a group. If racism is linked to the theme of domination, its nature has more to do with exclusion.