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La nouvelle collection « 10 id » dirigée par O. Germain chez Management et Société se propose de traiter les thématiques importantes en sciences de gestion de façon claire et didactique en les synthétisant autour de dix points clés.

Le pari semble réussi pour cet ouvrage écrit par K. Messeghem sur l’accompagnement entrepreneurial, qui vient d’être récemment labellisé par la FNEGE. L’auteur nous invite à partager l’expertise qu’il a développée sur cette thématique en nous offrant un tour d’horizon éclairant des problématiques liées à l’accompagnement des entrepreneurs.

L’organisation de l’ouvrage est efficace et la structuration autour de dix idées en permet une lecture aisée. Chaque point est traité dans un chapitre indépendant qui permet au lecteur de se familiariser progressivement avec les structures et avec les processus liés à l’accompagnement entrepreneurial. Chaque chapitre se termine par ailleurs sur une vignette qui vient illustrer avec bonheur les propos de l’auteur, en développant un cas ou en présentant une méthode particulière. L’ouvrage comprend en outre trois rubriques « dix mots-clés », « dix fausses idées », « dix références commentées » qui permettent aux lecteurs intéressés d’approfondir leurs connaissances sur cette thématique.

De façon implicite, l’ouvrage est structuré autour de deux parties distinctes.

Les chapitres 1 à 5 introduisent au lecteur les différentes structures d’accompagnement existantes et les processus à l’oeuvre dans cette industrie. L’auteur part d’une perspective historique dans le chapitre 1 en reprenant les trois grandes phases de l’évolution de ce secteur d’activité (l’émergence, la professionnalisation, l’accélération). Il détaille ensuite dans le chapitre 2 les principales caractéristiques du processus entrepreneurial qui importent au niveau de l’accompagnement, en s’appuyant sur la notion d’opportunité dans une double logique de causation et d’effectuation. Le chapitre 3 présente de son côté les fondements, les formes et les étapes du processus d’accompagnement entrepreneurial, tandis que le chapitre 4 propose d’étudier la diversité des structures d’accompagnement à travers différentes typologies existantes. En prenant notamment appui sur ses propres travaux, l’auteur développe dans le chapitre 5 une lecture écosystémique de l’accompagnement entrepreneurial permettant de caractériser différentes stratégies (légitimisation, coopétition…) pour les acteurs de cette industrie en fonction des niveaux d’environnement considérés (micro, méso, macro).

Les chapitres 6 à 10, quant à eux, traitent plus explicitement du management des structures d’accompagnement (chapitres 6 et 7) au regard, notamment, des principales problématiques que rencontre actuellement ce secteur d’activité (chapitres 8 à 10). La nécessité d’avoir une approche contingente du management des ressources humaines en fonction du type de structure considérée, ainsi que la gestion des compétences des acteurs de l’accompagnement, sont notamment détaillées dans le chapitre 6. Le chapitre 7 s’intéresse quant à lui plus spécifiquement au pilotage de la performance de la structure d’accompagnement. La question des métriques à utiliser pour élaborer des indicateurs de performance y est notamment abordée, et l’auteur propose d’utiliser une version adaptée du tableau de bord prospectif pour piloter ces organisations. Les chapitres 8 à 10 se concentrent enfin sur les principales évolutions que connaît actuellement cette industrie et qui définissent ensemble les enjeux actuels autour de l’accompagnement entrepreneurial.

Ces évolutions prennent notamment leur source dans la dynamique historique de l’industrie de l’accompagnement qui, tout en gagnant en importance, a évolué progressivement depuis les années quatre-vingt vers une professionnalisation et une spécialisation de ses acteurs. L’augmentation de la demande d’accompagnement et la nécessité de toucher des publics variés ont en effet conduit à une rationalisation de l’offre d’accompagnement à travers l’émergence de programmes spécialisés, permettant de tenir compte des problématiques spécifiques rencontrées par les différentes catégories d’entrepreneurs (entrepreneures, jeunes entrepreneurs…) ou par les différents types de projets portés (entrepreneuriat social…). Le développement de ce secteur d’activité a par ailleurs conduit à une professionnalisation des acteurs qui s’est concrétisée par l’émergence de formations et de certifications professionnelles dédiées.

Cette croissance de l’industrie de l’accompagnement s’est par ailleurs accompagnée d’une pression concurrentielle accrue sur les structures existantes. D’une part, parce que cette industrie a connu ces dernières années un phénomène de convergence qui a conduit à l’entrée de nouveaux acteurs proposant des services d’accompagnement, alors que ce n’était pas originairement leur coeur de métier (espaces de coworking, tiers-lieux, etc.). D’autre part, parce que la diminution tendancielle des financements publics conduit les acteurs de l’accompagnement à se préoccuper de plus en plus de leur rentabilité en mettant en place des processus de monitoring et en adaptant leur offre en conséquence. L’évolution des modèles d’affaires au sein des structures d’accompagnement, de même que la recherche d’une légitimité écosystémique, semblent donc particulièrement importantes pour les acteurs de cette industrie.

À ce titre, certaines évolutions sociétales et technologiques semblent aussi déterminantes. Au point de vue sociétal, on observe par exemple une évolution des objectifs des entrepreneurs, désormais plus préoccupés qu’auparavant par leur accomplissement personnel et par l’impact de leur activité professionnelle sur les plans sociaux, familiaux et environnementaux. Ces vingt dernières années ont par ailleurs vu la diffusion d’une culture entrepreneuriale dans l’Hexagone qui a contribué à augmenter la demande d’accompagnement tout en cristallisant les pratiques dans ce domaine ce qui, selon l’auteur, devrait normalement nous amener à nous s’interroger sur la pertinence de certains dispositifs actuellement proposés aux porteurs de projets.

Les outils de l’accompagnement se sont enfin profondément modifiés sur la période. D’une part de nouvelles méthodes managériales sont apparues en entrepreneuriat, telles que le lean start-up, le design thinking ou le business model canvas qui, comme le souligne l’auteur, contribuent à l’autonomisation des porteurs de projets tout en redéfinissant le rôle de l’accompagnement, mais dont la portée exacte doit encore être précisée du point de vue des accompagnateurs et pour les différents types de projets considérés. D’autre part, la digitalisation offre désormais de réelles opportunités pour les acteurs de l’accompagnement, mais vient renforcer l’intensité concurrentielle dans cette industrie et pose donc de sérieux enjeux en matière d’adaptation des services offerts au sein de ces structures.

Au final, cet ouvrage nous propose une bonne introduction aux outils et aux problématiques actuelles de l’accompagnement entrepreneurial. Une synthèse en dix idées clés qui permettra à chacun d’entre nous de mieux appréhender les spécificités d’une industrie actuellement en pleine mutation.