Mémoires du livre
Studies in Book Culture
Volume 10, Number 2, Spring 2019 Les discours de l’éditeur The Publisher's Discourse Guest-edited by Anthony Glinoer and Julien Lefort-Favreau
Table of contents (13 articles)
Articles
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La construction de la posture aucto-éditoriale dans les mémoires d’éditeurs québécois
Valentina Blaga
AbstractFR:
Désir de justification, de légitimation, besoin de laisser une trace, d’affirmer sa position dans le champ éditorial, multiples sont les raisons qui, vers la fin du xxe siècle, poussent plusieurs éditeurs québécois, après de nombreuses années de labeur dans le domaine de la publication de livres, à coucher sur papier leurs expériences, surtout professionnelles. En se mettant ainsi en scène, l’éditeur devient un auteur. Il adopte alors une nouvelle posture, une posture auctoriale, tout en conservant sa posture d’éditeur. De quelle manière se forge cette double posture, unique en son genre? C’est ce qu’examine le présent article.
EN:
For many reasons, among them the desire to justify or legitimize, or the need to leave their mark, or assert their place in the publishing field, towards the end of the 20th century, several Québécois publishers, after working for years publishing books, chose to record their experiences, especially those related to the profession. By foregrounding themselves in this way, publishers become authors. In so doing, they adopt a new persona, that of an author, all the while preserving their publishing persona. This article examines how this double persona, unique in its kind, is forged.
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Anatomie du discours de lancement : l’exemple de Fides
Marie-Pier Luneau and Virginie Mailhot
AbstractFR:
Entre 1950 et 1970, les lancements de livres sont fréquents aux Éditions Fides. À chaque événement, le père Paul-Aimé Martin, fondateur de la maison, ne manque pas de prendre la parole. Éditeur aguerri, grand érudit et fin publiciste, le père Martin manifeste une énonciation éditoriale particulière à travers ses allocutions de lancement. Censé s’effacer devant l’auteur, de quoi parle exactement l’éditeur à ce moment où il chante les louanges de telle nouveauté? Cet article vise à jeter les prémisses d’une réflexion sur un type particulier de « discours » d’éditeur, soit l’allocution prononcée lors de lancements. Au-delà d’une certaine part de flagornerie consubstantielle à ce type d’énoncé, comment l’éditeur parvient-il à mettre en valeur son propre catalogue? Il s’agit d’observer quelles stratégies discursives déploie l’éditeur dans ce type d’énoncé, et quels rapports de force le sous-tendent.
EN:
From 1950 to 1970, book launches were frequent at the Fides publishing house. At each event, Father Paul-Aimé Martin, founder of the house, held the floor to introduce the new book release. Seasoned publisher, accomplished scholar, and clever publicist that he was, Father Martin, rather than fading into the background in favour of the author, demonstrated a distinctive form of editorial expression by way of his introductory speeches. But what exactly do publishers say when they extol the virtues of a new book? This article aims to establish premises for reflecting upon a specific type of “discourse”: speeches delivered during book launches. Beyond a certain degree of sycophancy, which is symptomatic of this sort of statement, how do publishers manage to highlight their own catalogues? We aim to observe which discursive strategies publishers deploy in these types of allocutions, and their underlying power relations.
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Les éditeurs comme personnages médiatiques : l’exemple de Bertil Galland et Vladimir Dimitrijevic (1960-1985)
François Vallotton
AbstractFR:
Cet article traite de la présence des éditeurs suisses à la radio et à la télévision. Un projet d’enseignement et de recherche sur les émissions littéraires de radio et de télévision en Suisse romande nous a permis d’en identifier un nombre impressionnant. Nous nous attacherons ici sur deux figures qui ont marqué le paysage éditorial suisse dans la seconde moitié du xxe siècle tout en maintenant une forte rivalité à travers une conception assez différente du métier d’éditeur et de la littérature francophone : Bertil Galland et Vladimir Dimitrijevic. Leur présence à la radio et à la télévision est importante. Dans un premier temps, nous analyserons les modalités d’intervention des éditeurs dans les médias. Dans un deuxième temps, nous examinerons le contenu et la nature de ces déclarations publiques : dans quelle mesure pouvons-nous établir des liens entre elles et la pratique professionnelle? et comment ces types de contributions soulignent-ils ou influencent-ils d’autres formes d’autoreprésentation? Dans cette perspective, la spécificité des sources audiovisuelles doit prendre en compte les rôles de la voix, du rythme, de l’accent, mais aussi de l’attitude corporelle dans la construction d’une forme de position éditoriale.
EN:
This article deals with the presence of Swiss publishers on radio and television. A teaching and research project on radio and television literary broadcasts in the French-speaking area of Switzerland has enabled us to identify an impressive number of them. We focus on two personalities who marked the Swiss editorial field in the second half of the 20th century and who, at the same time, maintained a strong rivalry because of their rather different conceptions of the publishing profession and of French-speaking literature: Bertil Galland and Vladimir Dimitrijevic. Their presence on radio and television is significant. First, we analyse the modalities of publishers’ interventions in the media. Second, we consider the content and nature of these public statements: to what extent can we establish links between them and professional practice? How do these types of contributions highlight or influence other forms of self-representation? In this context, the specificity of audiovisual sources must take into account the roles of voice, rhythm and accent, but also the role of body language in the construction of a form of editorial stance.
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L’éditeur de littérature consacrée face au chercheur en sciences sociales : dits, non-dits et contrepoints heuristiques
Lilas Bass
AbstractFR:
Cet article propose de rendre compte des discours des éditeurs littéraires français s’inscrivant au sein du pôle de l’édition consacrée et de les confronter à des outils d’analyse issus principalement de la sociologie, de l’ethnographie et de l’histoire pour saisir au mieux la manière dont ces éditeurs se donnent à voir face au chercheur en sciences sociales. Il s’agira donc, d’une part, de déterminer ce qui gouverne les discours des éditeurs appartenant au pôle de l’édition consacrée, en fonction du degré de consécration de chaque éditeur au sein du pôle, et, d’autre part, de proposer des outils méthodologiques (observation, discours des gatekepeers, comptage et recours aux archives) permettant de mettre au jour les stratégies de domination éditoriale qui assurent à ces éditeurs une légitimité particulière dans le champ éditorial français, voire international.
EN:
This article sets out to examine the discourses of French publishers within the field of sanctioned publishing. Analytical tools derived primarily from sociology, ethnography and history are applied in order to better understand ways in which these publishers position themselves in relation to research in the social sciences. On the one hand, the article determines what governs the discourses of publishers working in the field of sanctioned literature in terms of each publisher’s degree of dedication to the field, and on the other hand, proposes methodological tools (observation, speeches by gatekeepers, counting, and archival research) which reveal publishing domination strategies that ensure these editors a particular legitimacy in the French and even international publishing fields.
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The Discourse and Value of Being an Independent Publisher
Rachel Noorda
AbstractEN:
Publishing did not have independents enter self-discourse until the 1960s when media conglomeration created a need to distinguish other publishers from this network of corporate giants. But rather than decimating the independent publishing landscape, the corporate conglomeration of book publishing has opened a space for independent publishers to thrive (Simon and McCarthy, 2009; Schiffrin, 2001; Hawthorne, 2014, 2016; Kogan 2007, 2010), in part because of the social currency that positioning themselves as independent in discourse affords. In order to analyze the use, purpose, and meaning of independent in publisher discourse, this article conducts a content analysis on mission statements of 39 US-based independent publishers. Through content analysis of mission statements, this article illuminates the way that certain publishers construct a particular social function and marketing appeal by the use of independent in twenty-first century book publishing discourse in the US.
FR:
Il a fallu attendre les années 1960 et l’avènement de grands conglomérats médiatiques pour voir les éditeurs indépendants, soucieux de se distinguer des géants de l’industrie, se « mettre en récit ». Loin de décimer les petits joueurs, ces conglomérats présents dans le monde de l’édition leur ont permis de prospérer (Simon et McCarthy, 2009; Schiffrin, 2001; Hawthorne, 2014; Kogan 2007, 2010), en partie en raison de la valeur symbolique que confère le fait de se présenter comme indépendants. Que veut dire « indépendant », quel but le recours à ce concept sert-il dans le discours que tient l’éditeur sur sa pratique? C’est sous cet angle que nous analysons l’énoncé de mission de 39 maisons d’édition indépendantes ayant leur siège aux États-Unis. Ce qui en ressort, c’est qu’en soulignant, dans leur discours, leur « indépendance », certains éditeurs actuels arrivent à se doter d’un attrait commercial et d’une fonction sociale particulière.
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Les éditeurs d’Afrique francophone sur l’échiquier du « glocal » (1980-2019)
Raphaël Thierry
AbstractFR:
Entre les langues, les marchés et les labels, l’édition africaine représente un objet constant de discours. Celle-ci interroge en permanence notre regard sur le livre et notre relation à l’offre éditoriale internationale. Le temps est désormais révolu où le discours quasi unique concernant l’édition en Afrique portait sur la prétendue « famine du livre » continentale liée à la crise économique des années 1980. Depuis trois décennies, les marchés du livre n’ont fait que croître sur le continent, diversifiant leur production à travers une circulation des livres et de l’information éditoriale toujours plus intensives et transnationales. L’édition africaine demeure toutefois bien souvent présentée à travers les difficultés rencontrées par ses agents plutôt que, précisément, leur capacité d’agentivité (« Agency »). Indiscutable, historiquement établi, le livre africain se fait pourtant le miroir de la globalisation éditoriale et de ses flux économiques. Les enjeux économiques qui y ont cours reflètent alors les inégalités, les alternatives – les marges, aussi – d’un monde du livre toujours davantage concentré. L’édition africaine participe de même à un double questionnement : en Afrique, elle doit défendre sa légitimité économique et intellectuelle en fonction de contextes sociopolitiques évolutifs et de marchés éducatifs en situation d’extraversion; à l’international, elle doit se positionner vis-à-vis de l’édition non africaine de littérature et de non-fiction qui concentre la majorité de la production intellectuelle africaine dans le monde. En étudiant les discours sur le livre africain, discours d’éditeurs africains et évolution du marché international du livre africain francophone depuis les années 1980, cette réflexion se propose d’interroger la relation entre l’industrie du livre en Afrique et le phénomène de mondialisation du livre, afin de mettre au jour un tissu permanent d’échanges, de tensions et d’influences, faisant du marché du livre africain un espace « glocal », s’il en est.
EN:
In terms of languages, markets and labels, African publishing represents a field of constant discourse. It also continually questions not just the way we look at books, but also our relationship with them and with the international publishing industry. The time has long passed when the leading discourse on publishing in Africa was devoted primarily to a “book famine” related to the African economic crisis of the 1980s. Over the past three decades, the African book market has done nothing but grow on the continent, diversifying its increasingly dense and transnational production through the circulation of books and of publishing information. Nonetheless, quite often African publishing is presented in terms of the difficulties faced by its stakeholders, rather than those stakeholders’ agency, their capacity to develop their markets. Indeed, history has shown that the African publishing industry is a mirror of the globalisation of publishing and of its economic flux. That being the case, the economic challenges that one can observe in the African industry is thus a reflection of the imbalances, alternatives – also margins – of a world of books that is increasingly concentrated. In this sense, African publishing invites a two-fold interrogation: in Africa it must advocate a cultural and economic legitimacy within evolving socio-political situations and an outward-looking educational market. Internationally, it must position itself in terms of non-African publishing of literature and non-fiction that makes up the majority of African intellectual production in the world. By examining the discourse around African books, African publishers’ discourse, and the evolution of African books in French since the 1980’s, this article aims to question the relationship between the book industry in Africa and the globalisation of books phenomenon in order to bring to light a network of exchanges, tensions, and influences that turns the African book market into a veritable “glocal” space.
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André Schiffrin et Éric Hazan, emblèmes d’une radicale indépendance
Julien Lefort-Favreau
AbstractFR:
Cet article examine le discours élaboré par l’éditeur André Schiffrin durant les années 2000. Nous observerons la transformation d’un discours éditorial : les textes de Schiffrin, de mémoires autobiographiques, acquièrent une portée politique, au point même de devenir manifestes de l’édition indépendante. Le discours de réception qui se cristallise autour des propos de Schiffrin éclaire par ailleurs un second discours, celui de son propre éditeur, Éric Hazan, le fondateur de La Fabrique. À partir de l’analyse croisée des positions objectives de Schiffrin dans le champ et de leur parole respective, nous proposerons une définition de la notion d’indépendance éditoriale. C’est le portrait d’un écosystème éditorial en mutation que nous brossons, en soulignant l’importance des discours d’éditeurs dans la politisation de leur métier au tournant du millénaire. Ultimement, nous mettrons au jour le rôle de ces discours dans la mise en place d’une guerre de position qui vise à fissurer une hégémonie culturelle.
EN:
In this article, we trace the transformation of a publisher’s discourse by examining that of André Schiffrin during the 2000s. Schiffrin’s writings, specifically his autobiographical memoirs, acquire political significance, even to the point of becoming manifestos of independent publishing. Furthermore, the reception discourse around Schiffrin’s books illuminates a second discourse, that of his own publisher, Éric Hazan, the founder of La Fabrique. Working with a cross-analysis of Schiffrin’s objective positions in the publishing field and their respective discourses, we propose a definition of the notion of editorial independence. By emphasizing the importance of publishers’ discourse in the politicization of their profession at the turn of the millennium, we attempt to produce a portrait of a changing editorial ecosystem. Ultimately, we highlight the role of such discourses in setting up a war of positions intended to fracture a cultural hegemony.
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La diversification des pratiques éditoriales chez les féministes (1968-1976) : un avatar du discours militant
Marie-Andrée Bergeron
AbstractFR:
Cet article analyse la diversification des pratiques éditoriales de féministes entre 1968 et 1976. Il procède d’une hypothèse selon laquelle cette diversification constitue en fait une stratégie militante qui vise à faire circuler le discours au sein de différents réseaux et à atteindre un public plus élargi. Quatre types d’imprimés seront examinés, dont deux sont autopubliés et deux sont édités professionnellement. Il s’agit d’un manuel, le Birth Control Handbook (1968), un journal de liaison, le Montreal Women’s Liberation Newsletter (1970), une revue, Québécoises deboutte! (1972-1974), et une pièce de théâtre alternative, Môman travaille pas, a trop d’ouvrage! (1976).
EN:
This article analyses the diversification of feminists’ editorial practices from 1968 to 1976. It works from the hypothesis that this diversification is in fact a militant strategy that aims to disseminate the discourse amongst various networks and to reach a larger public audience. Four principal types of documents will be examined, two of which were self-published and two which were published by professional publishers. The corpus is composed of the Birth Control Handbook (1968), a liaison journal, the Montreal Women’s Liberation Newsletter (1970), a magazine, the feminist journal Québécoises deboutte! (1972-1974), and one alternative play, Môman travaille pas, a trop d’ouvrage! (1976).
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La conception éditoriale du lecteur en France des années 1950 à la fin des années 1970 : en particulier dans les « discours d’escorte » de Jean Cayrol, Jean Paulhan et Gaëtan Picon
Brigitte Ouvry-Vial
AbstractFR:
Cet article examine les prémices de la notion de lecteur et d’acte de lecture dans un contexte littéraire et intellectuel qui annonce la mort de l’auteur et où l’arrivée des médias audiovisuels fait concurrence au livre. La réflexion s’appuie en particulier sur les « discours d’escorte » de Jean Cayrol, Jean Paulhan et Gaëtan Picon, trois éditeurs contemporains les uns des autres qui ont en commun leur souci de commenter par écrit leur activité éditoriale, les modèles esthétiques et les conceptions de la médiation de la littérature en train de se faire. Ces notes et écrits d’éditeurs-essayistes ou éditeurs-critiques constituent une sorte de journal de bord professionnel, un « discours d’escorte » ayant pour fonction d’établir une relation de proximité non pas tant avec le public, mais d’abord avec leurs pairs. Ils permettent une approche des protocoles de lecture que les lecteurs professionnels mettent en oeuvre et qu’ils suggèrent plus ou moins implicitement aux lecteurs ordinaires de suivre. Ils éclairent ainsi en filigrane le développement des théories de la réception et la prise en compte éditoriale du rôle du lecteur, une figure encore anonyme mais de plus en plus au centre du dispositif de production-réception de la littérature.
EN:
This article examines the premises of the notion of ‘active reader’ and ‘act of reading’ in an intellectual context wherein the author is pronounced dead and the book is being challenged by the rise of audiovisual media. The article is primarily based on paratexts and other essays by Jean Cayrol, Jean Paulhan and Gaëtan Picon, three literary publishers of the period eager to chronicle their editorial activities, their aesthetics criteria and contemporary conceptions of the mediation of literature. Their essays and critical journals amount to professional diaries intended as a dialogue not so much with the broader reading public as with counterparts and peers within the literary sphere. They also provide an understanding of reading protocols and guidelines which expert readers more or less explicitly encourage ordinary readers to follow. They exhibit how publishers of the time acknowledge the role of the reader, who remains anonymous, yet occupies an increasingly central position within the production and reception of literature, thus slowly but steadily paving the way for reader response theories.
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Trouver lieu : le discours d’éditeurs français d’albums pour la jeunesse de la fin des années 1960
Cécile Vergez-Sans
AbstractFR:
Cet article propose une analyse du discours de l’éditeur d’albums pour enfants de la fin des années 1960, période de recomposition du paysage éditorial et des institutions de l’enfance. Quelle peut être la légitimité de ces discours dans le champ littéraire alors que les oeuvres pour enfants sont traditionnellement considérées comme mineures? L’analyse des catalogues d’éditeurs montre que l’existence même d’un discours ne va pas de soi. Le discours constitue une stratégie de récents éditeurs innovants. L’étude monographique de l’un d’entre eux, François Ruy-Vidal, permet de découvrir les multiples fonctions du discours, didactique, littéraire, politique, mais aussi les limites du dicible et les risques du discours.
EN:
This paper offers an analysis of the discourse of publishers of children’s literature in France towards the end of the 1960s, a moment of radical change in the editorial field and in children’s institutions. What might the legitimacy of these discourses be in the literary field at a time when, traditionally, works for children were considered of minor importance? An analysis of publishers’ catalogues shows that the very existence of an editorial discourse is not a given. The discourse was a strategy developed by new innovative publishers. The monographic study of one such publisher, François Ruy-Vidal, reveals multiple functions that the discourse serves, be they didactic, literary or political, Moreover, the study shows the discourse’s limitations and its risks.
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C. S. Lewis: Writing and Publishing Literary Criticism with Oxford University Press and Cambridge University Press
Samantha Rayner and Alison Searle
AbstractEN:
This essay uses unpublished archival material to explore what this reveals about the commissioning, gestation, editing, and publishing of several key works of literary criticism by C. S. Lewis: The Allegory of Love: A Study in Medieval Tradition (1936), The Oxford History of English Literature in the Sixteenth Century Excluding Drama (1954), Studies in Words (1960), and The Discarded Image (1964). Our analysis looks at a range of connecting areas, including the complex labour structures and systems of patronage which operated during the period under consideration, as well as the peer review processes, assessments of potential reading markets, the practicalities of authorial revision and typesetting, and the intersections between pedagogical practice and publishing which all these demonstrate. The materials in the archives we drew upon to conduct this research were author marketing questionnaires; book cover designs; letters between Lewis, his press editors, bibliographers, and press reviewers; and cuttings from post-publication reviews. This case study makes an important contribution to our understanding of the role played by mid-twentieth century academic publishers to the production of knowledge in the English-speaking world.
FR:
Les archives inédites d’ouvrages de critique littéraire de C. S. Lewis (The Allegory of Love: A Study in Medieval Tradition [1936], The Oxford History of English Literature in the Sixteenth Century Excluding Drama [1954], Studies in Words [1960] et The Discarded Image [1964]) sont d’intérêt notamment en ce que révèlent la commande, la gestation, la révision et la publication des oeuvres. Notre analyse fait ressortir les convergences entre l’organisation du travail et le mécénat propres à la période, le processus d’évaluation par les pairs et les études de marché, ainsi que la mise en livre par les interventions de l’auteur et la composition typographique. Sont alors mis en évidence des liens entre la pratique pédagogique et l’édition. Pour mener cette analyse, nous avons interrogé les archives : questionnaires de mise en marché; couvertures des ouvrages; correspondance de Lewis avec des correcteurs, des bibliographes et des critiques; coupures de journaux recensant la réception. La présente étude de cas apporte une contribution importante à la compréhension du rôle qu’ont pu jouer, au milieu du xxe siècle, les maisons spécialisées dans l’édition savante en matière de production des savoirs dans le monde anglophone.
Varia
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Les comportements informationnels des écrivains membres de l’UNEQ : étude en trois volets
Nadine Desrochers
AbstractFR:
Cette étude qualitative constitue l’étape empirique d’un projet portant sur les comportements informationnels des membres de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ). Grâce à un cadre théorique inspiré des travaux de Pierre Bourdieu sur le champ littéraire, repéré également dans la littérature, elle décrit les pratiques des écrivains quant à leurs besoins, recherche, utilisation et diffusion d’information, unissant les données recueillies lors d’un sondage, une analyse de contenus web et des entrevues. Les résultats montrent que les avantages et désavantages apportés par le numérique créent parfois un sentiment d’incohérence entre les ressources utilisées et la diffusion en ligne. Par ailleurs, la relation avec les professionnels de l’information pourrait être repensée à l’étape de la création du texte, quant à l’organisation du paratexte numérique et pour la compréhension des outils web à la portée des écrivains. Cela dit, il faudrait que cela participe d’une transformation plus large du champ, car la perception de la légitimation continue pour l’instant de suivre les voies traditionnelles de l’illusio.
EN:
This qualitative study constitutes the empirical component of a project on the informational behaviour of members of the Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), a writers’ union located in Montreal, Quebec. Using a theoretical framework inspired by Pierre Bourdieu’s work in the literary field, also found in literature on the topic, the study describes the practices of writers in terms of their needs, research, use and dissemination of information by bringing together data gathered via a survey, an analysis of online contents, and interviews. The results show that the advantages and disadvantages of digital media sometimes create a sense of incoherence among the resources used and the online dissemination of information. Furthermore, it suggests that the relationship with information professionals could be reconfigured at the creation of the text stage, with regards to the organisation of the digital paratext, and in order for the online tools available to writers to be understood. That being said, this relationship would need to be part of a larger change in the field, since the current perceptions of legitimation continue to follow the traditional paths of the illusio.