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L’année 2015 signale les noces de diamant de Meta. Soixante années d’un mariage conclu en 1955 avec les traducteurs et la traductologie. Soixante années de fidélité à la communauté traductologique. Soixante années au cours desquelles 238 numéros et 2532 articles ont été publiés, dont la grande majorité sont aujourd’hui en accès libre. Un record ? Sans le moindre doute pour une revue spécialisée en traductologie et terminologie.
L’heure est avant tout à l’hommage mérité par les artisans d’une telle réussite : les directeurs et les assistants à l’édition de la revue à Montréal, les auteurs et les évaluateurs ainsi que les directeurs de numéros spéciaux. Impossible de les nommer : ils sont, sans exagération, des centaines. Qu’ils soient félicités et remerciés chaleureusement !
Hommage à ceux qui, dès la première heure, ont réuni dans les 28 pages du premier numéro les neuf premiers articles : idées, commentaires et témoignages de traducteurs canadiens et européens. Meta a d’abord été, au cours des dix premières années, un Journal des traducteurs, créé par l’Association canadienne des traducteurs diplômés (ACTD), d’abord baptisée Association des diplômés de l’Institut de traduction de l’Université de Montréal (ADITUM) ; en bref, le porte-parole des pionniers de la traduction, des premiers enseignants et des premiers chercheurs. Les 40 premiers numéros, jusqu’en 1965, ne ressemblaient guère à ceux d’aujourd’hui. On trouvait à l’époque, certes quelques réflexions théoriques, mais surtout des articles axés sur la profession et l’enseignement qui, petit à petit, s’institutionnalisaient. Parmi les rubriques, citons le courrier des lecteurs, les procès-verbaux d’assemblées de traducteurs, les hommages aux pionniers, les « vedettes », les palmarès d’étudiants diplômés, les concours de traduction. Des poèmes, des offres d’emploi et de la publicité occupaient aussi les pages de la revue en cette première époque, à raison d’environ 44 pages par numéro de la première décennie. Ces dix premières années, ces 40 premiers numéros, nous allons les mettre en ligne pour le plus grand plaisir des anciens et des modernes.
Puis, les enseignants ont pris le relais. Meta est devenue universitaire. Les Presses de l’Université de Montréal (PUM) assurent sa publication. Si l’on y trouve encore des actes de colloques, des articles de fond abordent des questions théoriques et font état de recherches empiriques, professionnelles ou pédagogiques. Les premiers numéros thématiques apparaissent : La formation du traducteur (vol. 11 nº 4, 1966) – Aspects de la terminologie (vol. 12 nº 4, 1967) – La traduction religieuse (vol. 15 nº 1, 1970). De fil en aiguille, Meta devient ce qu’elle est aujourd’hui, une revue scientifique parmi les mieux cotées.
Soixante années d’une vie bien remplie, est-ce une raison pour changer ? Pas vraiment ; mais, au fond, pourquoi pas… ? Nous pensons à quelques innovations. Tout d’abord, en vue de rationaliser le processus de traitement des articles, Meta adoptera Open Journal System dans le courant de cette année. Le but est évidemment de réduire au maximum les délais de publication, encore trop longs aujourd’hui. Nous prendrons toutefois soin de ne pas enlever à nos communications avec les auteurs et les évaluateurs le caractère amical qui nous caractérise. Ensuite, nous envisageons de consacrer le caractère trilingue de la revue en incluant un résumé en espagnol de tous les articles. Nos collaborateurs hispanophones, de plus en plus nombreux, méritent cette reconnaissance explicite. Nous chercherons également à satisfaire une demande croissante, à savoir la publication de numéros spéciaux. Outre ces projets, le Comité de rédaction et l’équipe éditoriale de Montréal se sont bien évidemment engagés à poursuivre le travail ardu de leurs prédécesseurs et surtout de garantir le haut niveau intellectuel et éditorial que ces derniers ont su imprimer à la revue Meta.
Enfin, comme il se doit, un grand colloque international se tiendra à Montréal du 19 au 21 août prochains. Vous y êtes toutes et tous cordialement invités pour fêter les noces de diamant de Meta.
Ce premier numéro de 2015 témoigne à nouveau du caractère multidisciplinaire et multilingue de la revue : le rôle de la lecture en adaptation publicitaire, les attentes des clients en interprétation de conférence et les normes qui régissent la simultanée, l’autotraduction chez un auteur galicien, la réception d’un auteur catalan au Brésil et les aspects linguistiques de la traduction du catalan en espagnol, les aspects neurolinguistiques des traductions effectuées par des bilingues atteints de lésions cérébrales, l’intertextualité dans les traductions d’albums illustrés visant un double lectorat, une approche instrumentale des technologies en traductologie et, finalement, une étude terminologique dans le domaine de la circulation routière. Trois articles en français, trois autres en espagnol et quatre en anglais, dont les auteurs proviennent de Belgique, de Corée et du Québec pour le français, d’Espagne, d’Argentine, d’Autriche et d’Écosse. Une excellente récolte pour ce premier numéro de notre anniversaire.
Une autre bonne raison de redoubler d’efforts en cette 60e année : nous avons reçu la subvention du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et celle du Fonds de recherche Société et culture du Québec (FRQSC). Ce soutien financier nous est précieux ; nous en remercions vivement ces organismes subventionnaires.