Minorités linguistiques et société
Linguistic Minorities and Society
Number 20, 2023 Numéro anniversaire Anniversary Issue Guest-edited by Jason Luckerhoff and Réal Allard
Table of contents (3 articles)
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Les modèles de gouvernance des communautés francophones en situation minoritaire
Éric Forgues
AbstractFR:
Dans le contexte de l’élaboration et de la mise en oeuvre de politiques en appui au développement des communautés francophones en situation minoritaire, le gouvernement canadien adopte une approche horizontale qui mise sur une forme de collaboration avec les organismes francophones provinciaux et territoriaux. Il encourage ainsi la mise en place de mécanismes de gouvernance communautaire qui permettent de développer une vision et un plan pour le développement des communautés francophones dans chaque province et territoire. C’est grâce à ces mécanismes que se discutent et se décident collectivement les orientations que doit prendre le développement de la communauté. Ces mécanismes prennent des formes variables selon les provinces. Cet article brosse un portrait des modalités de gouvernance mises en place au sein des communautés francophones en situation minoritaire. À cet effet, il distingue la gouvernance de l’organisme porte-parole de la communauté et celle de la communauté, et il examine les groupes qui peuvent participer aux discussions et aux décisions, et selon quelles modalités.
EN:
In the context of the creation and implementation of policies to support the development of Francophone minority communities, the Canadian government is adopting a horizontal approach that relies on a form of collaboration with provincial and territorial Francophone organizations. It encourages the establishment of community governance mechanisms aimed at fostering a vision and plan for the development of Francophone communities in each province and territory. Through these mechanisms, the directions that the community’s development should adopt are discussed and decided upon collectively, and they can take different forms in different provinces. The article paints a picture of the governance mechanisms in place in Francophone minority communities. It distinguishes between the governance of the organization representing the community and the community itself and examines which groups can participate in discussions and decisions, and in what ways.
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Language, Federalism and Canadian Diplomacy
Graham Fraser
AbstractEN:
Canadian diplomacy has greatly shaped Canada’s debates over language and vice versa. How has the history of Canadian diplomacy reflected the bilingual and bicultural nature of the country? Or, conversely, how have Canada’s debates over language and Quebec nationalism affected Canadian diplomacy? The answers are complex. Francophone diplomats played a key role in pushing for Canadian autonomy from Britain at the 1926 Imperial Conference. As Robert Talbot explained, “Canadian foreign policy was being shaped with French-Canadian and modern Anglo-Canadian priorities in mind.” This role was less prominent over the following three decades but, with the election of the Quebec Liberals in 1960, federal diplomacy became directly challenged by Quebec’s international ambitions. This tension reached a crisis point with the Montreal 1967 visit of General Charles De Gaulle, President of France, and again during the Quebec referendums of 1980 and 1995.
FR:
D’une façon surprenante, la diplomatie canadienne a joué un rôle important dans les débats canadiens sur la langue et le fédéralisme, et vice-versa. Comment a l’histoire de la diplomatie canadienne réfléchi le caractère bilingue et biculturelle du pays? Ou, dit autrement, comment les débats canadiens sur la langue et le nationalisme québécois ont-ils affecté la diplomatie canadienne? Les réponses sont complexes. Les diplomates francophones ont joué un rôle clé en se faisant les promoteurs de l’autonomie canadienne à la Conférence impériale de 1926. Comme l’a expliqué Robert Talbot, « la politique étrangère du Canada était déterminée par les priorités des Canadiens français et d’Anglo-Canadiens modérés ». Ce rôle a été moins visible pendant les trois décennies suivantes, mais à la suite de l’élection des libéraux au Québec en 1960, la diplomatie canadienne s’est directement heurtée aux ambitions internationales du Québec. La tension entre les deux a atteint un point critique avec la visite à Montréal en 1967 du président de la France, Charles de Gaulle, et à nouveau lors des référendums de 1980 et de 1995 au Québec.
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Six millions de solitudes : les francophones du Québec dans l’État fédéral canadien
Michel Seymour
AbstractFR:
Je voudrais dans cet article concentrer principalement mon attention sur un groupe linguistique qui, de façon générale, passe d’une certaine façon sous l’écran radar des politiques adoptées par le gouvernement fédéral : les 6,5 millions de francophones du Québec. Après avoir identifié quelques sources d’inquiétudes concernant l’avenir du français comme langue publique commune sur le territoire québécois, je vais tenter d’en expliquer les causes. Je trouverai inspiration dans les travaux des démo-linguistes René Houle et Jean-Pierre Corbeil. Je serai alors notamment amené à discuter des problèmes posés par les conséquences pour le Québec des politiques fédérales canadiennes. Ces politiques rendent difficile l’intégration des migrants au sein d’une société qui ambitionne de faire du français la langue publique commune du Québec.
EN:
This article focuses primarily on a language group that, by and large, flies under the radar of federal government policies: Quebec’s 6.5 million Francophones. After identifying some sources of concern about the future of French as a common public language in Quebec, I will attempt to explain the causes, taking inspiration from the work of demolinguists René Houle and Jean-Pierre Corbeil. The problems posed by the consequences for Quebec of Canadian federal policies will then be discussed, policies that make it difficult to integrate migrants into a society that seeks to make French the common public language of Quebec.