FR:

Cet article se veut une réflexion sur l’apport des langues minoritaires et minorisées à la diversité culturelle mondiale, aux connaissances portées par celles-ci et à la façon dont elles contribuent à mieux comprendre les capacités de l’esprit humain. Il y est question de l’épineuse notion de relativité linguistique et du jeu entre l’influence de la langue sur la pensée et le reflet des catégories conceptuelles des groupes humains dans la langue qu’ils parlent. Les patrons de lexicalisation, les mots et les grammaires culturellement spécifiques cités dans ce texte contribuent à illustrer la diversité linguistique à laquelle nous accédons par le biais des langues. La sauvegarde de cette diversité est évidemment implicite dans mes propos, mais j’insiste fortement sur l’importance du rôle des usagères et usagers des langues dans ce processus.

EN:

This article aims to reflect on the contribution of minority and minorized languages to global cultural diversity, the knowledge they hold and how they contribute to a better understanding of the capacities of the human mind. It deals with the thorny notion of linguistic relativity and the interplay between the influence of language on thought and the reflection of the conceptual categories of human groups in the language they speak. The patterns of lexicalization and the culturally specific words and grammars cited in this text help to illustrate the linguistic diversity we access through languages. Safeguarding this diversity is obviously implicit in my remarks, but I strongly stress the importance of the role of language users in this process.

FR:

Cet article discute de la manière dont la mise en place d’une éducation bilingue et interculturelle permet de préserver et de revitaliser les langues autochtones à l’échelle mondiale. De nombreux pays d’Amérique latine, dont le Pérou, ont fait de l’éducation interculturelle bilingue (EIB) un droit pour les populations des communautés paysannes et autochtones depuis la fin des années 1970. Au Canada, le gouvernement du Nunavut avait annoncé la volonté de rendre toutes les écoles du territoire bilingues pour 2020. Il expose les avantages et les bénéfices d’un enseignement interculturel bilingue, mais également, il met en évidence les défis et les problèmes récurrents auxquels font face les professeurs.

EN:

This article discusses how bilingual and intercultural education can contribute to the preservation and revitalization of Indigenous languages worldwide. Many Latin American countries, including Peru, have made bilingual intercultural education (BIE) a right for campesino and Indigenous community populations since the late 1970s. In Canada, the Government of Nunavut had stated its intention to make all schools in the territory bilinguals for 2020. The aim of this article is to set out the advantages and benefits of bilingual intercultural education, but also to highlight the recurring challenges and problems faced by teachers.

EN:

Universities must support Indigenous language reclamation; this includes training Indigenous language teachers. Though specialized programs are offered across Canada, they have not provided Indigenous language teachers with the training or support they need to teach languages in ways that will create new speakers, expand language use, and combat the erasure and silencing of Indigenous languages. This article triangulates findings from an environmental scan on professional learning for Indigenous language teachers, a literature review on good practices in Indigenous language teacher training and Indigenous language pedagogies, and the self-study (Pinnegar & Hamilton, 2009) of faculty members and an Indigenous organization lead involved in the development and delivery of the University of Winnipeg’s Indigenous Languages programs. We explore evidence of the need for Indigenous language teacher training; examples of relevant programs; as well as opportunities, challenges and promising practices in Indigenous language teacher training, and implications for language revitalization.

FR:

Les universités doivent soutenir la revitalisation des langues autochtones, notamment en formant des enseignantes et des enseignants de langues autochtones. Bien que de tels programmes existent, ceux-ci n’ont pas offert la formation ni le soutien dont les enseignants ont besoin pour enseigner de manière à créer de nouveaux locuteurs, à étendre la langue à de nouveaux domaines et à combattre l’effacement et la perte des langues autochtones. Cet article présente les résultats d’un bilan sur la formation des enseignants de langues autochtones, une recension des écrits sur les bonnes pratiques en matière de formation des enseignants de langues autochtones et les pédagogies des langues autochtones, et l’auto-apprentissage (Pinnegar & Hamilton, 2009) réalisé par des professeures et un responsable d’organisation autochtone impliqué dans le développement des programmes de langues autochtones. Nous explorons les éléments de preuves relatifs au besoin de formation des enseignantes et des enseignants de langues autochtones, des exemples de programmes pertinents, ainsi que des opportunités, des défis et des pratiques prometteuses en matière de formation des enseignants de langues autochtones, et les retombées sur la revitalisation linguistique.

EN:

In this International Decade of Indigenous Languages (2022–2032)—as proclaimed by the United Nations General Assembly—it is important to note that the Inuit of Nunavik (Arctic Quebec) still widely speak their own language, Inuktitut, while understanding the two colonial languages, English and French, to greatly varying degrees. The Court of Québec has jurisdiction in the region over criminal matters, whereas different legal texts protect the right of Inuit to court interpretation, including the provincial and federal Charters of Rights and Freedoms. In this paper, we address the linguistic challenges of interpreting at the Nunavik Itinerant Court, with the aim of shedding light on the ontological conflicts at the heart of the justice system. We also examine the meaning of “justice” for Inuit. To that end, we use the results of research by the Sentinel North Research Chair on Relations with Inuit Societies (Université Laval).

FR:

En cette Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032), il apparait pertinent de souligner que les Inuit du Nunavik (Arctique québécois) parlent encore largement leur langue maternelle, l’inuktitut, et que leur niveau de compréhension des langues coloniales, l’anglais et le français, varie considérablement. Alors que la Cour du Québec siège notamment en matière d’affaires criminelles au Nunavik, le droit des Inuit à l’interprétation est protégé par certains textes juridiques, incluant les chartes québécoise et fédérale des droits et libertés. Dans cet article, nous abordons les défis linguistiques liés à l’interprétation à la Cour itinérante du Nunavik, ceci dans le but de mettre en lumière les conflits ontologiques qui sont au coeur du système de justice. Nous nous interrogeons également sur le sens du mot justice chez les Inuit. À cette fin, nous mobilisons les résultats d’une recherche menée par l’équipe de la Chaire de recherche Sentinelle Nord sur les relations avec les sociétés inuit (Université Laval).

FR:

Instrument déjà prouvé pertinent pour les langues autochtones dans sa mise en oeuvre au niveau national par les États parties, la Convention de l’UNESCO sur la diversité des expressions culturelles de 2005 possède également une influence certaine en matière commerciale. L’étude des accords commerciaux post-2005 permet de constater qu’il existe bel et bien des clauses culturelles qui visent et peuvent contribuer à protéger les langues autochtones. Ces clauses culturelles sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont de types variés : réserves, engagements spécifiques, clauses d’exception culturelle, etc. Le présent article se propose donc de répertorier, de quantifier et d’analyser ces différentes clauses culturelles que les Parties à la Convention de l’UNESCO ont incluses dans les différents accords de commerce négociés et qui peuvent contribuer, tout en faisant la promotion des principes et objectifs de la Convention de 2005, à la préservation des langues autochtones. Cette étude permet ainsi de répertorier les meilleures pratiques en la matière.

EN:

An instrument that has already proven its relevance to Indigenous languages in its implementation at national level by the States Parties, the 2005 UNESCO Convention on the Diversity of Cultural Expressions also has a certain influence in commercial matters. A study of post-2005 trade agreements reveals that there are indeed cultural clauses that aim and can contribute to protecting Indigenous languages. These cultural clauses are all the more interesting in that they come in a variety of forms: reservations, specific commitments, cultural exception clauses, etc. The present text therefore proposes to list, quantify and analyze these different cultural clauses that the Parties to the UNESCO Convention have included in the various negotiated trade agreements they have negotiated, and which can contribute to the preservation of Indigenous languages, while promoting the principles and objectives of the 2005 Convention. This study thus makes it possible to list the best practices in this field.

FR:

Recueillir le récit des premiers intéressés, les Amazighs, est une voie privilégiée lorsqu’il s’agit d’analyser le fait linguistique. Quelles sont les raisons de la perdition de leurs langues aujourd’hui? Il en va de la présente étude de dévoiler certaines de ces raisons, en confrontant le récit et la réalité vécue par deux familles appartenant à des communautés amazighes distinctes, les Toulalyines et les Souassas. Bien que la construction de l’État ait joué un rôle important dans le fléchissement de leurs langues, on pourrait se demander quelle est la nature des faits internes à ces familles ayant accentué cette réalité. L’étude démontre que la mixité, l’attraction vers la modernité ainsi que le déracinement contribuent à la perdition de la langue.

EN:

Analyzing the linguistic phenomenon through the narrative of those directly affected, the Amazigh people, provides valuable insights and understanding. This study aims to uncover the reasons behind the loss of their languages today by examining the narratives and experiences of two distinct Amazigh communities: the Toulalyine and the Souassa. While the construction of the state has contributed to the erosion of their languages, it is important to explore other factors that have further exacerbated this situation. The study reveals that factors such as intermarriage, cultural blending, the allure of modernity, and uprootedness have all add a role to play in language loss.