Special Issue, December 2017 Études de certains grands enjeux de la justice internationale pénale Guest-edited by Fannie Lafontaine
Table of contents (9 articles)
Introduction
Études
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The Sound of Silence : le pouvoir discrétionnaire du Procureur de la Cour pénale internationale à travers l’utilisation des critères d’intérêts de la justice et de gravité lors de l’ouverture d’une enquête
Claire Magnoux
pp. 9–36
AbstractFR:
Une des grandes innovations dans le domaine de la justice internationale pénale, à l’exception de l’avènement même d’une cour permanente, est la consécration, en son sein, d’un Procureur indépendant. Cette indépendance fait néanmoins l’objet d’un encadrement notamment à travers l’article 53 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, intitulé « Ouverture d’une enquête ». En effet, celui-ci circonscrit l’action du Procureur dès la phase d’ouverture d’enquête (paragraphe 1) en établissant un certain nombre de critères, dont celui des « intérêts de la justice ». Ce critère, pensé comme un critère de pondération, permet au Procureur de refuser d’ouvrir une enquête même si l’ensemble des autres critères est présent. Il constitue ainsi le bastion du pouvoir discrétionnaire du Procureur. Dans la pratique, aucun refus d’ouverture d’enquête ne s’est jamais basé sur le critère des « intérêts de la justice ». Or, à l’exception des situations ne passant pas le test d’admissibilité, les refus d’ouverture d’enquête se sont basés sur le test de la recevabilité et précisément sur le critère de la gravité. Cela signifie-t-il que le Procureur restreint de lui-même son pouvoir discrétionnaire en se concentrant sur d’autres critères ? Notre démarche vise à démontrer que le processus d’objectivation auquel s’est livré le Procureur dans la prise en compte de ces deux critères (intérêts de la justice et gravité) a été nuisible à l’image d’impartialité voulue par ce dernier, nécessitant des ajustements de sa part. Ainsi, il a minimisé l’utilisation de l’application du critère des intérêts de la justice au profit de celui de la gravité à la faveur d’une interprétation stricte des « intérêts de la justice » (I), tout en prenant en compte ce critère par l’intermédiaire de stratégies détournées rendant le contrôle et les débats relatifs à ses choix plus compliqués (II). Or, nous pensons qu’au regard du type de conflictualité auquel il doit faire face, il est nécessaire de se questionner sur une évolution du spectre du critère des intérêts de la justice, et donc de sa prise en compte dans le choix d’ouverture d’une enquête (III).
EN:
One of the main innovations in the field of international criminal law, except for the advent of a permanent court in and of itself, is the consecration, within this court, of an independent Prosecutor. This independence, however, is subject to a specific framework, namely through article 53 of the Rome Statute of the International Criminal Court, “Initiation of an investigation”. Indeed, this article frames the action of the Prosecutor from the opening of an investigation (paragraph 1) by establishing a number of criteria, including that of “the interests of justice.” This criterion, conceived as a weighting criterion, allows the Prosecutor to refuse to open an investigation even if all the other criteria are present. It therefore constitutes the bastion of the discretionary power of the Prosecutor. In practice, no refusal to open an investigation has ever been based on the criterion of the “interests of justice.” With the exception of the situations failing to meet the preliminary admissibility criteria, the refusals to open an investigation were based on the admissibility test and precisely on the gravity criterion. Does this mean that the Prosecutor himself or herself restricts his or her discretionary power by concentring on other criteria? This article seeks to demonstrate that the objectivation process to which the Prosecutor submitted himself or herself in taking into account these two criteria (interests of justice and gravity) has been damaging to the impartiality image that he or she wishes to project, necessitating adjustments. Therefore, the Prosecutor has minimized the use of the application of the criterion of interests of justice to the benefit of the gravity criterion, in favour of a strict interpretation of the “interests of justice” (I), while taking into account this criterion through diverted strategies, resulting in more difficult control and debates on his or her choices (II). We propose that considering the type of conflictuality the Prosecutor must face, it is necessary to question oneself on the evolution of the spectrum of the interests of justice criterion, and thus of its taking into account in the choice to open an investigation (III).
ES:
Una de las grandes innovaciones en el dominio de la justicia internacional penal, a excepción del mismo acceso a un tribunal permanente, es la consagración, en su seno, de un Fiscal independiente. Esta independencia es objeto sin embargo de una regulación hecha particularmente a través del artículo 53 del Estatuto de Roma de la Corte penal internacional, titulado "Apertura de una investigación". En efecto, éste circunscribe la acción del Fiscal desde la fase de apertura de la investigación (párrafo 1) estableciendo un cierto número de criterios, del que están el del "Intereses de la justicia ". Este criterio, pensado como un criterio de ponderación, le permite al Fiscal negarse a abrir una investigación aunque el conjunto de otros criterios está presente. Constituye así el bastión del poder discrecional del Fiscal. En la práctica, ninguna negativa de apertura de investigación jamás se basó en el criterio de “Intereses de la justicia”. Ahora bien, a excepción de las situaciones que no pasaban la prueba de admisibilidad, las negativas de apertura de investigación se basaron en la prueba de la admisibilidad y precisamente en el criterio de la gravedad. ¿Esto significa que el Fiscal mismo restringe su poder discrecional concentrándose sobre otros criterios? Nuestro esfuerzo pretende demostrar que el proceso de objetivación al cual se entregó el Fiscal en la toma de consideración de estos dos criterios (intereses de la justicia y la gravedad) fue perjudicial para la imagen de imparcialidad querida por este último, necesitando ajustes de su parte. Así, él minimizó la utilización de la aplicación del criterio de los intereses de la justicia en provecho del de la gravedad a favor de una interpretación estricta de “Intereses de la justicia” (I), tomando en consideración este criterio a través de estrategias apartadas que devuelven el control y los debates relativos a sus elecciones más complicadas (II). Ahora bien, pensamos que respecto al tipo de conflictividad al cual debe hacer frente, es necesario interrogarse sobre una evolución del espectro del criterio de los intereses de la justicia, y pues de su toma en cuenta en la elección de apertura de una investigación (III).
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L’APPLICATION DE LA RESPONSABILITÉ DES SUPÉRIEURS HIÉRARCHIQUES AUX REBELLES DANS L’AFFAIRE BEMBA
Jacques B. Mbokani
pp. 37–71
AbstractFR:
Le présent article jette un regard critique sur le jugement de la Cour pénale internationale appliquant à M. Bemba, un ancien rebelle congolais, la responsabilité pénale des supérieurs hiérarchiques. En analysant la nature de cette forme de responsabilité ainsi que ses conditions d’application, l’article démontre, dans un premier temps, qu’il existe un lien entre la connaissance (antérieure ou postérieure) qu’avait le supérieur hiérarchique sur la conduite criminelle de ses forces et les mesures (préventives ou répressives) nécessaires et raisonnables qu’il aurait dû prendre. Par rapport précisément à ces mesures, l’article démontre, dans un second temps, que si la qualité de rebelle n’a aucune incidence sur l’obligation de prendre les mesures préventives dès lors que le rebelle savait que les crimes vont être commis par ses soldats, il en est autrement des mesures répressives concernant les crimes déjà commis et dont le rebelle n’a eu la connaissance qu’après coup, puisque le Statut de Rome doit être interprété dans le respect des droits de l’homme internationalement reconnus. La critique principale formulée à l’encontre de ce jugement réside ainsi dans les incertitudes qu’il a apportées à ces deux problématiques qui semblent marquer la limite de la responsabilité des supérieurs lorsqu’il s’agit des rebelles.
EN:
This article takes a critical look at the Bemba judgment in which the International Criminal Court applied the criminal responsibility of superiors to Mr. Bemba, a former Congolese rebel leader. By analyzing the nature of this form of responsibility and its conditions of application, the article first demonstrates that there is a link between the knowledge (prior or posterior) that the superior had on the criminal conduct of his/her forces and the necessary and reasonable measures (preventive or repressive) that he/she should have taken. In relation to these measures, the article goes on to show, secondly, that if the status of rebel does not affect the ability of a rebel to take preventive measures when he/she knew that the crimes would be committed by his/her forces, this is not the case when it comes to repressive measures concerning crimes already committed and of which he/she knew that they were already been committed, since the interpretation of the Rome Statute must be consistent with internationally recognized human rights. Finally, the main criticism that can be made against this judgment is about the uncertainty it has brought to these two issues, which seem to mark the limit of the criminal responsibility of superiors when it comes to the rebels.
ES:
El artículo presente articulo pone una mirada crítica sobre el juicio de la CPI que aplica sobre Sr. Bemba, un antiguo rebelde congolés, la responsabilidad penal de los superiores jerárquicos. Analizando la naturaleza de esta forma de responsabilidad así como sus condiciones de aplicación, el artículo demuestra, primeramente, que existe un lazo entra el conocimiento (anterior o posterior) que tenía el superior jerárquico sobre la conducta criminal de sus fuerzas y las medidas (preventivas o represivas) necesarias y razonables que habría debido tomar. Con relación precisamente a estas medidas, el artículo demuestra, en segundo lugar, que si la calidad de rebelde no tiene ninguna incidencia sobre la obligación de tomar las medidas preventivas desde que el rebelde sabía que los crímenes van a ser cometidos por sus soldados, hay de allí de otro modo unas medidas represivas que conciernen a los crímenes ya cometidos y cuyo conocimiento el rebelde tuvo sólo fuera de tiempo, ya que el Estatuto de Roma debe ser interpretado en el respeto de los derechos humanos internacionalmente reconocidos. La crítica principal formulada en contra de este juicio reside así en las incertidumbres que aportó a estas dos problemáticas que parecen marcar el límite de la responsabilidad de los superiores cuando se trata de unos rebeldes.
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Juger les plus hauts responsables pour crimes sexuels à la Cour pénale internationale : l’utilité de la responsabilité par omission à la lumière de la décision de la chambre de première instance dans l’affaire Bemba
Moussa Bienvenu Haba and Fannie Lafontaine
pp. 73–100
AbstractFR:
Cet article analyse de façon générale l’interaction entre les modes de responsabilité et la répression des crimes sexuels à la Cour pénale internationale (CPI). Plus précisément, il tente de montrer les difficultés inhérentes à l’établissement de la responsabilité pénale des hauts responsables (hauts dirigeants politiques et militaires) pour des crimes sexuels en vertu des modes d’action prévus à l’article 25 (3) du Statut de Rome de la CPI, principalement la coaction et la complicité résiduelle de l’article 25 (3) (d). De l’expérience de la CPI, la satisfaction des critères objectifs et subjectifs exigeants de ces modes d’action a souvent constitué un goulot d’étranglement pour la répression effective des crimes sexuels. Partant, à la lumière de la décision de la Chambre de première instance dans l’affaire Bemba, la présente contribution met en exergue le rôle que peut jouer la responsabilité du supérieur hiérarchique pour établir la culpabilité des plus hauts responsables qui sont dans le collimateur de la Cour.
EN:
This article analyzes the interaction between the different modes of liability and the repression of sexual crimes at the International Criminal Court (ICC). More specifically, it seeks to demonstrate the inherent difficulties in establishing criminal liability of senior officials (senior political and military officials) for sexual crimes pursuant to the modes of action provided by article 25 (3) of the Rome Statute, especially the joint action and residual complicity of article 25 (3) (d). In the ICC’s experience, meeting the stringent objective and subjective requirements of these modes of action has frequently constituted a bottleneck for the effective repression of sexual crimes. In light of the decision of the Trial Chamber in the Bemba case, this contribution emphasises the role that can play the responsibility of the immediate supervisor in establishing the liability of higher officials that are on the Court’s radar.
ES:
Este artículo analiza de modo general la interacción entre los modos de responsabilidad y la represión de los crímenes sexuales en la Corte penal internacional (CPI). Más precisamente, intenta mostrar las dificultades inherentes al establecimiento de la responsabilidad penal de los altos responsables (altos dirigentes políticos y militares) para crímenes sexuales en virtud de los modos de acción previstos al artículo 25 (3) del Estatuto de Roma de la CPI, principalmente la coacción y la complicidad residual del artículo 25 (3) (d). La experiencia de la CPI, la satisfacción de los criterios exigentes objetivos y subjetivos de estos modos de acción constituyó a menudo un cuello de botella para la represión efectiva de los crímenes sexuales. Por lo tanto, a la luz de la decisión de la Sala de Primera Instancia en el asunto Bemba, la contribución presente pone de relieve el papel que puede jugar la responsabilidad del superior jerárquico para establecer la culpabilidad de los responsables más altos que están en el punto de mira de la Corte.
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Le procès Al Mahdi : « Un pas de géant » pour la Cour pénale internationale ?
Émile Ouédraogo
pp. 101–124
AbstractFR:
Le 28 septembre 2016, la Chambre de première instance de la Cour pénale internationale (CPI) a rendu son verdict dans l’affaire Le Procureur c Ahmad Al Faqi AlMahdi relative à la destruction des mausolées de Tombouctou. Ce procès, perçu comme un instant historique, était très attendu par les acteurs de la justice pénale internationale, car c’était la première fois que la Cour a connu, depuis sa création, une affaire concernant les violations des règles qui protègent le patrimoine culturel. Toutefois, la décision de la Cour, eu égard au moyen par lequel elle est intervenue, à savoir le plaidoyer de culpabilité, semble limiter l’apport du premier jugement sur les biens culturels selon certains observateurs. Cet article revient sur les différents points de vue et porte une analyse critique sur les enjeux du procès quant à l’avenir de la CPI, soit la signification du plaidoyer de culpabilité, son incidence sur le procès et sur les attentes des victimes, l’avenir de la répression des violations des règles de protection des biens culturels ainsi que la stratégie du bureau du procureur dans la gestion de ce dossier.
EN:
On September 28th, 2016, the Trial Chamber of the International Criminal Court (ICC) delivered its verdict in the case The Prosecutor v. Ahmad Al Faqi Al Mahdi, pertaining to the destruction of the mausoleums of Timbuktu. This trial, perceived as a historical moment, was long awaited by the actors of international criminal justice, considering it was the first time that the Court heard a case on violations of rules protecting cultural heritage. However, the decision of the Court, with respect to the means by which it was rendered, namely a guilty plea, appears to limit the contribution of the first decision on cultural property, according to some commentators. This article reconsiders the different perspectives and critically analyzes the challenges surrounding the trial as concerns the future of the ICC, namely the significance of the guilty plea, its effect on the trial and on the expectations of victims, the future of the repression of violations of the rules protecting cultural property, as well as the strategy of the Prosecutor’s office in the management of this issue.
ES:
El 28 de septiembre de 2016, la cámara de primera instancia de la Corte penal internacional (CPI) pronunció su veredicto en El asunto contra Ahmad Al Faqi Al Mahdi relativo a la destrucción de los mausoleos de Tombuctú. Este proceso, percibidocomo un instante histórico, eramuyesperadopor los actores de la justiciapenalinternacional, porque era la primera vez que la Corte conoció, desde su creación, un asunto que concernía a las violaciones de las reglas que protegen el patrimonio cultural. No obstante, la decisión de la Corte, en atención al medio por el cualintervino, al saber el alegato de culpabilidad, parecevenido para limitar la aportacióndel primer juicio sobre los bienes culturales segúnciertosobservadores. Este artículovuelve sobre los diferentespuntos de vista y porta un análisiscrítico de los retosdelproceso en cuanto al futuro de la CPI, es decir, el significadodelalegato de culpabilidad, su incidencia sobre el proceso y sobre las previsiones de las víctimas, el futuro de la represión de las violaciones de las reglas de protección de los bienes culturales asícomo la estrategia de la oficinadel fiscal en la gestión de este expediente.
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Nouveaux développements relatifs à l’article 98-1 du Statut de Rome
Tiphaine Demaria
pp. 125–141
AbstractFR:
L’article 98-1 du Statut de Rome régit la situation particulière dans laquelle la Cour pénale internationale requiert d’un État partie la remise d’un accusé disposant d’immunités émanant d’un État non partie. Dans ce cas, la Cour doit préalablement obtenir la levée de cette protection par l’État tiers. Cette disposition – relativement technique – ne laissait présager lors de son adoption la bataille judiciaire engagée depuis entre la Cour et de nombreux États à propos du Président soudanais, Omar Al Bashir. Ce dernier, soumis à un mandat d’arrêt depuis 2009, n’a toujours pas été arrêté et livré malgré son accueil par des États membres de la CPI lors de nombreux déplacements diplomatiques. Se fondant sur la disposition précitée, ces États avancent que, faute de renonciation à l’immunité par la République du Soudan, ils ne peuvent faire droit aux demandes de la Cour. En juillet 2017, une Chambre préliminaire a inauguré une troisième position juridique justifiant la remise du Président Al Bashir, nonobstant la disposition précitée, en se fondant sur la Résolution 1593 (2005) du Conseil de sécurité. Cet article examine cet imbroglio juridique, et analyse les raisons pour lesquelles cette troisième voie ne devrait, de l’avis de l’auteur, être la dernière.
EN:
Article 98-1 of the Rome Statute regulates the particular situation in which the International Criminal Court (ICC) requests that a Member state surrender an accused benefiting from immunities granted by a non-party state. In such a case, the Court must obtain beforehand the withdrawal of this protection by the third-party state. This provision – relatively technical – did not lead one to expect the legal battle undertaken since between the Court and several states about the Sudanese President, Omar Al Bashir. Al Bashir, subject to an arrest warrant since 2009, has not yet been arrested and turned over, despite being welcomed by ICC Member states in the context of his numerous diplomatic travels. Citing the above-mentioned provision, these states argue that, for lack of a waiver of immunity by the Republic of Sudan, they cannot comply with the Court’s requests. In July 2017, a Pre-Trial Chamber inaugurated a third legal position justifying the turning over of President Al Bashir, notwithstanding the above-mentioned provision, based on Resolution 1593 (2005) of the Security Council. This article examines this legal imbroglio, and analyzes the reasons for which this third path should not, the author argues, constitute the last one.
ES:
El artículo 98 (1) del Estatuto de Roma rige la situación especial en que la Corte Penal Internacional exige a un Estado Parte que entregue a un acusado las inmunidades de un Estado no Parte. En este caso, el Tribunal primero debe obtener el levantamiento de esta protección por parte del tercer Estado. Esta disposición - relativamente técnica - dejaba presagiar en el momento de su adopción la batalla judicial voluntaria después entre la Corte y de numerosos Estados a propósito del Presidente sudanés, Omar Al Bashir. Este último, sometido a una orden de detención desde el 2009, no ha sido detenido ni entregado a pesar de su acogida por Estados miembro de la CPI en el momento de numerosos desplazamientos diplomáticos. Fundándose sobre la disposición precitada, estos Estados afirman que por falta de renuncia a la inmunidad por la República de Sudán, no pueden hacer justicia a las demandas de la Corte. En julio de 2017, una cámara preliminar inauguró la tercera posición jurídica que justificaba la entrega del Presidente Al Bashir, a pesar de la disposición precitada, fundándose sobre la Resolución 1593 (2005) del Consejo de seguridad. Este artículo examina este embrollo jurídico, y analiza las razones para las cuales esta tercera vía debería, de la opinión del autor, ser la última.
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L’africanisation de la justice pénale internationale : entre motivations politiques et juridiques
Abdoul Kader Bitié
pp. 143–165
AbstractFR:
Le développement de la justice pénale internationale, comme branche incidente des processus de maintien de la paix, ne laisse pas indifférents les Africains, particulièrement concernés par les violations graves du droit international humanitaire occasionnées par les conflits armés. L’Union africaine, dont l’Acte constitutif fait du rejet de l’impunité un principe fondamental, plaide, depuis les divergences politiques qui ont entravé la collaboration de ses membres avec la Cour pénale internationale, pour une régionalisation accélérée de la répression pénale internationale. Cet article a pour objectif d’apprécier les enjeux juridiques de cette africanisation de la justice pénale motivée par de nombreux facteurs politiques.
EN:
The development of the international criminal justice, as the incidental branch of the processes of preservation of the peace, does not leave unmoved the African, who are particularly concerned by the important violations of international humanitarian law caused by armed conflicts. The African Union, the Constitutive Act of which makes of the rejection of the impunity a fundamental principle, pleads, since the political differences which hindered the collaboration of its members with the International Criminal Court, for a regionalization accelerated of the international penal repression. This article has for objective to appreciate legal stakes in this africanisation of the criminal justice motivated by numerous political factors.
ES:
El desarrollo de la justicia penal internacional, como rama que incide en los procesos de mantenimiento de la paz, no deja indiferente a los africanos, particularmente afectados por las violaciones graves del derecho internacional humanitario ocasionadas por los conflictos armados. Para la Unión africana, el rechazo de la impunidad es un principio fundamental consagrado por su Acta constitutiva, la cual promueve, a pesar de las divergencias políticas que han dificultado la colaboración de sus miembros con la Corte penal internacional, una regionalización acelerada por la represión penal internacional. Este artículo tiene como objetivo exponer las cuestiones jurídicas de la africanización de la justicia penal motivada por numerosos factores políticos.
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Les dimensions et les dynamiques régionales et internationales de la justice transitionnelle au Burundi : proposition de création d’un organe de droit pénal international au sein de la Communauté Est-Africaine
Nestor Nkurunziza
pp. 167–203
AbstractFR:
Cet article utilise le Burundi comme principal cas d’étude pour proposer la création d’un organe de droit pénal international au sein de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC). L’article tient compte des projets en cours au sein de l’Union Africaine vers une régionalisation de la justice pénale internationale en Afrique. Il repose en outre sur une pratique prometteuse de l’actuelle Cour de Justice de l’EAC (EACJ) dans les domaines de la bonne gouvernance, l’État de droit et les droits de l’homme. Même si le Burundi est utilisé comme principal cas d’étude, les arguments avancés valent également dans les contextes de la plupart des États membres de la Communauté en situation de transition post conflit, avec des défis comparables en matière d’État de droit. L’argument principal de l’article repose sur l’idée qu’une mise en oeuvre régionaliste du droit pénal international offre des avantages uniques ainsi qu’un potentiel plus élevé pour atteindre des objectifs d’une importance capitale dans les contextes post conflit d’administration de la justice pénale internationale. Par conséquent, l’auteur propose qu’en cas de conflits de compétence entre des juridictions toutes supra-nationales (sous-régional, continental, international), envisageables dorénavant, la juridiction internationale ayant la plus grande proximité avec le territoire du pays où les crimes ont été commis jouit d’une priorité d’intervention, à défaut de poursuites nationales. Situant cet argument dans le contexte de la crise que connait la Cour Pénale Internationale (CPI) sur le continent africain, l’auteur soutient qu’en théorie cette solution qui revient à promouvoir les juridictions régionales comme sphères privilégiées d’application du droit pénal international ne s’inscrit pas nécessairement en porte à faux avec une bonne coopération en matière d’intervention pénale internationale. Au contraire, cette solution est règle générale mieux conforme aux fondements et aux buts d’une politique de complémentarité positive en matière d’intervention pénale internationale dans le contexte d’une pluralité de juridictions supra-nationales de droit pénal international.
EN:
This paper uses Burundi as its main case study to suggest the creation of an international criminal justice mechanism within the current institutional structures of the East-African Community (EAC).The contribution takes stock of ongoing developments within the African Union towards a regionalization of international criminal justice in Africa. It also draws some of its arguments from a promising practice of the current East-African Court of Justice (EACJ) as an analysis of the court’s case-law in the fields related to the rule of law, governance and human rights shows. The main argument of the article is that trials have a greater potential to achieve some important goals of transitional justice and international criminal justice if they are undertaken by a court with a physical proximity to the areas where crimes were committed, rather than at a global level. Although Burundi is used as the main case study, it is believed that such a mechanism would bring a contribution in the promotion of the rule of law in most of country members of the EAC facing similar rule of law challenges in post-conflict settings. Although the paper highlights the advantages of prosecutions and trials carried out on a regional basis, the author recognizes the necessity for cooperation among national and supra-national actors involved in fighting the impunity of serious crimes, particularly in Africa. For the purpose of a positive complementarity in the administration of international criminal justice, it is suggested that a better approach to an international intervention should recognize geographic proximity as the primary criteria to determine which supra-national judicial institution (sub-regional, continental, global) should have the priority to intervene in the absence of opportunities for justice at the national level. Such solution would better comply with the objectives and rationale of a positive approach to complementarity in this context.
ES:
Este artículo propone la creación de un cuerpo de derecho penal internacional en la Comunidad del África Oriental (EAC), para esto utiliza como principal caso de estudio a Burundi. El artículo tiene en cuenta los proyectos en curso dentro de la Unión Africana hacia una regionalización de la justicia penal internacional en África. Así mismo, considera la jurisprudencia del Tribunal de Justicia actual de la EAC (EACJ) en las áreas de buen gobierno, el estado de derecho y los derechos humanos. El principal argumento es desarrollado con base a la idea de que una aplicación regionalista del derecho penal internacional ofrece una mejor solución para cumplir los principales objetivos de la justicia penal internacional en contextos de post-conflicto, los cuales son difíciles de cumplir en un contexto global. Aunque Burundi se utiliza como caso de estudio principal, los argumentos pueden también ser aplicados a los contextos de post-conflicto de la mayor parte de los Estados miembros de la Comunidad. El autor sugiere que en el caso de un conflicto de competencia entre los tribunales supranacionales (sub regional, continental, internacional), el tribunal internacional con mayor proximidad al territorio del país donde se cometieron los crímenes tienen prioridad de jurisdicción. Esta solución satisface mejor las bases de una política de complementariedad positiva en la administración de la justicia penal internacional en ese contexto.
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LA JUDICIARISATION DES ATTEINTES ENVIRONNEMENTALES : LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE À LA RESCOUSSE?
Christian Tshiamala Banungana
pp. 205–243
AbstractFR:
De nos jours, l’ampleur caractérisant la criminalité environnementale rend compte de l’inadaptation des mesures législatives et juridictionnelles adoptées par les États en vue de la répression des actes graves d’atteinte à l’environnement. Cette inadaptation met en évidence l’incapacité de l’appareil judiciaire de l’État à rencontrer efficacement les réalités criminelles définissant la commission de certaines atteintes environnementales. Il en résulte un phénomène quasi endémique d’impunité à l’égard des milliers d’actes de portée criminelle perpétrés contre l’environnement à des fins lucratives. S’inscrivant dans une démarche prospective, cette étude entend, à l’instar de la démonstration des limites du cadre actuel de répression de la criminalité environnementale, réfléchir sur les possibilités visant à étendre la compétence de la Cour pénale internationale à la répression des atteintes graves portées à l’environnement commises dans un contexte de paix. Pour y arriver, il va falloir amender le Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale pour y intégrer la répression des actes qualifiés comme tels et l’adapter aux exigences propres à la singularité des atteintes portées à l’environnement. Ainsi, le crime international d’écocide deviendrait le cinquième crime dans la compétence matérielle de la Cour pénale internationale.
EN:
The scale of today's environmental crime reflects the inadequacy of the legislative and judicial measures adopted by States with a view to combating serious acts of damage to the environment. This maladjustment highlights the inability of the State judiciary to effectively meet the criminal realities that define the commission of certain environmental offenses. The result is an almost endemic phenomenon of impunity for thousands of criminal acts perpetrated against the environment for profit. As part of a forward-looking approach, this study, like the demonstration of the limitations of the current framework for the suppression of environmental crime, is intended to reflect on the possibilities of extending the jurisdiction of the International Criminal Court to environmental damage in the context of peace. In order to achieve this, the Rome Statute establishing the International Criminal Court must be amended to include the punishment of acts qualified as such and to adapt it to the specific requirements of the environmental damage. Thus, the international crime of ecocide will become the fifth crime in the material jurisdiction of the International Criminal Court.
ES:
La magnitud que caracteriza hoy en día los delitos ambientales refleja la insuficiencia de las medidas legislativas y judiciales adoptadas por los Estados para la represión de los actos graves de daño al medio ambiente. Esta insuficiencia pone de manifiesto la incapacidad del aparato judicial del Estado para responder eficazmente a las realidades criminales que definen la comisión de ciertos daños al medio ambiente. Esto da lugar a una impunidad casi endémica contra miles de actos criminales perpetrados contra el ámbito del medio ambiente con fines de lucro. Como parte de una perspectiva de futuro, este estudio pretende, al igual que la demostración de los límites del marco actual de la represión de los delitos ambientales, pensar en las posibilidades de extender la jurisdicción de la Corte Penal Internacional para la represión de los delitos graves cometidos en contra del medio ambiente en un contexto de paz. Para llegar allí, hay que modificar el Estatuto de Roma que establece la Corte Penal Internacional para incluir la represión de los actos calificados como tal y adaptarlo a las necesidades específicas de la singularidad de la violencia en contra del medio ambiente. Por lo tanto, el delito internacional de ecocidio se convertiría en la quinta jurisdicción sobre el crimen de la Corte Penal Internacional.