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C’est avec un très grand intérêt pour la thématique que j’ai accepté d’agir en tant que discutante de cet article – discussion assurément teintée par mon parcours professionnel à titre de chercheure, de sexologue, de féministe, de conceptrice de programmes de prévention et d’ex-intervenante auprès des femmes victimes de violences sexuelles. Depuis plusieurs années – et récemment au cours de la saison estivale 2020 –, les mouvements de dénonciations et de mobilisations réclament une véritable prise de responsabilité de la part des milieux de vie, d’étude et de travail dans la lutte contre les violences à caractère sexuel. Dans ce contexte, l’éclairage qu’apporte la recherche empirique devient d’autant plus nécessaire pour l’élaboration et le développement de pratiques prometteuses.

Les autrices réussissent avec brio à établir des rapprochements entre la socialisation genrée, la culture du viol, le consentement sexuel et plus globalement la violence à caractère sexuel. La contribution significative de cet article de l’équipe de l’Université de Moncton est double, elle a des répercussions dans le domaine de la recherche et en matière de prévention des violences sexuelles. D’abord, pour la recherche, les études quantitatives antérieures révèlent avec constance des différences selon le genre pour les attitudes ou croyances vis-à-vis le consentement sexuel. Notamment, les résultats d’une enquête très récente au Québec, portant sur les violences à caractère sexuel en milieu collégial, confirment que les hommes expriment des attitudes moins favorables vis-à-vis le consentement sexuel que les femmes et les personnes appartenant aux minorités de genre[1]. Pour sa part, le présent article nous convie plutôt vers une compréhension des conditions dans lesquelles émergent la construction genrée du consentement et des impacts sur les femmes et les hommes, la responsabilité du (non)consentement affectée aux femmes et l’attribution d’une étiquette de « victime blâmable » par opposition à celle de la « victime idéale ». Je salue l’apport indéniable de cette recherche qualitative : certaines paroles d’étudiant.es citées par les autrices, certes percutantes, incitent à (re)penser les interventions préventives actuellement implantées dans les milieux d’enseignement supérieur. En matière de prévention des violences à caractère sexuel – ou plus largement dans le domaine de l’éducation à la sexualité –, les résultats exposés dans cet article sont clairement en faveur de programmes qui visent l’identification, la reconnaissance et la remise en question de la socialisation genrée du consentement sexuel.

À titre de titulaire de la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur, je conclurais en partageant le souhait que cette recherche puisse être reconduite auprès d’un plus grand échantillon, qui prendrait en considération une diversité de genre, d’orientation sexuelle et de diversité culturelle.