[VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement
Volume 9, Number 3, décembre 2009
Table of contents (7 articles)
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Proposition d’une trame de recherche pour appréhender la capacité d’adaptation au changement climatique
Alexandre Magnan
AbstractFR:
Il est une idée reçue selon laquelle les communautés des pays en développement ont fatalement de faibles capacités d’adaptation au changement climatique. Prenant le contre-pied de cette affirmation, parce qu’elle n’est pas toujours vraie et parce que la considérer comme telle induit des biais dans le processus d’identification de stratégies d’adaptation, ce texte défend l’idée que les connaissances actuelles sur ce qui fonde la capacité d’adaptation d’un territoire donné sont encore insuffisantes. Il existe ainsi un manque de maturité sur cette question qui est à relier à un défaut de structuration en termes de recherche scientifique. C’est pourquoi nous proposons ici quatre grandes pistes de recherche pour améliorer l’approche scientifique de la capacité d’adaptation. Ces pistes sont ensuite replacées dans un cadre théorique plus large reposant sur l’identification de trois dimensions d’adaptation et sur la mise en perspective de trajectoires d’adaptation.
EN:
A generally accepted idea consists in systematically linking a low level of adaptive capacity to a low level of development, and then in affirming that the poor have inevitably low adaptive capacities. What we argue here is that this affirmation is biased because adaptation to climate change is not only determined by economic and technological capacities. Many other characteristics of a community could play a major function in its ability to react to and to anticipate climate changes (e.g. the territorial identity or the social relationships). From our point of view, the generally restrictive conception of adaptive capacity is related to a relative immaturity of the science of adaptation to explain what are the processes and the determinants of adaptive capacity. This can be explained by the fact that few frameworks for studying adaptive capacity currently exist. This paper then consists in a proposition of a research framework based upon four main fields of investigation: (i) the influential factors of adaptive capacity and their interactions, (ii) the relevant spatial and temporal scales of adaptive capacity, (iii) the links between adaptive capacity, vulnerability and the level of development and (iv) the theoretical links between adaptation and sustainability. These four fields of research are assumed to be relevant to bring new knowledge on adaptive capacity, and then to feed a more general reflection on the adaptation pathways to deal with climate change.
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Évaluation du développement territorial comme processus d'innovation et d'institutionnalisation : le cas du Territoire du Alto Sertão do Piauí e Pernambuco au Nordeste du Brésil
Jean-Philippe Tonneau, Marc Piraux, Emilie Coudel and Sergio Guilherme de Azevedo
AbstractFR:
Du fait de leur transversalité et de leur objet, l'évaluation des politiques de développement territorial ne peut pas s'appuyer sur les outils utilisés pour évaluer les politiques sectorielles. Les questions procédurales sont très largement dominantes, les dispositifs portant essentiellement sur la gouvernance et la coordination. Pour évaluer une démarche procédurale, il convient de préciser le référentiel d’évaluation à la fois en termes du quoi et du comment évaluer. Cet article a pour ambition de contribuer à des méthodes d'évaluation, en analysant les impacts d'une recherche-action pour le développement d'un territoire "fragilisé" du « Alto Sertão du Piaui et du Pernambuco » au Nordeste du Brésil. L'enjeu est de caractériser les processus à l'oeuvre pour pouvoir les comprendre et en mesurer la portée.
Une première partie précise le cadre d’analyse à partir des attendus des politiques de développement territorial : accroissement et mobilisation de capital humain, capital social et capital institutionnel pour le développement des capacités d'adaptation et d'innovation des sociétés, dans un but d'amélioration des systèmes d'activités et de gouvernance. L'ingénierie territoriale et les démarches de développement territorial doivent être alors évaluées dans leur capacité à créer des compétences, à les mobiliser, à favoriser l'innovation et à la faire reconnaître dans le cadre de dispositifs de gouvernance. Les méthodologies utilisées entre qualitatif et quantitatif sont présentées.
L’expérience est décrite dans la deuxième partie dans une séquence historique. Elle allie formation des acteurs et élaboration de projet au travers de forum de discussion, d’expérimentations techniques et de sessions de formations. En termes de gouvernance, la démarche a abouti à la création d'un consortium "inter-municipal" et d'une agence technique, chargés de mettre en oeuvre un ensemble d'actions de développement, réunies dans un projet territorial. Notre objectif ici est de donner des éléments factuels sur le déroulement et les impacts.
Une troisième partie présente les résultats et tire les enseignements. Les auteurs soulignent les conditions idéales de l’expérience qui rendent sa réplication difficile. Ils évaluent comment le processus a permis de développer les capitaux humain, social et institutionnel et comment ces capitaux ont été mobilisés en terme de compétences collectives, seules capables de modifier les situations, en créant des opportunités de développement, en innovant par la construction de règles pragmatiques, en solution aux problèmes posés.
La conclusion propose une réflexion sur les critères d’évaluation et sur les améliorations des méthodologies mises en oeuvre.
EN:
Because of their transversal and multipurpose character, evaluation of territorial development policies cannot rely on the tools used to assess sectoral policies. Procedural issues are mainly dominant, since arrangements essentially focus on governance and coordination. In order to evaluate a procedural approach, specifying the assessment referential is necessary. What and how evaluate ? It is the purpose of this paper, which aims to contribute to assessment methods, by analysing the impacts of a research-action to develop a "weakened" territory of the "Alto Sertão of Piaui and Pernambuco ", located in Northeast of Brazil. The objective is to characterize the processes at work, in order to understand them and to define their scope.
The first part lists the expectations regarding the territorial development policies: increasing and mobilizing the human, social and institutional capitals, so as to develop adaptation and innovation capacities and improve systems of activities and governance. Territorial engineering processes must be assessed in the light of their ability to build competencies, to encourage innovation and have it recognized by the governance systems. The methods used to evaluate the experiment are then presented both qualitative and quantitative.
The experiment is described in the second part of the article. Actors’s training and project elaboration were combined trough the organization of a governance forum, technical experiments and training sessions. In terms of governance, this led to the creation of a local consortium as well as a technical agency, both in charge of implementing different development actions, within a territorial project. Our goal is to give some facts on the action and its impacts.
The third part discusses the insight brought by this experiment. The authors notice the ideal conditions of the experiment, and how difficult its replication turned out to be. They evaluate how the learning process contributed to the development of human, social and institutional capitals, mobilized in terms of collective skills, them alone being able to change situations by creating new development opportunities, by achieving innovation trough the construction of pragmatic rules, offering a solution to the studied issues.
The conclusion analyse the evaluation criteria and the possible improvements to the methodologies developped.
PT:
Por causa da transversalidade e a natureza das políticas de desenvolvimento territorial a avaliação destas se torna difícil, pois não se podem usar os instrumentos aplicados no caso das políticas setoriais. As questões dos processos são centrais, pois os dispositivos tratam essencialmente da governança e da coordenação. Para avaliar tais processos é necessário delinear a avaliação tanto do ponto de vista do “o quê” e do “como”. Este artigo tem como objetivo contribuir para desenvolver métodos de avaliação, analisando os impactos de uma pesquisa-ação para o desenvolvimento de um território frágil e « marginalizado » do « Alto Sertão do Piauí e do Pernambuco » no Nordeste do Brasil. O desafio é caracterizar os processos em jogo para poder entendê-los e medir seus efeitos.
Uma primeira parte delineia o quadro de análise a partir dos objetivos das políticas de desenvolvimento territorial: aumento e mobilização dos capitais humano, social e institucional para o desenvolvimento das capacidades de adaptação e de inovação das sociedades, numa perspectiva de melhoramento dos sistemas de produção e de governo. A engenharia e os métodos de desenvolvimento territorial devem ser avaliados em relação às possibilidades de criar competências, de mobilizá-las, e de favorecer a inovação, fazendo que esta seja reconhecida pelos dispositivos de governo. As metodologias usadas para avaliar a experiência entre qualitativo e estão apresentadas.
A experiência é descrita na segunda parte no seu decorrer histórico. Ela alia capacitação dos atores e elaboração de projeto via fórum de discussão, experimentações técnicas e sessões de capacitação. O processo permitiu a criação de um consórcio intermunicipal e de uma agência técnica, encarregada de implementar um conjunto de ações de desenvolvimento, no quadro do projeto territorial. O nosso objetivo aqui é de dar elementos factuais.
Uma terceira parte apresenta os resultados e propõe alguns ensinamentos. Os autores enfatizam as condições ideais das experiências que tornam a replicação difícil. Avaliam como o processo de aprendizagem permitiu desenvolver os capitais humano, social e institucional e como estes capitais foram mobilizados em competências individuais e coletivas capazes modificar as situações, criando oportunidades de desenvolvimento, construindo regras pragmáticas e inovadoras, como uma solução para problemas existentes.
A conclusão analisa a pertinência dos critérios de avaliação e os melhoramentos almejados dos métodos utilizados.
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Le coût humain des pesticides : comment les viticulteurs et les techniciens viticoles français font face au risque
Christian Nicourt and Jean Max Girault
AbstractFR:
A travers un corpus de 70 entretiens réalisés auprès de viticulteurs et de conseillers viticoles en Languedoc-Roussillon, notre objectif est de comprendre pourquoi les viticulteurs ne cherchent pas à résoudre leurs incertitudes quant aux conséquences sanitaires des maux qu’ils éprouvent en utilisant des pesticides. Notre hypothèse est que c’est la seule stratégie qui s’offre à eux pour tenir leur peur à distance dans leur travail. Nous montrons d’abord qu’ils envisagent de manière ambiguë les maux qui les affectent au cours de leur travail. Puis, nous analysons leurs difficultés à préserver leur santé dans un contexte de travail contraint. Enfin, nous examinons comment des conduites de défi et un déni des situations s’articulent pour permettre la poursuite du travail. Cela, dans un contexte où la déstructuration des espaces et des temps partagés entre pairs entraîne une déliaison des collectifs, tandis que la recomposition de l’espace rural donne au regard public des effets paradoxaux. Ce qui érode les stratégies de défense des viticulteurs et ne modère pas leur usage des pesticides, mais en modifie les modalités.
EN:
Through a corpus of 70 interviews carried out with vine growers and vine advisers in Languedoc-Roussillon, our aim was to understand why the vine growers do not seek to solve their uncertainties on the medical consequences in relation to the use of pesticides. Our assumption is that it is the only strategy offered to them to control their fear in their work. First, we show that they consider in an ambiguous way the evils which affect them during their work. Second, we analyze their difficulties to preserve their health in a context of constrained work. Third, we examine how conducts of challenge and a denial of the situations are articulated to enable the continuation of their work. That, when public evaluation gives paradoxical messages, in a context of destructuration of spaces and time-sharings between vine growers, involves a racking of collectives, while rural areas are recombining. This erodes the strategies of defense of the wine growers and does not moderate their pesticides use, but modifies their methods.
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Développement durable et impacts des politiques publiques de gestion de la vallée du fleuve Sénégal : du régional au local
Abdourahmane Mbade Sène
AbstractFR:
La première partie de l’étude propose une analyse à l’échelle de l’ensemble du bassin du fleuve Sénégal s’étendant sur quatre pays (Sénégal, Mali, Mauritanie et Guinée-Bissau) et porte sur quatre impératifs du développement durable : institutionnel, économique, social et écologique. À cette échelle d’analyse, nos recherches montrent que les modes de gestion du fleuve présentent beaucoup d’impasses et ne peuvent être considérées comme durables. L’étude montre une opposition entre les institutions chargées de la gestion du fleuve comme l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal qui centralise les pouvoirs de décision d’une part et les communautés locales qui disposent d’une très faible marge de participation aux processus de prise de décision d’autre part. De même, la construction des grands barrages de Diama et de Manantali entraîne des résultats très controversés : l’amélioration de l’irrigation s’accompagne d’une dégradation des conditions écologiques. La deuxième partie de la recherche porte sur une échelle plus réduite, nationale et locale. L’étude met en exergue l’existence de plusieurs changements résultant essentiellement des effets induits depuis l’échelle supérieure régionale (grands barrages, outils de gestion environnementale, mesures juridiques et conventionnels instaurées par la bureaucratie régionale…). Ces changements, perceptibles sous différentes formes, défendent tous un objectif de durabilité.
EN:
This study, on institutional, economic, social and ecological aspects of sustainable development, is based on an analysis of the Senegal River watershed including four countries (Senegal, Mali, Mauritania and Guinea-Bissau). At regional analysis scale, our research shows the River’s management throws up many problems and could not be considered as sustainable. The study indicates an opposition between institutions or bureaucracy and local communities. The firsts manage the River and focus decision-making power, while the seconds are not really involved in decision-making processes. Furthermore, Diama and Manantali’s dams impacts show very controversial results : the irrigation’s improvement is accompanied by a deterioration of ecological conditions.
At National and Local levels, this study highlights several changes that result primarily from regional activities (dams, environmental management tools, conventional and legal measures introduced by national and regional bureaucracy...). These changes can be observed in different forms and are supported by local communities. These results defend altogether a sustainable development’s aim.
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Gestion communautaire ou préservation des ressources renouvelables : histoire inachevée d'une évolution majeure de la politique environnementale à Madagascar
Alain Bertrand, Nadia Rabesahala Horning and Pierre Montagne
AbstractFR:
A Madagascar, la gestion locale des ressources renouvelables plonge ses racines au plus profond de l'histoire. La politique coloniale exclusive de gestion répressive administrative de ces ressources est un intermède séculaire clos par la loi 96-025 instituant la gestion locale des ressources renouvelables. Une continuité existe entre la gestion locale au temps de la royauté et celle instituée à la suite de l'atelier international d'Antsirabe en mai 1995. La référence commune aux valeurs coutumières de la société malgache favorise le développement du transfert de gestion et concrétise la réappropriation par les communautés de la légitimité de leur gestion des ressources.
La Loi 96-025 résulte de travaux convergents combinés avec une demande sociale vigoureuse des communautés qui ont trouvé l'occasion de s'exprimer lors de l'atelier international d'Antsirabe. Ses concepteurs pensaient qu’il existe des capacités locales de gestion durable des ressources renouvelables sur la majorité du territoire de Madagascar. Elle fut conçue comme une loi cadre d'application souple à l'ensemble des ressources renouvelables, des forêts aux ressources marines, sur tout le territoire de Madagascar avec la mise en oeuvre d'une politique nationale sur plusieurs décennies.
Le transfert de gestion s’est heurté à une obstruction efficace de certaines ONG de conservation de l’environnement concurrentes des populations rurales pour l’accès aux ressources de ce hot spot mondial de la biodiversité. Le développement des transferts de gestion a été obscurci, retardé, parfois dévoyé, mais néanmoins se poursuit de façon inexorable jusqu’à présent.
L’inefficacité de la préservation par des aires protégées est révélée de façon particulièrement impitoyable lors des crises politiques où l’autorité de l’Etat chancelle. L’alternative de transferts de gestion de conservation tentée par les ONG de conservation ne supprime pas les exploitations illicites. Le recours aux paiements pour services environnementaux ne résout pas ce problème. La pérennité de ces paiements reste encore aléatoire et chaque interruption se traduit par des dégradations volontaires de la biodiversité.
La création de nouvelles aires protégées issues du congrès de Durban pose encore la question de la place accordée aux populations locales et celle d’une encore improbable synthèse entre gestion communautaire, gestion durable, lutte contre la pauvreté et conservation de la biodiversité.
Madagascar ne pourra pas indéfiniment repousser un choix politique clair entre préservation et gestion communautaire durable, entre préservation et développement local durable. Une part trop importante de sa population rurale vit en situation d’extrême pauvreté et dépend directement pour sa survie des ressources renouvelables de sa biodiversité. Retarder ce choix c’est assurer de nouvelles dégradations plus ou moins irréversibles d’un patrimoine naturel inestimable.
EN:
In Madagascar community-based natural resource management pre-dates the colonial episode. The colonial approach to resource management was repressive and exclusive and, as such, it came to an end when Law 96-025 was passed, granting local communities the legal right to manage natural resources. Thus, at least in terms of resource management, there is continuity between the days preceding colonization and what followed the 1995 international workshop held in Antsirabe. What binds these two periods together is a shared reference to Malagasy customary values which are compatible with decentralized resource management. Among other things these fundamental values restore legitimacy to the transfer of rights and responsibilities inherent in resource management.
The 96-025 law results from social pressures on the part of communities whose representatives were given the opportunity to voice their demands in the 1995 Antsirabe workshop. Given that those who drafted this particular law knew that local management capacities existed throughout the territory, the legal text was designed as a legal framework for the management of renewable natural resources, including forests and marine resources, for the entire country. It informed a national policy of decentralization to be carried out over a period of several decades.
Since this policy’s implementation, a number of conservation NGOs determined to limit resource access in this biodiversity hotspot have tried to block the process. Despite deliberate attempts to delay and even derail it, the process has, however, been unstoppable.
Protected areas have not guaranteed biodiversity conservation. This is evident where and when political crises have turned attention away from rural areas. Nor have conservation-oriented management contracts stopped illegal logging. The same is true of conservationpayments. These payments' sustainability remains questionable and each lapse in funding has been met with voluntary acts of aggression against biodiversity
Following the 2003 Durban declaration calling or the expansion of the protected area network, the question of local communities’ role in resource management must, once again, be raised. Such an initiative jeopardizes the chance of successfully reconciling the multiple goals of decentralized resource management, sustainable resource management, fighting poverty and conserving biodiversity.
It is imperative that Madagascar choose between nature preservation and participatory sustainable management and between naturepreservation and sustainable local development. Too large a share of its population lives in extreme poverty and depends on natural resources for survival. The longer decision makers delay the choice, the greater the chance of witnessing irreversible environmental damage in a place where biological wealth is inestimable.
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L’agriculture de conservation à la croisée des chemins en Afrique et à Madagascar
Georges Serpantié
AbstractFR:
L’agriculture de conservation (AC) obéit à trois principes : travail du sol minimal, couverture du sol permanente et multiculture. Partant de ses avantages avérés pour l’écologie du sol, la séquestration de carbone et son adoption massive dans quelques régions du monde, elle est présentée par ses promoteurs comme un système durable convenant à tous contextes. Dès lors elle a été mondialement diffusée au nom du développement durable. Une analyse à partir de documentation et d’observations souligne des connaissances encore incomplètes, la spécificité de son origine géographique, sa rareté dans les anciennes agricultures ainsi que la disparité de son adoption entre régions et types d’exploitations. Diverses causes de résistance des agricultures paysannes africaines et malgaches sont envisagées : faisabilité limitée en contexte semi-aride agro-pastoral, existence de solutions concurrentes pour la gestion du risque érosif, itinéraires techniques mal adaptés, et importance des facteurs temps et diversité dans les processus d’innovation. Malgré cette causalité multiple, le postulat d’avantages universels de l’AC réduit la question de l’adoption à la seule gestion politique et financière de la diffusion. Sa faisabilité universelle et sa durabilité écologique ne sont pas encore prouvées. Il faut recommander la poursuite de l’effort d’adaptation technique et d’organisation des paysans en analysant mieux le contexte et en s’appuyant sur les pratiques, les savoirs locaux et les capacités d’innovation des paysans, enfin savoir poursuivre d’autres pistes en parallèle.
EN:
Conservation agriculture (CA) represents farming systems obeying three principles : minimal mechanical soil disturbance, permanent organic cover, and diversified crops. On the basis of its effects on soil ecology, carbon sequestration, work productivity and massive adoption in some agricultures over the world, it was presented by its promoters as the only sustainable and appropriate system for all the contexts, and consequently universally diffused in the name of the sustainable development. By field surveys and documentation analysis, our research focused on the history of CA extension on worldwide scale. We emphasized the very specific origin of CA and disparity of its adoption between regions and types of exploitations. Then the possible causes of the apparent resistance of African and Malagasy agricultures were analysed : constraints related to the semi-aridity and the agro-pastoral civilisations, rival solutions, still unsuited technical sequences, and importance of the time et diversity factors in the innovation process. In spite of this multiple causality, the postulate of universality of CA brings back the question of the adoption to the only political and financial management of diffusion. It is however necessary to prove its transferability towards any context, and its ecological sustainability. We recommend the pursuance of the effort of improvement by analyzing the context of the farming systems and basing the research on the practices, the local knowledge and the innovation capacity of farmers and communities, and to follow other tracks in parallel.
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Risque environnemental et action collective : l’exemple de la gestion du risque d’érosion à Wissant (Côte d’Opale)
Vincent Herbert, Muriel Maillefert, Olivier Petit and Bertrand Zuindeau
AbstractFR:
Cet article vise à mettre en question les rapports qui s’établissent entre les risques environnementaux, leur perception par les acteurs et les mesures qui sont effectivement prises face à ces risques. Il interroge donc le risque environnemental sous l’angle de sa mesure, de sa définition et de sa perception. Il envisage ensuite les modalités de réponse engagées par les acteurs sous le prisme des théories et des pratiques de l’action collective. Pour analyser plus en détails les rapports qui s’établissent entre risque environnemental et action collective, nous proposons de revenir tout d’abord sur les ambiguïtés soulevées par la notion de risque environnemental afin d’en mieux saisir les enjeux problématiques. Ceci nous permet de nous concentrer ensuite sur la thématique de l’action collective, qui émerge comme une des questions récurrentes lorsque l’on traite de la gestion des risques environnementaux. Nous proposons alors une méthodologie d’étude de l’action collective qui permet d’interroger plus particulièrement le rôle des politiques publiques dans les mécanismes de prévention et de gestion des risques environnementaux. Enfin, en nous focalisant sur le risque d’érosion sur le littoral de la Côte d’Opale (France), nous présentons une analyse de l’action publique menée ces dernières années pour faire face à ce risque.
EN:
This article aims at appraising the relationships between environmental risks, their perception by the actors and the measurements which are really taken faced with these risks. It questions environmental risk therefore under the angle of its measure, definition and perception. It confronts then the answers proposed by the actors with theories and practices of collective action. To analyse more in details the relationships between environmental risk and collective action, we first come back on the ambiguities raised by the notion of environmental risk to better understand the problems at stake. This better understanding allows us to focus on the theme of collective action, which reappears again and again when studying environmental risk management. We propose a methodology for studying collective action, which focuses on the role of public policy in the mechanisms of environmental risk prevention and management. Finally, we present our analysis of the public action with respect to this risk over the last several years, concentrating on the erosion risks along the Opal Coast (France).